RDV de l'Avent - J8 - Marie
J8 Marie
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- Ne me dis pas que tu pleures encore devant un film de Noël...
- Tu vas être en retard.
- Pourquoi tu ne viendrais pas passer Noël avec nous ? Tu sais que papa et Luc en seraient ravis.
- Je sais ma chérie... mais...
- Mais quoi ? Tu ne crois pas à la magie de Noël, mais tu passes ton temps à regarder des films niais...
- La magie de Noël n'existe pas, je le sais bien. Mais les miracles existent...
- Et tu penses que ton prince charmant va venir frapper à ta porte quand tu t'y attendras le moins...
- Non mais,... Marc commence à s'impatienter. Allez ! file... et n'oublie pas de passer de bonnes fêtes. Je t'appellerai...
- Toi aussi, maman, et t'as intérêt.
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Marie avait trente ans quand son meilleur ami lui demanda de faire un bébé pour Noël. Au début, elle n'y croyait pas. Mais petit à petit l'idée fit son chemin. Elle acheta des tests d'ovulation et se mit à surveiller ses températures matinales. Le grand jour finit par arriver : son corps était fin prêt.
Marc arriva, un beau bouquet de roses blanches dans les bras. Marie s'en amusa, mais n'en menait pas large. Elle était en stress total. C'était la première fois pour elle.
Pour Marc aussi, c'était une première mais à sa façon, car il aimait les hommes.
Ils se mirent rapidement au lit, et décidèrent de ne pas s'embrasser. Leurs positions maladroites, et la gêne qu'ils ressentaient, éloignaient tout succès, et ils finirent par s'endormir, chacun de son côté du lit. Au petit matin, au bénéfice de l'érection physiologique, Marc titilla celle qui était encore sa meilleure amie. Le coït eut finalement lieu, et ils se quittèrent peu après.
Neuf mois plus tard un bébé naquit pour Noël. Ses parents l'appelèrent Noëlle.
*
Marie reprit sa vie d'organisatrice de salons littéraires. Elle était très appréciée pour son franc-parler, tout en restant consensuelle. Elle y consacrait tous ses weekends. Elle voyait sa fille en semaine, où elle s'en occupait à plein temps. Les week-ends, Noëlle les passait avec Marc et Luc, son mari. Avec le véto Marc, et le médecin urgentiste, Luc, Noëlle ne manquait de rien. Pourtant elle ressentait l'absence de sa maman comme une blessure, et notamment au moment des fêtes.
Les fêtes de Noël étaient un moment très particulier pour Marie : il n'y avait pas de salon à organiser pour le début d'année, alors elle passait son temps en compagnie de ses nains de jardins et de sa télé.
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Ce matin-là, Marie avait mis son réveil assez tôt pour appeler sa fille, et lui fêter son anniversaire. Elle avait pris l'habitude de l'appeler le 24 décembre à 6 heures une précises. Noëlle aussi avait mis son réveil, et attendait patiemment. Mais la sonnerie ne retentit pas.
Noëlle vérifia l'état de son téléphone,et remarqua un appel en absence. Marie avait appelé dans la nuit et avait laissé un message incompréhensible : « Je... t'...me... m... ché... r ». Noëlle rappela, mais Marie ne répondait pas. Inquiète, elle réveilla Marc et Luc, qui finirent par appeler les pompiers.
C'est à la hache que ces derniers forcèrent la porte de la maison de Marie. Ils la retrouvèrent au pied de son lit, le téléphone serré dans la main.
Les funérailles eurent lieu quelques jours plus tard. Marie fut inhumée dans le caveau familial, pas loin de la frontière luxembourgeoise. À quinze ans, Noëlle hérita de la petite maison de sa mère, et surtout du domaine de ses grands-parents, qu'elle découvrait pour la première fois. À 18 ans, elle y retourna, seule cette fois. C'était une vieille bâtisse à retaper entièrement, mais le jardin était en excellent état. Elle y découvrit les nains de jardins de sa mère, assemblés autour d'un rosier géant, planté dans une espèce de petit wagon, rouge et vert, portant le chiffre 8. Le rosier portait des fleurs couleur de neige.
Un jardinier se tenait non loin. Il avait une rose blanche à la main droite, et une lettre à la gauche.
© WafaBabin
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