Chapitre 6 : les trois portes


Maléa se dirigea vers son appartement, visiblement surexcitée.

-Alors Etnaël, tu l'as ? Demanda-t-elle, pleine d'enthousiasme.

-Bien sûr que je l'ai ! Rétorqua le jeune homme.

-Tu croyais pas que j'allais la laisser tomber après tout ça ! Bon, on n'a pas tout notre temps. C'est quoi la suite du plan ?

-Tu vas voir, c'est grandiose. Donc d'abord, on y va, on ouvre la grille et la porte avec la carte. Puis on rentre sans se faire voir, on déclenche l'alarme incendie et on se cache dans le porte manteau qui se referme, qui est juste en face. J'ai étudié les plans, fais-moi confiance. Ensuite, ils sortent tous avec les prisonniers. Du coup, on va dans un bureau, on vole les clefs, on rentre par la troisième grille. On se cache dans un conduit d'aération.

-Attends, tu crois qu'on passe dans un conduit d'aération ?

-Bah pourquoi pas ! Sinon, le plafond se soulève. On devrait pouvoir y arriver. Si tu préfères le plafond au conduit, bah on ira dans le plafond, je m'en fiche, moi.

-Bon, c'est pas grave, continue.

-D'accord. Ensuite, ils rentrent, ils remettent les prisonniers en cellules, et retournent à leurs bureaux. Nous on sort, on libère Solaë, on ouvre la grille, et on lance une boulette de papier.

-Comme ça ils nous verrons.

-Non ! On la lance sur un employé du bureau le plus proche en la faisant rebondir sur le mur. Comme ça, il croira que ça viendra de sa collègue, et s'énervera contre elle. Le bureau d'en face, qui ne contient qu'une seule place, sera vide, vu qu'il s'agit de celui de Jaïre. On attendra dans l'ombre que les employés des bureaux d'en face aillent les voir, puis on sortira à quatre pattes. Ensuite, on réutilisera la carte et on sera libre !

-Bah je compte sur toi pour lancer la boulette parce que je vise très mal.

-Idiot ! Solaë le fera ! C'est une Oculus, elle saura le faire au millimètre près !

-Si tu le dis.

-Tu n'as pas confiance en elle ?

-Si, si ! Bien sûr que si... Mais c'est juste un peu risqué, non ?

-C'est toujours risqué que de faire s'évader quelqu'un de prison.

-Oui. Du coup on garde ce plan ?

-Bah il est bien, non ?

-Oui.

-Allez ! On a pas de temps à perdre.

-Quoi ? On y va... Maintenant ?

-Bah oui tu veux y aller quand ? Chaque seconde de plus qu'on perd à parler, c'est une seconde de plus où Solaë risque de se faire tuer !

-Bon d'accord.

Maléa lui tendit alors la main.

-Je jure solennellement que je me battrais jusqu'au bout pour libérer mon amie Solaë et réduire ces injustices, annonça-t-elle d'un ton officiel.

Etnaël lui agrippa la main, et répéta les mêmes paroles.

-Je jure solennellement que je me battrais jusqu'au bout pour libérer mon amie Solaë et réduire ces injustices.

Les deux amis échangèrent un regard complice.

La prison d'Ekravor se trouvait aux abords de la ville, un peu en retrait. Elle était entourée d'un immense grille surmontée de fils barbelés et électriques.

Maléa et Etnaël se tenaient devant cette imposante grille. La jeune fille était soudain moins sûre d'elle que quelques minutes auparavant.

Elle passa la carte devant un détecteur et la serrure de la porte claqua. La jeune fille la poussa lentement, avant de la refermer, une fois elle et son ami passés. La porte se fermait à clef une fois qu'elle était à nouveau fermée.

Les deux amis se dirigèrent devant la porte.

-Prêt ? Demanda la jeune fille.

-Prêt, répondit Etnaël d'un ton calme.

La jeune femme tendit en tremblant la carte contre le mur.

La porte s'ouvrit sans bruit. Elle soupira.

Les deux amis entrèrent. Etnaël alla ouvrir le porte-manteau et vérifier qu'on y passait, tandis que Maléa se préparait à actionner l'alarme incendie. Le jeune homme lui fit un signe de tête et elle appuya d'un coup sur l'énorme bouton rouge, avant de se précipiter sans bruit vers le porte manteau.

Elle y rentra et Etnaël referma la porte derrière eux.

Un instant. Puis des bruits de voix résonnèrent dans l'établissement. On entendit les cliquetis des cellules ouvertes, puis ceux des menottes qui se refermaient sur les poignets des prisonniers. On entendit ensuite les bruits des pas de tous les employés et des captifs, qui se dirigeaient rapidement vers la sortie.

-On peut sortir, chuchota Etnaël.

Les deux amis sortirent alors rapidement du porte-manteau, en prenant bien soin de le refermer. Ils se dirigèrent vers un des bureaux, celui de Jaïre, selon Maléa, puis volèrent deux trousseaux de clefs. L'un, pour ouvrir la grille, l'autre pour ouvrir les cellules.

Ils entrèrent alors dans la pièce des cellules, la grille n'étant pas fermée. Ils se dirigèrent vers le fond de la salle et enlevèrent un panneau du plafond.

-Mince, chuchota Maléa. Comment on va faire pour monter ?

Sans répondre, Etnaël prit les jambes de la jeune femme dans ses bras, puis la souleva jusqu'à ce qu'elle pu atteindre le plafond. Elle rentra alors dedans et tendis la main à son coéquipier, qui eut plus de mal à monter.

Il remirent ensuite le panneau en place, juste avant que les gardes ne ramènent les prisonniers.

Comme précédemment, les pas, les cliquetis, les pas à nouveau, les paroles, puis le silence.

Maléa et Etnaël sortirent alors du plafond.

Solaë attendait dans l'une des cellules. Lorsque les deux amis commencèrent à mettre le pied dehors, son regard se tourna vers eux, puis s'éblouit lorsqu'elle les reconnut.

Etnaël courut en silence vers son amie, tandis que Maléa finit de descendre.

-Solaë, ça va ? Demanda-t-il.

-Maintenant que vous êtes là, oui.

Le jeune homme sortit le trousseau de clefs et les essaya une à une. Lorsqu'il trouva enfin la bonne clef, la porte s'ouvrit et Solaë sortit en vitesse.

-Solaë, expliqua Maléa, il faut que tu lances cette boulette de papier, là-bas, sur le mur, pour qu'elle rebondisse et atterrisse dans le cou de cet employé, lui faisant croire que c'est sa collègue qui la lui a lancé.

-D'accord, répondit l'intéressée.

Elle saisit la boulette, ainsi qu'un petit tube qui lui tendait Maléa, puis visa pendant un instant avant de tirer. La boulette rebondit contre le mur, puis vint s'écraser dans le cou de l'employé le plus proche.

-Aïe ! S'écria-t-il. Il se retourna, puis toisa sa collège qui le regardait, surprise de son cri.

-Dëa, tu vas souffrir !

-Quoi, répondit l'intéressée, j'ai rien fait !

-Tu rigoles ! Tu viens de me lancer une boulette de papier dans le cou et tu sais bien que je déteste ça !

-Mais pas du tout !

-Ne mens pas !

Comme promis par Maléa, le bureau de gauche était vide. Un homme se leva du bureau derrière, et se dirigea vers le lieu de la dispute.

-Qu'est-ce qui se passe ? Demanda-t-il ?

Sa voix fut bientôt couverte par celles des deux autres, qui hurlaient littéralement. Il se mit bientôt à crier, lui aussi, attirant un autre employé, qui se mit lui aussi à crier.

Les trois amis en profitèrent. Ils ouvrirent la porte doucement, puis sortirent et avancèrent à quatre pattes ou en rampant.

Une fois arrivés à la porte, ils utilisèrent la carte de Jaïre pour ouvrir, puis sortirent, refermant la porte en prenant bien soin de ne pas faire de bruit. Ils parcoururent les quelques mètres qui les séparaient de la grille, l'ouvrirent également, puis furent enfin libres.

-Merci les amis, de m'avoir libérée, les remercia Solaë, presque en larmes.

-De rien, répondit Maléa, on est des amis !

-Je voudrais pas vous brusquer, les interrompit Etnaël, mais il faudrait qu'on parte avant qu'ils ne se rendent compte de la supercherie.

-Oui, désolée, pleura Solaë.

-Arrête d'être désolée, lui dit Maléa, tu n'y es pour rien !

Les trois amis partirent donc vers un horizon nouveau.


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