Chapitre 9 - Jeux d'Armes [Réécriture]

-8 ans avant ADLP- (saison de la vie)


À leur arrivée sur le camp d'entraînement, Athèlme et Malvina découvrir Moïe positionné en plein milieu, le dos plus droit que nature comme à son habitude. Plissant les yeux sous les assauts du soleil, ils lui firent tous deux un signe de la main pour le saluer. Le camp d'entraînement se trouvait en plein milieu du château de Sora et l'on pouvait y sentir la chaleur encore vive des fins d'été. Se rapprochant de leur professeur, ils distinguèrent une malle débordante d'objets en tous genres juste derrière lui. On pouvait apercevoir un bout d'épée, une corde d'arc et quelques manches de haches qui dépassaient de cet amas de bois et de fer. À peine furent-ils arrivés devant lui que le demi-elfe entama son cours.

- Vous allez, pour commencer, choisir le moyen de défense qui vous conviendra le mieux. Tout soldat doit apprendre à connaître ses facilités et ses préférences. Je vais commencer par vous décrire chacune des armes que vous pouvez observer ici, mais n'oubliez jamais que votre arme la plus puissante se trouve en vous. Votre magie surpassera tout le reste, et pensez toujours que là où le fer échoue, votre magie vaincra. Je vous apprendrais à la contrôler et à la développer le moment venu, mais commençons par le début. Vous devez sûrement en connaître quelques-unes de cet étalage, termina-t-il en posant son regard de cristal sur Athèlme en haussant un sourcil curieux.

- Eh bien, il y a l'épée, une arme des plus communes avec sa voisine la dague, répondit Athèlme.

- Oui parfaitement. Malvina, tu peux m'en citer d'autres?

- Il y a un arc pour les attaques à distances.

- Parfait ! Je vous laisse tout d'abord trier les armes qui se trouvent dans le coffre derrière moi. Vous les classerez par genre ; arme lourde, arme tranchante et arme à distance. Vous sélectionnerez ensuite les armes que vous voulez tester. Une fois votre choix fait, rejoignez-moi sur le terrain de duel.

Sans plus d'explication, Moïe s'éloigna, laissant les futurs soldats seuls devant une liste d'objets pratiquement inconnus. Malvina n'hésita pas bien longtemps, elle avait tout de suite senti une attirance envers le délicat objet de bois dont elle avait réussi à en deviner l'usage. Elle ramassa donc l'arc ainsi qu'une dague. En attendant Athèlme, elle laissa courir un doigt délicat le long de la corde tendue et compta les flèches en sa possession. Athèlme, ayant déjà eu l'occasion de s'entraîner avec, s'équipa d'une épée, impatient de démontrer ses fins talents de guerriers à son professeur.

Armés, ils partirent pratiquement en courant rejoindre leur professeur, prêt à recevoir leur premier entraînement.

- Athèlme, après toi, l'invita Moïe de son habituel ton solennel.

Athèlme s'empressa de se positionner sur le terrain, les membres tremblant d'excitation. Il n'arrivait toujours pas à croire ce qui lui arrivait. Il allait s'entraîner officiellement sur le terrain du château de Sora. Il avait en main une véritable épée d'entraînement ! Et plus encore, il était officiellement soldat du roi Sar Ier... ou en tout cas, soldat en formation.

- Athèlme, quand tu auras fini de rêver, nous pourrons commencer, le pressa Moïe.

Sa place de professeur l'enchantait plus qu'il ne le laissait entendre. Se retrouver ainsi face à Athèlme lui rappelait les longues années passées à s'occuper du jeune Sar Ier alors qu'il n'était encore qu'un enfant turbulent et incontrôlable, qu'il aimait déjà de tout son cœur. Mais il ne devait pas montrer l'amusement que lui inspirait Athèlme et son hyperactivité. Il devait le faire se concentrer et rapidement.

- Bien, pour commencer écarte tes jambes encore un peu plus. Tu dois entretenir avec le sol un équilibre parfait. La terre doit être une prolongation de ton être.

Bien qu'il soit obligé de le reprendre sur sa posture, il fallait bien admettre que l'on sentait une prédisposition chez Athèlme pour le maniement des lames. Athèlme, plus qu'attentif, écarta ses petites jambes, se retrouvant pratiquement en grand écart.

- Humm... Peut-être pas à ce point-là jeune homme... commenta Moïe, qui avait de plus en plus de mal à contrôler un fou rire menaçant.

Une fois la position d'Athèlme corrigée, Moïe lança le début du duel. Il analysa les réflexes de l'enfant, sa capacité à s'adapter et son jeu de jambes. Il lui faudrait encore lui donner les techniques de base, les mouvements à adopter et surtout lui fortifier son petit bras qui faiblissaient rapidement. Mais Athèlme était un véritable guerrier. Il grimaçait de douleur et d'épuisement sans jamais se plaindre et revenant à la charge sans relâche, le regard empli de volonté et de témérité.

- Bien, va te reposer, nous arrêtons ici pour aujourd'hui.

Athèlme s'arrêta aussitôt et garda les yeux rivé sur son professeur en attente de commentaire, mais ils n'arrivèrent jamais. Moïe se contenta de se retourner vers Malvina et de l'inviter à le rejoindre. Déçu, Athèlme retourna sur le côté de la piste et s'assit en réfrénant un soupir de soulagement.

Avant de commencer la leçon de la jeune fille, Moïe observa son premier élève discrètement. La déception se lisait clairement au travers ses yeux verts brillants de frustration. Mais l'expression du garçon conforta Moïe dans son choix de na rien commenter. Athèlme avait avant tout besoin de perdre un peu d'orgueil et de confiance. Juste un peu, ce qui lui permettra d''être plus réceptif aux futurs conseils qu'il recevra.

Alors que Moïe refit face à Malvina, un sentiment de fierté se dessina sur le doux visage du demi-elfe à la vue de l'arc dans les mains de son élève. Il installa différentes cibles sur des bottes de foins et lui expliqua la règle de l'entraînement. Elle devait viser chaque cible l'une après l'autre en restant au même emplacement. Si elle atteignait le centre de la première elle pouvait passer à la suivante. Mais si, au contraire, elle ratait son objectif, elle devait revenir à la précédente. Malvina se plaça devant les objectifs, ne sachant trop comment tenir son arme.

- Plus de profil jeune fille. Un pied devant, un pied derrière. Non ne ferme pas un œil, tu ne fais que rétrécir ton angle de vue, ce qui te rend vulnérable.

Malvina écoutait attentivement les leçons, appliquait du mieux possible les conseils et décocha les premières flèches... ce qui fut un véritable fiasco. La première vint se planter dans le front d'une sculpture de Saruïa, la deuxième traversa un carreau du château et d'autres suivirent, provoquant la frayeur chez les chevaux, de la crainte chez Moïe et les fous rires répétés d'Athèlme qui ne faisait même plus l'effort de se cacher. Se tenant les côtes, il avait les joues parsemées de larmes et était à bout de souffle. Malvina aussi était à deux doigts de pleurer mais de honte et de déception.

- Malvina, pose ton arc et rejoint moi, lui demanda Moïe de sa voix la plus douce.

La tête basse et les yeux brillants, elle rejoint son professeur, combattant l'envie de s'enfuir en courant. Elle avait toujours tant voulu manier les flèches comme les elfes qui peuplaient les histoires que lui racontait sa mère.

- Malvina, regarde-moi, demanda tranquillement Moïe en lui redressant le menton du bout d'un long doigt effilé.

Ce qu'il découvrit dans le visage de la jeune fille lui brisa pratiquement le cœur. Il se revoyait pratiquement au même âge, la même déception lui tiraillant les tripes.

- Tu sais, je n'ai pas été tout de suite habile avec un arc, bien que ce soit aujourd'hui mon arme principale, lui expliqua-t-il doucement. Ne pas savoir manier les flèches est une chose très grave dans mon peuple, et mon manque d'habileté à rapidement été associé à mon sang-mêlé. Mais je vais te montrer quelque chose, regarde bien.

Encore bien déçue mais curieuse, Malvina observa son professeur se saisir de l'arc, l'équiper d'une flèche, bander et tirer. La flèche traversa la cours à une vitesse folle, ricocha sur un écusson et vint se planter entre les yeux de la statue de Saruïa, coupant nettement la flèche qui s'y trouvait déjà. Il se rééquipa de deux flèches cette fois et les tira simultanément. Invoquant sa magie, il les arrêta toutes deux en pleine course et les réorienta en deux itinéraires différents. Sous les yeux émerveillés de Malvina, les deux flèches vinrent s'enfoncer dans deux des cibles de foin.

- Tu vois, tout peut s'apprendre et l'entraînement est la clé de toute réussite Malvina. Tout ce qu'il faut, c'est croire en soi. Vient maintenant, à ton tour.

La jeune fille le rejoignit d'un pas hésitant, craignant qu'il ne lui demande le même exercice. En réalité il se plaça juste derrière elle, corrigea directement sa tenue, lui fixant les mains sur les bons emplacements de l'arme et lui disposant les doigts de manière à contrôler la flèche avec précision. Lui saisissant le bras délicatement, Moïe accompagna le mouvement d'un tir de flèche du début à la fin tandis que Malvina se laissait faire, attentive à sa posture. Lorsqu'ils décochèrent, le projectile partit droit dans le cœur de la cible. Sautant de joie, Malvina récupéra immédiatement une autre flèche, désireuse d'y parvenir par elle-même. De mémoire, elle réadopta la position, replaça ses doigts, redressa le coude, ouvrit les yeux et ... tira.

- Wouhaou Mina tu l'as eu ! s'exclama Athèlme, plus du tout moqueur.

Malvina observa la flèche, bel et bien fixée dans la botte de foin, à quelques phalanges du cœur de cible. Moïe ne dit rien. Il observait la botte de foin comme s'il ne comprenait pas d'où venait la flèche qui s'y trouvait. Il déposa finalement son regard sur Malvina et cette dernière sentit à nouveau les larmes lui monter, de fierté cette fois. Jamais personne ne l'avait regardée avec tant d'admiration.

- Je... je dois dire que... je ne m'attendais pas à un tel résultat jeune fille... balbutia Moïe. Tu apprends très vite, c'est très bien. Nous avons fini pour aujourd'hui.

À ces mots, il récupéra les armes d'entraînement, les rangea dans le coffre et s'en alla de sa fameuse démarche aérienne. Avant de disparaître, il fit rapidement volte-face.

- Athèlme, c'était très bien aussi, nous étudierons bientôt de meilleures techniques. Malvina, nous utiliserons la dague la prochaine fois, je te le promets.

Alors qu'il disparaissait finalement dans les couloirs, Malvina se tourna vers Athèlme qui contrôlait à grande peine un éclat de joie face aux compliments de Moïe.

- Tu m'as appelé comment tout à l'heure? Mina?

- Heu... je ne sais pas... peut-être... c'est possible, hésita-t-il devant le regard faussement outré de sa camarade.

- Dans ce cas je t'appellerais Elme, Elme.

Et après lui avoir envoyé un clin d'œil elle prit la direction de leur chambre, rapidement rejointe par Athèlme.

- Ca veut dire que nous sommes amis? demanda ce dernier avec entrain.

Sans rien répondre, Malvina rigola doucement et relança la conversation sur leurs entraînements du jour. Ils débattirent longtemps, se complimentant mutuellement et se taquinant à l'occasion entre deux éclats de rire.

Alors que, exténués par leur journée, les deux enfants dormaient à point fermés dans leur chambre, on vint les prévenir que leur repas serait servi dans peu de temps et qu'il se déroulera dans la salle des buffets pour fêter leur entrée à la cours. Encore engourdis mais heureux de pouvoir bientôt se rassasier, ils se changèrent rapidement puis partir se promener un instant dans les nombreux couloirs de l'édifice. À chaque porte ouverte, ils s'émerveillaient de la splendeur de la pièce découverte. Souvent, les salles arboraient divers thèmes. L'une avait ses murs couverts de fresques représentant l'histoire du continent et du royaume, d'autres étaient décorées à la manière du royaume de Creïka ou de Flendïa en adoptant les motifs rocheux de la plaine des cavaliers ou au contraire de végétation abondante de la forêt des elfes.

Sentant la faim leur mordre petit à petit l'estomac, ils descendirent dîner et furent ébahis par la diversité des différents mets qui leur étaient proposés ; Bœuf au miel d'orchidée, filet de colin royal aromatisé aux sept épices du royaume, tartare de blubice*, tranches de veau accompagnées de feuilles de plistine*... Ils se hâtèrent de retrouver leurs familles déjà attablées et avant tous commentaires, ils se ruèrent sur les plats. Le roi, pour l'événement, avait fait venir des danseuses de Merïa, réputées pour leur grâce et leur souplesse. Leur peau avait une teinte bleutée qui pouvait virer à l'émeraude selon leur âge. Leurs yeux par contre, étaient tous différents d'une femme Mérolt à une autre, certains jaunes avec une pupille violette, d'autre à l'iris orange qui contrastait avec le bleu du centre de l'œil. Malgré cette étrangeté, elles étaient absolument splendides et très appréciées pour leur beauté sur tout le continent. La fête fut magnifique. En fin de soirée, les musiciens du château jouèrent des musiques entraînantes et une fois les tables écartées, toute la cours dansa dans des rondes endiablées. Athèlme et Malvina restèrent une partie du festin en compagnie de leurs parents puis se joignirent aux rires et aux danses de la cours. Ils s'amusèrent comme jamais, oubliant toute trace de fatigue ou de courbatures.

Tandis qu'Athèlme théâtralisait cette première journée d'entraînement, relatant ses nombreuses prouesses en toute humilité bien sûr, il se vit tirer sans s'y attendre par le bras, contraint de rejoindre la ronde qui tournoyait sans relâche dans la salle des buffets.

- Malvina, mais qu'est-ce que tu fais? s'énerva Athèlme, forcé de sautiller d'un pied sur l'autre, dans un rythme très aléatoire.

Pour toute réponse, sa camarade éclata de rire, suivant les pas avec habileté, sa longue tignasse blonde emmêlées volants derrière elle. Résigné et forcé d'admettre que la situation était plutôt amusante, Athèlme la rejoignit dans son hilarité, accentuant volontairement le ridicule de ses pas de danses. De toute façon, il n'aurait jamais su être en rythme, autant donc forcer la maladresse. Malvina sentait ses côtes la faire souffrir à force d'éclats de rire face aux bouffonneries de son ami.

Une personne semblait toutefois ne pas prendre part aux festivités. A peine plus âgé qu'Athèlme et Malvina, un petit garçon à l'allure chétive regardait les nouveaux "héros" de Sora se pavaner. Les bras croisés et les sourcils froncés, il arborait une moue de haine particulièrement choquante sur un visage aussi jeune. Malvina l'avait déjà surpris à les fixer ainsi, sans comprendre la raison de sa colère. Préférant les numéros de cirque d'Athèlme à cette morosité contagieuse, elle avait cessé d'y prêter attention. Cependant, alors qu'elle entamait un énième tour de piste, toujours pendue au bras d'Athèlme, un mouvement attira son attention. Le capitaine des gardes venait de s'approcher de l'étrange garçon pour lui parler, mais à travers la musique et les rires qui engorgeaient la salle, elle ne put entendre ce qu'ils se disaient. Le capitaine repartit après avoir serré affectueusement l'épaule de l'enfant. Il faudrait qu'elle parle de cela à Athèlme, mais pour le moment, l'heure était à la joie et demain était un autre jour.

Quand l'heure de se coucher fut venu, ils étaient tous deux à bout de force. A peine leur tête posée sur l'oreiller que déjà de doux et merveilleux rêves venaient les cueillir pour les emmener loin, loin dans un monde qu'eux seuls ne pouvaient explorer. 

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Lexique:

- La Blubice: Petites créatures aquatiques transparentes. Se nourrissant d'algues essentiellement, elles ne sont pas dangereuses. Leur chair est délicieuse, mais il n'est pas facile de les attrapés pour le festin qu'elles promettent. Si elle se sent en danger, la blubice sa met à clignoté en arborant toute les couleurs existantes. Quand ce phénomène se produit, sa viande devient toxique.

- La Plistine: Plante tropicale qu'on ne trouve que dans les forêts de Flendïa. Ses feuilles sont de couleurs bleues et ont un goût délicieusement citronné, pour autant que la plante n'ait pas encore fleuri.

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