Chapitre 1
Petit Calme sentit Petite Racine remuer à côté d'elle, la douce odeur de la pouponnière remplissant ses petites narines de chaton. À moins que ce ne soit seulement celle de Pollen Blanc qui venait de rentrer dans la tanière.
Petit Calme ouvrit doucement les paupières, et elle n'eut que le temps d'apercevoir une vague forme devant ses yeux. La clarté beaucoup trop vive des lieux la força à les refermer immédiatement.
— Oh ! Tu as ouvert les yeux, Petit Calme !, s'exclama la voix de Pollen Blanc, sa mère.
Le chaton ne bougea pas, tandis que la reine l'encourageait à le faire à nouveau. Petit Calme se décida finalement à réessayer, et elle s'ouvrît à la lumière du lever de soleil naissant.
Mais au lieu de voir un visage émerveillé devant elle, un mouvement de recul figea Pollen Blanc. Dans le regard de la femelle, le chaton n'y vit que de la terreur, et une lueur de regret.
La petite chatte sut que sa mère n'était pas heureuse de voir ses prunelles.
Les lèvres de la belle chatte dorée tremblèrent, et elle bégaya.
— Tes... tes yeux, Petit Calme... Qu'est-ce qu'ils ont ?!
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Un chat au pelage brun pâle et aux yeux verts-gris fixait Petit Calme. La petite n'avait pas compté le nombre de félins qui étaient venus la voir depuis le début de la matinée, tous poussant des exclamations soit horrifiées soit émerveillées en voyant les yeux du chaton.
Personne n'avait prêté attention à Petite Racine, quand à son tour, la petite avait ouvert les yeux verts prairies. Seule Pollen Blanc l'avait félicité et lui avait fait sa toilette. Petit Calme s'était réfugiée auprès de sa sœur, et s'était blottie contre le doux pelage gris de Petite Racine.
Le chat qui dévisageait Petit Calme déclara avec mépris.
— C'est affreux.
— Plume de Lierre !, s'offusqua Pollen Blanc en se précipitant vers sa fille, l'entourant de sa queue touffue comme pour la protéger.
— Mais regarde-la, répliqua avec une moue dégoûtée le dénommé Plume de Lierre en se levant. On dirait un... on dirait une...
Le guerrier renifla et se détourna, sans terminer sa phrase. Lorsqu'il sortit de la pouponnière, un autre guerrier y entra précipitamment.
— Je... j'étais en patrouille !, s'exclama-t-il le souffle court, comme s'il avait couru.
Le matou au pelage gris clair se tourna vers Petit Calme, en se mordant la lèvre comme s'il craignait de voir quelque chose d'épouvantable.
Le chaton soutint le regard de son père.
— Tu es Coeur de Stalactites ?, miaula-t-elle avec sérénité.
Elle reconnaissait l'odeur du guerrier, et l'autre hocha la tête.
C'était son géniteur.
— Ce n'est pas si terrible que ça, fit-il après un moment.
— C'est ce que je n'arrête pas d'expliquer à tout le monde !, s'exclama Pollen Blanc. Il y en a même qui ont dit que c'était une malédiction du Clan Nocturne !
La femelle dorée sortit avec Coeur de Stalactites dans une discussion mouvementée, et Petit Calme se retrouva toute seule avec Petite Racine.
— Moi, je trouve ça joli, annonça la petite au pelage gris clair.
Le regard vert du chaton semblait désintéressé de la situation.
— Mais qu'est-ce que j'ai à la fin ?, questionna Petit Calme.
L'autre haussa les épaules.
— Dis-le moi, s'il te plaît !, supplia la petite chatte en sentant la colère enfler comme une boule dans sa gorge.
Petite Racine ignora sa sœur, et se roula en boule dans sa litière.
— Tous ces gens, ça m'a fatiguée, expliqua-t-elle en fermant les yeux.
Petit Calme resta aux côtés de sa sœur grise en lui redemandant et redemandant à nouveau ce qu'avait ses yeux qui fascinaient tout le monde, mais ça n'eut aucun effet...
Au bout d'un long moment passé à essayer de réveiller Petite Racine, Pelage de Ravin vint la voir pour lui dire de se taire, car le bruit qu'elle faisait empêchait les anciens de dormir. La petite voulut balancer toute sa haine à la figure de son oncle, mais elle ne fit rien et laissa juste ça gorge se serrer un peu plus d'incompréhension.
Elle s'assit sur le sol recouvert de mousse et replia sa queue autour de ses pattes. À côté d'elle, Petite Racine releva la tête.
— Tu as fini ?, interrogea le chaton gris.
Un sourire forcé fendit le visage de Petit Calme lorsqu'elle tourna sa tête vers le visage de sa sœur.
— Maintenant que tu es réveillée, on va pourvoir visiter le camp !, déclara la femelle.
— Je ne suis pas réveillée, tu m'as empêchée de dormir..., contredit Petite Racine.
Mais l'autre l'ignora, et déjà, elle sortait de la pouponnière pour trouver un chat qui lui dirait ce qui n'allait pas.
— Allez, viens !, cria-t-elle à sa sœur.
Petite Racine ne bougea pas.
— Allez, viens !, ordonna-t-elle un peu plus fort.
Le chaton gris souffla, et trottina vers Petit Calme. L'autre petite avait retrouvée toute sa joie, son désarroi éclipsé par la vue d'un ruisseau parcourant le fond du camp, à côté de la pouponnière.
Le chaton s'approcha du cours d'eau, et y observa son reflet.
Une petite chatte, au pelage blanc tigré de gris, se reflétait à la surface de l'eau... Le chaton avait le bout de la queue gris et touffu, le museau allongé, les moustaches noire ébène, et les yeux...
Petit Calme recula de quelques pas en hoquetant.
— Mais c'est... mais c'est horrible !, murmura-t-elle en sentant sa voix se briser à la fin de sa phrase.
Petite Racine la fixa avec nonchalance.
— Moi, j'aime bien...
— Mais... mais mes yeux !
Sa gorge se serra.
— Ils sont, ils sont..., s'étrangla Petit Calme.
Ils étaient violets.
Un espèce de pourpre mauve qui était censé n'aller qu'aux fleurs...
Sa sœur grise leva les yeux au ciel.
— Mais moi, j'aime bien...
L'autre petite au pelage blanc sentit son cœur s'alléger avec difficulté. Elle essaya de se convaincre:
Si Petite Racine aimait bien, alors c'était forcément que c'était joli, non ?
Ce raisonnement lui semblait un peu bancal.
— D'accord, souffla-t-elle la gorge se desserrant difficilement. Alors, on va visiter le camp ?, proposa-t-elle.
Petite Racine ne bougea pas d'un poil.
— On ne peut pas le faire après, je suis fatiguée, m...
Le chaton se fit couper dans sa phrase.
— Et bien, vous êtes sorties de la pouponnière, vous ?, s'étonna un chat au pelage brun-roux et aux yeux marrons-verts, en sortant d'une antre en face de la pouponnière.
— Vous êtes qui, déjà ?, questionna en baillant Petite Racine.
L'autre sourit.
— Je suis Moustache de Verdure, expliqua-t-il, le guériss...
Petit Calme le bouscula légèrement en entrant dans la tanière de laquelle il sortait.
La petite femelle traversa le rideau de lierre qui en cachait l'intérieur, et déboucha dans une petit cavité, éclairée par la lumière du jour. Quelques litières y étaient disséminées ici et là, mais une seule seulement semblait réellement occupée. Un petit boyau se découpait sur le côté de la cavité, et en l'empruntant, Petit Calme découvrit une seconde partie à l'antre. Des feuilles étaient disposées en différent tas, et une odeur aromatique emplissait le lieu.
— Woaw..., murmura la petite au pelage tigré de gris. C'est trop beau ici !
Moustache de Verdure apparut, et en lançant un regard inquiet aux feuilles près de Petit Calme, qui les reniflait avec curiosité, il lui indiqua de sortir.
— J'adore cet antre !, annonça le chaton en observant chaque litière du coin de l'œil, une fois retournée dans la première cavité.
— Heum... oui. C'est l'antre du guérisseur. Mon antre, en fait, expliqua le chat brun-roux.
— Ah oui ?
Petit Calme se tourna vers le chat en agitant la queue.
— Et ça sert à quoi ?
Moustache de Verdure la fixa en fronçant les sourcils. Il scruta ses yeux violets en marmonnant.
— Je lui avait bien dit que c'était risqué...
— De quoi ?, demanda Petit Calme.
L'autre agita sa queue pour lui signifier que ce n'était pas important.
— Être guérisseur, expliqua-t-il, ça sert à soigner les chats. Leurs maladies, leurs blessures... Aider les reines à mettre bas, aussi...
— Oh...
Le chaton aux yeux violets se tourna vers sa sœur.
— Ça à l'air génial...! Je voudrais travailler ici, quand je serai grande... Toi aussi, Petite Racine ?
La petite à la robe grise, qui était rentrée dans l'antre suite à sœur, répondit distraitement.
— Non, ça a l'air un peu ennuyant...
Le visage de Petit Calme se décomposa.
— Oui... c'est vrai, murmura la petite. Finalement, ce n'est pas si bien que ça...
— Ce n'est pas parce que je n'aime pas que tu ne dois pas aimer non plus, fit remarquer Petite Racine en sortant de la tanière du guérisseur.
— Oui, approuva l'autre.
Elle ressentait quand même moins de fascination pour les soigneurs qu'au départ.
Petit Calme courut à la suite de sa sœur. En passant le rideau de lierre, la petite se retrouva en face de Pollen Blanc. La femelle dorée les gronda, la mine sévère.
— Où est-ce que vous étiez passées !? Je vous cherchais !
Le chaton au poil blanc tigré baissa le regard, honteuse, tandis que Petite Racine s'excusait sans réelle intention, en regardant un papillon passer à côté d'elle.
Pollen Blanc souffla. Elle leur fit un signe de la queue.
— Venez, je dois vous dire quelque chose d'important.
La mère des chatons rentra dans la pouponnière, ses petites la suivant, l'une l'air impassible, l'autre les pattes traînantes.
— Mes chères petites, miaula Pollen Blanc en s'accroupissant à leur niveau. J'ai l'incroyable privilège de vous annoncer que vous êtes les élues d'une prophétie.
La reine dorée leur ajouta avec un grand sourire.
— ...C'est vous qui aurez l'immense honneur de sauver le Grand Saule !
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Chapitre de 1589 mots...
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