9. Au carrefour de nos vies
En septembre 2009 et après bien des difficultés, Jiahao est accepté à la faculté de droit qu'il désirait tant. C'est à Zyad qu'il l'annonce en premier, lors d'une chaude soirée d'été où l'air est si lourd qu'ils ne parviennent pas à respirer correctement.
Allongé sur le matelas de fortune qui mériterait d'être rembourré, Zyad somnole depuis quelques minutes, seulement vêtu de son boxer. Assis à ses côtés, Jiahao tourne distraitement les nouilles instantanées qu'il vient de verser dans la casserole d'eau chaude. Le plat n'est pas très approprié par cette chaleur, mais ils n'ont rien d'autre au squat. Lui-même ne portant que son sous-vêtement, il ne peut s'empêcher de lorgner sur le corps alangui de son partenaire, sur cette peau brûlante qui luit encore de sueur, sur ces muscles fermes qu'il empoignait encore une demi-heure auparavant.
Son sexe durcit à nouveau alors qu'il se remémore les soupirs lascifs de Zyad, cette façon qu'il a d'enfoncer ses mains dans ses cheveux pour les lui tirer quand il le suce puis de plonger son visage dans l'oreiller lorsqu'il l'attrape par les hanches pour le retourner et enfoncer sa langue dans son cul. Il sent encore le goût de son intimité sur ses papilles, la fermeté de ses fesses entre ses mains, le brasier de son corps autour de sa queue.
N'y tenant plus, il abandonne la casserole pour venir se blottir à nouveau contre son ami qui grogne dans son demi-sommeil.
— Barre-toi putain, t'es chaud, proteste-t-il sans soulever les paupières.
Un coup de langue le long de son cou lui répond et une chair de poule dévale aussitôt l'intégralité de son dos. Tout en égrenant des baisers sur sa nuque et ses épaules, Jiahao se colle contre son dos puis tire sur son boxer pour le lui enlever. Sans attendre, il en fait de même avec le sien avant d'apporter deux doigts préalablement humidifiés contre le cul de Zyad.
— Aaah bordel, qu'est-ce que tu fais ? gémit ce dernier en se cambrant en arrière. Les pâtes vont être froides.
— On s'en branle, répond le concerné en attrapant son lobe entre ses dents. Ton cul est encore ouvert, ça me rend fou... J'ai encore envie de te baiser.
A ces mots, il apporte un troisième doigt à l'intérieur de son partenaire et s'applique à masser sa prostate. Zyad se cabre contre lui en expirant violemment tout l'air contenu dans ses poumons.
— T'es chiant putain... J'vais avoir mal au cul demain.
Jiahao ravale le petit sourire qui vient de tordre ses lèvres. Son ami a beau râler, il le sent frotter ses fesses contre lui, il le voit rejeter sa tête en arrière pour dévoiler son cou.
— Chht, arrête de te plaindre, murmure-t-il contre son oreille. Dis-moi que t'as encore envie de moi. Dis-moi que tu veux que j'enfonce ma queue dans ton petit trou...
— Merde, Jiahao, faut vraiment que t'arrêtes de parler comme ça, gémit le concerné en serrant désespérément le drap troué entre ses poings.
— Hmm mais t'aimes ça, pas vrai ? T'aimes quand je frotte ma queue comme ça contre toi, t'aimes la sentir écarter ton cul... T'aimes quand je dis à quel point j'ai envie de te baiser, t'aimes me sentir si dur contre toi. Dis-le, Zyad, dis-le que tu veux que je te baise comme une salope.
— Va te faire foutre, halète le jeune Tunisien en sentant le sexe de son ami presser contre son entrée.
— Zyad... Tu me rends tellement fou, putain... Je voudrais te baiser toute la nuit, te faire jouir jusqu'à ce que tu t'évanouisses. Puis recommencer encore. Bordel... Dis-moi que t'en as envie aussi...
— Putain, ouais, hoquette Zyad en serrant les dents tant il sent le plaisir couler comme du plomb fondu dans son aine. Tu fais chier, putain... Baise-moi encore... Baise-moi fort, putain, fais-moi crier.
Comme s'il n'attendait que ça, Jiahao s'enfonce d'un coup sec dans le corps de son ami qui tressaille en gémissant sous l'intrusion. Ses chairs déjà malmenées quelques minutes auparavant pulsent autour du sexe qui vient de se fourrer en elles. Sa prostate semble être sur le point d'exploser.
Le souffle court, Zyad s'agrippe désespérément au bord du matelas, le corps inondé par le plaisir. Il ne parviendra jamais à l'assumer entièrement, mais la vulgarité de son ami lui fait perdre la tête. Sa pudeur tenace refuse de l'accepter, mais l'entendre proférer tous ses désirs à voix haute suffirait à le faire tomber à genoux devant lui. Il aime quand il le domine de toute son assurance arrogante, qu'il plonge dans son corps et en explore chaque recoin jusqu'à le faire hurler. Il aime quand il l'écrase de sa prestance et le place dans des situations dont il aurait eu honte avec n'importe qui d'autre. Il l'aime lui, tellement fort.
Alors quand ses coups de rein se font plus brutaux, enfonçant son sexe au plus profond de ses entrailles, il ne peut que mordre l'oreiller pour étouffer ses gémissements, passant une main derrière lui pour griffer désespérément le corps de son partenaire. Le plaisir enfle si vite dans son ventre que, malgré les deux orgasmes qui l'ont déjà terrassé il n'y a pas si longtemps, il ne lui faut que dix minutes pour atteindre l'apothéose. Son corps se contracte brusquement entre les bras de Jiahao tandis qu'un long gémissement s'envole le long des murs délabrés de l'immeuble.
Jiahao ne met que quelques secondes à l'imiter, fauché par le plaisir que lui procure systématiquement la jouissance de son ami.
Les deux hommes restent un moment immobile, les membres encore tremblants, tentant de reprendre leur souffle et d'évacuer le brasier que l'acte vient d'allumer dans leurs corps. Pour laisser un peu de place à son partenaire, Jiahao glisse sur le dos puis observe avec délectation son propre sperme couler le long des fesses de Zyad.
— Prend un mouchoir, grogne alors ce dernier en apportant une main à son cul poisseux. On va encore tâcher le matelas.
Jiahao s'exécute, même s'il n'y a plus grand-chose à faire pour ce pauvre matelas qui en a vu bien d'autres. Tandis qu'il essuie les fesses de son ami, il en profite pour embrasser la cambrure de ses reins et mordiller ses hanches.
— Mais arrête-toi un peu ! s'exaspère Zyad en lui donnant un coup de pied à l'aveugle. T'es jamais fatigué ou bien ?
— Jamais, s'exclame fièrement le concerné, tout sourire.
Son ami grommelle une litanie de mots incompréhensibles qui le font pouffer. Jetant le mouchoir dans un coin de la pièce, il s'allonge à nouveau contre le dos de son partenaire et serre entre ses bras ce corps musclé que le travail manuel ne cesse d'épaissir.
— J'ai été accepté à la fac, annonce-t-il en embrassant l'une de ses omoplates.
Zyad roule sur lui-même pour pouvoir lui faire face et Jiahao se noie aussitôt dans ses grands yeux cannelles bordés de si long cils.
— Y d'autres façons de dire les choses ! proteste le jeune Tunisien en lui frappant mollement le torse. Al hamdoulillah*, félicitations putain, je savais que t'y arriverais !
Doucement, il se penche en avant pour ravir les lèvres de son ami et, comme à chaque fois, Jiahao se fait la réflexion qu'il pourrait en crever tant il aime l'embrasser.
— Je commence début septembre, l'informe-t-il en embrassant le bout de son nez. Ça va être intense... J'espère que je pourrai te voir aussi souvent...
— C'est pour ça que t'essaies d'me tuer avant ta rentrée ? l'accuse faussement Zyad.
Un sourire fleurit sur les lèvres du jeune Chinois qui se met à caresser les boucles serrées de son ami.
— Peut-être... J'ai envie de profiter à fond de toi avant de plus trop avoir le temps. T'as intérêt à rester avec moi même si je passe mon temps à réviser !
— T'inquiètes, j'te baiserai sur tes cours si tu veux, le taquine Zyad en redessinant du bout des doigts la ligne ciselée de sa mâchoire.
— Ça me va, sourit le concerné.
Longtemps, les deux amis gardent leurs yeux rivés ensemble, se contemplant inlassablement en silence comme s'ils ne pouvaient jamais se repaître de l'autre. Leurs doigts retracent chaque trait de leur visage, chaque muscle de leur corps, chaque aspérité de leur peau. Ils se trouvent beaux, à la fois si différents et si complémentaires, tellement soudés qu'on dirait parfois qu'ils ne forment qu'une seule et même personne. Et quand Jiahao s'abandonne à ces caresses et sombre progressivement dans le pays des rêves, il entend juste une dernière phrase :
— J'suis tellement fier de toi, ya omri*...
***
Étonnamment, il ne faut que quelques jours à Jiahao pour s'habituer à la fac et s'y sentir à l'aise. Certes, il évolue dans un milieu élitiste qui a tendance à porter sur lui un regard critique, mais pour la première fois de sa vie, il se retrouve confronté à des gens ayant la même ambition que lui, le même désir féroce de réussir. Et ce climat de compétition acharnée le pousse immédiatement à décupler ses facultés.
Il aime être entouré de personnes travailleuses, il aime lire dans leur regard l'arrogance due à la certitude en leurs capacités, tout comme il aime leur air décontenancé lorsqu'il obtient une meilleure note qu'elles. Certains diraient que l'ambiance est malsaine, lui la trouve propice à s'élever toujours plus haut. D'autant plus qu'il possède une force que les autres n'ont pas ; il a lui-même subi toutes ces injustices contre lesquelles il veut se battre.
Les récents événements dans la cité n'ont conforté qu'une chose : son envie d'être le meilleur avocat du pays pour pouvoir défendre et sauver ceux qui lui sont chers. Zyad en premier. Il a conscience que son ami ne pourra pas échapper éternellement à la violence qui rôde autour de lui ; déjà il semble s'y intéresser d'un peu trop près. Dans quelques mois, il risque d'y sombrer entièrement et de faire des conneries. Alors Jiahao veut être là, non seulement pour l'en empêcher, mais également pour le tirer de chaque mauvais pas qu'il pourrait prendre. Il doit le protéger, à tout prix. Il est la seule famille qu'il désire réellement.
— Eh toi !
Jiahao s'arrête au milieu du couloir, laissant le flot d'étudiants le contourner pour se diriger vers le restaurant universitaire. Ses yeux balaient un instant la foule avant de repérer un jeune homme qui lui adresse un signe de la main, près d'une machine à café. Ce dernier s'empresse aussitôt d'avancer vers lui et Jiahao fronce les sourcils. L'inconnu lui dit quelque chose, mais il ne parvient pas à se rappeler de son prénom.
— Je suis Noam, se présente le jeune homme en tendant une main vers lui dès qu'il arrive à sa hauteur. On est ensemble en Institutions Internationales et en Anglais. Désolé, j'ai oublié ton nom, c'est pour ça que j'ai crié.
Méfiant, Jiahao referme sa main autour des longs doigts fins de l'étudiant qui le fixe en souriant. C'est un bel homme, svelte et élancé, des cheveux blonds minutieusement coiffés de sorte à donner l'impression qu'il a juste passé sa main dedans, des petits yeux d'un bleu très clair, surmontés de sourcils droits tombant un peu trop bas vers ses paupières, un long nez constellé de tâches de rousseur. Et ce petit sourire, légèrement condescendant, propre à la majorité des étudiants en droit. Ce petit sourire qui dit qu'il a toujours eu ce qu'il voulait dans la vie et qu'il n'a pas l'habitude qu'on lui tienne tête.
— Du coup, c'est quoi ton prénom ? s'enquiert le dénommé Noam.
— Jiahao, marmonne le concerné en reprenant sa marche vers la sortie du campus.
— Jiahao, répète son interlocuteur en étirant davantage ses lèvres. C'est Chinois ça ! Dis, tu vas me trouver intrusif, mais j'ai assisté à ton oral de ce matin et c'était franchement impressionnant, surtout pour un première année ! J'ai entendu dire que t'habitais aux Quais-D'or, c'est vrai ?
— Ouais.
— Putain c'est dingue ! Comment t'as fait pour rentrer à la fac ? Je trouve ça vachement bien que tu sois là, ça prouve que tout ce qu'on entend n'est pas forcément vrai. T'as réussi à obtenir une bourse ?
— J'me suis démerdé, répond Jiahao qui n'a aucune envie de s'étaler sur le fait que ce sont Zyad, Wafiq et les autres qui l'ont aidé à compléter ce qu'il lui fallait pour payer ses frais de scolarité.
Noam acquiesce avant d'adresser un signe de la main à un groupe d'étudiants qui le saluent de l'autre côté du couloir. Il jette un coup d'œil à Jiahao qui semble ne vouloir faire aucun effort de conversation puis observe avec un mélange de gêne et d'admiration son jean délavé, son sweat presque trop petit pour lui et ses baskets passées de mode depuis au moins une génération. S'il doit être honnête avec lui-même, il dirait que cela fait un petit moment que ce garçon l'intrigue.
Comme tous les gens qu'il connaît, il a entendu des atrocités sur le quartier des Quais-D'or et leurs habitants, alors lorsqu'il a appris que son camarade venait de là, il n'a pu s'empêcher de vouloir en apprendre plus. Curiosité mal placée. Mais à le voir évoluer en classe avec discrétion et érudition, il a fini par réaliser qu'il n'était finalement peut-être pas si différent des autres. Son apparence est certes bien plus débraillée qu'eux – sa pauvreté est inscrite sur lui – mais il ne paraît pas excessivement violent et certainement pas stupide.
En réalité, Noam est fasciné par son visage froid, ses traits pourtant si nobles constamment crispés, son regard noir qui dissuade quiconque de trop s'approcher de lui. Lui qui a toujours côtoyé des gens similaires a envie de découvrir cet homme si différent. Et puis, il va finir par se foutre en l'air si rien d'intéressant ne vient bousculer sa vie. Il se sent si vide...
— Écoute, je sais qu'a priori on a pas grand-chose en commun et je vois bien que t'as pas envie de me parler, mais tu voudrais pas venir manger avec mes potes et moi ? tente-t-il en désignant de la tête le groupe qui l'attend à quelques pas. Ça t'engage à rien. Et puis si on te soûle, tu peux toujours te barrer.
Jiahao le jauge du regard pendant de longues secondes durant lesquelles Noam perd pour la première fois de sa vie toute assurance. Mais finalement, le jeune homme soupire et hoche la tête.
— Vas-y.
***
Zyad aurait dû se douter que ce qui s'est passé en cité allait finir par lui retomber sur la gueule. Déjà, quand le père d'Hakim s'est fait arrêté par la police et a dû fermer le chantier dont il était en charge, il a eu de la chance d'être embauché par l'un de ses anciens patrons. Mais il aurait dû être sur ses gardes.
Début mars, une semaine avant son anniversaire, son nouveau patron le convoque dans son bureau et le vire sans ménagement. D'abord choqué, Zyad reste figé face à l'homme qui lui a à peine jeté un regard par-dessus son ordinateur. Le bout de ses doigts glacés le démangent.
— C... Comment ça, viré ? bégaye-t-il stupidement, incapable de se souvenir de ce qu'il a fait de mal.
Le patron lui lance un coup d'œil méprisant avant de se reculer dans son fauteuil.
— Quel mot t'as pas compris ? lui demande-t-il d'une voix dédaigneuse. Tu prends ton manteau et tes chaussures pleine de merde et tu te casses d'ici. Pour toujours.
— Mais... Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ?
— T'as rien fait mon gars, les temps sont durs, tu sais ? Je suis obligé de me débarrasser de quelques gars et malheureusement, c'est sur toi que ça tombe. C'est le hasard.
Mais Zyad n'est pas stupide. La semaine dernière, le hasard a fait partir Moussa et Yassine. La semaine d'avant, c'était Ousman et Boubacar.
— Vous pouvez pas me virer comme ça, siffle-t-il entre ses dents. J'ai rien fait de mal.
— Écoute mon gars, j'ai pas le temps de t'écouter chialer. Je t'ai donné du travail, non ? J'ai été sympa. Alors te plains pas trop, OK ?
L'homme a parlé d'une voix calme mais son ton est lourd de menace. Zyad pourrait lui arracher les yeux avec ses ongles. La colère bouillonne dans son estomac au point de lui donner envie de vomir.
— Vous êtes qu'un fils de pute de raciste, crache-t-il en s'avançant vers le bureau. Un putain d'enculé de raciste de merde.
— Fais gaffe mon gars, le menace le patron en se saisissant du téléphone. Si tu dégages pas dans les dix secondes, j'appelle la police.
— Filez-moi l'argent que vous me devez alors.
— L'argent que j'te dois ? ricane l'homme d'un air mauvais. Estime-toi heureux que je t'ai bien payé dès le début !
— J'ai travaillé trois semaines depuis ma dernière paie, répond Zyad en serrant les poings. Je veux être payé pour ça.
— Et moi je te dis de dégager ta sale gueule d'Arabe d'ici.
Zyad ne saurait pas dire ce qu'il s'est exactement passé après cela. En une fraction de seconde, il s'est jeté sur son interlocuteur pour écraser son poing dans son nez, dans sa mâchoire, dans son estomac. Et il aurait continué longtemps si des employés alertés par les cris ne s'étaient pas précipités pour voir ce qu'il se passait.
Aveuglé par la rage, il ne se souvient pas bien des bras se refermant autour de lui pour l'arracher de son ancien patron. Il ne se souvient pas bien des insultes qui pleuvaient dans tous les sens, de ses poings qui frappaient dans le vide, de ses coups désespérés pour s'échapper de l'étreinte de ses adversaires.
Il ne se souvient que de la colère qui faisait exploser ses synapses, de ses phalanges écorchées qui le picotaient de ne pas s'être suffisamment écrasées contre le face de ce sale type, de sa poitrine brûlante alors qu'il prenait ses jambes à son cou pour échapper à la police dont il entendait la sirène au loin.
Ses mains tremblent encore lorsqu'il arrive à l'entrée de la cité. Les policiers en patrouille lui lancent un regard suspicieux mais le laissent passer sans encombre. Sûrement se disent-ils qu'il vaut mieux qu'il soit enfermé dedans que dehors.
Zyad a l'impression de se réveiller après un KO. Son cerveau marche au ralenti, sa vision est floue, la bile lui brûle la gorge. Il ne voit même pas Wafiq contre lequel il se cogne dans les escaliers de son immeuble. Il faut que son frère referme ses mains puissantes autour de ses épaules pour qu'il consente à relever la tête et plonger son regard vide dans le sien. Le visage brun de Wafiq se crispe d'inquiétude en voyant celui de son frère, habituellement si gai et expressif, plus livide qu'un cadavre.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? lui demande-t-il calmement en passant une main dans ses cheveux.
Il a bien vu l'hématome sur la mâchoire de Zyad et ses phalanges écorchées, mais il ne veut pas le brusquer. Si quelqu'un lui a fait du mal, cet homme est mort dans tous les cas.
— Je les hais, murmure finalement le plus jeune au bout de longues secondes.
Ce dernier se mord la lèvre jusqu'au sang pour ravaler sa colère et son envie de pleurer.
— Je les hais tellement, Wafiq, je voudrais qu'ils meurent tous...
Ces quelques mots ont raison de lui et il serre davantage les poings pour empêcher les larmes qui obstruent sa vision de couler sur ses joues. Sans faire de remarque là-dessus, Wafiq attire son petit frère contre lui et lui frotte doucement le dos.
— Je sais, répond-il d'une voix trop calme pour ne pas paraître menaçante. On va se venger. Je te promets qu'on va se venger.
* Al hamdoulillah : littéralement " Louange à Dieu ", formule de gratitude adressée à Dieu pour tous ses bienfaits
* ya omri : littéralement " ma vie ", surnom affectueux qui peut s'apparenter à " mon amour "
NDA : Hello tout le monde ! J'espère que l'histoire vous plait toujours et que vous prenez plaisir à découvrir cet univers. Comme d'habitude, n'hésitez pas à me faire part de vos réactions, je suis curieuse de voir si vous êtes réceptif.ive.s à ce type d'histoire :)
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