Chapitre 9 : Découvertes (Suite) [Réécriture]
-3 ans avant ADLP - (saison de cristal)
Plus Malvina s'enfonçait dans les profondeurs de la forêt, plus le bruit d'une civilisation existante se rapprochait. Bientôt, elle aperçut dans les arbres, des constructions susceptibles d'être des logements. Ce qu'on disait de l'architecture du royaume des elfes était vrai. Tout était fait de bois, de roseaux, de joncs et de lianes. Des fleurs de toutes les couleurs couraient le long des rambardes et la nature était totalement respectée. Aucun arbre, aucun arbuste ou buisson n'était dérangé pour un besoin quelconque. Ils étaient au contraire utilisés avec précautions. Charmée par ce qu'elle voyait, Malvina tournait la tête dans toutes les directions, essayant vainement de ne pas louper une seule miette de ce qui l'entourait. Tellement plongée dans ses observations, elle ne remarqua pas l'approche d'une présence derrière elle. Alors qu'elle allait se retourner pour repérer un oiseau qui chantait plus haut, une main lui attrapa le bras. Surprise, son esprit guerrier se manifesta à la vitesse de l'éclair. Entre pirouette et léger mouvement aérien, l'individu se retrouva plaqué au sol une lame de fer menaçante sous la gorge. Malvina baissa la tête pour étudier son adversaire et tomba face à un regard apeuré et tremblant... la menace n'était autre qu'une jeune elfe terrifiée, ses cheveux blanc comme neige drapant le par terre de feuilles. Rassurée, Malvina se redressa et libéra sa victime en l'aidant à se relever.
- Qui es-tu femme étrangère? Demanda l'elfe, méfiante, tandis qu'elle époussetait son vêtement de lin.
- Malvina, de Sora. Je suis ici pour demander de l'aide à votre prêtresse.
- Et pourquoi m'avoir attaquée, si c'est de l'aide que tu viens demander? Questionna la femme, visiblement étonnée par ce manque de cohérence.
- Mes réflexes ont pris le dessus quand j'ai été surprise par ton contact. Je te prie de m'excuser...
L'elfe, malgré ses doutes conduisit Malvina au centre de son village après avoir réquisitionner ses armes. Lorsqu'elle découvrit l'arc portant la signature de Las'Imlïa, elle se détendit immédiatement. Si leur grand mage avait accepté d'offrir un tel bijou, c'est que la personne en était digne.
Le royaume de Flendïa était constitué de plusieurs quartiers, tous définit par une frontière de fleurs qui leur était propre. Le quartier général se nommait Silmeist. Une sorte de capital des Elfes, en déduisit Malvina.
Tous les habitants se retournaient sur le passage de l'humaine. Les femmes regardaient par leur fenêtre, les enfants arrêtaient leurs jeux, les hommes se retournaient, apparemment stupéfaits de croiser une sorienne si gracieuse... La jeune fille, loin de connaître leur pensée, se contenta d'imaginer qu'ils n'avaient pas l'habitude de voir des étrangers. Les elfes aux cheveux blancs adoptaient une peau un peu plus colorée que celle, d'albâtre, des elfes à la chevelure charbonneuse. Bientôt, une escorte entière s'entassait derrière Malvina et son guide.
Ils arrivèrent sur une grande place au milieu de laquelle circulait une rivière. Rapidement, l'héroïne se rappela de ses cours de géographie et supposa qu'il s'agissait surement de Kirïa, le fleuve principal de ce territoire. Kirïa était la grande déesse de la nature, vénérée de son peuple depuis toujours.
- Reste ici, la somma l'elfe qui la guidait.
Respectueuse, Malvina s'arrêta tout en continuant d'observer le paysage qui l'entourait. Tout était si simple et pourtant si beau. Ce peuple semblait chercher la facilité, éviter les tracas inutiles et aller à l'essentiel.
Un court instant plus tard, le guide de Malvina revenait, accompagné d'une grande elfe rousse qui semblait plus âgée que la moyenne des autres. Sachant que l'espérance de vie de cette civilisation était d'environ quatre cents ans, elle devait avoir au moins trois siècles. Honorée, Malvina s'agenouilla avec politesse devant l'ancienne et attendit qu'on lui propose de se relever.
- Redresse-toi, Malvina.
Sa voix était envoûtante, à la fois pleine de douceur mais autoritaire. D'un geste délicat de la main, elle invita Malvina à la suivre, loin de la foule. Au bout d'un moment, l'elfe écarta du chemin un dernier branchage qui dévoila le lieu le plus somptueux que Malvine n'eut jamais vu. Elle se trouvait au beau milieu d'une clairière qui entourait un petit étang scintillant. L'eau y était plus claire et plus pure que tout ce que Malvina avait connu. Des conifères et des feuillus bordaient la rive, laissant de longues branches tomber gracieusement sur la surface limpide. Malvina sentait ses pieds s'enfoncer délicatement dans l'humus tendre de ce sanctuaire, où des fleurs sauvages pointaient ci et là. Les deux femmes s'assirent dans la mousse fraîche, au pied d'un arbre. La longue tunique pastel de la prêtresse se fondait merveilleusement dans le décor. En tailleur, elle incita Malvina d'un regard de cristal à s'exprimer. Malvina fut choquée par l'air familier qui se dégageait de ce visage d'ivoire.
Bien que ses yeux trahissent son âge, la peau de l'elfe était absolument parfaite. De simples ridules venaient décorer le coin de ses yeux bleus translucides, à travers un teint pur et éclatant. Ses cheveux de feu dansaient autour d'elle, crinière sauvage et indomptable. Quittant son observation indiscrète, Malvina prit la parole.
- Je vous remercie d'avoir accepté de me rencontrer. J'ai besoin de votre aide pour trouver une Fleur du Mal. Notre roi Sar I se meurt, et seule une de ces fleurs pourra lui rendre la santé.
- Ce que tu cherches se trouve en effet sur notre territoire, à la lisière de la forêt d'Imalt. Mais la Fleur du Mal est très difficile à se procurer. Sa couleur peut varier, elle se camoufle dans le décor où elle évolue. Tes capacités magiques te seront nécessaires. Je crois percevoir qu'elles sont d'une rare puissance... à ces mots, les yeux de l'elfe se mirent à briller plus fort.
- Je ne pense pas en connaître encore suffisamment pour parler de puissance. Mais je maîtrise certains sorts, oui... répondit Malvina timidement.
- Tu sous-estimes encore beaucoup ton potentiel. Tu n'en as découvert qu'une infime partie. Il te faut découvrir les éléments que tu contrôles. Un tel pouvoir se doit d'être réparti en plusieurs classes naturelles.
- Excusez-moi mais, j'ai du mal à comprendre ce que vous voulez dire...
- La nature est composée de quatre éléments primaires: la Terre, le Ciel, le Feu et l'Eau. Certains magiciens peuvent en contrôler un avec retenu et difficulté.
La mine interloquée de Malvina poussa la prêtresse à être plus explicite.
- Sans ces éléments, les pouvoir d'un mage ne sont que basiques. Il ne peut alors maîtriser que les énergies qui l'entourent. Si je ne me trompe pas, c'est bien votre cas, à Athèlme et toi, dit-elle en avançant son nez pointu vers Malvina, plongeant son regard de cristal dans le sien.
- Vous... vous connaissez Athèlme ?
Malvina, curieuse d'en savoir plus n'osa pas trop parler, ne sachant pas si elle devait reculer ou assumer cette brusque violation de son intimité... Les narines de la prêtresse frémir lentement, avant qu'elle reprenne une posture adéquate.
- Le pouvoir que je sens en toi est suffisamment grand pour que tu aies sous ton contrôle deux éléments bien distincts. Si tu ne les découvre pas, tu risques soit de ne jamais faire évoluer tes dons, soit de perdre le contrôle de ta magie, ce qui pourrait être dévastateur, pour toi, et pour les autres...
Malvina avait peur de ne pas comprendre un traitre mot de ce que l'elfe lui expliquait. Jamais Moïe ne leur avait parlé d'élément et de pouvoir à répartir. Pourquoi avait-elle dû se rendre à l'autre bout de Brazla pour obtenir une information aussi importante. Elle devait absolument en apprendre le plus possible avant de rentrer.
- Mais comment suis-je censée procéder? Est-ce moi qui choisis de placer mon pouvoir dans les éléments que j'envisage?
Un rire à la fois cristallin et tonitruant s'échappa de la gorge de l'ancienne. De toute évidence, la naïveté de Malvina faisait à nouveau bel effet. C'est face à la mine renfrognée de la jeune fille que la prêtresse repris:
- Non certainement pas. Tout être est différent. Ton âme, ton corps et ton esprit font de toi ce que tu es, et ce que tu es est représenté par les éléments. Tu dois écouter. Ecoute la nature autour de toi. Ressent les énergies.
- Que devrais-je écouter? L'élément doit-il se manifester à moi?
- Ecoute je te dis! Ouvre tes oreilles, tes yeux, ton nez... Touche le monde de tes sens et vit à travers eux.
- Mais comment suis-je censée pro...?
Un long doigt délicat l'interrompit en se posant sur sa bouche.
- Shhhhh... Je t'ai dit écoute. Pour écouter, il faut se taire.
Cette dernière phrase était sans appel. Malvina, ayant temporairement oublié la raison de sa venue, se prêta au jeu, curieuse du résultat de ce nouvel exercice. Elle se concentra sur elle-même, ouvrit ses sens... ou tout du moins essaya, et se concentra sur mère nature, les yeux clos.
... Un chant d'oiseau... un bruissement d'aile... un rongeur dans les fourrés... était-ce un mulmopi? Elle aimerait tant en voir un!... non il fallait qu'elle se concentre... la respiration de l'elfe... le clapotis de l'eau... que devait-il se passer? Rien. Il ne se passait rien.
Elle rouvrit les yeux, sa patience étant déjà au bout de sa courte limite.
- Et bien je ne ressens rien. J'entends, je renifle, je sens, mais il ne se passe rien.
- Et comment veux-tu utiliser tous tes sens en fermant tes yeux, jeune sotte ?
Malvina ne tiqua pas sur l'insulte. Elle avait en effet été stupide.
- Ne t'en veux pas, jeune guerrière. Ta venue était prévue et je suis là pour t'aider dans ta quête. Pour commencer je te demanderais de te mettre en tailleur comme moi sur le sol. Fait tout ce que je te dis de faire sans rechigner, ordonna-t-elle de sa voix suave. Laisse-toi bercer par la nature, écoute le chant des oiseaux, le vent dans les feuilles d'arbre, les brindilles qui craquent sous le passage des animaux qui nous entourent. Tout cela forme un tout: la nature. Le Ciel et la Terre, le Feu et l'Eau... Ils sont des contraires qui ne pourraient exister sans leur pair...
La prêtresse attendit patiemment que Malvina s'exécute, analysant chacun de ses gestes, chacune des émotions qui se lisaient sur ses traits.
- Maintenant, écoute ce que la nature tente de te communiquer. Elle est vivante, n'en doute jamais. Elle peut appeler à elle qui voudra bien l'entendre et l'écouter, autant qu'elle pourra rejeter une âme trop égoïste pour la comprendre. Ferme les yeux et vide ton esprit.
La jeune apprentie écouta son mentor et recommença l'exercice, avec plus d'assurance cette fois. Elle laissa son subconscient prendre le relais et à nouveau, Malvina laissa les bruits ambiants la traverser. La forêt était un véritable orchestre symphonique. Les hommes n'avaient décidément rien inventé en imaginant faire de la musique. Se laissant transporter par le bruit du vent, elle ressentit d'abord le sol l'accepter, faire corps avec elle. Était-ce cela qu'elle avait ressenti aux abords de la forêt? Cette sensation semblait circuler sous sa peau en direction de son cœur. Une fois le cœur atteint, l'énergie rassurante du sol fut dissipée par une brise soudaine qui vint faire voler sa soyeuse chevelure d'or.
Une paix intérieure la gagna, et une fois la brise envolée, elle rouvrit les yeux. La prêtresse avait disparue. Comment n'avait-elle pas pu l'entendre se déplacer? À sa place se trouvait un bouquet de plistines. Malvina se pencha en avant pour les ramasser. Pourquoi l'elfe lui avait-elle laissé des herbes aromatiques ? La plistine devait-elle l'aider à découvrir ses affinités naturelles ?
Le vent lui porta un nom tandis que Malvina était restée assise dans l'herbe. « Enya ». Elle ne comprenait décidément rien de ce qui était en train de se passer. Cette journée était si étrange qu'elle aurait juré rêver.
Avait-elle rêvé ? Après tout, peut-être s'était-elle tout simplement assoupie ici pendant ses recherches. Dans le doute, Malvina tenta de se remémorer précisément ce que l'elfe lui avait dit de faire. Elle essaya de se reconnecter avec la nature, mais rien ne se passa. Elle se sentait juste idiote, assise, seule au milieu de cette clairière. Se saisissant du bouquet étrange, Malvina se redressa et entreprit de revenir sur ses pas. Le soleil commençait à décliner et elle devait retrouver sa monture avant la nuit.
Elle en voulait à la prêtresse, ou à son rêve, de l'avoir abandonné dans ce flou et de lui avoir fait perdre tant de temps. N'avait-elle pas dit qu'elle était là pour l'aider? Malvina se rappelait parfaitement avoir entendu que seule la connaissance de sa magie saurait lui faire découvrir les Fleurs du Mal. La vie du roi était en jeu et elle était bien incapable de lui être d'aucun secours.
Tandis qu'elle marchait, Malvina ruminait sans relâche son expérience déroutante. Elle arriva rapidement au bord de la rivière Démerêka, qu'elle longea pour retrouver son cheval. « Enya »... le vent lui avait soufflé ce nom comme une évidence. Le vent ? Si le vent pouvait communiquer avec elle, se pouvait-il que... ? Elle se concentra un instant, récapitulant l'expérience qu'elle venait de vivre. Elle se souvint alors de l'énergie terrestre qui l'avait envahie, suivi de cette brise venu de nulle part, aspirée par son cœur.
Le Ciel ! Le Ciel l'avait acceptée s'était donc ça ! Malvina s'arrête un moment, prête à tenter l'expérience. Se concentrant encore une fois, elle espérait seulement qu'elle n'allait pas commettre la même catastrophe que celle causée au château de Sora quand elle était plus jeune... Elle avait, au grand malheur d'un paysan, mit le feu à une charrette de foin, explosé la barrière du corral et fait léviter la statue du roi. Pour ce dernier incident, plusieurs jours avaient été requis pour la remettre en place.
Craintive, Malvina plaça ses mains devant elle en direction de la rivière. Elle visualisa les courants aériens. Les paupières plissées par l'effort, les mains tendus vers l'eau, elle s'imagina une brise qui agiterait le courant tranquille. En rouvrant les yeux, elle fit un bond en arrière surprise de découvrir une tempête sur le fleuve. Sa surprise mit fin à sa concentration et l'eau explosa dans le lit de la rivière, l'éclaboussant violemment. Ignorant le froid qui lui mordit immédiatement les parties humides, elle sauta de joie face à cet exploit. Poussant ses expériences plus loin encore, elle tenta d'invoquer un vent pour la sécher rapidement. Elle fut contrainte d'arrêter sa prouesse quand la force du courant la fit pratiquement décoller.
- Il va falloir qu'on travail ça ensemble, souffla-t-elle au ciel.
Rapidement, son optimisme reflua tandis que la vérité éclatait. Elle n'avait toujours pas de remède pour le roi. Il ne restait qu'Athèlme pour sauver le monarque. L'état du roi étant déjà déplorable à leur départ, elle doutait même qu'ils arrivent à temps.
Le vieux sage se tenait droit devant Athèlme et attendait qu'il veuille bien l'autoriser à continuer. Le jeune homme avait toujours eu du mal à assimiler les informations. Un seul domaine lui permettait de tirer des conclusions rapide et clair: Le combat. Fin stratège guerrier, Malvina l'aidait toujours pour ce qui concernait le quotidien.
Envieux d'en savoir plus sur son pouvoir malgré tout, le jeune homme poussa l'ermite à lui dévoiler ce qu'il savait. Le vieux sage lui appris que son pouvoir devait être canalisé dans des éléments s'il voulait qu'il ne devienne pas dévastateur et sauvage. Il aida donc Athèlme à se concentrer sur ce qui l'entourait, d'écouter le crépitement des flammes dans la cheminée, le tremblement de la terre sous leurs pieds... La même expérience que Malvina arriva à Athèlme. Il eut l'impression qu'une vague de vapeurs le traversait avant qu'un feu invisible ne le sèche entièrement... Lorsqu'il ouvrit les yeux, le sage avait disparu mais cette fois, rien ne se trouvait à sa place...
Interloqué, Athèlme resta statique un moment revivant les dernières minutes pour mieux comprendre ce qu'il lui arrivait. Ne comprenant pas ce que le vieillard avait voulu dire, ni ce que son expérience était censé démontrer, il se dirigea vers la sortie. Toutes ces balivernes lui avait seulement donné mal à la tête. Il s'en voulait de s'être laissé distraire par un vieux fou alors que le roi était en danger de mort. Une fois juché sur son cheval il le talonna pour rejoindre le plus rapidement possiblement le point de ralliement. Il ne pouvait plus se permettre de perdre du temps. Il fallait que Malvina ait trouvé les Fleurs du Mal...
Athèlme arrivait presque au début de la rivière Démerêka, tandis que son esprit ne parvenait pas à chasser les sottises que le vieillard lui avait racontée. Était-il seulement un vieux fou ? Une idée l'atteignit de plein fouet! La vapeur, le feu... Et si c'était la réponse à ses questions ? Chassant sa nature sceptique, Athèlme descendit de sa monture et se concentra sur la rivière qu'il longeait. Il allait abandonner son cinéma ridicule quand, au bout de quelques instants, une gouttelette en sortit timidement. Déçu de sa faiblesse, mais fier de cette nouvelle découverte il se promit de s'entraîner plus dur que jamais. Il ne lui manquait plus qu'à confirmer son affinité avec le feu.
***
Luvac avait repris la route, chassant sans relâche de son esprit l'image de Malvina. Son regard pur, la douceur de ses paroles... tout ça n'était que mirage. Il devait continuer son exploration et sa quête de pouvoir. Mais malgré toute sa bonne volonté, il ne pouvait éloigner la honte qui pesait sur ses épaules. Il était partit comme un lâche. Il avait pris peur. Sa soif de liberté l'avait contraint à duper le château entier et le roi qui l'avait hébergé.
Après tout, la vie lui avait appris que personne n'avait jamais rien sans rien. Elle était cruelle, et violente. Pour s'en sortir, il fallait parfois faire de mauvaises choses et ce n'était pas de sa responsabilité si certain se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment.
Satisfait du cours que prenait finalement ses pensées, il continua sa chevauchée jusqu'au pied des montagnes de Ninetïa. Il effectuait sereinement son périple, ne sachant pas vraiment où ses pas le mèneraient, quand il entendit un buisson crier son nom.
Arrêtant son cheval, Luvac se dirigea vers le petit arbuste avec curiosité.
- Qui est là ? tonna-t-il dans le silence ambiant.
A sa grande surprise, une femme élancée aux cheveux couleur de lune sortit de sa cachette, les bras en l'air. Son regard de métal fondu aurait su mettre mal à l'aise n'importe qui, mais cela n'empêchait en rien une étonnante beauté.
- Qui êtes-vous ? Pourquoi m'avez-vous appelé ? Vous m'espionnez ?
La femme se contenta de sourire sereinement à l'étranger. Elle semblait savourer son désarroi, plus que tout autres mets d'exception.
- Je m'appelle Ébène. Et vous, vous êtes Luvac. Je viens vous proposer quelque chose.
- Je sais qui je suis ! Ma question est, comment vous, vous le savez ?
Ebe étira plus encore son sourire. De toute évidence, sa posture défensive et son ignorance évidente la faisait beaucoup rire.
- Disons que nous avons une connaissance commune. Une connaissance qui vous veut du bien !
- Je serais bien curieux de connaître son nom. Je ne me rapproche de personne et personne ne se rapproche de moi.
Luvac ne put s'empêcher d'imaginer que Malvina l'avait peut-être fait suivre. Était-elle assez folle de lui pour en devenir hystérique ?
- Ce n'est pas parce qu'il vous connait qu'il en est de même pour vous, Luvac. Sachez seulement qu'il a cru comprendre qu'une quête de pouvoir était parmi vos ambitions principales.
Piqué par une curiosité malsaine, Luvac s'ouvrit alors au dialogue. Cette femme venait de prononcer les mots magiques pour attirer son attention.
- Je vous écoute, souffla-t-il.
- Je fais partie d'une organisation particulière. Nous sommes composés de membres qui visent la même destinée que vous. Le pouvoir.
Méfiant, Luvac ne baissa pas sa garde, bien que le discours fût fort tentant.
- J'ai toujours fait cavalier seul. Je ne vois pourquoi je devrais vous suivre.
Ebe sembla l'étudier jusqu'au fond de son âme. Elle plongea son regard perçant dans le sien, ne cessant de le fixer qu'après avoir trouvé une mystérieuse réponse dans ses iris.
- Je comprends. Lorsque vous serez prêt, nous saurons vous trouver. Sachez seulement que nous respectons la liberté de chacun, et un membre tel que vous saurait faire des miracles à nos côtés.
Ne lui laissant pas le temps de répondre, Ebe disparut aussi rapidement qu'elle était apparu, laissant Luvac avec pour seule compagnie le silence.
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