Chapitre 2 (partie 1) Marie
Je me lève avec un goût amer dans la bouche. Aujourd'hui c'est mon anniversaire, mais je n'ai pas envie de le fêter. J'ai 35 ans, mais quand je me regarde dans le miroir, j'ai l'impression d'en avoir dix de plus. Je passe ma vie en revue mais le constat est bien triste ! J'ai l'impression de ne rien avoir accompli de bien. Je n'ai jamais voyagé, ni bu une goutte d'alcool ni fumé. Je ne suis même pas sortie une seule fois en boîte de nuit pendant ma jeunesse. Mon adolescence m'a été arrachée par un soir de février. J'ai passé mon quatorzième anniversaire, seule et abandonné de tous. Depuis, je n'ai jamais plus voulu le fêter. C'est à partir de ce jour-là que je me suis renfermée sur moi-même et que je me suis mise à aimer le calme, la solitude et le silence. Je vais sûrement finir vieille fille entourée de dizaine de chats. Merde ! j'y suis allergique.
Bref, je ne me suis jamais amusé, et en ce moment, j'en éprouve le besoin. J'ai envie de découvrir celle que j'aurais pu être si j'avais fait d'autres choix que ceux que j'ai pris. Je ne fais rien de ma vie, à part mon boulot. Je pars tôt pour rentrer tard. J'ai très peu de vie sociale, pas le temps pour ça. Au grand désarroi de mes deux meilleures amies. Gwendoline et Allison, elles sont toutes les deux mon contraire. Elles sortent tous les week-ends, se tapent tous les mecs qu'elles veulent. Je ne les comprendrais jamais, moi c'est tout juste si j'arrive à accoster un mec, je suis beaucoup trop timide. Ou cela vient de mon traumatisme d'adolescence. Et cela m'a toujours posé des problèmes. Même encore maintenant alors que je suis adulte. Jamais je ne fais le premier pas, et si c'est lui qui le fait, je recule de deux, tant la peur me noue l'estomac. A mon âge, ce n'est tout simplement plus gérable. J'aimerais tellement ne plus ressentir ce mal être et vivre une vie normale, comme tout le monde.
Nous avons toutes les trois le même âge. Nous nous sommes connues à l'école primaire, et suivis jusqu'à l'université. Nous avons juste été séparées pendant un an, lorsque nous avions quinze ans, à la suite de mon« problème ». Mes parents, ne m'ont pas soutenu face à cela, ne me croyant pas, ils m'ont envoyé dans une pension spécialisée. J'en suis ressortie complètement brisée. Depuis cejour-là, je ne suis plus la même. Je ne parle plus à mes parents, ne leur ayant jamais pardonné leur trahison envers moi. Seuls eux sont au courant, Gwendoline et Allison ne savent rien, même si ce n'est pas faute de vouloir savoir ce qu'il s'était passé à cette époque. Depuis, elles essayent constamment de me redonner la joie de vivre. Et je leur en suis énormément reconnaissante. Sans elles, je ne serais certainement plus de ce monde. C'est peut-être pour cela qu'elles sont si extravagantes !
Il est six heures du matin, il faut que je me prépare pour aller travailler. Je rentre dans la douche et me glisse sous le jet d'eau chaude. Cela me fait un bien fou, sentir l'eau ruisseler sur mon corps, détendre mes muscles endoloris par le manque de sommeil que cette date engendre chaque année. Je fini de me laver et sors de la douche, j'enfile mon tailleur gris, me maquille légèrement, afin de masquer les effets ravageurs d'une mauvaise nuit puis remonte mes cheveux en queue de cheval haute. Une fois prête, je me dirige vers la cuisine pour me préparer un café. Je ne peux pas me passer de ma dose de caféine journalière, sinon je risque de ne pas être très productive. Je suis directrice d'une agence immobilière. Nos biens, proposés en vente ou en location ne sont que du haut standing. Nôtre clientèle est uniquement composée de riches entrepreneurs, de milliardaires, d'acteurs célèbres. Je me dois donc d'être au top du matin au soir. J'aime mon travail, il est ma bouée de sauvetage, celle qui me tient à flot pendant la journée. Dans mon agence, nous sommes trois. Mes deux collaboratrices, Gwendoline et Allison et moi. Et oui, même au travail, nous sommes ensemble. Mais aujourd'hui, je ne suis pas sûre d'être aussi contente de travailler avec elles. Elles vont à tout prix vouloir que nous sortions ce soir pour mon anniversaire. Je les connais tellement bien, tous les ans c'est la même chose, et tous les ans je leur réponds toujours non. Mais j'ai pris de nouvelles résolutions, il faut que je sorte de cet enfer que je me fais vivre. Alors cette fois-ci, je vais leur dire oui. J'ai hâte de voir leurs têtes. En attendant, à force de rêvasser, je vais finir par arriver en retard à l'agence. J'avale mon café d'une traite, rince ma tasse et la pose à sécher sur l'évier. J'attrape ma veste accrochée sur le porte-manteau dans l'entrée et la mets, je vérifie dans mon sac que j'ai tout ce qu'il me faut et claque enfin la porte derrière moi. En route pour le travail et ma nouvelle vie !
J'ouvre l'agence avec dix bonnes minutes d'avance et me dirige vers mon bureau, quand j'entre dedans, je pousse un cri d'effroi.
— JOYEUX ANNIVERSAIRE ! Crient les deux timbrées qui me servent de meilleures amies.
— Vous êtes folles ! Mais merci les filles.
Elles me sautent toute les deux dessus et me font des bisous à n'en plus finir. Nous gloussons comme des dindes et cela fait énormément de bien de rigoler comme ça. Je fini par reculer, sinon elles vont réussir à m'étouffer.
— Allez les filles, on se reprend, nous avons du boulot.
— Oh la rabat-joie ! Tu n'as même pas ouvert ton cadeau. S'exclame Gwendoline.
— Tiens, je suis sûr que ça va te plaire. Me dit Allison en me tendant une magnifique enveloppe rouge, que j'ouvre délicatement.
— Non, mais vous êtes tarées ! Jamais je ne pourrais y aller. Non, non c'est hors de question !
— Oh non ! Crois-moi, tu vas t'y rendre, ton rendez-vous est déjà fixé. Et pour être certaine que tu ne fasses pas machine arrière, on vient aussi. Tu as juste à te trouver ce que tu veux te faire. N'est-ce-pas Gwendoline ?
— Tout à fait ! Tu vas voir, ça va être génial.
— Non, mais sérieusement, les filles. Un tatouage à mon âge ?
— Mais il n'y a pas d'âge pour en faire un. Renchérit Gwendoline.
— Et il est prévu pour quand ce rendez-vous ?
— Demain après-midi. Me répond Allison.
— Ok, ça ne me laisse pas trop le temps de chercher un modèle. Vous exagérez les filles.
— Mais non, je suis sûre que tu vas vite trouver. On sait très bien que tu aimes les tatouages. Tu n'arrêtes pas de regarder les sites spécialisés.
— Oui, mais cela ne veut pas dire que j'aurais passé le cap un jour.
— Ah, ben demain cela sera chose faite. Ricane Allison.
— Bon allez les filles, hop au travail, nos maisons ne vont pas se vendre toute seule.
— Attends ! Tu ne veux pas sortir boire un verre ce soir ? Il faut bien fêter ton anniversaire comme il se doit. Demande Gwendoline.
— Avec plaisir les filles. Je rigole, à voir leurs mâchoires se décrocher sous la surprise de ma réponse positive.
— Gwendoline, tu as entendu la même chose que moi ?
— Oui, oui Allison je crois bien qu'elle a accepté.
Elles poussent toutes les deux de grands cris en sautant sur place comme de vraies gamines. Je regrette déjà ma décision, elles vont se faire un plaisir de rendre cette soirée mémorable.
Le reste de la journée passe à la vitesse de l'éclair. A croire que même le temps est pressé de me voir sortir ce soir. Moi, je stresse déjà rien qu'àl'idée de devoir aller dans un endroit rempli de monde. Je vais me faire violence, mais je me dis que c'est pour mon bien. Il faut que je sorte de cet engrenage qu'est devenu ma vie. J'ai 35 ans et je n'ai rien fait de toute ces années. Elles sont perdues mais je compte bien passer outre mon traumatisme pour enfin revivre.
C'est l'heure de fermer l'agence et au moment de me diriger vers ma voiture les filles me retiennent par le bras.
— Et tu comptes aller où par-là ? Me demande Allison.
— Chez moi pour me préparer pourquoi ?
— Oh non ma fille !Tu viens directement avec nous, on ne prend pas le risque que tu te défile. Rajoute Gwendoline.
— Mais je n'ai pas d'affaires. Je proteste.
— Comme si tu avais ce qu'il te fallait chez toi. Nous savons toutes les trois que ton armoire ne contient que tes tailleurs sombres.
— Ah non, je n'ai pasque ça. J'ai aussi des jeans.
Les filles partent d'un fou rire qui, moi ne me fait pas rire du tout ! Je suis vexée, alors je me dirige vers ma voiture. Et tant pis pour ma résolution de sortir. Je peux très bien le faire un autre jour. La terre ne va pas s'arrêter de tourner pour autant.
— Allez Marie, ne boude pas ! On rigole, c'est ton anniversaire et on va fêter ça. Pour une fois que tu es d'accord ! Tente de s'excuser Allison.
— Oui prends pas la mouche pour si peu.
— Bon, ok. Mais n'en rajoutez pas les filles, sinon je vous jure que je rentre chez moi. Je leur réponds en soupirant.
C'est sur ce malaise que je leur emboîte le pas vers la voiture de Gwendoline. Elle déverrouille les portes et nous montons toutes les trois à l'intérieur. Le trajet jusqu'à chez elles est relativement court. Elles habitent en colocation à peine à cinq minutes en voiture. Le stress me gagne et je pris le Bon Dieu, même si cela fait au moins vingt ans que je n'y crois plus, pour qu'elles ne m'habillent pas comme une bimbo. Nous sommes enfin arrivés et c'est le cœur battant que j'entre à l'intérieur.
— Allez ma chérie, on va faire de toi la plus belle pour aller danser. Assure Allison.
— Oh oui, tu nous laisse te chouchouter. Tu vas voir tu seras MA-GNI-FIQUE. Renchérit Gwendoline.
— N'en faites pas trop non plus. Je ne tiens pas à ressembler à une pouf.
— Mais tu nous connais ! Tu sais bien que tu seras parfaite.
— Ben justement. Vous me faites peur toutes les deux, parfois.
— Mais non, ne t'inquiète pas. Allez, hop tu files sous la douche pendant que nous deux, nous te cherchons une tenue adaptée.
Je fais ce que les filles me disent et m'enferme dans la salle de bain. Je me déshabille et me glisse sous le jet à peine chaud, ce qui m'arrache un léger cri de surprise. Je prends tout mon temps sous la douche, je me savonne en me demandant ce qui m'attends ce soir. Je sors tout de même et me sèche, je ne prends pas la peine de m'occuper de mes cheveux, vu que Gwendoline va s'en charger. J'enfile un peignoir et retourne dans la chambre auprès de mes deux amies. Je ne vois pas les habits qu'elles ont prévu pour moi. Les garces, elles les ont cachées, et leurs sourires diaboliques ne me dit rien qui vaille. Allison se sauve vers la salle de bain, tandis que Gwendoline me fait signe de m'asseoir. Elle commence à me coiffer et je me laisse bercer par ces doux mouvements sur ma tête.
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