Rdv de l'Avent - J10 Romaric
J10 Romaric
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À 20 ans, Romaric avait tout pour lui. Un joli physique, un esprit vif et une conversation agréable. Il habitait dans un des maisons construites par la famille Berger pour les employés des anciennes manufactures.
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Ce jour-là, Pierre faisait faire le tour du propriétaire à Noëlle. Malgré le château et les jardins luxueux qui l'entouraient, elle n'avait pas pris conscience de la fortune de sa mère. Il faut dire que Marie vivait modestement : dans sa petite maison vosgienne, rien ne trahissait son statut d'unique héritière de la famille Berger.
— Si ça n'vous embête pas, j'aimerais vous présenter quelqu'un.
Pierre introduisit sa jeune patronne dans l'une des maisons du village. Du chocolat chaud parfumé et des gâteaux alsaciens les attendaient. Odile aussi.
— Nous attendons encore du monde ? questionna Pierre.
— Les Antoine devraient arriver d'un instant à l'autre.
— Mais maman, je t'avais dit…
— Les Antoine sont de la famille, et Marie les aimait beaucoup.
On sonna à la porte.
— Noëlle, je vous présente ma sœur Othilie, son époux Gilles et leurs trois enfants Romaric et les jumeaux Loïc et Benjamin.
— Enchantée.
Une fois les présentations terminées, tous se mirent à table. Le pain d'épices et le chocolat, aussi aux épices, étaient tellement bons que Noëlle en redemanda.
Les jumeaux se mirent à chantonner, et Pierre s'installa au piano.
— C'est Marie qui lui a appris à en jouer. Et ce son feutré, c'est particulier au piano crapaud.
Noëlle détourna son regard de Pierre. Cette voix rauque était celle du père Antoine.
— Plus j'avance et plus je découvre des choses sur maman. Je ne comprends pas pourquoi elle ne m'avait rien dit de vous, et de tout ça.
— Elle se sentait prisonnière des responsabilités de son monde. Je pense qu'elle voulait vous protéger en vous permettant de profiter de la vie, répondit Odile.
— Quand elle venait par ici, elle venait à chaque fois s'assurer que nous ne manquions de rien. Nous allions pêcher à l'étang, et nous restions des fois des heures à discuter.
— Vous parliez de quoi, Monsieur ?
— Des enfants, surtout de Romaric et de vous. De l'avenir qu'elle souhaitait pour vous. Saviez-vous qu'elle était la marraine de tous nos enfants ?
— Non, et je me rends compte que j'ai encore beaucoup de choses à apprendre sur elle.
— Si vous avez besoin de quoique ce soit, vous pouvez demander à Romaric et à Pierre. C'est eux qui passaient le plus de temps avec elle, répondit Othilie.
— Pierre surtout, renchérit Odile, ils ont longtemps fréquenté le même établissement.
— Merci, je m'en souviendrai.
Noëlle alla s'asseoir à côté de Pierre et commença à faire quelques accords. À deux, ils pianotèrent quelques gammes avant de se lancer dans l'Ave Maria de Schubert. Romaric y rajouta sa voix de contre-ténor. C'était incroyable de pureté. Un moment hors du temps qui fait couler quelques larmes.
Après cet intermède musical, les deux jeunes sortirent se dégourdir les jambes.
— Si vous n'êtes pas trop fatiguée pour marcher, j'aimerais vous montrer quelque chose.
— C'est quoi ?
— Le jardin des merveilles de Marie.
— Vous arrivez un peu tard, Pierre a déjà fait les présentations.
Romaric eut un sourire en coin.
— Non pas celui-là.
Romaric conduisit Noëlle dans une grotte artificielle en verre poli, où vivaient paisiblement des fées, des nains, des elfes, des princes et des princesses. Au fond de la grotte, une statue de Saint Nicolas se dressait à côté de 3 enfants dans un wagon rouge et vert portant le numéro 10.
Noëlle sourit devant la vision du numéro 10. Elle se rappela du train miniature du petit vosgien, et notamment de son wagon 10 dans lequel trônaient trois petits personnages en sel.
— Tu aimes ?
— Beaucoup.
— C'est à toi.
Noëlle interrogea Romaric du regard.
— Le numéro 10 pour toi, disait toujours Marie. C'est le cadeau qu'elle préparait pour tes 18 ans. Quand elle a disparu, j'ai essayé de finir le travail.
— Seul ?
Romaric hocha la tête, affirmatif. Noëlle se jeta alors dans ses bras, en larmes.
© WafaBabin
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