Chapitre 5: Ambitions Machiavéliques [Réécriture]

-3 ans avant ADLP- (saison de cristal)

Joack, ombre parmi les ombres, espionnait sans gêne le capitaine de Sora. Athèlme était plongé dans un ouvrage qu'il n'avait pas trouvé par hasard, contrairement à ce qu'il pouvait imaginer. Joack ne pouvait lutter contre ce sentiment de satisfaction extrême à cette simple idée. Il y a bien longtemps, il avait alors poussé un enfant à découvrir ce manuscrit, et c'était aujourd'hui un adulte qui parcourait ses pages, jaunies par le temps. La couverture de cuir peinait à faire apparaître son titre en lettre d'or : Magie et Pouvoir, secrets des grands mages.

Il y avait des années de cela, Joack avait laissé traîner le grimoire à l'apparence insignifiante sur une pile de livres, tout aussi insignifiants. Mais il savait, déjà en cette époque, que ce titre aux multiples promesses, saurait attirer l'œil de celui qu'il visait. Sa ruse n'avait pas manquée, comme toujours, et Athèlme s'était empressé de récupérer ce qui serait dorénavant sa nouvelle bible. Joack se rappelait encore, que trop bien, la frustration qu'il avait éprouvé en découvrant qu'Athèlme ne se plongeait pas facilement dans la lecture des textes sacrés de ses anciens. Mais il le savait, toute réussite résidait dans l'art de la patience.

Athèlme feuilletait frénétiquement l'objet de sa convoitise, recherchant activement les secrets qu'on lui promettait. Cela faisait des semaines qu'il s'était juré de faire partie des plus grands !

Tout en se frottant les mains de satisfaction, Joack entreprit de quitter la bibliothèque, tout aussi discrètement qu'il y était entré. Sinuant entre zone d'obscurité et de lumière, il se glissa tel un serpent derrière la grande porte de bois massif, aucun son ne s'échappant de ses pas. Une fois dans les couloirs, Joack reprit une allure plus habituelle et prit la direction des cuisines, répondant ainsi aux assauts de son ventre qui lui criait famine. De son pas nonchalant, il entreprit de traverser l'édifice, tête basse, bousculant deux ou trois serviteur par-ci par-là sans se retourner.

- Joack ?!

Il n'avait pas besoin d'en entendre plus pour savoir qui venait ainsi le freiner dans ses intentions. Il releva tout de même lentement le visage et porta ses yeux las sur la mine réjouit de celle qu'il ne voulait surtout pas croiser.

- Alors comme ça tu es de retour ? s'enthousiasma Malvina de plus belle.

Comment pouvait-elle être aussi heureuse de le voir ? Ne venait-elle pas de perdre un parent ? En plus cette air de gaieté lui donnait un air plus que limité d'intelligence... et cette manière de sautiller...

- Apparemment, oui, répondit-il sur un ton parfaitement accordé à son attitude.

- Eh bien dans ce cas, bienvenue chez toi Joack ! Je pensais que tu serais resté plus longtemps dans les campagnes... tu as du passer des moments merveilleux loin de cette animation constante et du brouhaha incessant du château...

- Certainement, oui, oui, continue-t-il placidement.

Oui, récolter des glands volants* et peler des pommes de terre toute la journée était vraiment ce qu'il préférait. La vie du fils du grand général – ex-général – devait forcément être vouée à la récolte d'ingrédients sordides et à la cuisine de femme. De toute évidence, Malvina ne faisait pas juste semblant d'être sotte. Et pourquoi diable venait-elle lui faire la conversation ? Il était pourtant sûr d'en avoir assez fait pour que plus jamais elle ne lui adresse la parole.

- Bon, je te laisse Joack. Ça m'a fait très plaisir de te revoir, et de savoir que tu n'as pas été touché par les attaques. Profite bien !

Pas trop tôt. Après avoir enfoncé son regard charbonneux dans le dos de sa camarade qui s'en allait en bondissant dans les couloirs, Joack revissa ses yeux face aux dalles qui recouvraient le sol et reprit son chemin jusqu'aux cuisines.

Là, il entra, saisit un tabouret, s'avachit dessus et jeta ses pieds sur la table qui lui faisait face.

- Kilna ! J'ai faim ! Dépêche-toi de me faire à manger !

*****

- Athèlme !

S'empressant de camoufler la couverture de son livre, l'interpellé s'évertua à afficher une mine décontractée et réjouit. Elle n'eut pas besoin de se forcer longtemps en découvrant la nouvelle bonne humeur de son amie.

- Mina ! Alors comment c'est passé cette première journée ?

Malvina ouvrit grand la bouche, aspira la totalité de l'air de la pièce, et entama son récit. Athèlme réajusta sa position, ne sachant que trop bien le temps que pouvait prendre ce genre de monologue. Incapable de tout écouter en détail, il se concentra malgré tout sur les grandes lignes que sa sœur lui expliquait en ne lésinant sur aucun détail. Athèlme sourit face à tant de précision ; elle qui pouvait être si désorganisée, savait structurer ses prises de paroles d'une manière hors pair.

- ... c'est là que je dus leur expliquer comment comprendre leur destrier. Tu comprends, chaque cheval à sa particularité. Il faut savoir communiquer avec eux de manière claire et personnelle. Alors ma plus jeune recrue à fait une démonstration, elle s'est approchée et figure toi que...

Athèlme continuait d'écouter sagement, focalisant toujours son esprit sur les détails les plus importants. Malvina, s'il décodait bien cette diatribe, avait donc passé une journée incroyable. Malgré quelques difficultés à être acceptée parmi ses hommes, elle n'avait pas l'intention de baisser les bras. Déjà pleine d'idée pour la suite de leur entraînement, elle semblait au bord de l'extase, oubliant complètement les moqueries qu'on a pu lui faire et les surnoms ridicule tel que « princesse des fleurettes » ou encore « courtisane des armées ».

- Alors je leur ai dit leurs quatre vérités. Tu comprends, je ne dois pas leur donner l'impression que je suis faible... Je dois avouer que j'étais peut-être un peu sur la retenu, mais ce n'était que le premier jour, je saurai me méfier les prochaines fois. On sera bientôt la force équine la plus influente de Brazla ! Finalement, le gros moustachu est repartit dans un coin rigoler avec les autres, mais ce n'est pas bien grave. Même si l'un d'entre eux a jugé utile de me rappeler que... que...

Sa voix commença à se briser légèrement et Athèlme s'apprêtait à venir l'enlacer quand elle reprit, d'un ton plus dur cette fois :

- Enfin bref, tu connais les soldats. Rien d'important.

Malvina sembla se forcer à respirer normalement pendant un temps, les poings serrés. Puis, comme si de rien n'était, réprima ses larmes et continua son récit.

- Ainsi, j'ai repris les leçons comme si de rien n'était, tu t'imagines ? Jamais je n'aurais pu penser que...

- Malvina ! Athèlme ! Vos parents veulent vous voir. Ils semblent tous deux en meilleure forme !

Jamais Athèlme n'aurait pensé être à ce point redevable à Moïe une fois dans sa vie. Le demi-elfe, toujours drapé de sa longue tunique turquoise parfaitement assortie à ses yeux de cristal, venait d'enfoncer la porte de la bibliothèque, débordant d'impatience. Athèlme attendit que Malvina sorte la première, l'informant qu'il la rejoignait tout de suite. Récupérant le manuscrit qu'il avait caché aux yeux de Malvina sans aucune difficulté, il alla le placer dans un recoin, au sommet d'une des nombreuses étagères, pratiquement invisible au milieu du dédale de papier qui serpentait dans la pièce. Satisfait, il se promit de rapidement venir le terminer et franchi le seuil, fou de joie à l'idée que sa mère s'en soit si bien sortit. Tellement fou de joie, qu'il ne vit pas Moïe entrer dans la bibliothèque tout de suite après son départ.

Le demi-elfe leva les mains au-dessus de sa tête, marmonna quelques incantations, et attendit patiemment que quelque chose se produise. Au bout d'un petit moment, un grésillement atteint ses oreilles et il suivit le bruit jusque dans le fin fond de la pièce, là où dormaient les dernières étagères, remplies de poussière, témoin de leur isolement. Le son, pourtant discret, parvint à le guider jusqu'au plus haut plateau de bois noir. Une tranche brillait entre les ouvrages et Moïe s'en saisit délicatement. Le vieux grimoire relié par une couverture de cuir lui afficha son titre avec fierté : Magie et Pouvoir, secrets des grands mages

Moïe caressa un instant ce puit de connaissances avec respect tout en murmurant d'un air inquiet.

- Athèlme... que fais-tu mon garçon...

Il reposa le volume à sa place, décidé à garder l'œil ouvert sur son protégé. Il se rappelait d'une de ses premières leçon alors qu'Athèlme n'était encore qu'un enfant : « Ton ambition te mènera loin Athèlme, elle fait partit de ce que tu es et elle te rendra pratiquement invulnérable. Mais tu dois l'utiliser à bon escient. »

Peut-être devrait-il lui réapprendre cette base essentielle avant que plus de pouvoir ne lui soit conféré.

*****

Dans sa lugubre demeure, le Mal ruminait de noires pensées... Il savait que ses loyaux disciples s'amusaient sur le continent et en ce jour d'ennui, son seul désir était de les rejoindre. Leurs activités devaient être si enivrantes ; trancher quelques gorges, voler différentes âmes, torturer tel ou tel humain... faire souffrir la terre et le ciel. Tout ce en quoi il excellait lui manquait tant.

Tandis que des plans démoniaques défilaient dans son infâme subconscient, il commençait déjà à savourer ses futures victoires. Peut-être cette fois ci parviendrait-t-il à ses fins. Ses planifications pourtant longuement réfléchies, subissaient inlassablement de brillants échecs.

Comme une réponse à ses obscures pensées, le doux tintement de l'appel de son serviteur résonna à ses oreilles. Bien que discret, le son résonna dans sa tête comme un millier de carillons, contrastant violemment avec le silence, qui était alors sa seule compagnie.

Mélak se prépara à accueillir mentalement sa chose, puisant les quelques énergies qu'il avait réussi à économiser. Quand il fut prêt, il usa finalement de ses pouvoirs et la silhouette de son serviteur lui apparut, prostrée.

- Maître... susurra la créature.

Le dieu du Mal avait beau être à l'origine de son apparence, il ne pouvait réprimer un haut le cœur chaque fois qu'il posait les yeux dessus. Des pustules qui menaçaient d'exploser recouvraient tout son corps, bosselant sa peau rouge cramoisie. Les poils éparses qui se promenaient un peu partout semblaient visqueux et dégageaient une odeur nauséabonde tandis que sous l'effet de la crainte, ses pieds fini par de larges serres se rétractaient dans un mouvement perpétuel... « Le prix du pouvoir », songea Mélak.

- Maître, vous n'avez pas répondu à mes dernières invocations, mais je...

Mélak leva un doigt menaçant avant même que la chose ait pu terminer sa phrase. En réponse elle se recroquevilla plus encore, plongeant sa tête chauve sous son énorme abdomen.

- Je suppose qu'aucune de tes ambitions ne réside dans l'envie de frustrer ton dieu, n'est-ce pas ? siffla-t-il entre ses dents.

- Non maître, jamais maître et...

- Bien ! Alors tu te doutes qu'il y a une raison à chacune de mes absences, je présume ?

- Oui, certainement maît...

- Passons donc ce petit désagrément. Dit-moi ce qu'il y avait de si urgent !

La créature, comme si elle hésitait à croire en cette soudaine passivité chez son dieu, ressortit sa monstrueuse tête lentement, guignant chaque côté.

- Maître, le Prisme a effectué sa première mission. Le message que vous vouliez envoyer est passé et...

- Combien ?

- Maître ?

- Combien d'âmes, Chose ? répliqua Mélak, comme si sa question précédente était plus qu'une évidence.

- Trente-trois maître, répartit sur deux villages, dont l'un est complètement....

- Et tu oses me dire que le message est passé ? hurla soudainement Mélak. Un rhume aurait pu faire plus de dégâts que cela ! Bande d'incapables, je ne sais pas comment...

- Maître, la mère de la fille est morte. Et celle du garçon est gravement blessée, murmura la créature, espérant que cela calme la nouvelle fureur du dieu.

Mélak s'arrêta en pleine rage et s'immobilisa, comme en suspend dans l'espace et le temps. Il réfléchi un instant avant de retrouver sa mobilité.

- Tu dis que les parents des enfants ont été touchés, c'est bien cela ?

- Oui maître, tout à fait maître. C'est la fille elle-même qui a fini de détruire son village, rongée par son chagrin.

Mélak se mit en mouvement avec frénésie, faisant les cents-pas inlassablement dans sa cage. Le serviteur, au sol, s'évertuait à suivre chacun de ces allers et venues, ne perdant pas de vue un seul des pas effectués. Mélak agitait sa tête cornue, stimulant ses réflexions. Finalement le message n'était peut-être pas passé pour tout le monde, mais les cibles principales, elles, avaient bien été touchées. Cela pouvait, peut-être, finalement être considéré comme un succès. Un tiraillement mit fin à ses cogitations, signe que son énergie s'épuisait. Il ne pouvait se permettre de trop en perdre, au risque d'y perdre la vie.

Contrairement aux idées reçues, les dieux n'étaient pas immortels. C'est pourquoi ils cherchaient des descendants chez les peuples de Brazla, les lois divines leur autorisant une progéniture unique.

Au bout d'un moment, Mélak s'arrêta et plongea son regard couleur de braise dans celui de son serviteur.

- As-tu confiance en mes pouvoirs, Chose ?

La créature, pour toute réponse, posa de grands yeux globuleux sur son dieu, vide de toute trace de réflexion. Mélak soupira de dédains face à ce spectacle pitoyable avant de reprendre :

- En tant que dieu de la ruse et du vice, je maîtrise parfaitement l'art de l'anarchie. Continuez tous de me servir et bientôt, nos plans seront couronnés de succès ! Maintenant va-t'en. Tu diras au Prisme de se tenir prêt. Et que leur dieu les encourage. Après tout, cela devrait leur suffire.

La créature ne bougea pas pendant un temps, apparemment hésitant à prendre la parole.

- Et bien parle, je n'ai pas l'éternité devant moi !

- Maître, des rumeurs commencent à courir. Le bouclier des ombres aurait été aperçut et circulerait librement sur les terres.

Paralysé de surprise, le dieu de Mal était à court de mots pour la première fois de son existence.

- Que dis-tu ? parvint-il à articuler.

- Je disais que...

- J'ai très bien compris ! rugit Mélak. Je ne faisais que prendre un temps de réflexion. Bien, envoi le Prisme immédiatement à sa recherche. Il nous le faut à tout prix et aucune erreur ne sera tolérée !

La créature se courba en une maladroite révérence, titubant sur ses serres. Dans un tintement, le contact disparut, tout comme la projection de la Chose, et Mélak se retrouva seul. Encore. Perdu dans ses pensées, il reprit son mouvement d'allers-retours dans sa cellule, sans bordure ni frontière. Ou en tout cas, visiblement sans ; Il ne les voyait pas, mais elles existaient pourtant. Et elles étaient bien gardées. Ses plans devaient être judicieusement menés s'il voulait s'en sortir.

D'abord, parce que sa prison était constamment entourée de gardiens célestes*. Ces êtres chargés de la protection des dieux, à l'apparence d'immenses créatures à l'allure de reptile volant étaient d'une force inégalable et d'une implacabilité divine.

Ensuite, parce que créer une armée n'allait pas être chose facile, surtout lorsque chacun de ses gestes étaient constamment surveillés et épiés par d'infatigables lézards plumeux.

Enfin, la raison la plus évidente, parce que Pashad, comme son rang l'indique « Dieu des dieux », n'était pas seul et chacune des autres divinités seraient prêtes à lui confier leur vie, à se sacrifier pour leur dieu suprême. Donc combattre des gardiens célestes pourquoi pas, mais une meute de dieux puissants et très rancuniers s'avérait être chose plus que risquée et située à la frontière du suicide.

Mélak ne put retenir une expression on ne peut plus humaine, et souffla comme s'il voulait vider entièrement son corps d'un air, qui de toute façon, lui était bien inutile. Il ne devait pas perdre de vue ses objectifs. Tout être, vivant ou non, se devait de se rappeler de qui il était et de pourquoi il en était arrivé au moment présent. Chaque jour, afin de ne pas s'oublier et de ne pas se perdre lui-même, Mélak se remémorait les grandes lignes de ses ambitions.

Il ne fallait surtout pas oublier la règle numéro une des dieux : Si un dieu mettait fin à la vie d'un autre dieu, alors la sienne disparaîtrait également.

La deuxième règle n'était pas moins importante : Un dieu ne peut avoir qu'une seule progéniture à la fois.

C'est ainsi que le poison administré à Meïla, la fille unique de Pashad, veillait à ce que sa vie ne soit pas en danger tout en la conservant dans un sommeil éternel. Mélak avait pensé à tout. A tout sauf à la création des profondeurs abyssales. Qu'il avait été stupide de faire aveuglément confiance à son enfant... Par sa faute, toutes ses manigances avaient été réduites à néant. Les dieux avaient créé spécialement pour lui cet endroit perdu entre les dimensions.

Sa fille, Syndra, avait été enfermée loin de lui, dans une geôle située au milieu des plaines célestes, sous la surveillance incessante des dieux eux-mêmes. Mais viendrait le moment où elle saurait se rendre utile, finalement. Il n'avait aucun doute là-dessus.

Savourant cette fin d'histoire comme chaque fois, Mélak retrouva un peu de vitalité et d'espoir. Le Prisme s'avérait être efficace et dévoué. Bien que méprisant toutes vies sur Brazla, il devait bien admettre que les créatures qui peuplaient ses terres étaient bien utiles. Il suffisait de quelques malheurs dans une vie pour se garantir une foi aveugle dans les forces obscures et déjà, ses plans fonctionnaient. Bientôt le Bouclier des Ombres serait à lui. La première relique.

Lexique :

Gardiens Célestes : Être divin chargé de la sécurité des dieux. Leur immense tête ronde est entourée d'un collier de plumes aux milles couleurs. Leur corps imposant se termine par une queue pelucheuse, particulièrement longue. Malgré leur physique plutôt pacifique, les gardiens célestes sont des créatures divines extrêmement puissantes, capables de stopper même un dieu, et leurs pattes griffues ne ratent que rarement leur proie.

Glands volants : Petit fruit rond et dur équipé de deux petites ailettes. Ils essayent de fuir les cueilleurs en sautant et planant de cachettes en cachettes. Les glands volants sont recherchés pour leur goût savoureux une torréfiés et pour les multiples utilisations que l'on peut en faire une fois réduit en forme de pâtes (construction, réparation, sculpture, enduit...). 

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