Chapitre 3 Xavier
Il faut vraiment que je me change les idées. Depuis le mariage de Capucine, je me terre chez moi et me morfonds sur mon triste sort. Mais je n'en peux plus, ce n'est pas moi ça. Ce n'est pas dans mon tempérament de me laisser aller. C'est décidé, ce soir je sors. Cela va me faire le plus grand bien. Et pourquoi pas me trouver une petite nana à baiser. En attendant, il faut que j'aille bosser. Depuis que Capucine m'a laissé la gérance de son salon de tatouage, je me sens revivre. Je suis heureux d'avoir récupéré ce qui me venait de plein droit. Ce salon, c'est ma maison et toute ma vie. J'y ai grandi, je passais tout mon temps libre ici avec mon père. Pendant qu'il tatouait, moi je faisais mes devoirs où je dessinais. En fait, je noircissais mes feuilles à dessin d'un seul et même croquis. Le visage de ma mère. Je ne dessinais qu'elle. Et pourtant, elle n'a jamais posé pour moi. Tous mes dessins sont faits uniquement de mémoire. Je n'ai qu'à fermer les yeux pour voir son visage rayonnant, son magnifique regard bleu, dont j'ai hérité, son petit nez retroussé et son sourire qu'elle avait toujours en me voyant. Ma mère était une femme absolument sublime, toujours de bonne humeur. Elle nous aimait, mon père, mon petit frère et moi d'un amour indescriptible. Malheureusement, sa mort nous a laissé un vide énorme. Et ce depuis 10 ans maintenant. Son putain de cancer l'a emporté en seulement deux mois. Il a été diagnostiqué beaucoup trop tard. Je n'avais alors que 15 ans et mon frère 10. Cela a été très dur pour lui. Bastian a été adopté par mes parents alors qu'il n'était qu'un bébé et ne connaît pas ses origines. Ma mère et mon père ne lui ont jamais caché le fait qu'il soit adopté, et lui ont dit que si un jour il voudrait faire des recherches pour savoir d'où il venait, ils seraient présents pour l'aider dans ses démarches. Mais jusque-là, Bastian qui a 20ans maintenant, n'en a pas exprimé le besoin. A moins qu'il ne le cache.
Ma mère n'étant plus parmi nous, s'il veut, je serais là pour lui. Je l'aime comme s'il avait le même sang que moi. Je suis très protecteur envers lui, à la mort de maman, je l'ai pris sous mon aile, pour qu'il remonte la pente. Mon père était trop souvent absent. Il passait tout son temps au salon ou au café pour noyer son chagrin dans l'alcool. C'est à cette période que j'ai commencé mes conneries, trop de responsabilités sur mes épaules du jour au lendemain. Je n'ai pas tenu le coup. Alors je me suis mis à voler des voitures, à fumer des joints et à dealer. Je n'en suis absolument pas fier, mais ça aura eu l'avantage de faire ouvrir les yeux à mon vieux. Nous nous sommes pris la tête plus d'une fois et pour m'avoir à l'œil, il m'a pris en apprentissage dans son salon de tatouage. J'ai commencé par faire toute la petite merde de débutant, sans toucher une seule fois les démographes. Après avoir obtenu ma formation je suis resté auprès de mon père pour lui prouver que je n'étais pas le bon à rien qu'il pensait, malgré la mauvaise entente entre nous. Alors quand il a pris sa retraite et laissé le salon à la gérance de Capucine, ça a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Je suis parti de chez lui en prenant un appartement et je ne lui ai plus adressé la parole. Mais je sais qu'il s'en veut et qu'il aimerait bien renouer le contact, mais pour le moment il faut déjà que je tire un trait sur Capucine. Et ensuite, peut-être que j'envisagerais de lui reparler. Mais en attendant, je termine ma journée de travail et je sors. J'ai besoin d'évacuer toute cette merde qui me broie le cœur.
********************
Je ferme enfin la porte du salon à clé. Cette journée a été éprouvante, peu de monde mais de grosses pièces à réaliser. Je rentre chez moi et m'écroule comme une grosse merde sur mon canapé, mais je me relève aussitôt, sinon je ne sortirais encore une fois pas et je finirais par ressasser le passé, encore. Je file sous la douche et le jet d'eau chaude qui coule le long de mon corps me fait un bien fou. Après m'être savonné, je me rince et sors de la douche. J'ai la fainéantise de me raser, alors je fais l'impasse dessus, ça sera pour demain, ou pas. J'enfile mon plus beau jeans et une chemise blanche que je ne boutonne pas complètement, laissant ainsi apparaître quelques tatouages, les femmes en raffolent. Je suis enfin prêt, je vais pouvoir aller décompresser. Même si je n'ai appelé personne pour venir avec moi au bar, je sais que j'y retrouverais mes potes. Nous sommes vendredi soir, ils y sont toujours fourrés. Je sors de mon appart et monte dans ma voiture. Si je compte ramener une gonzesse dans mon pieu, il ne vaut mieux pas prendre ma moto, même si c'est un piège à nana.
Il est 22 heures quand j'arrive au bar. Il est déjà blindé de monde, et je remarque d'éventuelles proies se trémousser sur la piste de danse. Dis donc ! Il y a du choix de première classe ce soir. Je vais au bar pour me commander un verre de vodka et comme je le savais, Harry est déjà là. Je lui fais une tape sur l'épaule.
- Salut mon pote. Je lui dis.
- Eh, salut Xavier.
- Comment vas-tu depuis la semaine dernière ?
- Bien et toi ? Tu es venue à la chasse ?
- Oh tout de suite les grands mots. Mais oui tu as raison, il y a quelques petites beautés ce soir.
- Oh oui, certaines sont déjà en chaleur. Ma queue s'en souvient encore. Il plaisante.
- Quoi, déjà ? Tu ne perds pas le nord, toi.
- Et bien écoute, la petite m'aguichait depuis presque une heure, tu me connais, j'adore rendre services aux autres.
- Bien sûre, quelle âme charitable tu as.
Nous continuons à papoter comme de vraies gonzesses autour d'un verre. Harry me parle de son boulot de mécanicien. Il aimerait bien ouvrir son propre garage, mais a peur de se planter. Chose que je peux comprendre. Ce n'est pas toujours facile de gérer une boîte. Surtout quand il y a des employés dans la balance. Moi, j'ai de la chance que le salon marche du tonnerre. Même depuis le départ de Capucine, tout roule. Et merde ! Voilà que je repense à elle alors que je suis ici exprès pour l'oublier.
Harry est parti danser avec sa future proie. Moi, je suis toujours au bar à boire un énième verre de vodka. Je ne détache pas mon regard du corps en mouvement d'une petite brunette. Je ne la vois que de dos, mais elle a une façon de bouger, à la fois incertaine mais sûre d'elle. Je suis comme hypnotisé, je n'arrive plus à bouger, mon cœur palpite au son de la musique obsédant mon esprit d'images pas très pur, de la brunette et moi. Je ne sais pas combien de temps je reste là, planté comme un imbécile, à mater une nana qui semble danser que pour elle-même. Je vois bien qu'elle ne cherche pas à entrer en contact avec qui que ce soit. Elle est dans sa bulle et ne fait pas attention à ce qui se passe autour d'elle. Elle est totalement déconnectée de la réalité, absorbée par la musique qui lui traverse tous les pores de sa peau magnifique. Sa robe en paillettes argentés se reflète tel une boule à facette. Comme dans un rêve, doucement, elle se retourne. J'ai l'impression qu'elle cherche quelqu'un, à moins qu'elle ait senti mon regard insistant sur elle. Elle est magnifique, et son regard noisette se pose enfin dans le mien. Mon souffle se coupe et mon cœur rate plus d'un battement. Je suis en train de dérailler, j'amorce un pas pour aller à sa rencontre mais je la vois s'affoler à la limite de la panique. Je n'ose plus bouger et la regarde partir en courant. Je ne sais pas ce qui l'a fait fuir comme ça mais j'espère que ce n'est pas moi. Je la suis des yeux, mais la perds dans les remous des corps bougeant au rythme endiablé de la musique. Et merde ! Je me décide quand même à partir à sa recherche mais je ne la trouve nulle part. Je ne sais pas ce que cette nana a de plus que les autres mais la détresse que j'ai aperçu sur son visage, m'a fait mal. J'éprouve l'envie et le besoin de la protéger. C'est n'importe quoi ! Je l'ai vu quoi ? Deux minutes ? Je retourne au bar et commande un nouveau verre de vodka. Je le vide d'un trait, puis je vais saluer mon pote et rentre chez moi. Finalement cette soirée m'aura servie a rien. Je reviens bredouille et légèrement ivre de mes quatre ou cinq verres d'alcool. Je fini par m'écrouler sur mon lit et les bras de Morphée ne tarde pas à venir m'entourer.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top