⤞ Chapitre 11 || Someone send me an angel

NDA : Le titre du chapitre est issu de la chanson I Fell In Love With The Devil d'Avril Lavigne.

Une semaine plus tard

Caitlin respirait. Après des mois passer à étouffer, ses poumons étaient enfin remplis d'air frais, qui se propageait dans tout son corps. Tout était plus merveilleux, plus fascinant et plus aspirant. Seulement huit journées s'étaient écoulées depuis la rupture, mais Caitlin avait l'impression qu'elles avaient duré des mois, tellement elle en apprenait sur elle tous les jours.

Par exemple, elle avait oublié à quel point travailler avec ses amis était motivant et reposant, sans avoir constamment à justifier chacun de ses déplacements et de ses actions. De même, elle avait appris, ou plutôt réappris, qu'elle aimait dessiner sur son lit, sans personne pour la tripoter sans son accord à ce moment-là. C'étaient des choses qu'elle ne pouvait pas faire, puisqu'elle n'avait pas besoin de Gaël pour les accomplir.

En fait, et c'était là toute l'horreur, il l'avait presque convaincue qu'elle avait besoin de lui pour tout. Se laver les dents, faire son devoir maison de maths, rédiger cette satanée dissertation sur la société et la morale, dessiner les formes et l'atmosphère qui la hantaient en cours, chanter. Tout. Elle devait avoir besoin de sa présence.

La jeune femme était dégoûtée lorsqu'elle se rappelait sa sensation de sa peau sur la sienne, sa bouche sur la sienne, et elle n'était pas sûre que cela change un jour. D'accord, le début avait été bien. Joli. Comme un vol de papillon arrêté dans le ciel. Et puis, tous les beaux papillons s'étaient retrouvés épinglés au fond d'une boîte hideuse.

Au final, elle avait essayé de faire des efforts, de donner sa personne. Et il avait pris, il avait pris tout ce qu'il pouvait prendre. Elle avait naïvement pensé qu'il n'était pas comme les autres, que lorsqu'elle lui donnerait ses faiblesses, il n'en ferait pas sa force pour obtenir d'elle ce qu'il voulait. Mais il l'avait fait. Il avait trahi sa confiance.

Le point culminant avait été ce fameux étranglement. A partir de là, se rendait-elle compte, elle s'était montrée intraitable. Ça avait été le déclic. Elle frissonna, songeant que s'il n'y avait pas eu ça, elle serait sans doute encore en train de se morfondre alors que la solution était là, sous son nez ! Il lui suffisait d'être honnête. Avec elle-même et avec lui.

Chaque jour, elle tombait un peu plus amoureuse d'elle-même. Et de Zoey, aussi. Mais surtout d'elle-même. Caitlin adorait la manière dont ses yeux ambre brillants ressortaient quand elle souriait, et la bienveillance avec laquelle elle était capable de considérer tout le monde. Elle était merveilleuse et elle le savait. Ça la rendait encore plus puissante. Son école d'arts, elle l'aurait. L'épanouissement, elle l'aurait.

Évidemment, elle n'avait pas reparlé à Gaël depuis leur rupture. Et elle ne s'en portait que mieux. L'odeur de l'automne, un imbroglio de champignons et de feuilles mortes ne lui avait jamais semblé si agréable, au point qu'elle rêvait de pouvoir en enfermer dans une bouteille de parfum et pouvoir la respirer à pleine bouche le reste de l'année. Et puis, la fragrance d'octobre lui rappelait Zoey. Zoey et ses pulls rouge et jaune ocre, Zoey et ses yeux verts comme les algues des fonds marins, Zoey et son rire préoccupé.

Maintenant qu'elle allait mieux et arrivait de nouveau à se concentrer sur les autres, elle voyait bien que quelque chose clochait chez son amie. Seulement, elle n'arrivait pas à mettre le doigt sur quoi. Ça lui rappelait l'année de seconde, quand Luke allait au commissariat toutes les semaines pour avoir des nouvelles d'Anna et qu'Emmy cherchait par tous les moyens à découvrir pourquoi. Elle grimaça : c'était encore Gaël qui avait causé une scène, peu après. 

Elle le chassa de ses pensées, aussi vite qu'il y était entré. Elle enfila sa veste et une épaisse écharpe. Elle devait rendre le livre de géographie qu'elle avait emprunté à la bibliothèque du lycée, et même si on était dimanche, les deux documentalistes ne tolèreraient aucun retard. Elle prit ses clés dans une main et le responsable de sa marche forcée dans la cour trempée par la pluie dans l'autre.

L'air d'octobre lui piqua le nez. Il commençait à faire froid. A la hâte, elle traversa la cour, maudissant le mauvais temps. L'arrivée à la bibliothèque fut un soulagement et elle ignora avec un dédain insoupçonné les remontrances des documentalistes parce que le livre était humide. Au moins, elle le rendait à temps ! Pas comme Luke, qui était coutumier des retards.

Bref, elle en ressortit d'une humeur maussade. Et se figea sur le pas de la porte. En face d'elle, Zoey marchait d'un pas vif vers le portail, ses cheveux épais rentrés dans sa capuche. Elle discuta brièvement avec les surveillants à l'entrée et s'éclipsa.

Caitlin se mordit la lèvre. Mais n'hésita pas une seconde. Elle partit à la suite de Zoey. Pour pouvoir sortir, elle prétendit devoir rentrer chez ses parents. C'est comme ça qu'elle se retrouva dans la rue, à suivre Zoey le plus discrètement possible. C'était fou, insensé, le contraire de ce que Caitlin avait toujours fait.

Cependant, elle en avait marre d'être tout le temps réfléchie et de peser le pour et le contre à chaque fois. A trop réfléchir, on finit par ne pas se lancer. Bref, elle serra plus fort les pans de sa capuche, s'assurant que son visage était bien couvert.

La tâche s'avéra plus difficile que prévu : il ne fallait pas que Zoey soit trop loin d'elle mais pas trop proche non plus. Elle grimaça quand une voiture la klaxonna, manquant de peu de lui rentrer dedans. Elle avait eu chaud !

Comme pour la mettre encore plus en difficulté, elle distingua Zoey disparaître dans une rame de métro. Caitlin maugréa des injures dans sa barbe et s'y faufila à sa suite. Heureusement pour elle, il y avait beaucoup de monde et Zoey portait son ciré jaune canari. Elle acheta un billet et la garda à l'œil. Et quand Zoey se glissa dans un tram, Caitlin retint son souffle.

C'était impulsif, irréfléchi ! Néanmoins, elle se glissa tout de même dans le wagon juxtaposé, profitant de la foule pour se cacher derrière un groupe d'ados débraillés. Et quand Zoey sortit à l'arrêt non loin des hôpitaux, elle manqua de peu de se faire repérer. Elle avait tellement voulu sortir vite qu'elle avait manqué de peu de bousculer celle qu'elle filait.

Et là, comble de la surprise, Zoey se dirigea vers l'hôpital d'un pas vif. A la nuit tombante. Un dimanche soir. Elle entra dedans sans se retourner et et Caitlin songea avec effarement que sa filature s'arrêtait là. Elle ne pourrait pas aller où elle irait.

Alors, elle fit la troisième chose fougueuse de la soirée. Elle s'assit sur un banc, juste à côté de la porte d'entrée, décrétant qu'elle l'attendrait de pied ferme.

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Bonsoir ! Comment allez-vous ? :)

Merci d'avoir lu ce chapitre ! 🖤

A samedi prochain ! ❤️

Prenez soin de vous 🧡

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