Chapitre 18.
Salem, jeudi 3 juin 2021
10h, appartement des Helling
L'eau ruisselle sur le corps immense du loup-garou, tandis que sa tête repose contre le carrelage de la douche. Les yeux fermés, il repense aux deux jours qui viennent de s'écouler. L'avantage avec les disputes, ce sont les réconciliations. Sidney et Ali font cela à la perfection. Ces 72h de post-rupture sont les meilleurs de toute sa vie. Elles rivalisent presque avec celles qui ont suivi leur mariage. Il ne compte plus le nombre de fois où ils ont fait l'amour. D'ailleurs, ont-ils dormi durant ces deux jours ? Ils ont à peine mangé.
Son âme ainsi que son animal intérieur sont repus, adoucis, calmés. Il est de nouveau en phase avec Sidney et bordel que c'est bon. Il se sent plus fort, il est revigoré comme jamais. Le monde extérieur n'existe plus. Il n'a pas appelé Riley depuis lundi et honteusement, il n'y a pas pensé une seule seconde. Il a encore quatre journées entières d'arrêt, il compte bien les exploiter à bon escient.
- Dis donc, ça t'embêterait de rester concentré sur ce que je suis en train de faire, lui reproche Sidney vexé.
La réprimande lui fait rouvrir les yeux et Ali les baisse sur son mari. Le shaman est accroupi devant lui, sur les genoux, sa bouche en face de son érection qu'il tient de sa main gauche. Son visage offensé le fixe. Alistair se mord la lèvre afin de ne pas rigoler. Cela froisserait encore plus son mari et ce n'est pas le moment. Surtout lorsque celui-ci tient entre ses doigts l'objet le plus précieux de son anatomie.
- Excuse-moi bébé, tente-t-il avec un sourire aguicheur. Je t'en prie continue, c'était très agréable.
- Juste agréable ?, s'insurge le blond.
- J'ai dit très agréable.
- T'as de la chance d'être canon et d'avoir un goût succulent. Satané alpha.
- Bébé, tu sais que...
La fin de sa phrase se transforme en grognement. Sidney aspire son sexe entre ses lèvres, sans le lâcher du regard. La scène est des plus indécentes. Son tendre mari n'est pas aussi timide qu'il y paraît. Son côté fougueux, Ali l'adore. La lueur dans ses yeux, rend fou le noiraud. Il a retrouvé son âme-soeur.
Après de longues secondes d'intense plaisir, il jouit au fond de la gorge de Sidney. Complices, ils finissent de se laver en se câlinant. Alistair veut profiter de chaque instant avec son mari, même s'il semble désespéré. Personne n'est là pour le voir de toute façon. Ils sortent de la douche et s'essuient mutuellement. Ils prennent les premiers vêtements qu'ils trouvent pour s'habiller.
C'est main dans la main qu'ils arrivent à la cuisine. Ali s'occupe de faire le café, pendant que Sidney cuit les oeufs. Dès que le loup-garou appuie sur la machine pour la mettre en route, il se place derrière son mari et l'étreint. Il en a rien à foutre s'il ressemble à un amoureux transi, incapable de s'éloigner de son époux plus d'une fraction de seconde.
Nom de Dieu, il ne se souvient même pas de la dernière fois où ils ont préparé le petit-déjeuner ensemble, tellement cela remonte à loin. Avant qu'ils ne soient tous les deux dans la vie active et débordés par leur travail, ils le faisaient tous les matins. Aujourd'hui, Alistair veut de la douceur, se reconnecter avec son mari d'une autre manière que par le sexe. Ils ont beaucoup à rattraper.
Assis l'un en face de l'autre, ils mangent en silence, se jetant des regards et des sourires. Entre deux bouchées, Ali observe son mari. Il ne l'a pas vu aussi heureux depuis des mois, cela déteint sur son propre bonheur, qui accroît de minutes en minutes. Le coeur de Sidney est enfin apaisé d'une partie de ses tourments.
- Quand est-ce que tu t'es mis au café ?, demande Ali, au blond en le voyant se servir une tasse.
Les joues de Sidney deviennent rouges, tandis que ses yeux fuient Alistair. Un malaise prend possession de lui. Il tente de baragouiner une réponse. Le noiraud pense deviner la réponse, mais laisse Sidney la confirmer.
- Parce que tu en bois et que ça me fait penser à toi, explique le shaman embarrassé.
Ali a vu juste. Il n'essaye même pas de retenir le sourire qui démange ses lèvres. Son mari est beaucoup trop mignon pour son bien. Cette nouvelle l'ébranle, bien plus que ce qu'il laisse apparaître.
- Vire-moi cette expression satisfaite de ton visage, lui ordonne Sidney.
- Ça me touche bébé de savoir que tu le fais pour cette raison, avoue-t-il, le regard pétillant. Et pas uniquement par fierté.
- Je déteste toujours autant le café, mais je persiste à en boire. Je suis un cas désespéré.
- Non, assure-t-il, avant de reprendre d'une voix douce. Tu n'es plus obligé d'en boire maintenant.
- C'est vrai, tu es là. Tu vas le rester hein ?, demande le blond timidement.
- Oui.
À son tour, Sidney sourit. Le soulagement qui l'enveloppe est perceptible, Ali le ressent. Il est même saisi d'une certaine émotion qui le rend fébrile. Ali entend son sang pulser dans ses veines. Sidney est ému et bouleversé. Il a besoin d'être rassuré sur le retour du loup-garou chez eux. Il a peur que la réponse ait été trop précipitée. Ça aussi, c'est nouveau, le manque de confiance en soi chez le blond.
Certes, Sidney n'a jamais débordé d'assurance, mais pas à ce point-là. Ali a sous-estimé les effets secondaires de la dépression. Il va devoir s'armer de patience s'il veut aider correctement son mari. Il a presque envie de prolonger son arrêt pour qu'ils puissent passer du temps ensemble. Seulement, il redoute que cela fasse trop pour Sidney. Ils doivent passer des moments séparés, pour le bien de leur couple et à tous les deux. C'est important que Sidney se découvre, seul. Alistair l'a compris, comme lui, doit avoir des activités de son côté.
Ils finissent de manger dans une humeur légère. L'ambiance, calme, autour d'eux annonce parfaitement la façon dont Ali veut que la journée se déroule. Ils rangent la cuisine ensemble, entre deux baisers et des étreintes. Ali retrouve ses repères avec une aisance qui le déconcerte. C'est comme s'il n'avait pas quitté leur appartement durant des semaines. Ils ont repris leurs habitudes avec naturelle.
Ensuite, ils s'installent sur le canapé. Alistair allonge ses jambes sur la méridienne tandis que Sidney en fait de même contre lui. Ali entoure son corps et le maintient serré dans ses bras. La tête du shaman repose sur son épaule. Ils soupirent de bien-être simultanément. À l'heure actuelle, ils n'ont besoin de rien de plus, ils peuvent être aussi passionnés que calmes. Ali respire l'odeur de Sidney à pleins poumons, il s'en gorge.
- Ali, l'appelle Sidney en jouant avec les doigts du noiraud. J'ai un autre truc à t'avouer.
- Quoi donc ?, demande-t-il, un noeud d'angoisse se formant à l'intérieur de son estomac.
- Je n'aime pas te cacher des choses par rapport à mon pouvoir et aux règles qu'il oblige.
- Oh, souffle-t-il pris au dépourvu. Ce n'est pas de ta faute bébé.
- Je sais, mais quand même. Je déteste ça.
Certains ignares, de toutes les conséquences d'être un shaman, imaginent que c'est fabuleux de savoir l'avenir, tout connaître des gens, même de parler avec les défunts. Dans la réalité, ce n'est pas vraiment cela. Les shamans sont une minuscule communauté, mais ils ont eux aussi des règles très strictes. Ils ont l'interdiction de faire des consultations à titre privées et d'être payé pour cela. Ils ne peuvent pas dévoiler la mort de quelqu'un, ni divulguer les âmes-soeurs, ni parler du futur aux gens concernés.
Sidney a transgressé la dernière règle en disant aux parents d'Asa qui est la destinée de leur fils et qu'ils ne seront pas là pour le voir. Lorsque Sidney a eu toutes les visions sur Leighton, il en a parlé à son clan. Les sorcières devaient être au courant de ce qui allait advenir du jeune homme. Ce qui lui a permis de manipuler Asa, afin que celui-ci demande son âme-soeur en mariage. Les deux hommes méritaient de connaître le bonheur, ensemble. Tout comme c'était légitime pour les parents de l'humain de savoir l'avenir de leur fils. Pourtant, il n'avait pas le droit de le faire.
Depuis toutes ces années, Ali a accepté, il n'a pas eu le choix, les règles sont les règles, que son mari ne puisse pas tout lui dire. Ça ne le frustre même plus, ça ne l'a d'ailleurs jamais contrarié. Ils ont grandi ainsi. Contrairement à ce qu'Alistair a toujours pensé, cela semble chagriner Sidney.
- Je voudrais te dire tout ce que je sais, poursuit le blond. J'ai l'impression désagréable de te mentir.
- Ne t'inflige pas cette peine bébé, tente-t-il de le rassurer, en passant ses doigts dans ses cheveux. Je ne le vois pas comme ça.
- Moi si, et ça me pèse. Je voudrais te dire pourquoi je n'aime pas la nouvelle copine de Riley. Pourquoi j'ai discuté avec Swann et la raison pour laquelle j'ai demandé à Gordon de garder le chasseur au commissariat.
Le changement du timbre de la voix de Sidney informe Alistair que celui-ci est en train de craquer, que des sanglots se logent au fond de sa gorge. Aujourd'hui, il n'y a pas la place pour la tristesse, alors Ali ressert son étreinte autour de son mari et embrasse son crâne. Le loup-garou ne va pas non plus se voiler la face, il se pose ses trois questions. Mais il s'est également fait une raison de n'avoir les réponses qu'en temps et en heure.
Lorsque Ali dit cela à son époux, celui-ci hausse les épaules, peu convaincu. Bien décidé à ne pas laisser les bienfaits de ces deux jours être gâchés, le noiraud redresse Sidney face à lui. Il agrippe le menton de son mari, immobilisant ainsi son visage.
- Ne culpabilise pas pour quelque chose dont tu n'es pas coupable, assure Alistair en le regardant droit dans les yeux. S'il te plaît mon coeur, ne te rajoute pas ça sur la conscience.
- Je... je croyais que tu m'en voulais de ne pas te le dire, mais que tu ne me l'avouais pas.
- Non, affirme-t-il d'une voix dure. Je te le répète, tu n'es pas responsable du règlement du code des shamans. Je ne t'en veux pas.
- D'accord, soupire Sidney en fermant les paupières.
Alistair n'est aucunement vexé ou fâché par ce que vient de lui apprendre son mari. Depuis le début de sa dépression, Sidney a tendance à tout confondre. Avec un peu de recul, il se rendra compte qu'Ali n'a jamais été agacé par cela. À vrai dire, rien dans son pouvoir de shaman n'agace le loup-garou. Il aime et accepte son mari tel qu'il est.
Le noiraud se penche et embrasse les paupières du blond, puis ses joues et enfin sa bouche. Sidney se détend entre les mains d'Ali. Toute émotion négative le quitte. Ali accentue donc le baiser. Lorsqu'ils se séparent, il pose ses lèvres sur le front de Sidney.
- J'ai énormément de respect pour ton pouvoir bébé, ça a toujours été le cas et ça le sera toujours, dit-il d'une voix douce.
- Merci d'être aussi formidable avec moi et d'être toi, tout simplement.
Sur ces mots, ils se câlinent. Le blond retrouve sa place initiale contre son mari, le visage logé dans sa nuque. Ali joue avec les cheveux de Sidney, profitant de ce moment de répit, d'avoir à nouveau son âme-soeur contre lui, dans ses bras.
Se câliner s'est parfait durant un temps, mais ils ont tous les deux besoins d'action. Là, en l'occurence, il s'agit de regarder une série en mangeant des bonbons. Pour ravir Alistair, Sidney choisit Supernatural. Ils dévorent ainsi plusieurs épisodes. Au bout du cinquième, le shaman finit carrément assis sur Ali, les jambes allongées sur les siennes et le dos contre son torse. Ce qui permet au noiraud d'embrasser la peau de son mari plus souvent.
Ali prévoit déjà de faire la même chose le lendemain. Il ne veut pas sortir de l'appartement, ni quitter Sidney d'une semelle. Personne n'est là pour les déranger, ce qui est exceptionnel. En règle générale, il y a constamment quelqu'un qui a besoin d'eux, si ce n'est pas Ali, c'est du shaman. En parlant de ça...
- Qui est Mme Baker ?, demande-t-il, en se souvenant de ce que lui a dit Sidney lundi soir.
- Hein ?, s'étonne le blond qui était concentré sur la série. Oh, c'est un esprit qui me suit depuis que j'ai autopsié sa descendante, il y a un mois.
- Tu ne l'as pas fait quitter ce monde ?
Ali voit Sidney se pincer les lèvres et devenir rouge de gêne. Normalement, l'un des rôles des shamans, est d'aider les fantômes à quitter le monde des vivants. Ce n'est pas naturel pour eux de l'arpenter. C'est étrange que Sidney ne l'ait pas fait pour cette dame. Quelque chose cloche. Sidney a-t-il perdu l'envie d'effectuer son rôle à cause de sa dépression ?
- Non, répond simplement le blond.
- Pourquoi ?, demande-t-il prudemment.
- Parce que je l'aime bien et que grâce à elle, je me sens moins seule. Elle m'a permis de tenir sans toi.
Ali ressert ses bras autour de son mari. Il savait que leur séparation avait été dure des deux côtés, mais pas que Sidney avait transgressé l'une des règles afin de l'appréhender. Le shaman devait être au fond du gouffre pour en arriver là. Cela s'est déjà produit qu'il tisse des liens avec des défunts, mais il a toujours assumé son devoir. Ce n'est pas à Ali de lui dire ce qu'il doit faire et si cette femme l'aide, alors tant mieux.
- Je sais que je dois lui dire de partir, enchaîne Sidney. Pas tout de suite, je n'en ai pas la force.
- D'accord bébé.
- C'est devenu une amie et elle est importante pour moi, poursuit le blond. Je ne peux pas lui tourner le dos après ce qu'elle a fait pour moi.
- J'ai dit d'accord, réplique le loup-garou, un peu plus fort.
- C'est contraire au règlement, mais...
- Tu es le seul shaman de l'Etat bébé, personne ne viendra vérifier si tu gardes un esprit près de toi.
Alistair ne laissera pas cela se produire. Si c'est une nécessité pour son mari d'avoir Mme Baker auprès de lui, il se battra pour que ce soit le cas. À part un shaman, aucun autre individu peut voir les esprits, donc Sidney n'a pas à se justifier, ni à en parler. Il ne risque pas de croiser un comparse demain. C'est un secret qu'ils garderont entre eux. Et puis les esprits n'entourent pas Sidney H24, la preuve, cela fait presque trois jours qu'ils sont ensemble et ils n'en ont pas vu un seul, ou senti dans le cas d'Alistair.
- J'aimerais que tu la rencontres, lui répond Sidney d'une voix qui traduit son sourire. Je suis sûr que l'apprécierais, elle oui, elle t'aime bien.
- Ah bon ? Quand est-ce qu'elle m'a vu ?, interroge Ali dont la nouvelle rend bizarrement heureux.
- Au commissariat.
- Moi aussi, j'aimerais la rencontrer et la remercier d'avoir pris soin de toi.
Sidney tourne la tête, le visage illuminé par un sourire. Il se jette sur la bouche d'Alistair. La grande main du loup-garou encadre la joue du shaman. Il ressent une certaine fierté et satisfaction à plaire aux esprits que son époux estime. Il imagine mentalement son mari le traiter de foutu alpha à l'égo démesuré. À la fin du baiser, Sidney l'observe, une lueur moqueuse dans les yeux. Il devine l'acheminement des pensées d'Ali.
- Tu es incorrigible, lui reproche le blond, amusé.
- Quoi ?, s'exclame-t-il faussement choqué par l'accusation.
- Tu sais très bien quoi. Laisse tomber, maintenant tais-toi, je veux regarder la télé.
Il claque un baiser sonore sur la bouche d'Ali, avant de se rasseoir correctement. L'épisode 10 est en pleine diffusion et il parle d'un poltergeist. Le noiraud secoue la tête en riant. Apparemment, son mari aussi, s'est pris de passion pour cette série. Riley sera enchanté de l'apprendre et il n'en faudra pas plus au phénix pour pardonner Sidney. Chacun a ses critères quand il s'agit d'accepter une personne.
À fond dans la série, ils passent la journée devant.
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