Chapitre 9 - Ombres et Glace


— Raï ! Il est l'heure ! rugit une voix à travers le camp de la Clairière des Maudits.

Tourma était en état de guerre. Sa voix portait tel un cor, sa peau perlait de sueur et ses yeux arpentaient sans le voir le camp du Prisme. Il était l'heure. L'heure de réellement commencer leur quête divine. Il n'était plus qu'à quelques pas du salut de son maître, Mélak qui sans nuls doutes le porterait au sommet de la gloire. Peut-être même gagnerait-il une place à ses côtés lorsque celui-ci récupérera sa juste place dans les Plaines Astrales. Son esprit était embrumé par l'émotion et la sensation du devoir achevé, il lui fallait rapidement se reconcentrer sur la situation. Après une violente claque infligée par sa propre main, Tourma répéta son ordre, cette fois pratiquement dans l'oreille du chasseur.

— Si vous pensez que me le hurler dans le fond du cornet va changer quoi que ce soit, vous vous trompez, Tourma, l'informa calmement Raï.

Mais, sous le regard courroucé de son Grand Doyen, il reprit sans tarder :

— Cependant, oui, il est l'heure. Mes rapaces sont déjà partis vers la Cible. Le message sera bien évidemment transmis et Luvac n'aura plus qu'à exécuter nos ordres. Ce n'est plus qu'une question de temps.

— Et combien de temps faut-il prévoir dans cette question ? s'impatienta Tourma.

— Comme je l'ai dit, et redit, murmura-t-il pour lui-même, le temps qui sera nécessaire pour atteindre la Cible. Le décompte est lancé et selon l'angle d'approche et l'heure d'arrivée de mon rapace, nous saurons où se trouve approximativement la Cible et donc, les deux proies.

— Voilà quelque chose d'absolument parfait dans ce cas. Je vous laisse guetter stupidement le ciel pendant des jours si vous le souhaiter, pendant ce temps nous allons effectuer les préparatifs du départ. Ebe ! hurla-t-il une fois encore dans le camp.

Ebe arriva à grandes enjambées et approuva d'un hochement de tête en se campant aux côtés de Raï.

— Reste avec Raï et préviens-moi aussitôt que tu auras des informations. Je n'attends aucunes nouvelles de qui que ce soit, à par toi, est-ce bien clair ?

Satisfait sans même avoir reçu de réponse, Tourma s'en alla et continua de beugler des ordres de toutes natures à l'intégralité des pierres, si bien qu'en un instant, plus personne n'était inactif. Une effervescence bouillonnante s'emparait du Prisme d'Onyx qui jamais ne s'était trouvé aussi prêt des portes de la guerre.

Tourma n'eut, tant mieux pour lui, pas longtemps à attendre avant de recevoir des nouvelles d'Ebe.

— Nous savons où ils passent ! Ils s'apprêtent à traverser Ninetïa si l'on en croit le rapace et le billet de Luvac, bien sûr. Il ne possédait pas de quoi écrire mais il a transmis une roche de calcaire de cristal*. Ils n'auront d'autres choix ensuite que de passer par le Gouffre des Glaces. Nous avons toutes les informations dont nous avions besoin Tourma, c'est réellement en train de commencer !

Ebe avait les cheveux pratiquement porté par l'énergie qu'elle émanait. Jamais Tourma ne l'avait trouvée aussi belle qu'en cet instant ! S'il devait se trouver à seconder Mélak dans les Plaines Astrales, nuls doutes qu'il trouverait moyen de faire trôner Ebe à ses côtés...

— Félicitation Ebe, se réjouit-il en la prenant par les épaules. Et merci !

La jeune femme frissonna à son contact, comme chaque fois que quelqu'un devenait tactile avec elle. Bien malgré elle, elle se recula tranquillement, remercia son Grand Doyen et s'en alla prestement hors de sa tente. Impuissant, le cavalier creï la regarda disparaître, convaincu de la soigner un jour de ce mal sauvage qui la rongeait. Elle le désirait plus que tout, et il le savait parfaitement !

Ebe zigzaguait entre les tentes du camp en recherche de calme, quête impossible alors que tous s'affairaient à partir en guerre. Mais alors qu'elle arrivait à proximité du camp d'entraînement, un homme fétiche et aux cheveux blonds coiffés en bataille l'appela d'une voix fluette.

— Joack ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Tu devrais être en train de préparer ton départ, voyons !

— Je terminais mes entraînements du jour, Premier Messager, quand je vous ai vu de loin. J'ai eu envie de prendre quelques renseignements sur la situation, si vous voulez bien me tenir informé.

Ebe observait ce petit homme pour tout de bon. Jamais le fragile Joack n'avait daigné lui adresser la parole le premier et encore moins avec tant d'assurance. On disait que la guerre changeait un homme, mais jamais elle n'aurait pensé que la simple idée d'une bataille puisse en faire autant...

— Eh bien, Joack, nous savons où se dirigent les élus à présent. C'est pourquoi notre plan se met en marche dès à présent.

La jeune femme observait le garçon de son regard perçant, sans pour autant le faire siller. Une idée lui vint alors, une idée qui saurait mettre les talents de malice de Joack à bon escient et qui éviterait l'absence d'un réel combattant si la mission devait s'éterniser.

— Et c'est absolument parfait que tu viennes me voir ! J'ai une quête de la plus haute importance à te confier. Tu vas te rendre à Flendïa pour moi. Là-bas, tu te fondras dans la masse, tu te feras passer pour un simple voyageur collectionneur. J'aimerais qu'à ton retour parmi nous, tu ais obtenu plus de renseignement sur la troisième relique du Damné. Comme tu le sais, Mélak détiens déjà la Bague de Rémission et nous partons à la conquête de la Dague Assoiffée en ce moment même. Les elfes sont les historiens de ce continent depuis la nuit des temps. Ils doivent forcément savoir quelque chose. Rapporte-moi toutes les informations qui te sembleraient utiles, veux-tu ?

Joack, honoré, s'empressa de préparer un sac de voyage et se volatilisa.

***

Athèlme et Malvina suivaient le sentier indiqué par l'écriteau inlassablement. Ils s'abreuvaient aux quelques infiltrations d'eau découvertes dans les parois de la montagne et ramassaient sur le passage tout ce que Moïe leur avait décrit comme « comestible ».

— Elme ! Regarde au loin ! Nous y sommes presque !

Athèlme n'avait plus qu'à suivre le bout du doigt de sa sœur pour se rendre compte qu'en effet, ils y étaient presque. Le sentier menait dans la montagne. Au bout de celui-ci, les parois semblaient s'ouvrir en deux pour laisser pénétrer les voyageurs en son cœur. Alors que les falaises semblaient déjà sans limite de part et d'autre du chemin, les façades qui leur faisaient place s'élançaient vers le ciel avec une grâce stoïque inexplicable. Bouche bée, les deux amis ne ralentirent pas leur allure pour autant, trop impatients de franchir cette frontière minérale. Aucune végétation ne semblait survivre dans ce décor désolé dont les teintes de gris étaient la seule variation dans le paysage. Une immense cascade dévalait cependant le mur rocheux à côté de l'entrée de la montagne. Alors qu'ils avançaient, deux ombres se distinguèrent de part et d'autres de la « porte », perchées sur la falaise.

— Elme ? Tu les vois comme moi ? s'interrogea Malvina qui pensait être victime d'hallucination.

— Comment ont-ils bien pu arriver là-haut ? s'interrogea ce dernier, confirmant de ce fait qu'elle ne rêvait pas.

Posés sur des renfoncements naturels de la montagne, à une hauteur inatteignable, deux sentinelles naines montaient la garde.

— C'est la première fois que l'on voit des nains, Mina. J'ai tant de questions à leur poser ! Leur peuple est si discret, tu imagines, ils ont certainement des connaissances que nous n'avons pas. Leur mode de vie doit être passionnant ! Tu penses que Moïe est déjà venu jusqu'ici ? Peut-être qu'à notre retour, nous serons finalement capables de lui apprendre quelque chose, tu imagines ?

Athèlme bouillonnait de l'intérieur un peu plus à chaque pas qui les rapprochaient des gardes. Amusée, Malvina pouffa légèrement, mais elle ne pouvait se réjouir autant que son frère. Tout n'avait été que trop simple jusque-là, sans compté qu'ils n'avaient aucune idée de la conduite à tenir en présence de nains.

Alors qu'ils arrivaient finalement aux portes du royaume, les gardes descendirent la montagne comme s'il ne s'agissait que d'un simple escalier. Ils dévalèrent sans difficulté les parois abruptes jusqu'au sentier. Moins petits que les légendes racontaient, les articulations solides et le regard fier, les deux guerriers se campèrent de toute leur hauteur devant les voyageurs, descendus entre temps de leur monture par politesse.

— Que venez-vous faire en ces terres hostiles ? demanda férocement le premier.

— Vous êtes perdu ? hasarda le second.

Athèlme les observait sans trop savoir que répondre. La jupe de cuir plissée qui les habillait le déconcertait mais leur stature était tant renforcée par les pourpoints de peau épaisse, les multiples armes de poing rangées le long de leurs flancs et les lanières d'acier qui retenait deux haches dans leur dos, qu'il ne pouvait les trouver ridicules. En vérité, il les trouvait tout sauf ridicules. Une aura d'autorité se dégageait des deux nains sous leur casque luisant même sous l'averse.

— Nous venons dans le simple but de traverser votre territoire sans autres intentions que de rejoindre l'autre côté de la montagne, heu... messeigneurs ? hésita Malvina sur la fin, ne sachant comment elle était supposée les appeler, ni même s'il s'agissait d'hommes ou de femmes.

Tous deux l'observèrent longuement, sans faire mine de s'inquiéter de les laisser attendre ainsi sous la pluie drue. Ils leur tournèrent même le dos un instant, alors qu'ils discutaient dans une langue étrange. Finalement, sans prévenir, ils refirent fasse à leurs interlocuteurs.

— Vous ne pouvvvez passer, affirma le premier.

— Bonne rrroute, termina le second.

Interloqués, les deux héros s'observèrent l'un l'autre rapidement, sans avoir aucune idée des solutions qui s'offraient à eux.

— Vous ne comprenez pas, nous n'avons pas d'autres choix que de traverser, nous sommes en mission pour le Royaume de Sora. Sar Ier en personne nous envoie, tenta timidement Malvina qui espérait ne pas paraître impolie.

A nouveau, les deux nains lui tournèrent le dos avant de lui refaire face.

— Nous sssavons qui vous êtes, commença le premier.

— Et nous ne sssouhaitons pas vous laissser passer, continua le second.

Malvina cette fois n'en revenait pas. Quelle était cette étrange culture qui n'accueillait pas les héros de Brazla chez eux. Elle était bien décidée à passer quoi qu'il lui en coute !

— Je crains que vous ne compreniez pas. Nous devons passer pour sauver le continent. Vous en faites bien partie, non ? Alors, vous devez nous laisser passer.

Athèlme restait en retrait, persuadé que laisser sa sœur et sa délicatesse prendre la situation en main était la meilleure solution. Il n'en gardait pas moins la main sur la garde de son épée et le regard aux aguets.

— Les nains ne ssse sssoumettent à personne. Pas même à une prrrophétie.

— Surrrtout quand la prrrophétie n'implique pas de nains. Ssseulement des humains.

— Alorrrs, s'il n'y a pas de nain élu, les élus n'ont pas besoin du royaume des nains.

— Et les nains n'ont pas besoin des élus.

La théorie, bien qu'issue d'une pensée quelque peu raccourcie, n'était pas sans logique. Mais qu'y pouvaient-ils vraiment si les dieux avaient choisi deux enfants de Sora. Athèlme, agacé, s'avança finalement près à forcer le passage. Les gardes ne manquèrent pas de remarquer le changement dans son comportement et réagirent aussitôt. Le premier attrapa Malvina par la gorge d'un bond et la mit au sol, son acolyte plaqua sa hache près de sa jugulaire. Dans les falaises, une vingtaine d'autres nains se pressaient, armés de frondes, ne laissant aucuns doutes sur leurs intentions. Le tout n'avait pris qu'une fraction de seconde, si bien qu'aucun des deux héros ne s'étant attendu à un tel acte de violence, n'eut le temps pour se défendre. Athèlme bondit en arrière aussitôt, lâcha son arme et leva les bras au-dessus de sa tête en signe de capitulation.

— Très bien, je n'avance plus ! Mais lâchez ma sœur ! cria-t-il, la voix brisée par la panique.

— Nous ne lâcherrrons pas votre sssœur, l'informa le premier.

— Et nous allons vous attrrraper vous ausssi, rajouta le second.

Avant que sa phrase soit terminée, le nain avait bondit derrière Athèlme et lui avait enlacé les mains dans un ruban de cuir rugueux. L'autre avait relevé Malvina et fait de même, près à emmener les prisonniers.

— Vous n'avez pas le droit de faire ça ! rugit Malvina, les pieds frappant l'air avec rage. Vous devez respecter le Traité de Paix. Par les pouvoirs qui nous sont conférés et par la décision du roi Sar Ier, signataire autoritaire du Contrat des Six Royaumes, vous vous devez de respecter les émissaires de Brazla ! Lachez-moi !

Malvina n'avait cessé de ruer tel un étalon sauvage, tandis qu'Athèlme vociférait des menaces pires que la mort. Fatigués de les supporter, les nains les jetèrent tous deux dans des cages amovibles sans ménagement.

— Comme nous vous l'avons dit, les nains ne ssse sssoumettent à perrrsonne.

— Pas même au rrroi de Sorrra et au Contrrrat des Six Rrroyaumes.

La tête de Malvina avait frappé fort contre le sol de la cage. Elle se redressa péniblement en hurlant sa frustration et sa douleur, des tâches noires plein les yeux, juste à temps pour voir démarrer deux étranges animaux velus pourvus de sabots fourchus. Les cages, tractées par les bêtes montagnardes, s'ébranlèrent et roulèrent entre les parois de Ninetïa. Gaïa et Dimso les suivaient de près, attachés aux grilles des cages. De toute évidence, il ne servait à rien de communiquer avec ces deux énergumènes irrespectueux et sans gracieusetés.

— Le roi nous écoutera, lui, Elme. Restons calme le temps du voyage, tenta Malvina de réconforter son partenaire qui continuait d'hurler des noms d'oiseaux aux deux nains qui chevauchaient devant eux.

— Mina, je ne suis vraiment pas sûr que Rib'Elman nous soit d'un grand secours, rappelle-toi ce que nous racontait Moïe sur Ninetïa. Les nains sont certes pleins d'honneur, mais aussi belliqueux et susceptibles. Ils ne pardonneront jamais l'affront des dieux.

***

Le sentier, bien que rarement emprunté, laissa passer un troisième visiteur ce jour-là. Un nain marchait calmement vers la porte, sans prêter la moindre attention aux deux nouveaux gardes qui se tenaient à leur poste. Alors qu'ils reconnurent l'un des leur, les gardes ne firent qu'un simple geste de la main à leur camarade en contre-bas qui continua son chemin sans autre. Il pénétra ainsi dans la montagne dont le passage était éclairé par une multitude de torches. Les murs, trop longtemps privés de soleil, laissaient apparaître des coulées de glace scintillante. De petits nuages s'échappaient à chaque respiration et partait s'évaporer à la lueur des flammes. L'air était sec, glacé, hostile. Quiconque n'aurait pas connaissance de Ninetïa ne pourrait se douter qu'un peuple était suffisamment fou et résistant pour vivre en ces lieux.

Le nain continua sa marche jusqu'à arriver devant deux immenses portes brunâtres qui s'étendait sur toute la largeur du sentier. D'autres sentinelles y étaient postées, armées jusqu'aux dents. De toute évidence, les nains n'aimaient pas être dérangés, songea Luvac. Mais une fois encore, reconnaissant l'un des leur, il ne reçut d'autres mesures qu'un signe de la main auquel il répondit dans une imitation parfaite. Luvac continuait de se déplacer sans rencontrer le moindre obstacle au cours de sa visite, si ce n'est la difficulté à se mouvoir dans ce corps trapu et disgracieux. Il se félicita d'avoir su préserver son énergie au maximum car sans cela, jamais il n'aurait pu franchir les murs de Ninetïa. Se rendre invisible était bien entendu chose impossible dans son état, mais adopter l'apparence d'un petit être inférieur était tout à fait à sa portée. La forteresse des nains était constituée de fondations rupestres, taillées à même la roche. Des tours immenses se découpaient entre des falaises abruptes, reliées par d'immenses ponts de calcaire aux colonnes sculptées à l'effigie des dieux des Plaines Astrales. Au centre même du pont principal dominait une statue impressionnante du dieu Ribéon dont le point levé maintenait un énorme marteau à deux extrémités distinctes ; un bord plat, destiné à écraser le monde sous son poids et l'autre, aussi tranchant que le coupant d'une hache de guerre, apte à scinder en deux un continent entier. Le tout soutenait un pont démesuré qui menait au plus grand édifice de la montagne. Une cascade se coupait en deux, encadrant un monument faramineux couvert de dorures resplendissantes. Ses vingtaines de tours dépassaient de loin la hauteur du reste du royaume, proches du royaume des dieux eux-mêmes. Les pointes des toits se tendaient vers le ciel tandis que des milliers de fenêtres laissaient entrer le peu de lumière qu'offrait l'endroit. Chaque porte était cernée de torches impressionnantes qui illuminaient tous les alentours. L'ensemble relevait d'un divin géni architecturale qui, dans un talent indéfinissable, avait su sculpter une ville à même la montagne dans des formes et un art hors du commun. Luvac avait vu nombre de merveilles durant sa découverte du continent, mais c'était la première fois qu'une telle perfection s'étendait sur un horizon aussi large.

Au loin, il vu deux cages franchirent des grilles de fer forgé en direction du palais. Les deux héros semblaient en bien mauvaise posture... Il savait que le Prisme avait entreprit de lier des alliances avec les nains, mais il ne s'était pas douté qu'ils avaient abouti à rallier le royaume tout entier. Au moins, les deux élus seraient ralentis pour une longue période, suffisamment pour que les plans du Prisme d'Onyx se mettent à exécution !

***

Dans la clairière, sous les exclamations motivées de chaque pierre qui se préparait à son destin, Raï rejoignait furtivement le couvert des arbres de la forêt dense.

— Vous allez quelque part, Raï ? l'arrêta Tourma dans son dos.

L'homme se retourna, visiblement ennuyé.

— Nous avions un accord, Tourma. Je vous assistais jusqu'au grand jour, puis vous me laisseriez reprendre la route de mes propres ambitions. Je vous ai transmis tout ce que je savais, vous connaissez la situation des élus et leur emprisonnement à Ninetïa, il n'y a plus qu'un pas avant la guerre. Il est temps pour moi d'honorer mon propre destin, j'ai d'autres promesses à tenir.

— Entendu, répondit froidement Tourma. Je vous souhaite bonne chance dans votre quête. N'oubliez cependant pas qui seront les prochains puissants de ce continent. Vous savez qu'il vaut toujours mieux se trouver du bon côté de la liste des connaissances, termina-t-il avec un clin d'œil entendu.

— J'ai juré au dernier souffle d'un homme bien des choses. Il est temps pour moi de respecter ce serment. Je saurai vous retrouver quand le moment sera venu.

Raï se contenta d'un hochement sec de la tête en guise d'adieu et disparu dans les sous-bois. Jason Dan'Tan lui avait tout prit. Femme, bonheur, promesse d'un foyer heureux... Il lui avait, en retour, promis de tout lui prendre avant que la mort ne vienne le quérir, à commencer par la vie. Mais c'était si peu. Son nom devait disparaître de l'univers à jamais. Que Miranda lui en soit témoin, son amour pour elle détruira tout ce qui les aura séparés toutes ces années. Il observa les montagnes qui dominaient l'horizon. Leur ombre s'étendait sur les plaines, plongeant dans l'obscurité la moitié du territoire. Elle semblait l'appeler, ses ténèbres lui murmuraient le chemin à suivre, et il saurait les écouter.     

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