Chapitre 44

Vendredi 13 Mai 2022, Washington D.C.
18h, bureau de Will

    L'inconvénient de ne pas aller sur le terrain, c'est que cela accorde trop de temps à William pour réfléchir. Il a passé la semaine à cogiter et à culpabiliser.

    Jude est en froid avec ses parents à cause de lui. Il a tenté de les approcher pour leur expliquer et trouver un terrain d'entente, mais les Rhodes sont restés hermétiques. Ce qui énerve passablement William. Comment peuvent-ils être prêt à se brouiller avec leur fils parce qu'il n'a pas suivi leurs directives ? Cela le dépasse. Ils crient à tue-tête qu'ils ont perdu leurs fils pendant cinq ans et ils lui tournent le dos pour un désaccord. Will refuse de tomber dans ce piège qui ressemble à de la pure manipulation. Il a trop galéré pour renoncer à son bonheur maintenant.

    Le problème, c'est que les soucis de Jude sont les siens. Afin de construire une relation saine, ils doivent partager leurs tracas. Ce qu'ils font déjà. Ils craignent tous les deux que l'autre parte sous la pression silencieuse des Rhodes. Ce que Will s'est promis de ne pas faire. Jude et lui resteront soudés quoi qu'en disent leurs détracteurs. D'ailleurs, cela les booste à prouver à tous à quel point ils ont tort sur leur couple. Ils ont eu raison de se donner une chance, Will en ait convaincu.

    Une main se posant sur son épaule, le sort de ses pensées. Il reconnaît cette prise, son corps réagit à la proximité de son âme-soeur. Un long frisson traverse son échine. Automatiquement, un sourire prend place sur son visage.

- Salut, dit-il en se tournant vers Jude.

    L'Érudit lui rend son rictus heureux, puis se penche pour l'embrasser. Will en ronronnerait de plaisir. Il n'a pas honte d'admettre qu'il se liquéfie sous les attentions de son âme-soeur. Il les attend comme un drogué en manque et cela lui convient à la perfection. Et de toute façon, il a passé l'âge de s'inquiéter de ce que les autres pensent de lui.

- Tu vas bien ?, demande-t-il au rouquin contre ses lèvres.

- Oui et j'irais encore mieux quand on sortira d'ici. Ces vautours nous observent trop.

    Will sent également leurs regards scrutateurs sur eux, même s'il les ignore. Plusieurs semaines après, ils sont encore l'attraction des Templiers. Bien, qu'ils soient tous témoins de la force que dégage leur couple. Ils sont épiés, surtout William, à l'affût de sa moindre erreur pour prouver que Jude a tort de lui accorder une seconde chance. Pire, ces vautours, comme les appellent le rouquin, voudrait qu'il se sente mal à l'aise d'être avec son âme-soeur, après ce qu'il a fait. Qu'ils aillent au Diable, pour être poli, car ce n'est pas le cas. Il ne cédera pas non plus à cette menace.

- Allons-y, dit-il en se levant.

    Debout, il lie ses doigts à ceux de Jude. Il se retient de ne pas montrer son majeur à tous ces connards étriqués. Ils se croient supérieurs à Will, mais aucun d'entre eux n'a de couples parfaits, sans embûches. Celles de Jude et Will sont plus grosses que la moyenne, mais ils les traverseront. Ils le font déjà.

    Ils traversent l'Institut en silence, ruminant tous les deux, chacun de son côté, sur un sujet similaire. C'est Jude qui les guide et Will se laisse volontiers faire. Il souhaite juste qu'ils soient seuls, loin de tout le monde, même de leurs amis.

    Le rouquin semble lire dans ses pensées, car ils se retrouvent devant sa chambre. C'est la première fois que Will va y pénétrer, sans la peur d'une effraction. Ça lui fait oublier tous les parasites polluant son cerveau. Il va entrer dans l'intimité de son âme-soeur. Le double sens de cette phrase, lui fait monter le feu aux joues.

    Si Jude se pose toutes ces questions, il le cache bien. Il déverrouille sa porte de sa main libre, puis l'ouvre en invitant Will à entrer. Le Guerrier s'exécute, presque timidement. La chambre qu'il découvre est encore plus impersonnelle que la sienne. Outre le mobilier de base, il y a trois étagères murales. Une remplie de livres et les deux autres, d'albums. Il aperçoit une Kindle sur la table de nuit. C'est tout. Le bureau est vide, excepté un ordinateur portable fermé et un pot à crayons. Will n'aime pas ce qu'il voit. La pièce a l'apparence de quelqu'un qui ne s'y sent pas à l'aise, ou qui ne veut pas s'y installer. Il ne commente pas ce détail flagrant.

- Assieds-toi où tu veux, lui propose Jude.

    Il choisit la chaise du bureau, l'endroit le plus neutre selon lui. Jude sourit, avant de lâcher sa main et de se diriger vers le mini-frigo pour en sortir deux cannettes de soda. Le préféré de Will. Il accepte la boisson avec plaisir, elle va refroidir ses ardeurs que d'être ici déclenche. Jude s'assoit au bord du matelas, face à William, mais évite son regard. Il commence à bien connaître l'Érudit pour savoir que quelque chose le tracasse.

- Qu'est-ce qui ne va pas ?, l'interroge-t-il et il boit une gorgée pour faire glisser son angoisse et noyer son mal de ventre.

- Ça m'énerve qu'ils sont tous là à nous juger, comme si on faisait quelque chose de mal.

- Nous ne faisons rien de mal Jude.

- Je le sais, affirme le rouquin d'une voix pourtant tremblante. S'aimer n'est pas mal. Je voudrais que mes parents le voient.

- Ils finiront par le voir mon ange, garde espoir.

    Jude baisse la tête, les yeux humides. Will a le coeur douloureux. Il prend ses mains entre les siennes et les caresse. Il ne sait pas quoi dire pour le réconforter.

- On ne va pas se séparer hein ?, s'assure Jude, une nouvelle fois.

- Je t'ai promis que non. On ne va pas céder au chantage affectif de tes parents.

- Bien, parce qu'après t'avoir voulu pendant si longtemps, je ne veux pas renoncer à toi.

- Moi non plus. Je t'aime Jude, dit-il avec conviction.

    Le rouquin redresse la tête, un tendre sourire aux lèvres. Son regard vaut mieux que mille mots. Il observe William, légèrement penché sur le côté, perdu dans ses pensées qui semblent le faire réfléchir au sens de la vie. Les yeux gris luisent de confiance et d'une autre lueur qui fait tressaillir le bas-ventre de Will. Il serre les poings pour s'empêcher de sauter sur son âme-soeur.

    Au bout de plusieurs minutes, c'est Jude qui se remet debout, les mains tenant toujours celles de Will. Il s'approche du Guerrier à petit pas, lui laissant le temps de protester si besoin. Ce que le blond ne fait pas. Il serait bien stupide de le repousser. Il est curieux de voir ses prochains mouvements. Ce qui ne tarde pas à arriver.

    Jude commence par l'embrasser avec délectation. Will ne contrôle pas le gémissement qui sort de sa gorge. Il croit rêver lorsque le jeune Érudit, habituellement si timide, enfourche ses cuisses et s'assoit sur ses jambes. Leur baiser devient hardant, leurs langues se touchent, leurs mains se lâchent pour découvrir le corps de l'autre. Will agrippe les hanches de Jude, le serrant contre lui. Ils grognent tous les deux dès que leurs sexes dressés se frôlent à travers leurs pantalons. Ils amorcent des mouvements lascifs, sans s'en rendre compte. Un geste naturel entre eux, causé par l'attraction de leurs âmes.

- J'ai envie de toi William, souffle le rouquin d'une voix hachée.

- Bordel, moi aussi.

    Cette vérité établie, ils se dévorent à nouveau la bouche. Sans se séparer, ou à peine pour reprendre leurs respirations, ils retirent leurs vestes, puis déboutonnent leurs chemises. La sensation de la peau chaude de Jude sous ses doigts, lui fait tourner la tête. C'est un pur délice. Il sent Jude frissonner et cela lui procure de l'électricité aux extrémités de ses membres. Ce n'est rien comparé aux sensations qui le traversent quand Jude le touche à son tour. Il se met à trembler violemment.

- Seigneur, s'étrangle-t-il lorsque le bout d'un ongle racle l'un de ses tétons.

- Ça me rend déjà fou d'avoir tes mains sur moi. Pince-moi pour me montrer que je ne rêve pas.

    Joueur, il obéit avec joie. Il s'empresse de presser l'un des boutons de chaires de Jude. Ce dernier glapit en sursautant. Will ricane, avant de recommencer, moins fort. Il obtient la même réaction grisante. Une idée lui vient. Il se penche, quitte à plier son dos dans une posture inconfortable, afin de laper le téton meurtri. Jude pousse le plus agréable des sons que Will n'a jamais entendu.

- Tu es si beau, murmure-t-il ébahi par ce qu'il découvre.

    Son regard se baisse sur les fameuses côtes tatouées. Sur une ligne verticale, les runes de protections sont dessinées. Il les retrace du bout de l'index. Elles semblent presque irréelles, ainsi incrustées de noir sur la peau si pâle de Jude. Il embrasse le torse sous ses lèvres, tout ce qu'il peut, ignorant la douleur qui tire ses reins.    

    Jude s'accroche à ses cheveux, la respiration de plus en plus erratique. Les murmures du rouquin font s'envoler les dernières inhibitions de Will. Il se sent pousser des ailes. Il lui enlève la chemise afin de se gorger de sa peau. Il respire son odeur à pleins poumons. Il le serre si fort contre lui, que les battements de coeur de Jude, résonnent contre sa paume.

    C'est la première fois que Will caresse le corps d'un autre homme. Et que ce soit celui de son âme-soeur est incroyable. Il se consume de désir. Son sang n'a jamais pulsé aussi vite. Comme si d'un moment à l'autre, il pouvait exploser dans ses veines.

- Allons sur le lit, propose Jude avec empressement.

    William ne se le fait pas dire deux fois. Il glisse ses mains sous les fesses de Jude, puis le soulève dans ses bras pour l'allonger sur le matelas. À peine sont-ils couchés que sa propre chemise est jetée au sol. Il plonge sur la bouche du rouquin sans tarder. C'est frénétique et désordonné, mais Dieu que c'est bon. Il pourrait l'embrasser jusqu'à l'asphyxie. Leur différence de taille est une bénédiction, elle lui permet d'avoir le membre dressé de Jude plaqué sur son ventre. Il peut le frotter contre son estomac et lui procurer du plaisir. Il avale les délicieux gémissements de l'Érudit.

- Montre-moi ce que tu aimes, implore-t-il le nez dans le cou de son âme-soeur.

    Même s'il déteste l'admettre, il sait s'y prendre avec les femmes, pas avec les hommes, en dépit des infos qu'il a récoltées. Il y a une différence entre le savoir et la pratique. Il veut faire du bien à Jude, lui accorder toutes les attentions qu'il mérite. Will a envie de tout tester avec le rouquin, mais il doit calmer un peu sa fougue. Il est déjà sur le point de jouir. Dans son caleçon, tel un ado. Ce qui serait vraiment la honte à trente ans.

    Jude enroule ses jambes autour des hanches de Will et ses bras encerclent son cou. Il exerce une pression que le Guerrier comprend. Il bascule sur le dos, Jude au-dessus de lui. Ce dernier, d'un geste extrêmement sexy, quitte ses lunettes et les plis sur la table de nuit. Il y a de la joie et de la reconnaissance dans ses prunelles grises qui le fixent. La domination dont fait preuve le rouquin est diablement excitante.

- Je vais nous déshabiller, nous serons mieux nus, déclare Jude d'un ton sûr, un sourire confiant sur ses délicieuses lèvres.

- Ça me paraît être une excellente idée.

    Il serait fou de dire non, alors qu'il rêve de voir son âme-soeur nu. Jude mordille sa lèvre inférieure, retenant son rictus fier de s'agrandir. Will se laisse déshabiller entièrement. Il est le premier à se retrouver en tenue d'Adam. Il n'est pas pudique et n'a pas honte du corps qu'il montre au plus jeune. En général, quand son âme-soeur ne le dévisage pas. Il se sent rougir sous son observation. La lueur enflammée qui dilate les pupilles de Jude, lui fait courber les orteils.

    La suite n'est pas ce qu'il avait prévu. Jude se penche et embrasse absolument chaque parcelle de sa peau, du cou jusqu'à son aine. Will halète en se tortillant. C'est ce qu'il voulait faire au rouquin, mais il l'a devancé.

- Enlève ton pantalon, parvient-il à marmonner.

    Parmi tous ses désirs, celui d'avoir la bouche de Jude sur son sexe, ou sa main, afin de soulager de la tension qui l'assaille, il choisit celui qui le maintient un minimum dans la réalité. Jude rigole contre sa clavicule.

- C'est ce que j'aime William, prendre soin de toi, susurre le rouquin.

- Je veux le faire aussi.

- Patience, nous avons tout le temps du monde maintenant.

    Jude a raison, même si cela demande au Guerrier une volonté immense pour ne pas reprendre le contrôle de la situation. Il n'a pas l'habitude de le céder à ses partenaires. Avec l'Érudit, il n'a pas besoin de ce rapport de force, au contraire, c'est comme si Jude le libérait de ses chaînes, qu'il l'apaisait. C'est également une preuve de confiance de sa part. Il abandonne ses armes. Ça ne lui déplaît pas de ne pas diriger, pour le moment.

    Il faut dire que la douleur de son érection accapare tout son cerveau. Et le fait que l'homme qu'il aime soit à califourchon sur son bassin, à moitié nu, qui fait exprès de s'éloigner dès que Will tente de le toucher. Il prend plaisir à joueur avec lui.

- Je veux te faire découvrir comme ça peut être bon, annonce Jude en faisant glisser ses doigts le long du torse du Guerrier.

- Ça ne peut que l'être avec toi.

- Charmeur. S'il y a quelque chose qui te met mal à l'aise, n'hésite pas à m'arrêter.

- Promis, assure-t-il, avant de redresser pour l'embrasser.

    Il n'a aucun doute qu'il va apprécier chaque seconde. Il en a connu des expériences, mais jamais comme celle-ci. La connexion qu'ils partagent le rend étourdi. Leurs épidermes brûlent l'une contre l'autre. Il est parcouru d'un courant électrique lorsque Jude prend son membre entre ses doigts. Il laisse échapper un sifflement, tandis que son corps se met à trembler.

    C'est doux et fort à la fois. Leurs yeux ne se lâchent pas pendant que Jude lui donne un plaisir encore jamais connu, ni atteint.

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