Chapitre 27

Vendredi 25 Mars 2022, Washington D.C
23h30, Tidal bassin

    Aux yeux de Taylor, il n'y a pas plus bel homme que celui qui le regarde comme s'il était la huitième merveille du monde. Il se demande comment il a pu passer à côté de tout l'amour que le Guerrier lui renvoie. Comment il a même pu vivre cinq ans en l'ignorant ? Il a l'impression de pouvoir enfin respirer correctement.

    Admettre à voix haute, aussi clairement, que Lance est son homme et lui le sien, est libérateur. Il passera le reste de sa vie à prouver au Guerrier que son amour est réciproque, qu'il ne l'a pas attendu en vain, qu'il est digne de lui. Peut-être que le visage de Taylor traduit tout cela, car Lance sourit, soulagé et détendu.

- Il n'y a que toi, susurre le blond d'une voix basse et rauque.

    Le bas-ventre de Taylor se comprime devant ce ton si sensuel. Et il n'y a que Lance pour le faire réagir aussi vite et aussi intensément, pour le bouleverser avec de simples mots. Son corps rentre en combustion lorsque le Guerrier fait glisser sa main gauche le long de son bras, puis caresse ses doigts tatoués. Taylor vibre, des pieds à la tête. Malgré la couche de vêtements, il ressent le toucher jusque dans son sang.

- Est-ce que je peux t'embrasser ?, lui demande Lance.

- Oui.

    Taylor peine à reconnaître sa propre voix tant elle est grave. C'est tout son âme-soeur ça, si gentleman, de s'assurer de son consentement. L'Érudit serait bien fou de refuser après treize ans de patience. Malgré son envie de plus en plus incontrôlable et sa frénésie, il laisse Lance maîtriser la situation, à son rythme.

    Doucement, le Guerrier se rapproche, jusqu'à coller de nouveau leurs torses. Il fait tellement durer le suspense, qu'il met Taylor au supplice. Parce que bien sûr, Lance prend tout son temps. Il commence par faire le chemin inverse sur le bras de l'Érudit, puis remonte l'un de ses doigts pour dessiner le contour ses lèvres et jouer avec le piercing qui y est accroché.

    Taylor tremble si fort, qu'il est obligé de lâcher la joue de Lance pour s'agripper à sa taille de ses deux mains. Ses genoux claquent presque l'un contre l'autre. Il est en tachycardie et en hyperventilation. Il est obnubilé par la bouche qui lui fait face, dont ses yeux ne peuvent s'en détourner. Les gestes du Guerrier sont délicats, tendres et le brûlent à chaque caresse. Il est consumé par ce simple toucher.

    Les mots restent coincés dans sa gorge. Elle est trop nouée pour qu'il réussisse à parler. Il voudrait supplier Lancer de l'embrasser, de le dévorer sur place, mais son âme-soeur continue de l'admirer en flattant sa peau. Aucun autre homme ne l'avait autant électrisé avec des effleurements.

- Lance, murmure-t-il au bord du précipice et n'en pouvant plus.

    Les lèvres du Guerrier s'incurvent dans un sourire espiègle. Taylor ne tient plus. Il va littéralement défaillir ou mourir si son âme-soeur ne l'embrasse pas très vite. Il est à deux doigts de craquer et de combler lui-même la distance qui les sépare.

    La patience de Taylor est enfin récompensée. Après ce qui lui a semblé une éternité, la bouche de Lance se pose sur la sienne. Au départ, c'est juste un contact léger, mais qui amène une vague de chaleur et de frissons dans tout le corps de l'Érudit. Puis le Guerrier gagne en confiance et bouge ses lèvres, Taylor suit le mouvement avec enthousiasme. Inconsciemment, il serre le pull entre ses doigts, ce qui l'empêche de s'écrouler sous les sensations.

    C'est digne de ses plus beaux rêves. Le goût de Lance est exquis, la texture de ses lèvres incroyable. Taylor en gémit de bien-être. Son coeur explose de bonheur. Il a l'impression que son âme-soeur se fond en lui, mais tout en étant dans la retenue. L'Érudit a occulté l'endroit où ils se trouvent, tout ce qui l'entoure qui n'est pas l'homme qui le tient fermement contre son corps. Il veut qu'ils continuent à s'embrasser toute la nuit, ne jamais se séparer de Lance.

    Malheureusement, l'intensité du baiser se calme, jusqu'à s'arrêter. Lance libère sa bouche en reposant son front sur celui de Taylor. Ils sont tous les deux à bout de souffle, mais comblés. Leurs regards sont ancrés l'un dans l'autre. En dépit de la faible luminosité, Taylor voit l'éclat de désir, de joie et d'émotions dans les yeux de Lance, ainsi que le bouleversement sur son visage.

- Je..., commence le Guerrier avant de se racler la gorge pour libérer ses cordes vocales. J'ai tellement envie de toi Taylor que je ne suis pas sûr de pouvoir garder mon self-contrôle.

- Moi non plus et je ne te demande pas de le faire. Seigneur Lance, on a attendu si longtemps, je ne peux pas attendre une minute de plus.

- On rentre ?

- Putain oui. J'ai besoin de t'embrasser encore, déclare-t-il dans un souffle rauque.

    Lance accède à sa demande. Il donne un dernier baiser à Taylor avant de se reculer complètement. L'Érudit tremble de froid sans la chaleur corporelle du Guerrier. Cette fois, il laisse cours à ses envies et prend la main de son âme-soeur en entrecroisant leurs doigts ensemble. Lance lui jette un sourire éblouissant de reconnaissance.

    Cela paraît tellement juste à Taylor de marcher ainsi avec Lance. Tout prend de nouveau son sens. Il n'est pas stressé par la suite. Il est apaisé comme jamais auparavant. Si son âme-soeur a des appréhensions, il les garde pour lui, son corps ne transmet aucune angoisse. Ils marchent en silence, mais ils sont sereins. Ils ne vont pas parler de ce qui va se produire une fois à l'institut, dans la rue aux oreilles des passants.

    Leur retour ne se fait pas dans la discrétion. Les membres de l'Ordre qui croisent leur chemin ne manquent pas de remarquer les mains jointes. Les deux hommes les ignorent superbement. Taylor refuse de se justifier auprès de qui que ce soit. Il ne sera pas aussi calme s'ils tombent sur ses parents ou sur Jude. Le destin est de leur côté, car ils parviennent jusqu'à la chambre de Lance sans les voir.

    Le choix de leur destination, s'est fait naturellement. Ils n'ont pas eu besoin de communiquer pour décider. Ils ne pouvaient pas se rendre dans la chambre de Taylor, Sora est à l'intérieur et il est hors de question de faire ce qu'ils ont prévu devant elle. Dans celle de Lance, ils ne seront pas dérangés.

    C'est la première fois que Taylor entre dans l'espace privé de Lance. La chambre a la même configuration et la même décoration en bois que toutes les autres, un lit au fond à droite, une énorme armoire en face, ainsi que la porte menant à la salle de bain, un bureau sur la gauche et des étagères à côté. Le contenu de ces dernières attire l'oeil de Taylor. Il en est décontenancé.

- Tu écoutes de la K-pop ?, s'étonne-t-il en s'approchant de la collection.

    Il reconnaît les albums d'Ateez et de Stray Kids, même de loin, car Jude en possède également, tout comme le petit appareil blanc qui permet de lire les CD. Il ne devrait pas, mais il a du mal à s'imaginer son âme-soeur aimant ce genre de musique.

- Oui. Te moques pas d'accord, supplie-t-il d'un ton mi-blessé mi-craintif.

- Bien sûr que non. Je suis juste surpris.

    Taylor s'en veut immédiatement d'avoir pu offenser son âme-soeur. Il se tourne vers Lance, qui tord ses doigts, nerveux, le regard baissé sur ses mains. Il est touché par tant de vulnérabilité.

- J'ai l'impression que tout le monde en écoute en ce moment. Jude adore ce groupe aussi. Swann et son meilleur ami également, s'empresse-t-il d'ajouter pour détendre le Guerrier.

- Ça m'a sauvé la vie quand ça n'allait pas.

- Celle de Jude aussi. Je les adore encore plus alors. Tu veux en écouter un ?, propose-t-il en voyant le malaise de Lance s'accroître.

- Non c'est bon, dit le Guerrier en secouant la tête. Wonderland n'est pas très romantique pour s'embrasser.

- Non c'est sûr, mais « Be with you » n'est pas mal. Ça nous correspond plutôt bien.

    Lance relève le regard, son expression passe d'embarrassée à émue en moins d'une seconde. Taylor le préfère souriant et heureux. Il pose ses mains sur les joues rougies du Guerrier, puis l'embrasse avec délicatesse. Une façon de se faire pardonner si Lance à mal interprété ses propos.

    Ici, ils n'ont plus les barrières de la pudeur, ils peuvent libérer leur fougue. Et au bout de treize ans, elle a besoin de s'exprimer. Ils s'embrassent comme si c'était leur dernier jour sur terre. Taylor lâche le visage de Lance pour entourer son cou et passer une main dans ses cheveux blonds. Le Guerrier a les siennes sur les hanches de l'Érudit pour maintenir leurs bassins collés.

- Qu'est-ce que tu veux faire ?, s'enquit Taylor, alors qu'ils reprennent leurs respirations.

- Tout ce que tu veux.

- Ça ne marche pas comme ça Lance. Nous devons être d'accord tous les deux. Tu as le droit de me dire ce que tu veux.

- J'aimerais bien qu'on s'allonge dans le lit, propose timidement le Guerrier. Si ça te convient.

- Ça me convient tout à fait, accepte-t-il attendri par l'attitude de son âme-soeur.

    Le sourire de ce dernier s'agrandit. Il transpire l'incertitude, mais il a assez d'assurance pour exprimer ces désirs. Taylor descend ses mains pour prendre celles de Lance et le tirer jusqu'au lit. À l'aide de leurs pieds, ils retirent leurs chaussures, puis restent quelques minutes à se dévisager en silence. À la façon dont le Guerrier s'accroche à lui, Taylor comprend que son âme-soeur a besoin d'un moment d'accalmie et de reprendre ses esprits.

- Est-ce qu'on peut enlever nos vêtements ?, demande le blond à voix basse. Je voudrais voir tes tatouages de près.

- Oui, on peut.

    Lance soupire et rit de soulagement. Il plante ses yeux dans ceux de Taylor, afin de voir le moindre petit signe de réticences, mais il n'y en a aucun, puis attrape le bas du pull de l'Érudit et le remonte. Taylor se laisse faire volontiers. Son sweat finit au sol, suivit de son tee-shirt. Il tremble sous le regard de son âme-soeur.

- Wahou, souffle le Guerrier en faisant glisser un doigt sur la peau tatoué.

    Taylor n'est pas narcissique, loin de là. Pourtant, en cet instant et grâce à l'attention et aux flatteries de Lance, il se sent beau. Il est fier de son nouveau corps. À cause des caresses qu'il reçoit, son épiderme se recouvre de chair de poule. Il prend feu sous le poids du regard qui le dévore. Pour éviter de se laisser submerger par ses tremblements, il déshabille le Guerrier, ce qui oblige ce dernier à interrompre son contact.

    Le torse de Lance est enfin à porté des mains de Taylor. Il s'empresse de le toucher. Le corps du Guerrier est si réceptif, il frissonne à mesure de l'exploration des doigts de l'Érudit.

- Allongeons-nous, suggère le tatoué en poussant son âme-soeur vers le lit.

    Il n'est pas sûr de pouvoir rester debout face à tant de douceur. Ses jambes ne le portent quasiment plus. Il est le premier à se coucher sur le matelas, Lance le suit, la respiration haletante. Le Guerrier le surplombe, un genou sur le lit, une paume plaquée sur le torse de Taylor.

- Tu es si beau, murmure Lance, une vraie oeuvre d'art.

- Viens, répond-il embarrassé, mais flatté.

    Il tire sur les bras de son âme-soeur afin de l'allonger sur lui. Le Guerrier n'omet aucune résistance, il repose totalement sur le corps de Taylor. L'Érudit n'en revient pas d'être là, en compagnie de l'homme de ses rêves, il a l'impression que c'est irréel. Leurs coeurs qui battent à l'unisson, le maintiennent dans la réalité, ainsi que le souffle qui s'infiltre dans sa peau.

    Lance initie leur prochain baiser, prenant en confiance et en se montrant plus entreprenant. Taylor croit jouir dans son caleçon lorsque la langue du Guerrier passe sur son piercing pour jouer avec. Il s'accroche de toutes ses forces aux draps, dans l'espoir de contrôler son envie de frotter son bas-ventre contre celui de Lance. Il a besoin de friction. Au point où il en est, il ne sera pas nécessaire d'enlever le reste de leurs vêtements tellement il est au bord de l'orgasme. Il n'a pas la conscience pour s'en sentir honteux.

    La langue de Lance poursuit son chemin sur ses lèvres et se faufile entre elles. Taylor l'accueille avec un gémissement de plaisir. Il est difficile de croire que ce sont les premiers baisers du Guerrier, tant il y met de la passion et qu'ils sont incroyablement bons.

    Taylor est devenu une poupée de chiffon entre les mains et la bouche de son âme-soeur. Il est perdu dans l'extase, les yeux à moitié révulsés. Lance embrasse maintenant sa poitrine, léchant ses tétons l'un après l'autre, retraçant les dessins de ses tatouages, faufilant ses mains partout où il peut toucher Taylor. Ses lèvres laissent une traînée de lave sur leur passage.

    L'Érudit ne pensait pas être un jour réduit en boule de sensations, le clouant au lit, l'empêchant de retourner les faveurs à son amant. D'habitude, c'est lui qui domine les étreintes. Or là, Lance a tous les pouvoirs sur sa personne et Taylor s'abandonne avec plaisir.

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