Chapitre 9.
Salem, vendredi 28 mai 2021
14h, commissariat de police
Alistair a eu la satisfaction de constater ce matin, que toute trace de blessures a disparu. Sur son corps, c'est comme si rien ne s'était passé. Dans sa tête, c'est autre chose. C'est pourquoi, après le déjeuner avec son mari, que Noelle a emmenée faire une balade, il est directement allé au commissariat. Il est bouillant de rage, si bien qu'inconsciemment, ses collègues s'écartent de son passage, qu'ils soient humains ou surnaturels. Son aura d'alpha ressort, plus forte que jamais.
Gordon l'a autorisé à rendre une petite visite aux chasseurs, avant qu'ils soient transférés dans une autre prison. Strictement rien ne l'empêchera de faire ce tête-à-tête. Son visage est fermé, ses traits tirés et sa mâchoire serrée sous la fureur. Il va extraire toute la frustration accumulée et il va le faire sans scrupules sur ses enfoirés. Il ignore les messages de Sidney, qui constituent une distraction dont il ne peut se permettre. Son mari est loin d'être stupide et il a deviné comment Alistair allait occuper son après-midi.
Lorsqu'il pénètre dans le hall d'entrée, personne n'ose lui faire remarquer qu'il est en arrêt. Donc pas supposé se trouver ici. Même Denise garde le silence, mais l'observe soucieuse. Alistair se dirige directement vers son unité. Son patron l'accueille derrière la porte.
- Comment ça va aujourd'hui ?, lui demande Gordon tout en lui donnant une accolade rapide.
- Bien et ça ira encore mieux dans quelques minutes.
S'il y a bien une personne qui peut le comprendre, c'est un autre alpha. D'ailleurs, Gordon hoche la tête sans répondre et s'écarte afin de le laisser passer. Ils avancent silencieusement, jusqu'au sous-sol, là où ils enferment ceux qu'ils arrêtent. Il y a un prisonnier par cellule, les membres de son unité appellent cela des cages. Ali trouve ce nom ironique, car ils y enferment ceux qui les prennent pour des animaux.
Ses collègues surnaturels ont déserté les lieux, sur ordre de Gordon. Alistair n'est pas le premier à demander un entretien privé et ce ne sera certainement pas le dernier.
- Comment tu veux procéder ?, lui demande Gordon.
- On a le droit à combien de pourcentages de perte ?, s'intéresse sérieusement Ali.
- Aucune. Sur le rapport, j'ai noté qu'on a arrêté tous les chasseurs vivants.
- Merde. Ça m'aurait arrangé que tu notes qu'un ou deux aient été tués.
Le regard de Gordon en dit long sur ce qu'il pense. Il ne pouvait pas vraiment indiquer que des chasseurs ont été tué dans la fusillade sans apporter les corps. Et encore moins les fournir, presque une semaine après, avec des marques de griffure et non de balles. Alistair le sait, même s'il aurait souhaité le contraire. Ce n'est pas ce qui va l'arrêter.
Tel le prédateur qu'il est, il avance le long du couloir sombre, les cellules de chaque côté du mur. La vengeance qui se profile attise ses instincts les plus primaires de son loup. Ses crocs sont déjà sortis et ses griffes poussent à la place de ses ongles. Il est à peine satisfait d'entendre la peur présente dans la respiration des chasseurs. Il trouve enfin l'odeur qu'il cherche. L'homme à l'intérieur de la cage reste stoïque, debout contre le mur. Ces gens-là sont surentraînés, ils ont appris à ne pas montrer leurs faiblesses. Cependant, leurs coeurs ne peuvent pas sentir eux.
- Lui, dit-il simplement à Gordon.
Sa voix dure et autoritaire résonne dans tout le sous-sol. Ses yeux d'alpha lui permettent de constater le léger tressaillement du prisonnier. Bien, il a raison d'être effrayé. Gordon ouvre la cellule et en sort le chasseur, dont les poignets sont menottés derrière son dos. C'est à Alistair de trembler, mais de fureur.
Sentant que la situation peut déraper d'un instant à l'autre, c'est-à-dire qu'Ali peut à tout moment lui arracher la tête, Gordon fait avancer le chasseur. Celui-ci a beau essayer de rester digne, il est entouré de deux loups-garous expérimentés et loin d'être dupes.
Gordon les conduit dans une pièce fermée, sans fenêtre, au bout du couloir. Leur salle d'interrogatoire privée. Ils assoient l'enfoiré, qui reste silencieux, et l'attache à une chaise. Les rôles sont inversés.
- Je te laisse vingt minutes, lui annonce Gordon, avant de partir.
La porte se referme derrière le commandant. Le chasseur n'exprime aucune émotion sur le visage. Alistair sourit, amusé, que le jeu commence. Il se met face à l'homme qu'il compte torturer et le domine de sa hauteur. La rage transforme ses traits, il devient menaçant, le rend effrayant. Il se penche et prend appuie sur les accoudoirs de la chaise. Ses iris deviennent rouges, couleur des alphas. Il a un sourire mauvais en voyant de la sueur couler du froid de son vis-à-vis.
- Tu vois les griffes que tu m'as arrachées, commence Alistair en agitant ses doigts sous son nez. Elles ont repoussé.
Pour bien appuyer ses dires, il fait glisser son index sur le bras du chasseur, entaillant sa peau au passage. Juste assez profondément pour qu'un filet de sang coule. Ce n'est qu'un avant-goût de ce qu'il l'attend. Cet enfoiré a regardé Alistair se pisser dessus à cause des électrodes qui stimulaient sa vessie et du besoin naturel d'uriner. C'est ce même bâtard qui lui a arraché ses ongles un par un, à l'aide d'une pince. Il va prendre le même plaisir à le torturer.
Alistair a conscience qu'il lui faudra faire plus que ça, pour effrayer un chasseur de son rang. Lorsqu'il parle, il s'exprime d'une voix grave, autoritaire, qui peut plier n'importe qui à sa volonté, qui fait trembler n'importe qui de peur.
- Tu peux prétendre faire preuve d'un calme olympien, mais les battements de ton coeur te trahissent. Tu ne peux pas mentir à un alpha.
- Je n'ai pas peur de toi, le contre le chasseur.
- Oh de moi non, mais de ce que je peux t'infliger ça oui.
Il a vu juste, car le pouls de l'homme s'affole. Les chasseurs peuvent contrôler leurs expressions, porter des masques sur leurs visages, mais ils ne peuvent pas dissimuler leurs sentiments. C'est jouissif d'avoir ce pouvoir sur les gens. Ali décide de pousser jusqu'au bout. La vengeance qui se profile, le comble de joie. Son loup sautille d'anticipation. Il va les combler tous les deux. Il va prendre un plaisir malsain à le torturer. Les minutes lui sont cependant comptées, il ne peut pas perdre de temps.
- Tu aurais dû m'arracher les dents, elles mettent plus de temps à repousser, dit-il à son prisonnier.
Il ouvre la mâchoire, dont ses crocs de loup-garou apparaissent. Des dents de prédateur, faites pour déchirer sa proie d'un seul mouvement. C'est ce que son instinct animal lui hurle de faire, de dépecer l'individu qui l'a humilié. Au diable les conséquences. Il colle sa bouche contre l'oreille du chasseur.
- Je vais te prouver que tu as raison de craindre les créatures de mon espèce, lui annonce-t-il.
Il a la satisfaction de voir l'homme mordre l'intérieur de sa joue, dans le but de contrôler ses réactions. Alistair ricane, les humains sont parfois si ridicules. Personne ne peut duper un alpha de trente ans. Il a appris à identifier toutes les failles chez quelqu'un, rien n'échappe à ses sens surdéveloppés.
Alistair est bien décidé à jouer avec sa proie. Sa main gauche remonte et ses doigts tapotent le cou du chasseur. Il n'a plus rien à voir avec l'homme avenant que le monde côtoie habituellement. Sa griffe effleure la peau.
- Une incision sur le carotide et je te regarde te vider de ton sang, dit-il d'une voix froide.
Le bout de son doigt se pose sur l'endroit en question. Il tapote sa griffe sur l'artère. Le chasseur a un léger tremblement, il est assez intelligent pour savoir qu'Alistair est capable de mettre sa menace à exécution. Il a lui-même joué avec le feu en capturant et en torturant un alpha.
- Ou alors je la déchire avec mes dents, poursuit-il.
Au sens propre comme au figuré, il s'en lèche les babines. Sa langue passe sur ses crocs. Il a déjà tué des gens, alors rajouté un enfoiré et un meurtrier sur sa liste ne le dérange pas. Lui, il n'a eu aucun pitié en assassinant une gamine de vingt-ans. Donc pourquoi Alistair en aurait pour lui aujourd'hui ? Leur groupe n'a donné aucune excuse, valable, en ce qui concerne leurs actes ignobles envers les trois personnes qu'ils ont tuées. Et la raison principale ne passera pas auprès d'un tribunal surnaturel.
Pris d'une rage abyssale, il entoure le cou du chasseur d'une main, le serrant jusqu'à l'étouffement. La porte qui s'ouvre derrière lui, ne le coupe pas dans sa tâche.
- Fiston, l'appelle Gordon affectueusement, afin de ne pas attiser la colère d'Ali. Les vingt minutes sont écoulées.
- Rien à foutre, rugit-il. Je vais tuer cet enfoiré pour toutes les familles des victimes et pour ce qu'il m'a fait. On me remerciera.
- Ça nous ferait de la paperasse en plus et toi et moi, on déteste ça. Fils, je sais ce que tu ressens, mais ne leur donnes pas raison sur nous. Ne le laisse pas gâcher ta carrière.
- Il mérite de mourir.
- Ali, intervient une autre voix.
Automatiquement, sa prise se relâche un peu, juste assez pour permettre au chasseur de respirer de nouveau. Son coeur se met à pulser dans sa poitrine et l'odeur de Sidney atténue sa fureur. Le blond passe derrière son dos, il pose une main sur sa hanche, tandis que l'autre recouvre la sienne.
- Libère-le, lui demande son âme-soeur, tendrement.
Tout en parlant, il attire leurs mains vers eux. Alistair n'a pas d'autre choix que d'obéir à Sidney. Ses griffes et crocs se rétractent. Gordon en profite pour enlever les sangles sur la chaise, puis relève le chasseur. Celui-ci a la décence de suivre le chef, la tête baissée, sans faire de vagues. Ali en vaut aux deux hommes de l'avoir arrêté.
- Vous n'auriez pas dû intervenir, reproche-t-il à son mari, parce que le temps imparti n'était pas terminé.
- Si, le contre Sidney d'une voix douce. Crois-moi, tout le monde aurait aimé le voir mort, mais il y a des règles et des lois qui...
- Je m'en tape des lois de notre monde, ce bâtard mérite de crever.
Sidney encercle le bassin d'Alistair et se plaque contre lui. Calmer un alpha, dont l'orgueil a été bafoué, n'est pas une mince affaire. Alistair se concentre sur les battements du coeur qui résonnent contre son dos. Seulement, c'est impossible à faire, à cause du corps qui épouse le sien.
- Même si cela nous paraît injuste, nous devons les respecter, enchaîne le shaman. Nous valons mieux que ses tueurs sanguinaires. Il ne mérite pas que tu sois suspendus.
Alistair grogne de frustration. Son mari dit vrai. Malgré son désir de vengeance, inachevée, il réalise ce qu'il risquait à aller jusqu'au bout. Il y aurait eu une enquête interne, pour comprendre pourquoi l'un des chasseurs a été tué après son arrestation. Alistair aurait été mis à pied en attendant le verdict de la commission. Il aurait perdu son job et sa plaque. Sur le moment, ça ne lui paraissait pas important.
Les mains de Sidney se plaquent sur son torse, resserrant son étreinte. Mais sa colère est toujours là. Son côté loup n'est pas apaisé. Il rugit d'indignation. Encore plus en sachant que c'est la personne qui les faits souffrir qui essaye de le consoler. D'un grognement, à ébranler les murs, il se retourne.
Sidney finit accolé contre le mur, le cou empoigné par Alistair. L'impact fait gémir le blond. Les yeux rouges fixent ceux bleus du shaman.
- Me cherche pas bébé, ce n'est pas vraiment le jour, prévient-il d'un ton dur.
- Tu crois que ton petit numéro de loup-garou alpha m'impressionne ?, demande Sidney avec un sourire suffisant.
- Oh, je sais bien que non. Depuis le temps, tu es rodé ?
- Oui. Et tu sais aussi bien que moi que ton côté alpha dominateur m'excite.
D'un mouvement aguicheur, Sidney frotte son entre-jambe contre celui d'Alistair. Ses yeux s'étrécissent sous le plaisir de cette friction. Le bruit qu'émet la gorge d'Ali est purement animal. Sidney se ratatine sur lui-même. La chaleur de la pièce devient insoutenable. La respiration du shaman est de plus en plus laborieuse. Ce nouveau jeu amuse beaucoup le noiraud. Mettre en émoi son âme-soeur est plus satisfaisant que tout le reste.
- Je te le répète bébé, ne me cherche pas, le met-il en garde.
- Ali, ronronne Sidney en gesticulant, à la recherche de contact. Je ne peux pas résister à ça.
- À ça quoi ? C'est toi qui as décidé d'y mettre un terme.
- Mais, je..., bégaye le blond.
Alistair surplombe son mari. Il sent toutes les émotions de Sidney, c'est donc à lui d'aborder un sourire arrogant. Il aplatit son immense corps contre celui gringalet du shaman. Leurs érections se touchent. Ali jubile lorsque Sidney ferme les yeux et bascule la tête en arrière. Il n'obtiendra pas ce qu'il désire, quand bien même il transpire la luxure.
Le loup-garou se penche et effleure l'oreille de Sidney avec ses lèvres. Le souffle érotique, le blond tressaille. C'est un autre genre de pouvoir qui réjouit Alistair.
- Et toi, si tu penses que ton numéro d'oméga en chaleur va troubler trente ans de maîtrise, tu te trompes bébé, murmure suavement Alistair.
- Au moins, tu n'as pas tué ce type, réplique Sidney avec difficulté.
- Ce que je t'ai dit l'autre jour tient toujours. Je ne te baiserais pas tant que tu n'as pas répondu aux questions que tu te poses.
Il utilise sciemment ce mot vulgaire, car il fait à tous les coups frémir Sidney de plaisir. Sans crier garde, il s'écarte de son mari, le faisant pelotant contre le mur, le regard hagard, les joues rouges et en prime un sexe tendu, et douloureux.
Alistair quitte la pièce à demi satisfait. Il n'y a pas que du chasseur dont il voulait se venger.
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