RDV de l'Avent - J19 Urbain
J19 Urbain
À la SPA de Brouvelieures, un convoi de chiens de chasse arrivait d'un élevage pour maltraitance. Comme à chaque fois dans ces cas, l'équipe était dépitée. Elle savait que malheureusement les mauvais éleveurs seraient à peine inquiétés par la justice.
Dans le lot, un petit chiot Grand bleu de Gascogne attira le regard de Théophile.
Ce chien de la famille des bleus de Gascogne possédait une robe blanche mouchetée et tachetée de bleu-noir. Théophile eut un coup de cœur pour cet animal dont la race était réputée intelligente et très attachée à son maître. Il signa les papiers d'adoption et prit chez lui celui qui devint Urbain. Aucun des deux n'eut à le regretter.
*
Peu après, Théophile trouva un poste de gardien et maître-chien d'une grande bâtisse laissée à l'abandon. La propriétaire parlait de projets de remise aux normes et souhaitait protéger ses efforts par la présence d'un bon chien de défense et d'un maître loyal. C'est ainsi que Théophile et Urbain entrèrent au service de la famille Berger, et de Marie en particulier.
Urbain n'était pas ce qu'on pouvait appeler un chien de défense : il était plutôt taillé pour la chasse. Théophile aimait d'ailleurs le contempler dans sa position d'attente en équilibre lorsqu'il repérait une proie digne de lui. Il avait de plus beaucoup d'affection pour son maître, et suivait tout ce que ce dernier lui demandait. Il n'eut toutefois pas beaucoup d'interventions à réaliser puisque le lieu était calme, et la présence d'un jardinier aussi impressionnant que Pierre Fourier – notamment quand il était armé d'une baguette et d'un pot de margarine – aurait suffi à éloigner n'importe quel badaud.
En plus du domaine, Urbain avait reçu la charge d'un objet particulier : un des wagons de Saint Nicolas : à l'époque où les wagons étaient encore entreposés en extérieur, Urbain avait élu domicile dans l'un d'entre eux. Pourquoi celui-là en particulier, nous ne le saurions sans doute jamais, mais Marie avait compris cet attachement et avait accordé à Urbain la protection du wagon 19, dont il devenait de facto gardien attitré.
*
Ce jour-là, Noëlle repassa voir l'avancée des travaux. Elle était surtout impatiente de découvrir tous les wagons dont elle avait tant entendu parler. Ce jour-là, Pierre, Théophile et Urbain étaient là pour l'accueillir. Ils étaient des témoins de la présence de sa mère sur terre, et étaient vraisemblablement les derniers à lui avoir parlé. Ce jour-là des sourires et des larmes furent concédés de chaque côté, et Noëlle cette nuit-là dormit en paix pour la première fois depuis la disparition de sa maman.
© WafaBabin
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