Baton Rouge, samedi 17 avril 2021
18h, maison de Virginia

À peine les mots sortent-ils de sa bouche, qu'Asa est soulagé, un énorme poids s'enlève de ses épaules. Jamais ses mots, envers un autre homme, ont été aussi sincères. Les prononcer lui fait un bien fou, le rend heureux. Surtout en voyant l'expression de Leighton. Son mari le regarde la bouche ouverte, les yeux pétillants, le visage ébahit, reflétant sa surprise.

La discussion qu'il a eue avec sa soeur, lui a ouvert les yeux. Il doit à son mari d'être honnête, comme il l'a été avec lui-même. Les onze heures de trajet jusqu'à Baton Rouge, lui ont permis de réfléchir. Leighton a raison sur un point, Asa ne s'est jamais vraiment intéressé au côté sorcier de son mari. Il est temps de rectifier cette erreur. Pour commencer, il va réparer la première.

- Je suis en colère contre les jeunes qui ont tué mes parents, avoue-t-il, le regard baissé sur leurs mains. Je ne t'en ai jamais parlé, mais le groupe d'amis qui a percuté la voiture de mes parents, étaient bourrés, à même pas midi.

- Je suis désolé Asa, souffle Leighton.

- Je suis en colère contre eux depuis trois ans et la moindre petite chose, fait sortir ma rage.

- Pourquoi tu t'en es pris à moi ?, demande le brun, d'une petite voix timide.

- Parce qu'eux ne sont pas là. Je n'ai jamais pu leur dire ce que j'ai sur le coeur, ce qu'on endure Phoebe et moi, à cause d'eux, de leur stupidité.

- Alors tu as retranscrit ta colère sur d'autres personnes ?

- Oui, même si je sais que ces personnes n'y sont pour rien. Je ne peux pas m'en empêcher, c'est plus fort que moi.

Confier ce trait de caractère, détestable, coûte énormément à Asa. Il ne veut pas paraître faible devant son mari, ni perde encore plus l'estime que Leighton a pour lui, ou le peu qu'il en reste à l'heure actuelle. Contre toute attente, le sorcier lâche ses mains afin de prendre son visage en coupe. Ce contact électrice Asa, son âme se délecte de se toucher. Une journée loin de son homme et il a eu l'impression de dépérir. Il se fait la promesse que plus un jour ne passera séparés l'un de l'autre.

Asa ferme les yeux lorsque Leighton caresse ses joues. Le soulagement de le sentir si près de lui à nouveau, est tel que le noiraud en pleurerait presque. Il s'excuse encore une fois d'être comme ça, promet de travailler sa colère et surtout, de freiner son impulsivité. Il fera le nécessaire pour que Leighton lui pardonne, revienne chez eux et le plus important, reste avec lui.

- Je ne te demande pas de changer, l'interrompt le sorcier, tendrement.

- Non, mais je dois le faire, assure Asa. Mon caractère nous a fait du mal, je ne veux pas te perdre.

- Oui, tu m'as fait du mal.

L'affirmation de son mari lui assène le coup fatal. Leighton n'a pas à nier juste pour apaiser sa conscience. Il ne mérite aucune clémence, peut-être cherche-t-il à ce que Leighton se venge et soit aussi cruel que lui l'a été. Heureusement pour leur couple, ce n'est pas dans la nature du brun d'être méchant. Asa ne retient pas ses larmes plus longtemps. Il a besoin d'évacuer la pression en pleurant. Ce surplus d'émotions est dur à supporter et à gérer.

Les larmes débordent de ses yeux, au fur et à mesure que Leighton les essuient. Il finit par poser sa tête sur les cuisses du sorcier et s'accroche à ses jambes.

- Tu me crois, pas vrai ?, questionne Asa, d'un ton désespéré. Quand je te dis que tu es la meilleure chose qui me soit arrivé dans la vie et que je t'aime ? Parce que je t'aime Leighton, tellement que mon coeur va exploser.

- Oui, je te crois.

- S'il y avait un moyen pour te le montrer, je le ferais.

- Il y en a un.

Asa redresse le menton, aussi excité que curieux. Sans retirer sa main des cheveux de son mari, Leighton détourne le regard. Mal à l'aise, celui-ci lui parle du pouvoir particulier des hommes sorciers, lire l'aura ainsi que les sentiments d'une autre personne. Le noiraud apprend, par la même occasion, que le brun a eu recours à ce procédé avec Phoebe le premier jour. Asa s'empresse d'accepter. C'est le seul moyen pour que Leighton connaisse l'ampleur de ses sentiments et de sa sincérité.

- Je te crois déjà Asa, lui rappelle le brun.

- Je sais, mais fais-le. Je veux que tu le fasses, affirme-t-il.

Même si son mari lui assure qu'il ne lui a pas avoué ce pouvoir dans ce but-là, Asa est sûr de lui. Il ne voit pas cela comme une violation de son intimité, après tout, il s'agit de Leighton. Pour lui, il ferait absolument tout ce qui est possible. Le brun finit par acquiescer, puis il attrape le visage d'Asa afin de le relever et de le placer face à lui. Leurs yeux se fixent.

Les pupilles de Leighton s'éclaircissent, tout en gardant leurs couleurs marron. Asa sent une bulle l'envelopper, avant qu'elle explose en lui. À ce moment précis, il reçoit une déferlante de sensations, de sentiments, qui proviennent directement de Leighton.

Il ressent un amour inconditionnel envers lui, mais aussi un peu de tristesse et une pointe de joie, un coeur brisé qui commence à se réparer. Ce qui ressort le plus, c'est l'amour de Leighton, il prend l'ascendant sur le reste. La puissance de cette affection chamboule Asa, lui retourne l'estomac. Il était loin d'imaginer que Leighton l'aime autant. Il le réalise enfin, le sent dans tout son corps. C'est bouleversant, il est connecté avec son mari, comme jamais il ne l'a été. Il n'a rien partagé d'aussi intime de sa vie.

Ses yeux ne quittent pas ceux de Leighton, il n'a aucune idée de ce que son mari perçoit. Sa bouche est ouverte en grand, il pleure abondamment, Asa aussi d'ailleurs. Il espère que Leighton peut voir à quel point il est amoureux de lui, à quel point il s'en veut, qu'il est désolé.

- Tu m'aimes vraiment, souffle le sorcier, abasourdi.

- Oui, répond Asa en passent ses mains sur les hanches de son mari, attiré par une force magnétique.

- Je t'aime aussi.

Ces trois mots font exploser de bonheur le coeur d'Asa. Leighton doit le ressentir, car il ricane à travers ses larmes. Le noiraud se rend compte que son mari n'avait pas encore utilisé ce pouvoir sur lui, malgré les nombreuses occasions qui se sont présentées depuis leur rencontre. Si Asa avait été en moyen de le faire, il n'aurait pas hésité. Ce qui prouve que son mari est un homme bon, meilleur que lui.

- Pourquoi tu ne l'as pas fait plus tôt ?, le questionne Asa, curieux.

- Je n'allais pas le faire sans ton consentement, s'offusque Leighton. Je t'aurais trahi.

- Ton sens moral est une des raisons pour lesquelles je t'aime.

La respiration du brun se coupe, avant qu'un grand sourire se loge sur son visage. La bulle de sentiments diminue de plus en plus, jusqu'à disparaître. Asa aurait souhaité qu'elle reste plus longtemps, mais cela doit user beaucoup d'énergie à Leighton. Le noiraud inspire profondément, le moment est venu. Sa dernière carte pour obtenir le pardon de son mari.

Sans lâcher le sorcier du regard, il glisse une main dans sa poche et ressort le petit objet. Il place l'écrin entre leurs deux corps. Sentant que quelque chose se trame, Leighton baisse les yeux. Asa le voit froncer les sourcils, d'incompréhension. Après son achat, il s'est renseigné et ce qu'il s'apprête à offrir au brun, n'était pas coutume au 17è siècle.

- Qu'est-ce que c'est ?, interroge le sorcier.

Impatient, Asa se pince la lèvre inférieure. Il libère la main tremblante de Leighton et pose la sienne sur la boîte noire. Le coeur tambourinant, il ouvre l'écrin. Deux bagues apparaissent.

- Oh !, s'écrie Leighton avant de plaquer une main devant sa bouche.

- Nous devons officialiser notre mariage, annonce Asa.

De nouvelles larmes inondent les joues du brun. Le bonheur perceptible de son mari l'émeut, sa respiration est saccadée, Asa entend presque son coeur battre. Il récupère l'un des anneaux, puis met l'écrin sur le fauteuil.

- Tu veux bien rester marié avec un crétin comme moi ?, demande Asa, en prenant la main gauche de Leighton.

- Oui, couine celui-ci.

C'est aux doigts d'Asa de trembler, tandis qu'il tend ceux de Leighton et fait glisser l'alliance sur son annulaire. Un élan de possessivité l'étreint en observant la bague autour du membre de son mari. C'est l'une des plus belles visions qui lui ait été donné de voir. Il savait que l'argent rendrait merveilleusement bien, sur la peau claire du sorcier.

- À moi de le faire, réplique le brun.

Asa sourit tout en hochant la tête. À son tour, il offre sa main à Leighton. Celui-ci prend la seconde alliance et s'empresse de la mettre à sa place. Un sanglot remonte le long de sa gorge. Le noiraud l'attire dans ses bras afin de le cajoler. Il lui murmure des mots doux et réconfortants à l'oreille. Le sorcier s'accroche à son mari, comme si sa vie en dépendait. Asa frotte son dos, encore et encore, en le berçant.

- Je t'aime tellement, lui dit Leighton.

- Je t'aime aussi mon amour.

Il entend le brun s'étrangler avec sa salive lorsqu'il prononce le surnom affectif. Il embrasse la tempe de son conjoint, puis ses lèvres continuent leur chemin le long de son visage. Leighton gémit discrètement, du moins, il essaye de l'être. Asa se retient de sourire, satisfait de ce qu'il déclenche chez le sorcier. Ce petit jeu l'amuse un temps, il a besoin de plus. Il attrape le menton de Leighton et dévore sa bouche. Ils poussent tous les deux un soupire de soulagement.

Leurs langues se rejoignent vite. Le baiser est chaotique, désordonné, mais libérateur. Ils tentent de faire passer leur amour, leur frustration d'avoir été séparé, ainsi que leur passion mutuelle. Le désir d'Asa pour son mari refait surface, n'étant jamais très loin. Il grogne contre la bouche de Leighton. Leurs mains se faufilent sous leurs vêtements. Cette fois, Asa ne pourra pas se contenter de caresses. Il oublie tout ce qui les entoure, même qu'ils ne sont pas chez eux, mais chez Virginia. Si ça ne tenait qu'à lui, il déshabillerait son mari et lui ferait l'amour sur-le-champ, sans perdre une minute. Cependant, il freine ses pulsions, il ne doit pas oublier que Leighton est vierge.

- Tu me rends dingue, lui susurre-t-il, la voix rauque de plaisir et le souffle saccadé.

- Toi aussi, soupire le sorcier. J'ai envie de toi, vraiment très envie.

Le bruit primitif qu'émet sa gorge, fait couiner Leighton. Celui-ci se tortille contre Asa, accentuant la pression de leurs corps. Sans trop savoir comment, ils finissent assis par terre, le plus jeune à califourchon sur les cuisses de son aîné. Asa veut le garde auprès de lui pour l'éternité. Leurs lèvres se retrouvent, toujours plus affamées. Il aime embrasser Leighton, il pourrait le faire toute la journée. Leur baiser s'intensifie, les faisant perdre tout contrôle.

Les doigts du sorcier labourent les cheveux d'Asa, tandis que les siens passent sous le tee-shirt de son mari, afin de caresser sa peau. Le seconde d'après, le vêtement n'est plus qu'un souvenir. Malgré son avidité de posséder Leighton, Asa prend le temps de détailler le torse qui lui fait face. Il le trouve magnifique et absolument parfait. Son épiderme est parsemé de grains de beautés, le noiraud se donne pour mission d'en embrasser le plus possible.

- Asa, gémit le sorcier, dont la torture lui fait tourner la tête.

Lorsque les dents du noiraud mordillent l'un des tétons de Leighton, celui-ci se met à crier de bien-être. Pas peu fier de lui, Asa poursuit son exploration. Ses mains descendent, jusqu'à se faufiler entre le pantalon et le caleçon de son mari, le faisant sursauter. Asa ne le savait pas aussi sensible au toucher. Il n'arrive pas à se détacher. Il serait prêt à le dévorer. Il malaxe les fesses à sa disposition, ce qui fait couiner de plus belle leur propriétaire. Il libère sa bouche à contrecoeur, uniquement pour parler.

- Quand doivent revenir Virginia et sa famille ?, s'inquiète-t-il.

- Hein ?, marmonne le sorcier, les yeux fermés, perdu dans son plaisir.

- On ne va peut-être pas faire notre première fois sur le sol du salon de Virginia, réalise Asa avec effroi.

- Pourquoi ?

- Comment tu dirais déjà mon amour ? Ah oui, cela est indécent.

L'absence de réactions chez son mari l'amuse. Les sons qui sortent de sa bouche sont pures extases, Asa s'en gorge. Il n'a jamais rien entendu d'aussi excitant. Apparemment frustré que son mari ait stoppé tout mouvement, Leighton ouvre les paupières et le fusille du regard.

- Pourquoi t'es-tu arrêté ?, lui reproche-t-il en tirant ses cheveux, dans l'espoir de raviver la flamme d'Asa.

- On ne peut pas faire ça dans le salon de Virginia, répète le noiraud tendrement.

- Ce n'est pas le moment de faire preuve de bonnes manières. Je veux que tu me touches, tu m'as assez fait attendre.

Asa explose de rire, il ne savait pas son mari aussi impatient, ni que sa timidité disparaîtrait sous l'effet de l'excitation. Ce Leighton fougueux, qui se laisse guider par son désir, lui plaît beaucoup. Tester les réactions de son mari est devenu son jeu favori. Cela l'électrice tout autant. Joueur, il picore le cou de Leighton, tandis que sa main droite se déplace le long de la cuisse, avant d'attraper le membre en érection du brun.

- Oh !, s'exclame celui-ci dans un bond.

- Tu veux que je la retire ?, questionne Asa en amorçant un geste de recul.

- Que Diable ! Certainement pas.

- C'est ce qui me semblait.

- Asa, l'appelle le brun d'une petite voix, soudain timide. Je ne sais pas ce que je dois faire.

Comprenant que la situation n'est plus à la rigolade, Asa calme un peu ses ardeurs. Il sert son mari dans ses bras, afin de la rassurer. Leighton n'a pas à être gêné de son manque d'expérience, ils apprendront ensemble, Asa lui montrera et lui expliquera tout ce qu'il y a à savoir. Mais il persiste à penser qu'ils ne devraient pas rester ici. Asa veut vivre leur première fois dans leur lit. La négociation est dure, mais il finit par l'emporter.

- Allonge-toi, lui ordonne Leighton en posant ses deux mains à plat sur le torse d'Asa.

Il se laisse docilement faire. Son dos rencontre le sol, sous le regard amusé de son mari. Décidément, il aime la nouvelle facette de Leighton. Celui-ci se penche vers lui et lèche son oreille, avant de lui susurrer de ne pas enlever ses doigts de son sexe.

- Ferme les yeux, lui intime le sorcier. Je vais nous téléreporter.

Asa obéit. La seconde qui suit, il a l'impression d'être dans un bateau, puis il touche ce qui ressemble à un matelas.