Chapitre 1.
Salem Village,
Samedi 20 mars mars 1692
Alison Valliere regarde les membres de son clan, la boule au ventre. Giles Corey, shaman officiel, a ordonné une réunion d'urgence suite à une vision. La cheffe à l'habitude des rêves du vieil homme mais l'inquiétude et l'angoisse affichées sur son visage, ne sont pas normales. Il a été agité toute la journée, consultant les esprits pour s'assurer de l'authenticité de cette vision, qui semble bien véritable.
Toutes les personnes présentes sentent la tension dans la pièce. Leur réunion a lieu dans une petite chaumière, protégé des autres habitants grâce, d'une à la forêt et de deux, d'un enchantement visant à repousser les intrus. Cela aurait dû suffire. Pour le moment Alison est si effrayée par la suite des événements, qu'elle ne pense pas au potentiel danger à l'extérieur.
- Tituba est encore en retard, souligne Susannh Post, sorcière du clan, devant la fenêtre, le regard fixé au loin.
- J'espère qu'elle va bientôt arriver, plus nous restons ensemble longtemps et plus c'est dangereux, réplique Lilas en jetant un coup d'oeil à Alison, voulant lui transmettre le message caché dans sa phrase.
Celle-ci retient un soupir. Son rôle est de protéger chaque membre de son clan, de les aimer, mais parfois cela s'avère compliqué. Si la soirée se déroule selon ses craintes, elle sait pertinemment qui prendra la fuite et qui restera. Contrairement à ce qu'à l'air d'insinuer Lilas, Tibuba n'a pas choisi la première option. Alison aussi doit faire un choix, pas pour elle, non, elle assumera jusqu'au bout qui elle est et son rôle, mais pour son fils.
Ses yeux se posent sur sa progéniture, âgée de dix-neuf ans, Leighton est l'un des rares sorciers hommes et le seul de son clan. La personne qu'elle protégera avant tous les autres c'est lui, même si ce n'est pas juste. Il reste son fils unique, l'être humain qui compte le plus dans sa vie. Rien n'est plus important que cet homme. Giles rencontre son regard et devine ses pensées, d'un signe de tête il acquiesce.
- Tituba arrive et au vu de sa tête, il s'est passé quelque chose, intervient Sarah postée devant une autre fenêtre, sa fille Dorothy dans les bras.
Tous les membres du clan regardent Alison, celle-ci tente de les ignorer mais c'est peine perdue. La main que pose son fils sur la sienne, ne la réconforte pas, bien au contraire, elle l'accable encore plus, parce qu'elle sait que ça pourrait être leur dernier contact. Assise à sa droite, Thea Osborne essaye de lui sourire seulement, il sonne faux.
Après plus de deux heures d'attente, Tituba franchit enfin la porte d'entrée, en pestant contre le mauvais temps. Ann Poster s'empresse de l'aider à se dévêtir. Ann, celle qui prend toujours soin d'autrui, peu importe la situation. Un silence de plomb s'installe dans la chaumière. Seul le feu qui crépite à l'intérieur de la cheminée vient le perturber. À la seconde où la flamme commence à grandir de façon anormale, Alison comprend que c'est le moment.
- Lilas, calme-moi, ordonne-t-elle d'une voix dure. Asseyez-vous.
Les personnes debout, prennent place autour de la grande table. La cheffe au bout, les membres le long. Peu importe la position que l'on occupe dans le clan, on ne contredit pas un ordre de la dirigeante. Il y a des règles à suivre et celle-ci est la première. Même l'Amérindienne ne s'y risquerait pas. C'est à Alison d'animer la réunion.
- Tituba, explique-nous ce qui t'as retenu, demande-t-elle en fixant la concernée.
- Ces deux petites curieuses sont venues me voir cet après-midi, commence-t-elle avant de souffler d'un air affligé. Elles voulaient que je leur apprenne à lire l'avenir.
- Dis-moi que tu ne l'as pas fait ?, la supplie Mary ce qui lui vaut un regard noir de la part d'Alison.
- Bien sûr que si !, s'exclame Tituba comme si cela avait été la seule solution possible. Comme le révérend me l'a si gentiment rappelé pas plus tard qu'hier, je suis à leur service, je dois répondre aux exigences des demoiselles.
- Le sale petit merdeux !, s'énerve Thea qui hait cet homme.
Le révérend Samuel Parris a une façon bien à lui d'interpréter la bible et d'appliquer la religion. C'est lui qui commande à Salem, tous les habitants le savent. Leur communauté n'a pas de gouvernement légitime. Sa fille et sa nièce sont pourries gâtées et obtiennent absolument tout ce qu'elles désirent. De base, Alison déteste voir Tituba au service de cette famille. Seulement, à leur époque, une Amérindienne n'a que peu de possibilité, être servante est l'une des seules d'ailleurs.
- Donc, reprend Alison pour être sûr. Comme elles te prennent pour une sorte de voyante, tu as voulu leur donner raison et accéder à leur demande ?
- Vu que je ne suis pas shaman, cela s'est révélé être vain mais il se peut que j'aie utilisé la magie.
- Pardon ? Tu as utilisé la magie devant des gamines comme Abigail Williams et Elizabeth Parris ?
- Ces gosses avaient besoin que quelqu'un leur boucle leurs sales clapets !, s'indigne Tituba.
- Seigneur, nous sommes perdus, souffle Lilas.
Alison aurait aimé pouvoir la contredire mais c'est impossible car effectivement, ils sont perdus. Cela se confirme lorsque Tituba avoue le sortilège qu'elle a utilisé, celui qui déclenche des hallucinations, des convulsions et surtout qui donne l'impression d'être possédé. La servante n'aurait pas pu choisir pire sort. À quoi cela les amènerait d'être consternés ? Ça ne ferait pas avancer, ni régler leur problème.
Évidement, Tituba a brisé l'une de leur règle, c'est-à-dire utiliser la magie sur des humains et enfant de surcroît. Selon le code d'honneur, elle devrait être jugée et punie mais Alison n'a jamais été encline à ce genre de châtiment. En l'occurrence, elle aurait dû être plus sévère. À posteriori la bienveillance ne fait pas forcement respecter le code. Elle avait voulu être différente de sa propre mère et cela lui a joué des tours, si bien qu'aujourd'hui, c'est ce ressentiment qui met sa famille en danger. Certes, c'est trop tard pour se rendre compte de ses erreurs et les rectifier.
- À toi Giles, annonce-nous la suite, enchaîne-t-elle déjà résignée.
- J'ai eu une vision, un procès va avoir lieu, car les deux jeunes filles vont t'accuser de sorcellerie Tituba, annonce le vieil homme.
- Mon Dieu !, s'exclame Ann.
- Comment cela un procès ?, s'intéresse Susannah inquiète, inquiétude qui se transmet chez tout le monde.
- Les esprits des anciens sorciers s'affolent, ils me mettent en garde quant à la suite. Un bon nombre de jeunes filles vont accuser des personnes de sorcellerie ce qui conduira à des condamnations à mort.
Un cri de stupeur s'élève dans la pièce, si bien qu'Alison est incapable de dire de qui il provient précisément. Elle se force à ne pas regarder son fils, sinon elle défaillirait. La panique enveloppe les membres du clan. Lilas est la première à suggérer une fuite, tandis que Sarah ne pense qu'à sa fille, Mary et Thea songe à jeter un autre sort sur les filles pour annuler celui de Tituba. D'ailleurs, celle-ci répète qu'elle est désolée, alors qu'Ann tente de la consoler. Susannah pleure, la tête entre ses mains.
- C'est de ta faute, hurle Lilas un doigt accusateur pointé sur Tituba.
- Cela suffit !, s'écrit Alison qui a atteint son seuil de tolérance.
Le silence revient d'un seul coup et chacun reprend sa place initiale. Une grosse bourrasque de vent fait trembler la chaumière, trop forte pour qu'elle soit naturelle. Leighton aimerait serrer sa mère dans ses bras mais, il s'interdit tout mouvement et son intuition lui dit que ce n'est pas le moment non plus.
- Je vous interdis de remettre la faute sur Tituba, continue-t-elle sévèrement. Nous sommes responsables des uns des autres, responsables de ce que chacun fait dans ce clan, est-ce clair ?
- Oui, répondent tous en coeur.
- Maintenant une décision s'impose. Giles fournis-nous tous les détails que tu peux.
- Bien, réplique le vieil homme. Il n'y aura pas que la fille et la nièce du révérend, la petite Putnam également. Elle nous a déjà vu nous réunir et elle a dressé la liste de nos noms. Le temps que les deux filles déclenchent les symptômes, elles nous accuseront d'ici la semaine prochaine et Parris nous fera arrêter à ce moment-là. La gamine Putnam suivra dans la foulée avec son témoignage.
- Est-ce que tu sais le nombre de personne qui vont mourir ?, demande prudemment Ann, et c'est bien parce que c'est elle qu'Alison ne la recarde pas pour son intervention.
- Une bonne trentaine, avoue Giles les yeux encore plus translucides qu'à l'accoutumé.
Ann plaque sa main devant la bouche afin de retenir le cri d'effroi qui s'apprête à sortir de sa gorge. À l'heure qu'il est, Elizabeth et Abigail doivent sentir les effets du sort. Cela laisse cinq jours au clan avant que leur nom soit donné. Même sans Tituba, ils étaient déjà en danger, à cause de ce qu'à vu Ann Putnam et de sa liste. Tôt ou tard, des officiers seraient venus les arrêter. Ce n'était qu'une question de temps.
Parris va se référer à sa bible et les condamner toutes à la potence sans procès équitable, surtout pour celles qu'il tiendra responsable de l'état de santé de sa fille et de sa nièce. Ce qu'il désire par-dessus tout, c'est créer un élan de panique, faire asseoir son autorité. Malgré le gouverneur, qui en porte juste le titre; William Phips, qui est trop occupé dans une autre ville.
- Je ne prendrais pas de décision à votre place, continue Alison en choisissant ses mots avec soin. J'ai failli à ma mission, je n'ai pas su vous protéger donc je n'ai aucun droit de vous dire ce que vous devez faire, rester ou partir. Malheureusement, il n'y a que ses deux possibilités.
- Qu'est-ce que cela signifie ?, interroge doucement Thea.
- Nous serons emprisonnés, c'est une fatalité alors à vous de décider si vous préférez quitter la ville ou finir pendu à un arbre.
L'issu inévitable tombe comme un coup de massue autour de la table. Un silence pesant l'accueil. Alison observe ses semblables, à leur expression elle confirme ce qu'elle savait déjà, une seule fuira. Elle n'arrive même pas à en vouloir à Lilas. Comme elle leur a dit, elle les laisse libre de leur choix, elle ne se donne pas le luxe de les juger.
- Pour l'heure, reprend-elle en levant le menton. Rentrer chez vous, réfléchissez à ce que vous voulez faire. En revanche, nous devons être encore plus prudents et limiter au maximum les contactes entre nous.
D'un mouvement de tête, Alison donne la permission aux membres de se lever. Tour à tour, les femmes saluent leur cheffe, dans un silence étouffant. Ann est celle qui l'étreint le plus longtemps. C'est peut-être la dernière fois qu'elles pourront se serrer l'une contre l'autre. Vu les yeux larmoyants de Thea et de Susannah, elles pensent la même chose. Seul Giles reste auprès d'Alison et de son fils. Le shaman réside avec eux depuis que son fils unique est parti à l'autre bout du pays.
Alison s'éternise plusieurs secondes devant la porte, suite au départ des femmes. Demain tout sera différent, à partir de demain, ils ne pourront plus se réunir le soir à la nuit tombée. Demain, certains de ses membres auront quitté la ville. Demain ils se seront condamnés à mort.
- Maman, souffle Leighton près d'elle.
- Tout va bien, tu peux aller te coucher mon fils.
Elle se rend compte que sa voix est trop chevrotante pour paraître sincère. Son sourire n'atteint pas ses yeux, il n'est que façade. Elle ne trompe aucun des deux hommes. Dans un ultime effort, elle pivote face à sa progéniture. Elle entoure son visage de ses mains, son fils. Il ne la dépasse que de quelques centimètres, ses cheveux châtains sont identiques aux siens et ses iris noisette brillent de mille feux.
- Tu es si beau mon fils, murmure-t-elle.
- Ne fais pas cela mère. Ne me parle pas comme si c'était la dernière fois, la conjure Leighton un sanglot dans la gorge.
Elle attire Leighton contre sa poitrine, en lui affirmant que ce n'est pas le cas. Elle relâche le jeune homme et celui-ci par en direction de sa chambre. Parce que si sa mère lui assure qu'il se verront demain matin alors c'est forcément la vérité. Alison ferme les paupières et pousse un long soupire. Giles se matérialise à ses côtés et lui tend une tasse de verveine. Elle récupère le contenant sans bouger d'un centimètre.
Ce soir, les souvenirs qui l'ont emmenée à cet instant précis, reviennent. Son enfance dans la pure compagne irlandaise. Leur départ pour le nouveau monde avec sa mère qui souhaitait y installer son clan de sorcière. Peu importe si elle laissait son époux, chose qu'Alison n'a jamais pu lui pardonner. Sa mère, Rosalie, était une femme dure, peu aimante, qui ne supportait pas que sa fille lui désobéisse. Lorsque Alison a rencontré son mari, Georges, un homme bon, elle a fui avec lui jusqu'à Salem.
Seulement, Rosalie les a retrouvés et Georges est décédé peu de temps après, d'une façon suspecte. Alison sait très bien qui a assassiné son mari. Elle est devenue veuve, enceinte de cinq mois. Elle se rappelle encore des mots de sa mère à la naissance de Leighton.
- J'espère que ce ne sera pas un sorcier, les hommes sorciers portent malheur.
Rien d'autre, pas de félicitations, pas de compliment, pas d'effusion de tendresse. Ce jour-là, Alison a officiellement quitté le clan de sa mère pour créer le sien. Giles a du voir cela dans une vision car il a été le premier à la rejoindre le lendemain, puis Ann et Thea, et ainsi de suite, jusqu'au clan tel qu'elle le connaît d'aujourd'hui. Il s'est vite avéré que Leighton était bien un sorcier.
- Alison, l'appelle Giles une main sur son bras.
- Je ne laisserais pas mon fils se faire pendre.
- Il faut que je te parle d'une chose mais je préférais que l'on soit que tous les deux pour cela.
- De quoi s'agit-il ?, s'intéresse la sorcière en se tournant vers le shaman.
- Peux-tu lancer le sort du silence s'il te plaît.
Fronçant les sourcils, Alison s'exécute. Giles est soucieux, il croise ses mains derrière son dos, face au feu de cheminée. C'est sans surprise qu'il lui annonce que Lilas est en train de faire ses bagages et va partir dans la nuit. Lilas n'a jamais vraiment su s'intégrer dans le groupe, elle se met volontairement à l'écart. Le clan n'est pas aussi important pour elle que pour les autres. Sa décision ne peut pas vraiment vexer Alison.
- Qu'est-ce que tu souhaitais me dire ?, s'impatiente celle-ci, ne voulant pas s'attarder sur Lilas.
- Les esprits m'ont parlé de ton fils.
- Quoi ?, s'exclame Alison prise de panique.
- Comme tu le sais si bien, les hommes sorciers sont rares, ils doivent être protégé. C'est ce que les esprits ne cessent de me dire depuis ma vision du procès.
- À part le faire partir loin d'ici le plus vite possible, je ne vois pas comment le protéger.
- Des noms vont tomber Alison dont celui de ton fils. Même si il part, il y aura toujours un mandat d'arrêt contre lui. Les esprits m'ont soufflé un sort que nous pourrions utiliser sur Leighton afin de l'emmener dans un lieu plus sûr. VeneruntTempus.
Alison chancèle en entendant le sortilège, elle se rattrape à une chaise. À sa connaissance, personne n'a jamais utilisé ce sort. Jusque-là, elle-même pensait qu'il n'était qu'une rumeur, inventé par les anciennes sorcières. Elle tombe des nues, lorsque Giles lui informe que les esprits lui ont confié le déroulement du sortilège. Celui-ci n'est écrit sur aucun manuel, il est considéré comme trop dangereux pour être noté quelque part. Il est transmis qu'à une poignée de sorcières et celle-ci sont toutes mortes, sans aucune descendance.
- Ton fils est un homme bon Alison, poursuit Giles en regardant sa cheffe. C'est pour cette raison que les esprits m'ont communiqué le sort. Ils ne veulent pas qu'il soit tué.
- Je dois réfléchir, répond-elle la voix tremblante d'émotion.
- Alison, tu n'as pas le temps de réfléchir. Il faut que ton fils parte loin d'ici et ce sort va nous y aider.
- Mais on ne sait pas où il va atterrir bon sang ! C'est un sort pour voyager dans le futur Giles et le futur peut être encore plus dangereux que le présent.
- Non, affirme le shaman sûr de lui. Les esprits sont confiants, tout ira bien pour Leighton dans le futur.
Son fils, la prunelle de ses yeux. Avec objectivité, elle sait que Giles a raison. Premièrement si elle se montre égoïste et qu'elle garde Leighton auprès d'elle, il sera pendu. Deuxièmement, elle connaît son fils, qui il est, et à leur époque il n'y a pas d'avenir pour lui, il sera malheureux. Peut-être que dans le futur les choses sont différentes pour les hommes comme Leighton. La cheffe de clan a pleine confiance dans les prédictions de Giles. Il ne s'est jamais trompé. Cette fois ne fera pas exception.
Quelle autre option lui reste-t-elle ? La seule personne du clan qui aurait été susceptible de lui en vouloir, c'est Lilas, mais elle est en train de prendre la poudre d'escampette. Les autres comprendront son sacrifice, peut-être que Sarah non, que celle-ci souhaiterait faire pareil avec sa fille. La différence entre Leighton et Dorothy, c'est l'âge. Le jeune homme a dix-neuf ans, Dorothy n'en a que quatre. De plus, d'après les rumeurs sur le sort, il n'a jamais été utilisé sur plusieurs personnes en même temps. Dans l'hypothèse où Sarah accepte elle aussi, de le lancer sur sa fille, ce n'est pas sûr que Dorothy apparaisse à la même époque que Leighton.
Tout ceci est une excuse afin d'apaiser sa conscience pour ce qu'elle s'apprête à faire. Elle devrait être honorée que les esprits fassent une entorse au règlement pour son fils. C'est un détail non négligeable, qui a toute son importance dans sa décision.
- Est-ce qu'il sera heureux là-bas ?, s'entend-elle demander à Giles.
- Oui, les esprits en sont sûrs. Ils le voient avec quelqu'un, l'informe le vieil homme.
- Ce quelqu'un l'aimera et le rendra heureux ?
- Oui. Je ne dis pas que cela sera facile pour lui mais cette personne l'aidera grandement. Surtout, il sera en sécurité. C'est la seule solution Alison.
Elle acquiesce, donnant son accord silencieux. La suite se passe dans un brouillard absolu pour la sorcière, elle effectue des gestes par mécanisme. Avec Giles, ils conviennent de laisser tous livres à Leighton, ce qui l'aidera lors de son voyage. À l'aide d'un sort sur une besace qu'elle agrandie, elle y place tous ses biens. Elle ne veut pas que son fils manque de quoi que ce soit.
Giles en profite pour glisser une lettre dans la poche de devant. Il affirme à Alison qu'elle va le guider dans sa nouvelle vie. Délicatement, ils posent la sacoche sur le ventre de Leighton, endormi grâce à un petit sortilège de sommeil. Ils ne voulaient pas prendre le risque que le jeune homme se réveille pendant leur préparatifs.
L'heure est arrivée, Alison ne peut plus reculer, ni feindre de prendre son temps. Avant tout de choses, elle s'accroupit face à son fils. Elle passe une main dans les cheveux de Leighton et embrasse son front. Elle retient ses larmes avec beaucoup de difficultés.
- Pardonne-moi mon fils pour ce que je m'apprête à faire. J'espère que tu me comprendras. Sois heureux, profite de chaque moment, tombe amoureux. Giles assure que tu auras une vie comblée. Tout ira bien mon coeur. Je dois te protéger de cette haine dont nous sommes la cible. N'oublie pas que je t'aime plus que tout au monde Leighton.
Alison se relève et essuie sa joue, une goutte d'eau a coulé le long. Giles lui apporte du soutien, une main sur son épaule. Toutes les épreuves qu'elle a connues durant son existence, ne sont rien comparées à ce qu'elle s'apprête à faire. Elle ne peut pas décrocher son regard de son fils. Elle le voit pour la dernière fois, elle n'entendra plus sa voix ou son rire, ne le verra pas grandir, n'observera plus son sourire. Elle imprime son visage dans sa mémoire, à défaut de pouvoir le faire autrement.
Accompagnée de Giles et sous ses instructions, elle lance le sort. Petit à petit, le corps de son fils disparaît, finissant par laisser le lit vide. À cet instant, Alison s'effondre sur le sol et éclate en sanglots. Son fils est définitivement parti.
- C'était la bonne chose à faire, lui souffle Giles.
Et pour cause, le shaman sait de quoi il parle puisque lui aussi, a envoyé son fils unique loin de Salem, il y a de nombreuses années. Évidemment, Alison est d'accord avec Giles mais cela ne rend pas la perte plus facile à digérer. À genoux, elle prie tous les Dieu et les esprits qu'elle connaît, afin qu'ils protègent Leighton. Tout le matériel les reliant à la magie se trouve dans la besace qu'elle a donné à son fils, mais celle-ci ne suffira pas.
Même si Alison a le coeur en miette, Leighton ne sera pas pendu et c'est le principal.
Note de l'auteur: les noms des personnes présentes dans ce chapitre ont tous existé, sauf Alison et Leighton qui ont été inventé pour l'histoire. Il s'agit donc des vraies personnes accusées et des vraies accusatrices.
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