Chapitre 10: Explorations [Réécriture]

-3 ans avant ADLP- (saison de cristal)

Malgré le froid transperçant de l'air humide, les plaines de l'Ouest verdoyaient, véritable contraste avec la nature cristallisée de Sora. Mais même si le soleil s'était finalement décidé à s'éveiller, les horizons restaient vident de toutes traces de vie. Seul se découvraient quelques mulmopis, roulant entre les hautes herbes, à la recherche d'un prochain casse-croûte. C'est à travers ce mélange de vie et de monotonie hivernale qu'évoluaient Athèlme et Malvina, accourant l'un vers l'autre tels deux aimants trop longtemps restés éloignés.

Quand Malvina atteint finalement le point de rendez-vous, elle découvrit sa jument qui la saluait avec enthousiasme, piaffant et tirant sur sa corde. La guerrière se jeta à son encolure et l'enlaça avec affection, tandis l'animal lui rendait son étreinte. Rapidement, l'épaule de la jeune fille devint engourdie sous le poids de l'énorme tête qui y reposait.

Voyant qu'Athèlme n'était toujours pas là, Malvina continua de cajoler son cheval. Elle lui racontait avec excitation ses aventures. Sa jument l'observait intensément, lui faisant presque croire qu'elle comprenait tout ce que sa petite maîtresse pouvait bien lui expliquer.

- Mais qu'est-ce que je fais, moi ? Je t'embête avec mes histoires alors que tu t'en fiches complètement ! Ce que tu veux, toi, c'est une petite surprise !

Ce dernier mot étant quant à lui réellement bien connu de l'animal, il se jeta vers les poches de Malvina. Eclatant de rire face à tant d'enthousiasme, elle chassa le museau de sa monture et ressortit de son vêtement une pomme qu'elle avait trouvée sur la route. Les yeux de sa jument se parèrent de leurs plus beaux atouts, s'éclairant d'une flamme amoureuse que seuls les animaux possédaient lorsqu'il s'agissait de manger.

- Mais c'est que tu me ferais du charme si je te laissais faire ! s'exclama Malvina joyeusement. Tiens, tu l'as bien méritée après tout.

A peine eu-t-elle le temps de tendre sa main, que sa jument dévora la pomme d'une bouchée. Ses grands yeux d'amende fixaient Malvina dans l'attente d'un deuxième hors d'œuvre.

- Allez, maintenant en route ma grande. On va longer la forêt pour rejoindre Athèlme, tu dois avoir besoin de te défouler un peu les jambes.

A ses mots, Malvina enjamba souplement sa monture et la dirigea vers le Nord avec douceur. Elle observait le soleil qui déclinait à l'horizon, espérant retrouver son ami avant la nuit tombée.

Rapidement, sa jument l'avait emmenée aux frontières de la forêt d'Imalt, entourée de son bouclier luisant aux reflets violets.

- Bon, ça ne sert à rien d'aller plus loin. On va l'attendre ici d'accord ?

Pour passer le temps elle se livra à quelques expériences. Tout d'abord elle ramassa une brindille sur le sol et la lança à travers les filaments violets de la barrière. Rien ne se passa; l'objet atterrit le plus normalement du monde de l'autre côté. Alors la jeune fille prit une branche et, tout en la tenant fermement, elle l'approcha de la source d'énergie. Quand le bois atteint les limites de la forêt, les petites nervures violacées se mirent à courir le long du bâton en se teintant de rouge. A leur approche, la peau de Malvina créa une chaleur dans son bras qui s'amplifiait de plus en plus. Elle lâcha alors la branche qui retomba à cheval sur la frontière. Une force invisible attira alors le bout de bois dans la forêt. Malvina conclu donc que le territoire d'Imalt cherchait à s'agrandir en récupérant tout ce qui entrait en contact avec sa délimitation.

Après avoir tourné en rond pendant un moment, humé quelques fleurs, observé divers animaux et fait la connaissance d'un couple d'écureuils, parmi d'autres bestiaux, un son de sabot frappant le sol retentit. Heureuse, la jeune fille se retourna dans la direction que ses oreilles lui indiquaient pour voir accourir son ami. Un sourire victorieux illuminait son visage tandis qu'il galopait vers elle. Mais plus il se rapprochait, plus ses yeux s'écarquillaient.

- Mais qu'est-ce qu'il lui arrive encore, demanda Malvina au même couple d'écureuils rencontré plus tôt.

Pour toute réponse, ils l'observèrent avec attention et lui tendirent généreusement une noisette du bout de leurs petites pattes.

Après avoir mis pied à terre, Athèlme ne put cacher son étonnement face la scène qui s'offrait à lui. Malvina était entourée de bêtes, qui, lui semblait-il, communiquaient avec elle. Des oiseaux sur la tête, des rongeurs sur les bras et des cerfs accolés à ses jambes, la jeune fille disparaissait presque au travers de cette parade de poils, de griffes et de plumes. Effrayé, il n'osa s'approcher et préféra opter pour sa stratégie préférée face à la menace des bêtes: faire comme s'il n'était pas là.

Levant ses yeux au ciel, guettant un nuage avec beaucoup d'attention, il essayait de disparaître, espérant fondre à travers le paysage boisé de la forêt. Malvina, après un temps d'observation, s'esclaffa jusqu'à s'en tordre le ventre. Cet homme admirable, à la forte musculature et à la mâchoire volontaire, scrutant le ciel à travers des yeux suppliants, les pieds renfermés sur eux-mêmes, était de loin ce qu'elle avait vu de plus hilarant ces dernières années. Sous son explosion de joie mal contenue, les animaux détalèrent, non sans se plaindre du dérangement. Après la cacophonie passée, Athèlme dénia reposer les yeux vers sa sœur et fut soulagé de voir que le champ était libre. Quelques rougeurs sur ses joues apparurent sous le regard moqueur de Malvina qui s'essuyait encore le coin des yeux. Redressant ses épaules et se redonnant une contenance, il salua sa sœur d'arme chaleureusement, comme si de rien n'était. Celle-ci ne se fit pas prier pour lui rendre la pareille. Telle une enfant, elle se jeta dans ses bras et l'enlaça tendrement.

- Comment tu vas? Ou as-tu été? Qu'as-tu découverts? Des peuples vivent-ils par de là cette forêt? Par les dieux... tu n'as pas idée de ce que j'ai vécu!

Amusé par les assauts de questions de Malvina, Athèlme se contenta de sourire en la serrant fort dans ses bras. Son instinct fraternel souhaitait ne plus la laisser s'éloigner de lui. Cette séparation avait été courte mais plus dure qu'il ne l'aurait imaginé.

- Mina! Si tu savais... J'ai tellement de choses à te raconter, sur moi, sur nous, sur tout... Mais trouvons d'abord un endroit ou passer la nuit! Nous parlerons ensuite. As-tu les fleurs du mal ?

Malvina, qui jusque-là observait une mine réjouie et éclatante, se para alors d'un masque de tristesse extrême.

- Ce... ce n'est pas grave. Nous les trouverons peut-être sur le retour... tenta de la rassurer Athèlme sans grande conviction.

Sa compagne leva des yeux humides vers lui ; un coin de ses lèvres s'étirait dans un petit sourire reconnaissant. Ils prirent la route dans un silence qui ne fut brisé qu'une fois le trajet terminé.

Les deux amis trouvèrent finalement refuge au pied d'un arbre qui trempait ses racines dans la rivière Démerêka. La nuit était tombée et seule perdurait un semblant de lumière qui prenait sa source derrière les montagnes de Ninetïa. Ils terminèrent donc leur journée devant un petit feu et les restes de leurs victuailles ainsi que quelques butins d'une cueillette peu fructueuse.

Oubliant un instant leur échec, Malvina s'empressa de questionner Athèlme sur son voyage, les yeux brillants de curiosité. A chaque explication, elle devait faire un effort démesuré afin de le laisser finir sans l'interrompre. Elle écarquillait les paupières de plus en plus, jusqu'à ce que son visage ne soit plus mangé que par deux grosses billes noisette.

Quand elle sentit son tour venir avec la fin du discours d'Athèlme, Malvina se redressa et commença son propre récit. Chacun de ses mots étaient accompagnés d'une multitude de gestes, d'exclamations et autres exubérances qu'Athèlme admirait avec amusement. Il aurait pu être sourd qu'il n'aurait pas manqué une miette de cette histoire, songea-t-il.

- Nous devrons nous entraîner sur ces nouvelles capacités, conclut finalement Athèlme. J'ai profité de cette expédition pour rapporter quelques échantillons à Moïe.

S'expliquant, Athèlme étala devant lui la ribambelle de plantes qu'il avait placée dans son sac de voyage.

- Tu penses que la fleur du mal serait parmi eux ?

Athèlme ne répondit rien, se contentant d'admirer sa cueillette, les yeux plein d'espoir. Il redressa finalement la tête.

- Tu ne m'as pas dit avoir récupéré un bouquet de plistines chez les elfes ?

- Si, mais si la plistine guérissait des maladies incurables on le saurait non ?

Toutefois, Malvina plongea sa main dans sa sacoche et ressortit le bouquet de feuilles vertes, le brandissant devant elle.

- Etrange, elles n'ont pas l'air abimé par le voyage...

- Des plistines ? Malvina, as-tu déjà vue des plistines dans ta vie ? En dehors du ragout j'entends ? explosa Athèlme.

La mine interloquée de sa sœur sembla le rendre fou. Il se saisit des plantes et les agita à son sous le nez de Malvina, ignorant son air blessé. D'accord, il n'aurait pas dû la priver de son surnom, mais tout de même...

- Mina, reprit-il en insistant sur l'appellation pour se rattraper, des plistines sont de longues feuilles vertes et sans fleurs...

Il arrêta son explication ici, pensant apparemment en avoir suffisamment dit. Cependant, l'illumination qu'il attendait de voir sur le visage qui lui faisait face ne vint pas. Sa consœur l'observait comme s'il était devenu dément.

- Oui, je le sais bien Athèlme. Et c'est ce que tu tiens entre tes mains. De longues feuilles vertes, assena-t-elle d'un ton sec, blessé.

Tous deux s'observèrent un instant qui parut être une éternité, soupçonnant l'autre de se moquer. Mais, Malvina écarquilla finalement les yeux, frappée par une vérité qui ne se découvrait que maintenant.

- Elme, que vois-tu ?

- Tu te moques de moi ? répliqua Athèlme sur la défensive.

- Non. Je suis on ne peut plus sérieuse. Je vois un simple bouquet de feuilles mais tu t'évertues à me dire que ce n'en est pas un. Donc, que vois-tu ?

- Tout sauf des feuilles vertes... Ce sont de magnifiques fleurs noires. Leurs pétales sont couronnés d'un fin liserait rouge sang et la tige est orange.

Les paroles de la prêtresse résonnèrent dans la tête de Malvina. « La Fleur du Mal est très difficile à se procurer. Sa couleur peut varier, elle se camoufle dans le décor où elle évolue. »

- Elme ! Nous les avons trouvées ! explosa-t-elle finalement.

Interloqué, ce fut au tour d'Athèlme d'observer sa sœur comme si elle était démente. Devant sa mine interrogative, Malvina lui raconta en détail ce que la prêtresse lui avait appris.

- Mais pourquoi toi, tu ne les vois pas ?

- Je suppose que je n'ai pas encore suffisamment développé mes pouvoirs... répondit-elle, peinant à cacher la pointe de déception dans sa voix.

Laissant de côté leurs interrogations, trop soulagés et heureux pour s'en encombrer, ils discutèrent encore quelques temps avant de sombrer dans le sommeil.

Malvina se retrouva au milieu d'un champ de bataille en bord de mer, au beau milieu d'une tempête chaotique. Elle se voyait dressée au milieu du carnage ambiant, droite et fière, les cheveux claquant et fouettant l'air dans le vent tumultueux. Tout volait autour d'elle, les arbres étaient sur le point de céder, les pierres autrefois sur terre ne formaient plus qu'un ouragan autour de sa silhouette devenue floue. Elle était sa propre armée. Les adversaires l'encerclaient et se rapprochaient. Ses yeux avaient pris une teinte étrangement dorée quand soudain, elle s'éleva dans les airs, créant partout sur le terrain des tornades meurtrières. Ces armes venteuses emportaient tout sur leur passage, se déversaient sur les ennemis environnant, immédiatement démembrés par la simple force de l'air. Une bourrasque de vent, d'une violence inouïe, chassa les derniers survivants et les cadavres éparpillés. Ils furent propulsés sans ménagement dans les eaux, agitées par la tempête. Tous les corps, quels qu'ils soient, furent renvoyer à l'océan, aidés par des soulèvements de terrains violents. La terre semblait obéir à une force obscure.

Après cela, le calme revint. Toute trace du massacre avait totalement disparue pour laisser place à un soleil radieux. Malvina se vit reprendre contact avec le sol et ses yeux retrouvèrent leur étincelante teinte noisette. C'est là, seulement, que la jeune fille prit conscience que son énergie dévastatrice avait été la cause de la furie des éléments naturels. Plus rien sur la côte ne laissait songer qu'une bataille sanglante avait eu lieu, quelques secondes auparavant - si ce n'étaient les résidus de sang qui maculaient le sol torturé.

La rêveuse repris conscience en sursaut. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle était en nage. Les eaux de la rivière scintillaient déjà sous les premiers rayons matinaux. Tout semblait calme et paisible. Malgré tout, elle aurait juré voir une racine se rétracter dans le fleuve...

La fine pellicule qui recouvrait les plaines de Creïka d'un voile de diamants témoignait de la froideur de la nuit. Frissonnante en resserrant ses couvertures autour d'elle, Malvina alla chercher un peu de nourriture avant le réveil de son frère. Son songe lui tourmentait l'esprit. Etait-elle réellement capable d'une telle puissance? Les bras chargés de champignons, elle retrouva Athèlme qui émergeait lentement de son sommeil. L'odeur de la nourriture sur le feu eut vite raison des dernières réticences de son cerveau à se réveiller. Malgré sa fatigue, il ne lui fallut que peu de temps pour percer le malaise de sa sœur.

- Mina ? Est-ce que ça va ?

Elle ne releva même pas la tête, trop occupée à se concentrer sur la poêlée de champignons qui rissolaient dans un petit chaudron.

- Mina ?

Malvina revivait son rêve, tentant de le déchiffrer. Etait-ce elle qui avait provoqué les soulèvements de terrains ? Etait-ce là son deuxième élément ? Elle voulait en faire part à Athèlme, mais pour une raison qu'elle ne connaissait pas, son esprit rechignait à se confesser. Elle releva finalement le menton.

- Tout va bien Elme, je suis juste un peu fatiguée, la nuit a été mouvementée.

Une vérité qui en cache une autre, au moins elle n'avait pas mentit, se réconforta-t-elle. Apparemment satisfait de la réponse, Athèlme ne chercha pas plus loin et se contenta de la remercier pour le repas. Malvina se sentit honteuse de le voir ainsi tranquillisé. Il l'avait cru sur parole alors qu'elle n'avait pas été capable d'être honnête avec lui.

- Elme ? En fait, je...

Pourquoi n'arrivait-elle pas à lui dire ce qu'elle pensait. Sa mémoire lui rappela l'air envieux d'Athèlme quand elle lui avait avoué contrôler un des deux éléments maîtres. Lui qui en contrôlait pourtant deux, ne semblait pas se satisfaire du fait que ce n'était que des éléments secondaires.

- Oui, Mina ?

C'était trop tard pour faire marche arrière. A présent, la curiosité d'Athèlme avait été piquée et Malvina savait que son air coupable ne ferait qu'accroitre sa détermination à la faire avouer. Il ne lâcherait rien avant de tout savoir.

- Mina ? Tu peux tout me dire tu sais.

L'action était lancée, elle ne pouvait à présent plus faire marche arrière.

- Je crois que j'ai trouvé mon deuxième élément, assena-t-elle, presque honteuse.

Elle s'était attendue à tout, sauf à la réaction qui s'en suivit. Athèlme étira sa bouche dans un large sourire sincère et plein de bienveillance.

- Mina, tu ne peux pas avoir de deuxième élément. Tu contrôle déjà le ciel. Je possède le feu et l'eau. Cela voudrait dire que..., Athèlme perdit de son assurance devant la mine sérieuse de son amie. Que tu contrôlerais aussi la terre ?

Malvina ne voulait pas de tant de pouvoir. En cet instant, si offrir son deuxième élément pouvait effacer la jalousie qui transpirait dans le regard d'Athèlme, elle l'aurait fait. Toutefois, le guerrier reprit rapidement le contrôle de ses émotions, secoué par l'expression de détresse qui se lisait dans le regard de sa sœur.

- Mina, si la prophétie nous a sélectionnés pour devenir les héros du continent, c'est qu'elle a très certainement une raison... une raison qu'on ne pourra nous-même comprendre avant le moment opportun. Les choses sont ce qu'elles sont et il ne servira à rien de vouloir les modifier.

Il espérait que cette vague explication saurait calmer les angoisses de Malvina. Etant lui-même en proie à des cogitations gênantes, il ne pouvait lui apporter plus de soutien. Il se devait lutter contre la frustration qui envahissait son corps et son esprit comme une vague menaçante et grossissante. Il avait toujours été plus faible que sa sœur en ce qui concernait la magie... Ses pouvoirs n'égalisaient jamais les siens, son énergie était plus faible, son bouclier moins résistant et moins complet, ses jets de magie moins grands, moins rapides et moins destructeurs. Heureusement, la force de ses bras n'avait pas encore trouvé d'égal à Brazla, ce qui lui permettait de conserver son grade important de général des armées de Sora. Il avait espéré, en découvrant son affiliation aux éléments que cela signifiait qu'il serait enfin l'égal de Malvina. Elle qui ne pensait contrôler que le ciel. Encore une fois, le destin s'était joué de lui. Le feu et l'eau avait besoin d'une source existante pour être maniés. Malvina possédait les deux éléments perpétuellement présents dans son environnement. Encore une fois, Athèlme se sentait rabaissé par les évènements, et comble de la situation, il ne pouvait démontrer son malaise. Son amie affichait un air paniqué suite à sa découverte. Pourquoi, par Pashad, leur rôle n'était-il pas inversé ?

Maussade, ils reprirent la route laissant les reines libre à leur monture. Après plusieurs heures de marche silencieuse, les chevaux commençaient à montrer des signes de fatigue. L'allure avait ralenti et Athèlme pouvait observer le paysage, tentant de contrôler les idées qui se bousculaient dans son esprit. L'image du manuscrit que Joack lui avait fait découvrir s'imposait sans relâche et ses lignes pleine de promesses défilaient inlassablement.

Lorsqu'il reprit conscience, ils avaient rejoint les bords de la rivière Saruïa, qui offrait à ses admirateurs des eaux translucides. Athèlme y plongea son regard d'émeraude, savourant le calme qui s'en échappait. Depuis toujours il aimait l'eau et ses courants, ses fleuves et leur puissance, ses lacs et leur quiétude. Il s'apprêtait à effectuer quelques tentatives quand soudain, une forme brillante attira son attention dans les profondeurs de la rivière.

- Mina, faisons une halte ici veux-tu? Les chevaux fatiguent, nous arriverons plus vite s'ils sont en forme.

Malvina acquiesça et mit pied à terre avant de se diriger en direction de la rivière pour remplir leur gourde. La curiosité d'Athèlme le poussait quant à lui à aller voir de plus près la tache bleutée qui avait attiré son attention. Dérangés par son arrivée, quelques mulmopis détalèrent dans leur terrier en couinant de frustration. Les petites boules de poils multicolores roulaient en toutes directions, parsemant la pellicule blanche qui recouvrait le sol de taches chatoyantes.

N'y prêtant aucune attention, Athèlme continua de se diriger vers son objectif. En arrivant assez près de l'objet pour mieux le distinguer, il fut déçu de constater qu'il ne s'agissait que d'un vulgaire caillou scintillant au soleil. Se penchant pour le ramasser tout de même, il entendit un cri d'effroi qui lui glaça le sang. Il ne pouvait venir que de sa consœur. Il se précipita alors pour lui venir en aide, tandis que les hurlements redoublaient de plus belle. 

***

Brusquement et en sueur, Ebe se redressa dans son lit. Les dernières images de griffes, de poils et de crocs hantaient son esprit. Elle passa une main sur son front trempé, tout en murmurant à la nuit.

— Le lion est libre, le lion est libre !

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