Chapitre 26.

Salem, mardi 15 juin 2021
18h, commissariat de police

Alistair est assailli par différents sentiments en fermant le dossier des chasseurs, ou un énorme écriteau rouge « classé » est tamponné sur le devant. Cette enquête est définitivement bouclée. Le groupe a été condamné à la prison à perpétuité, sans possibilité de liberté conditionnelle. C'est tout ce que ces individus méritent, aucune clémence. La satisfaction de les voir derrière les barreaux à vie, prime sur toutes les autres émotions. Le procès a duré toute la journée de la veille. Le tribunal voulait régler cela en un jour.

L'ensemble des personnes impliquées, sont soulagées d'archiver ce dossier. Les familles des victimes les premières. Ali met le carton sur l'étagère, avec un sourire qu'il n'arrive pas à dissimuler. Ces enfoirés ont payé et ils continueront à le faire même en prison. Le loup-garou est soulagé, rempli de joie et la sensation d'un job accompli. Rajouté à cela l'arrestation du rugaru et ce serait presque parfait.

La seule ombre au tableau, Riley. Le phénix évite soigneusement Ali et Sidney, malgré leurs tentatives pour lui parler. Il est toujours en colère contre eux et même si elle est légitime, ça désole Ali. Il va courir tous les soirs afin d'évacuer la frustration. Les deux jours vont bientôt arriver à échéance. Sidney ne lui a pas dit les circonstances du pardon de Riley.

En dépit de la joie éprouvée par la clôturassion du dossier, Ali a le coeur lourd. Il quitte le local des archives et rejoint son bureau. Seulement, il est interrompu en chemin par son meilleur ami. Riley est immobile au milieu du couloir, la tête baissée sur ses doigts qu'il tord. Ali ce stop immédiatement.

- Salut, dit-il avec prudence.

- Salut, répond le phénix d'une petite voix timide. Je peux vous parler à toi et Sidney ?

- Oui, laisse-moi juste prévenir Sidney et...

- Je suis là, annonce ce dernier.

Le shaman est arrivé en toute discrétion derrière Riley, prévenu par les esprits. Le geek hoche la tête et leur montre son antre d'un geste de la main, les invitant silencieusement à y pénétrer. Ali attrape les doigts de son mari lorsque celui-ci passe devant lui. Ils échangent un regard, le moment tant attendu, depuis samedi, est enfin là.

Ils entrent dans la pièce, tous un peu mal à l'aise. Riley joue avec ses doigts, le visage rouge et le rythme cardiaque élevé. Ali s'accroche à son époux pour ne pas sauter sur le phénix.

- Pardon pour ce que j'ai dit, commence-t-il le timbre tremblant.

- Tu n'as pas à t'excuser Riley, mais à nous. On n'a jamais voulu te mentir, lui assure Ali.

- Je sais. C'est juste que j'étais si en colère, contre Shannon, contre moi-même, contre tout le monde.

Ali s'apprête à répliquer, mais une pression sur ses doigts le retient. D'un regard, Sidney lui fait comprendre qu'il doit laisser Riley s'exprimer et vider son sac. Les yeux humides, le phénix se tourne vers eux. Ali n'est pas sûr de pouvoir supporter une seconde fois les larmes de son meilleur ami.

- Je sais que si tu ne parles pas de tes visions Sidney, c'est pour une bonne raison, enchaîne le brun. Je sais aussi que vous ne me l'avez pas caché par plaisir.

- Non, ce n'était pas du tout un plaisir, affirme Sidney, la gorge enrouée. Je voulais te le dire, mais les esprits me l'ont interdit.

- Ils devaient avoir leurs raisons. Je ne voulais pas être méchant envers vous, ni me défouler sur vous. Vous êtes ma famille et...

Riley suspend sa phrase pour renifler et passe son index sous sa paupière pour essuyer la goutte d'eau qui veut s'échapper. Sidney craque avant Ali et se précipite étreindre le corps tremblant du phénix. Comme s'il attendait ce moment, Riley explose en sanglots, agrippé au shaman. Ali ne peut pas rester à les observer, les bras ballants, pendant que son meilleur ami pleure. Il s'approche des deux hommes, place une main sur le dos de son mari et l'autre contre celui de Riley.

- Tu es notre famille aussi, répond Alistair avec émotion. On aurait aimé que ça se passe autrement.

- Et moi donc, pleurniche Riley. J'étais amoureux d'elle. Le pire dans toute cette histoire, c'est que je ne suis pas surpris par la rupture.

- Pourquoi ?

- Parce que je peux lire dans le coeur des gens et que dans celui de Shannon, il n'y avait aucun sentiment pour moi. Je le savais et pourtant j'ai fait comme si tout allait bien, que je ne le savais pas.

- Riley, souffle le shaman.

- Je me suis mis moi-même dans cette situation, c'est ma faute. Je suis le seul à blâmer.

Faute de mieux, Ali frotte le dos du brun en réconfort. Il a envie d'insulter Shannon de tous les noms d'oiseaux possibles, mais cela n'aiderait pas Riley, ni ne le soulagerait. Comme le dit si bien le proverbe, l'amour rend aveugle. Riley a fermé les yeux sur une évidence pour être un peu heureux. Même si ce bonheur est une chimère, il a fait du bien, le temps qu'il a duré.

Riley finit par s'écarter du couple. Il s'éclaircit la gorge et sèche ses larmes. Ali ne lâche pas le shaman, ils regardent leur ami rejoindre son bureau et replacer ses objets dessus. Maintenant, Alistair souhaiterait lui parler de ce qu'il va se passer pour lui, mais il ne peut pas. À la place, il va le soutenir et être l'alpha qu'attend Riley.

- Est-ce que tu veux venir chez nous ce soir ?, le questionne Sidney avec tendresse.

- Oui, je veux bien, s'empresse-t-il de répondre.

Le couple n'a aucune envie de le laisser seul un jour de plus. C'est le moment de lui retourner tout ce qu'il a fait pour Ali lors de sa pause avec Sidney. Le phénix éteint ses ordinateurs et récupère sa sacoche. Ensuite, ils vont à l'unité 1 pour qu'Alistair prenne lui aussi ses affaires. Sidney étant déjà changé et équipé. Ils s'empressent de quitter le commissariat. Les Helling montent dans leur voiture et Riley dans la sienne, les suivant de près.

- J'ai beau me dire qu'il sera heureux bientôt, je ne peux pas m'empêcher d'avoir de la peine pour lui et de détester Shannon, expose Sidney, tandis qu'Alistair conduit.

- Moi aussi, mais je suis quand même content qu'il soit revenu vers nous. Je ne supportais pas de le savoir fâché contre nous.

- Moi non plus. Mme Baker et Mr Lebois proposent de hanter Shannon, ça lui apprendra.

- Je les aime bien, répond Ali en rigolant.

Le noiraud profite du feu rouge pour tourner la tête vers le shaman. Celui-ci sourit également. Ce n'est pas juste une plaisanterie, les deux fantômes sont sérieux. Il n'a jamais apprécié Shannon de toute manière et il sera secrètement ravis de l'imaginer en train de flipper. La vengeance n'est pas une solution en soit et Riley se remettre plus vite qu'il ne le pense de la rupture, mais bordel, ça lui fera du bien à lui.

- Avec plaisir, dit-il en donnant son accord. C'est dommage qu'ils ne peuvent pas filmer ses réactions.

- Moi je les verrai, répond Sidney, son sourire s'agrandissant.

- Chanceux, tu me feras un compte-rendu.

- Évidement mon coeur.

Sidney caresse le visage d'Ali et s'attarde sur sa joue, camouflée de sa barbe noire. C'est le deuxième soir où ils rentrent tous les deux, ensemble, après le travail et ils n'en ont pas profité. Alistair n'avait pas le coeur à savourer le moment. Apparemment Sidney s'est fait la même réflexion. De sa main droite, il entrelace ses doigts à ceux du blond.

- Je t'aime, souffle le shaman.

- Je t'aime, répond Ali.

Ils échangent un sourire plein d'affection et de complicité. Malgré la circulation, le trajet a été assez rapide. Alistair se gare sur leur place de parking réservée et Riley sur celui des visiteurs. Le visage du phénix est toujours blême, ce qui fait ressortir ses cernes sous ses yeux. Une certaine gêne est encore présente chez Riley, en dépit des mines bienveillantes du couple.

Dès qu'ils entrent dans l'appartement, ils rangent leurs sacs et vont directement s'asseoir sur le canapé. Alistair leur sert une bière à tous les trois, merci à son formidable mari d'en avoir racheté dimanche. Un silence embarrassant s'installe entre les amis. Ali ne sait pas quoi dire. Contre toute attente, c'est Riley qui le brise.

- C'est bien que tu sois revenu, dit celui-ci à Sidney, après avoir bu la moitié de sa bouteille.

- Oui, je suis content. Je me sens mieux, affirme le blond en jetant un coup d'oeil à son mari.

- C'est cool de t'avoir à nouveau parmi nous. Alistair était infernal sans toi.

- Quoi ?, s'offusque le concerné. Ce n'est pas vrai !

La mauvaise foi du loup-garou a le mérite d'amuser Riley, qui esquisse un léger sourire. Sidney lance un regard compatissant et attendri à son mari. Si cela permet de distraire son meilleur ami, alors Alistair accepte d'être taquiné par les deux hommes. L'attaque reste gentillette et juste.

- Je n'étais pas si chiant que ça, poursuit-il.

- C'est parce que tu ne t'es pas vu, réplique Riley. Heureusement, tu nous sauves Sidney.

- Vous êtes ingrat, soupire Ali.

Il boit une gorgée de bière en secouant la tête. Sidney frotte sa cuisse, avec une moue moqueuse. C'est vrai qu'il n'était pas de super humeur durant cette période, à juste titre. Il admet, pas à haute voix il ne faut pas abuser, qu'il était vraiment insupportable. Il criait sur tout le monde, était exécrable, même avec ses collègues. À tel point que Rose ne voulait plus être sa binôme. L'essentiel, c'est qu'il ait repris ses esprits.

Naturellement, la conversation s'oriente sur Jefferson, qui se remet doucement et du travail de Sidney. Le shaman se fait une joie de leur raconter ce qu'il a fait ces deux derniers jours. Ali l'écoute parler d'une oreille, tandis que de l'autre, il perçoit les battements de son coeur. Sidney est euphorique, comme vendredi. En deux jours, il a retrouvé sa passion. Ali le fixe, les yeux scintillants de fierté. Lui, il a retrouvé son mari. À mesure du récit, Riley, lui, retrouve sa bonne humeur.

- Jefferson m'appelle toutes les heures pour connaître les avancées des autopsies, ricane le blond. Il ne supporte pas d'être allongé sans rien faire.

- Je le comprends très bien, souligne Ali.

- Je vais passer le voir demain, annonce Sidney. Il sera content.

- Pauvre personnel soignant, dit Riley avec une grimace compatissante.

Les pulsations du phénix indiquent à Ali qu'il est complètement détendu. Il leur sert une deuxième tournée sans scrupule. Ils boivent pour le goût, l'alcool n'a aucun effet sur eux. Ali dispose des chips sur la table basse. Ils grignotent, parlent et picolent, comme avant. L'ambiance n'est plus pesante et ils passent une agréable soirée. Et puis, Ali en profite pendant que Riley est encore à Salem. Dans trois semaines, ce ne sera plus le cas.

Ils n'abordent pas une seule fois Shannon. Cette garce n'est pas digne qu'ils gaspillent de la salive à parler d'elle. Le couple sait qu'elle a décidé de mettre fin à sa relation avec Riley, car elle ne partage pas ses sentiments. Inutile d'en dire plus, fin de l'histoire. Ali refuse qu'elle s'immisce parmi eux ce soir.

Malheureusement, au bout de deux heures de conversations animées, l'humeur de Riley change. Il s'avachit contre le dossier du canapé et fait tourner sa bière dans sa bouteille, le regard perdu au loin.

- J'ai réfléchi à un truc, murmure-t-il d'un coup. Je vous en parle parce que je ne veux pas prendre de décision hâtive et stupide.

- Qu'est-ce que c'est ?, demande Ali en tentant de ne pas paraître trop excité.

- J'ai tout le mois de juillet en vacances et je me disais que partir un peu d'ici pourrait être pas mal. Vous en pensez quoi ?

Riley ferme les yeux et Ali tourne la tête vers son mari qui acquiesce. D'un geste, ils se comprennent. Le phénix est en train de prendre le chemin que le destin a tracé pour lui. Alistair freine ses ardeurs, sinon Riley pourrait soupçonner quelque chose. Il se racle la gorge et pose sa main sur celle de Sidney qui sourit.

- C'est toi qui décides, dit-il avec prudence. Si tu penses que ça te ferait du bien de partir alors fais-le.

- J'y songe vraiment. Je vous adore hein, mais je ne veux pas passer un mois à tenir la chandelle ou à tourner en rond dans mon appart.

- On comprend et je pense que ça te fera du bien, lui répond Sidney.

- Je pense aussi, affirme le phénix.

Sidney lui lance un sourire de soutien, sans laisser paraître la moindre émotion, la moindre possibilité d'en savoir davantage. Depuis le temps, le shaman est devenu maître en la matière. Ali en est assez impressionné d'ailleurs. Riley a un véritable sourire, comme si ce choix le comble de joie.

- Merci, prononce simplement le brun reconnaissant.

Sidney lui offre une étreinte rapide. Parfois, les mots ne suffisent pas. Lorsque Ali referme la porte derrière son meilleur ami, il pousse un long soupire. Dans quelque temps, ils pourront soumettre une destination précise à Riley, qui ne saura pas où aller. L'âme apaisée, il rejoint son mari au salon. Le shaman est en train de ranger la table basse.

Ali s'appuie contre le mur et l'observe faire. Il adore regarder le corps du blond se mouvoir, c'est un spectacle hypnotisant, dont il ne se lasse pas. Sidney termine sa tâche et s'assoit sur le rebord de la table. Ils se fixent, droit dans les yeux. Ceux d'Ali s'assombrissent et un frisson traverse Sidney.

- J'ai hâte de l'aider à préparer son voyage, dit le blond, la voix chevrotante.

- Et moi j'ai hâte de voir sa tête lorsque tu vas lui proposer de partir au fin fond du Vermont.

- Il changera vite d'avis.

- Oui, tu es un vrai cupidon à tes heures perdues bébé, réplique Ali. On peut revenir sur ta petite manipulation pour marier Asa et Leighton.

- J'exploite une idée qu'ils ont, je ne manipule pas, se fâche Sidney en croisant les bras sur sa poitrine.

- La nuance est subtile mon coeur. Bon, si tu venais vers moi, ordonne le noiraud d'une voix chaude.

Le shaman se mord la lèvre inférieure, mais avance vers lui. Devant le noiraud, Sidney est obligé de lever le menton pour le regarder. Alistair fixe le visage de cet homme qu'il domine de sa hauteur. L'odeur qui parvient à ses narines, lui fait tourner la tête et danser le sang dans ses veines. Même après vingt-huit ans, il est toujours autant fasciné par son âme-soeur. Il l'aime de façon inconditionnelle.

Il attrape délicatement les joues du blond en coupe et se penche en avant pour capturer sa bouche. Sidney gémit contre ses lèvres. Il doit montrer à son mari combien il est amoureux de lui. C'est une nécessité. Il fait descendre ses mains le long du corps de Sidney et agrippe ses fesses. Le shaman se tortille sur lui-même en exprimant son excitation. Ali le soulève du sol et l'aide à mettre ses jambes autour de son bassin.

- J'adore quand tu me portes, avoue le blond en picorant la peau de son cou.

- Et moi, j'adore t'avoir dans mes bras, grogne-t-il.

- Nous sommes tous les deux satisfaits alors.

Ils le seront encore plus d'ici quelques minutes. Alistair s'empresse de les conduire dans leur chambre et les allonge directement sur le lit. À son tour, il dévore la peau de son mari, en le déshabillant. Dès que Sidney est nu, il prend son sexe en bouche, ce qui fait crier le concerné. Ali ne sait pas pourquoi, mais la fellation est l'un de ses actes préférés. Surement parce qu'elles lui procurent un pouvoir particulier sur le plaisir de son âme-soeur.

Alistair poursuit sa tâche jusqu'à la jouissance du shaman. Pendant que Sidney halète sur le matelas, lui, enlève ses vêtements qui deviennent insupportables à garder.

- Viens en moi, soupire le blond, les joues rouges d'envie et de désir.

- J'arrive.

Leurs mondes se rassemblent et ne forment plus qu'un. À partir de maintenant, ils iront bien. Ali en a la certitude. En pénétrant Sidney de son membre, après une préparation essentielle, il sait que tout est derrière eux.

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