J11 Daniel

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Daniel était un cordonnier, créateur de chaussures sur mesure et inventeur patenté. Parmi les bizarreries de sa boutique, on pouvait trouver des chaussures aux semelles en raquette, des parapluies indestructibles au vent, et un ancien wagon de mine.

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En fouillant les affaires de sa mère, Noëlle trouva une coupure du Dauphiné Libéré où Daniel posait avec ses fameuses chaussures-raquettes devant un wagon rouge et vert portant le numéro 11. Noëlle prit le bout de papier gris, et alla demander à Pierre s'il était d'accord pour l'y conduire.

Pierre eut un moment d'hésitation. Il fit remarquer à la fille de Marie que la photo datait des années 90, et qu'il était possible que le fameux Daniel ne soit plus en vie.

- Tu crois !

- Les gens de la montagne connaissent des vies difficiles et c'est rare qu'ils vivent au-delà de 80 ans.

Noëlle fixa l'image quelques instants avant d'insister à nouveau pour que Pierre l'accompagne.

- Tu es bien la fille de ta mère. Elle, au moins, avait une raison de ne pas rester seule. Mais toi ?

- Moi, je suis la fille de ma mère.

Et tous deux se mirent à rire.

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Noëlle loua une voiture tout confort pour faire les 5 heures de trajet séparant la bourgade alsacienne de la petite ville savoyarde. Elle ne le dit pas directement à Pierre, mais elle ne se sentait pas de faire toute la route dans sa Supercinq.

Arrivés à l'endroit indiqué dans le journal, ils le trouvèrent fermé. Ils s'y attendaient, mais la déception de Noëlle était encore plus grande que sa fatigue.

Pierre lui proposa de manger quelque chose avant de partir à la pêche aux infos.

À la terrasse d'une brasserie, ils demandèrent à quelques locaux s'ils connaissaient Daniel. À leur grand étonnement, la plupart n'étaient pas originaires de la région. C'est la patronne qui leur donna le meilleur tuyau : « son petit-fils habite l'ancienne gare. C'est la dernière maison du village. »

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FX balayait devant la porte quand une voiture de luxe s'arrêta, vraisemblablement pour demander son chemin. Il s'en approcha. Noëlle descendit côté passager, suivie de Pierre.

- Bonjour Monsieur, nous cherchons monsieur Daniel Fantini. Sommes-nous à la bonne adresse ?

- Qui le demande ?

- Noëlle Berger et Pierre Fourier.

- Berger, comme Marie ?

- Oui Monsieur, Marie était ma mère.

- Et Daniel était mon grand-père.

- Pourrions-nous entrer ?

- Oui, bien sûr...

Après avoir partagé un café, Noëlle sortit la coupure du journal. Elle voulait en savoir plus sur le wagon. FX ne connaissait rien au wagon 11, mais il leur montra le 3 qui trônait parmi les inventions de son grand-père. Noëlle s'émerveillait devant l'ingéniosité qui habitait les murs du bâtiment.

- Sauriez-vous où je peux trouver le 11 ?

FX ne savait pas vraiment mais il se rappela d'un plan du pays, ainsi que des nombreuses pièces inutilisées depuis son arrivée dans la gare. Il prit le gros trousseau de clés, et partit faire l'enquête avec ses invités.

Armée de son portable hors de prix, la jeune femme prit toutes les notes, et photos nécessaires, pour ne rien oublier de ce merveilleux bric-à-brac. Ils trouvèrent la fameuse carte qui peuplait les souvenirs de FX. Des petits drapeaux étaient placés un peu partout dans l'Est du pays. La plupart étaient au Nord, mais quelques-uns se trouvaient au sud. Les numéros 3 et 11 étaient portés sur le même point du plan.

FX avait usé toutes les clés et ne voyait pas d'autres endroits à ouvrir. Noëlle affichait le visage de la déception, mais Pierre restait pensif.

- Et la boutique du cordonnier ?

Les quatre regards se dirigèrent vers lui. La boutique était abandonnée depuis des années, mais FX savait comment l'ouvrir. Ils descendirent dans le bourg, muni d'une clé à mécanisme secret.

Noëlle en resta bouche bée. La boutique ressemblait à la caverne artificielle préparée par Marie et Romaric. Tout y était ou presque : le 10 de là-bas était simplement remplacé par un 11 ici.

Le soir, Lili se joignit au groupe, et décida de les suivre dans leur quête.

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