Chapitre 24.

Salem, vendredi 11 juin 2021
12h, commissariat de police

Depuis son arrivée, quelques heures plus tôt, Ali se sent bizarre. Un truc cloche, mais il n'arrive pas à dire quoi, ni à l'expliquer. Est-ce que cela vient de sa merveilleuse nuit avec Sidney ? Il n'en sait rien. Ce qui est sûr, c'est que son mari était déchaîné. Il lui a demandé de faire l'amour, en des termes moins romantique, toute la nuit. Malgré les trois douches qu'il a prises ce matin, il sent toujours le sexe à plein nez, ce que lui ont fait remarquer Rose et Riley.

Il passe sa pause déjeuner avec ses collègues, à leur bureau. Gordon n'est pas là, il est avec Jefferson à l'hôpital. Les autres bossent sur le meurtre de la femme, a priori tuée par morsure, mais sans autopsie, cela va être dur à déterminer. Lorsqu'il en a parlé à son patron, celui-ci lui a fait un clin d'oeil et dit que tout était sous contrôle.

Le téléphone de son bureau se met à sonner. Comme il a la bouche pleine, c'est Riley qui répond. Au fur et à mesure de la conversation, le phénix fronce les sourcils.

- Vous êtes appelés à la morgue, annonce-t-il en raccrochant.

- Le remplaçant de Jefferson a fini ?, demande Rose septique.

- Apparemment, affirme Riley. Vous êtes attendus.

Ali prend quand même le temps de finir son sandwich, une drôle de sensation à l'estomac. Il échange un regard avec sa binôme, mais la femme hausse les épaules. Ils préviennent le reste de leurs collègues et descendent à la morgue. Arrivés à l'étage, il s'arrête.

Son loup sautille de joie, son coeur tambourine dans sa poitrine, son sang pulse à l'intérieur de ses veines. Il est persuadé que s'il déploie son ouïe et son odorat, il percevra une certaine personne de l'autre côté de la porte. Il n'a pas besoin de le faire pour le savoir.

Effectivement, lorsque les collègues pénètrent dans la pièce, ils découvrent Sidney, debout, derrière l'une des tables d'autopsie. Alistair regarde son mari, la bouche ouverte. Outre qu'il le trouve à son avantage dans son uniforme de médecin, il est choqué de le trouver là. Rose est la première à réagir, elle s'approche du blond, tout sourire.

- Docteur Calvinha, vous avez repris du service ?, demande-t-elle.

- C'est Helling maintenant, c'est écrit sur mon badge et ma blouse, souligne Sidney en montrant son nom sur les deux objets en question.

Ali émet un grognement satisfait et possessif. Il détaille son âme-soeur de la tête aux pieds. Le voir ici, en tenue de travail, est presque irréel, mais voir leur nom marital sur Sidney est un rêve devenu réalité. Cela réveille ses instincts les plus bestiaux. Tel un prédateur, il s'approche de son mari, qui sourit de toutes ses dents.

- Qu'est-ce que tu fais là ?, l'interroge-t-il d'une voix rauque.

- Mon boulot, répond simplement Sidney, amusé par l'air ahuri de son époux. Voici le rapport de l'autopsie, poursuit-il en tendant le porte-bloc qu'Ali récupère. C'est un rugaru qui l'a tué, il s'est laissé dominer et a cédé à ses pulsions.

- Bordel, je déteste les rugaru, râle Rose en jetant un coup d'oeil au rapport. Tu as pu voir son visage ?

- Oui, confirme le shaman. Je vous ai fait un portait robot, noté son nom et son adresse.

- Il sait sa vraie nature ?

- Il l'a découvert en dévorant cette pauvre femme. Arrêtez-le avant qu'il ne tue quelqu'un d'autre.

Alistair observe son mari et sa collègue parler du meurtre, enfin du meurtrier. Sidney irradie de confiance, son coeur est apaisé, aucun stress ne le parasite, ses yeux scintillent de bonheur. Il n'avait pas vu son mari ainsi depuis des mois. Un frisson le traverse. Sa priorité du jour vient de changer. Le rugaru passe subitement au second plan. Il interrompt les spéculations des deux personnes, sur le fait que certaines créatures surnaturelles ne savent pas se contrôler.

- Rose, tu veux bien me laisser seul avec mon mari, s'il te plaît.

- Oh mais bien sûr, répond-elle, un sourire espiègle aux lèvres.

Elle récupère le porte-bloc des mains d'Ali et salue le couple, leur lançant un regard peu subtil, celui noir du loup-garou ne l'effraye pas. Comme si tout était normal, Sidney recouvre le cadavre d'une couverture, avant de le glisser dans l'un des tiroirs mortuaire. Pendant que Rose quitte la pièce. Pour garder une certaine contenance, et ne pas se jeter sur le blond pour le dévorer, Ali croise les bras sur sa poitrine.

- Tu ne m'as rien dit, reproche-t-il au shaman.

- Non, admet celui-ci. Pas que je voulais te le cacher, mais te faire une surprise. J'avais aussi peur de faire marche arrière.

- C'est une surprise plutôt réussie.

Sidney mordille sa lèvre, retenant le sourire qui le démange. Ali se rapproche de lui, les yeux voilés de désir. Il voit son mari déglutir et reculer légèrement. Après son retour de l'hôpital, Sidney était différent, Ali comprend pourquoi maintenant. Il aimerait savoir de quoi ont parlé les deux médecins, mais le shaman a gardé le silence. Ce qu'Ali a respecté. Visiblement, la discussion a été bénéfique. C'est l'essentiel pour Ali, il n'a pas besoin de connaître les tenants, seuls les aboutissants comptent.

- Comment tu te sens ?, demande-t-il soucieux.

- Étrangement bien, assure Sidney. Encore plus quand tu me regardes comme ça.

- Cet uniforme te va vraiment très bien. Il te fait un cul d'enfer.

Cette remarque lui vaut une tape sur le torse. Cependant, son mari ricane, les joues rouges. Pour corroborer ses paroles, Ali bascule la tête sur le côté et fixe le postérieur de son mari, en se léchant les babines. Mille scénarios se développent dans son esprit. Il grogne de plaisir à l'idée de les mettre en oeuvre.

- Plus tard, si tu es sage, le prévient Sidney dont la voix trahie son trouble.

Le problème, c'est qu'Ali sent les pulsations de Sidney, son envie et il ne passera pas à côté. Il veut également montrer à son mari à quel point il est heureux de sa présence au boulot, de voir son nom sur lui. D'un bras puissant et possessif, il ramène Sidney contre son corps.

- Ali, s'exclame le blond surpris.

Il se rattrape en plaquant ses deux paumes sur le torse musclé du loup-garou. Ali ne le laisse pas protester davantage et capture sa bouche. Il l'embrasse comme si sa vie en dépendait. Sidney gémit contre ses lèvres, en serrant le tee-shirt d'Ali entre ses doigts. Il n'attendra pas « plus tard ». Il les fait reculer jusqu'à rencontrer le mur. Le cri animal qui sort de sa gorge, fait trembler son mari.

Alistair glisse ses mains partout sur Sidney, mais finit par les plaquer sur ses fesses qu'il malaxe. Bordel, il va arracher ce foutu pantalon, avec les crocs, s'il le faut. À mesure que Sidney gesticule, leurs sexes frottent l'un contre l'autre. La respiration laborieuse du blond indique à Ali qu'il a besoin d'air pour reprendre son souffle. Il en profite pour retourner Sidney d'un seul coup, son visage contre le mur.

- Chéri, soupire le shaman de bien-être et excité au plus haut point.

- J'ai une putain d'envie de toi, avoue-t-il, en faufilant ses doigts à l'intérieur du pantalon bleu de Sidney.

- Même après cette nuit.

- Surtout après cette nuit.

Ali commence par masturber son mari en embrassant son cou. Le blond gémit sans retenue, le bassin en arrière, à la recherche de contact. Ali accède à sa demande et fait couler son membre contre les fesses tendues devant lui. L'odeur de son âme-soeur, en ce moment même, le rend fou, lui fait perdre tout raisonnement. Dire qu'il n'y a pas dix minutes, ils parlaient de créatures incapables de lutter contre leurs pulsions. Il en est une.

Avec une rapidité déconcertante, il baisse le pantalon qui l'empêche d'avoir accès à sa convoitise. Sidney halète, le supplie de se dépêcher, il a chaud, son corps est en ébullition. La seconde qui suit, Ali est agenouillé, la tête entre les fesses merveilleuses de son mari, à le lécher. Le poing que Sidney mord entre ses dents ne parvient pas à camoufler ses cris de plaisirs.

Et enfin, après une délicieuse et douce torture, Ali pénètre Sidney de son membre. Leurs souffles se bloquent au même moment. Ali se colle contre son mari, tandis que le blond bascule sa tête en arrière. Leurs corps ne font plus qu'un, bougent ensemble durant de longues minutes, jusqu'à leurs jouissances respectives.

- Mon pantalon est dégueulasse, remarque Sidney en voulant le remonter.

Ali rigole en constatant la tâche de semence sur le bas en question. Malgré cela, Sidney se rhabille correctement, avant de venir frapper le noiraud pour se moquer de lui. Dieu merci, les vestiaires sont à côté de la morgue. Le shaman part se changer, pendant qu'Ali se redonne une apparence convenable. Lorsque le blond revient, il dépose un baiser sur ses lèvres.

- Finalement, ça n'a pas attendu ce soir, souligne Sidney, satisfait de la tournure des événements.

- Tu sais que cette tenue m'excite de fou, se justifie Alistair.

- Je t'avoue que j'espérerais que ça se passe comme ça.

- Tu avais tout prévu alors ?, demande-t-il en ricanant.

- Mmh, marmonne le shaman en encerclant le bassin du noiraud. Je misais sur mon charme naturel.

Le sourire de Sidney est si éclatant, si sincère, qu'Ali en est chamboulé, désorienté. Il ne sait pas trop comment réagir, à la place, il embrasse son mari. Avant que cela ne dérape, une nouvelle fois, ils se séparent, sans se lâcher. Alistair adore tenir son âme-soeur au creux de ses bras, la tête de celui-ci sur son coeur.

- Je suis content de te voir ici, murmure le loup-garou.

- C'est moi qui l'ai proposé à Jefferson. Nous avons beaucoup parlé lui et moi hier.

- De quoi ?, questionne-t-il prudemment.

- Il m'a dit qu'il me considère comme son fils, répond Sidney avec émotion.

- Oh bébé.

Il caresse le dos du blond, le sentant troublé et bouleversé par la confession. La béatitude de Sidney s'explique. Ali remercie mentalement le légiste de partager l'estime que son collègue a pour lui. Du haut de ses vingt-huit ans, Sidney avait besoin de cette reconnaissance de la personne qu'il voit comme sa figure paternelle.

- J'ai trouvé la réponse à mes questions, continue le shaman.

- Qui sont ?, demande-t-il perdu.

- Pourquoi tu m'as laissé faire des études de légistes si tu savais que ça ne me plaisait pas et qui je suis.

- Oh oui, donc... ?

- Parce qu'au contraire, tu savais que ça me plaisait, réplique Sidney avec conviction. Que c'est ma passion. Pardon de l'avoir oublié. C'est ce que je suis, Sidney Helling, légiste et âme-soeur.

- Tu as décidé de me tuer aujourd'hui ou quoi ?

Ali plaisante, mais il est ému. Enfin ! Sidney a enfin réalisé qu'il est fait pour être légiste et pas parce que son père l'a obligé. Ce qui ne lui plaisait pas, c'est que son géniteur a décidé pour lui. C'est comme si le poids qui les écrasait depuis si longtemps, s'envole, disparaît. C'est ce soulagement que ressent le noiraud. Si Sidney a compris cela, alors tout ira bien. À court de mots, Ali resserre sa prise autour du petit corps de son mari. Lui transmettant toute l'émotion qui l'assaille. Il embrasse son crâne.

Le nez dans la masse de cheveux blonds, Ali hume son odeur, heureux. Son mari est tout simplement heureux et ça déteint forcément sur lui. Un truc bizarre remonte le long de sa gorge et c'est un bruit étrange qui sort de sa bouche. Il cligne des yeux, de l'humidité borde ses paupières. Bordel, il a envie de pleurer. Loin d'être dupe, Sidney ricane contre son torse. Ali n'est pas doué pour pleurer.

La compassion naturelle de Sidney le pousse à sauver son mari de cet embarras. Il décide de lui relater sa conversation avec Jefferson. Ali ravale cette chose qui obstrue sa gorge, mais remercie le shaman d'être aussi prévenant.

- Je dois réussir à parler à mon père, annonce Sidney après son récit. Tu seras avec moi ?

- Tu n'as même pas à demander, s'offusque Ali. On est une équipe, tu te rappelles ?

- Oui et une sacrée bonne équipe. Je vais peut-être prendre ton offre de l'envoyer se faire foutre.

- Ça c'est mon mari, s'esclaffe le noiraud. Quand tu veux bébé.

Sidney se redresse sur la pointe des pieds et capture les lèvres d'Ali. Ils échangent un baiser passionné, mais le loup-garou l'arrête. Il a déjà un début d'érection qui réclame à sortir. Il prend une inspiration en reculant d'un pas, les mains de Sidney dans les siennes. Il oriente la discussion vers un sujet qui détourne ses désirs.

- Qu'est-ce qui va se passe maintenant ?, questionne-t-il.

- Je vais faire annuler mon arrêt, déclare Sidney.

- Tu es sûr ?

- Oui, assure le blond. Je ne laisserais pas tomber Jefferson et je me sens prêt à travailler.

- D'accord, mais si un jour c'est trop, ou que tu es fatigué, tu me le dis, ordonne Alistair.

- Promis.

Le shaman ponctue sa promesse d'un baiser rapide et chaste. Ali choisit de faire confiance à Sidney et en son jugement. Cette fois, il ne fermera pas les yeux. Il sera vigilant aux émotions de son mari, l'aidera en fonction d'eux, qu'ils soient positifs ou négatifs. Alistair voit enfin le bout du tunnel de ses longs mois de souffrance.

Comme si le blond arrive à la même conclusion, il plonge contre Alistair. Oui, ils iront bien. Tant qu'ils restent ensemble, alors tout ira bien.

- File maintenant, lui souffle Sidney. Sinon, je vais te supplier de me refaire l'amour.

- Je ne suis pas opposé à cette idée, fait-il remarquer en souriant.

- Va arrêter ce rugaru au plus vite et mettez au point le procès de lundi.

Le procès du groupe de chasseur. Gordon devait s'en occuper aujourd'hui, mais il n'est pas là pour le moment. Quand le chef s'absente, c'est toujours Ali qui le remplace. Il a hâte de clôturer ce dossier et mettre tout ça derrière lui. De rendre justice aux victimes. Sidney a raison, il a un job à accomplir.

- J'y vais alors, vu que tu me mets dehors, soupire Ali.

- À tout à l'heure, lui répond Sidney en libérant ses mains.

- Je t'aime et c'était génial.

- Sors d'ici !

Alistair quitte la morgue, le sourire aux lèvres et d'excellente humeur. Il rejoint ses collègues à l'étage de son unité. Aux regards qu'ils lui lancent tous, il sait qu'ils sont au courant de la raison qui lui a pris autant de temps. Il hausse les épaules, s'en tapant royalement. Il n'a pas à avoir honte de faire l'amour avec son mari, qui à sa défense était beaucoup trop sexy. Il ignore donc les oeillades moqueuses et s'assoit à son bureau. Il récupère le reste de son repas comme si de rien n'était. Enfin une chose est différente.

- Où est Riley ?, questionne-t-il à sa binôme. Sa pause n'est pas terminée.

- Shannon l'a appelé, lui apprend-elle.

- Quoi ?, s'exclame-t-il, l'appréhension lui tordant les tripes.

- Je ne la sens pas cette meuf.

Pris de panique, Alistair se lève, avant de sortir, il demande à Jay d'accompagner Rose pour arrêter le rugaru. Il n'attend pas de réponse et dévale les escaliers. Si cette connasse a décidé de... Putain, il va lui arracher la tête.

Sur le chemin, il croise son mari, tout aussi affolé que lui. Sidney l'informe qu'après son départ, les esprits lui ont parlé du coup de téléphone de Shannon. Ils sont devant la porte du local de Riley, mais Ali n'entend absolument aucun son provenant de derrière.

- Il est parti ?, s'inquiète-t-il.

- Oui, panique Sidney. Elle lui a donné rendez-vous pour lui parler.

- La garce ! C'est aujourd'hui ?

Il n'a pas besoin de fournir plus d'explications, son mari comprend ce qu'il veut dire. Sidney hoche la tête.

- Putain de merde !, hurle Alistair.

Il essaye de joindre le phénix par téléphone, mais le Riley ne répond pas. Si cette salope brise le coeur de son meilleur ami, il l'a tue. Et il devra aussi faire face à ses mensonges. La main délicate qui se glisse dans la sienne, ne calme pas sa fureur.

Il venait juste de régler définitivement ses problèmes de couple et voilà qu'une nouvelle merde leur tombe sur la tête. Ne peuvent-ils jamais être tranquilles ?

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