Chapitre 4 : la carte
-Etnaël ! Etnaël !
La voix lointaine de Maléa criait pour être sûre que le jeune homme l'entende.
-Etnaël... répéta-t-elle dans l'embrasure de la porte, haletante.
-Maléa ! Tiens tiens ! Il ne fallait pas crier en même temps que tu courais si tu ne voulais pas être essoufflée comme ça !
-Mais je voulais que tu saches que je suis là !
-Mais tu sais que même si tu chuchotes mon nom, je l'entendrais quand même alors pourquoi t'époumones-tu ?
-Bon, d'accord. Désolée !
-T'en fais pas, je blague. Mais retiens-le, ça gardera ton énergie.
-Oui, Etnaël-tout-puissant !
-Arrêtes, c'est bon.
-Bon, d'accord. Assez rigolé. Pendant que tu guérissais, j'ai fait mes petites recherches. J'ai trouvé le profil d'un des employés de la prison qui habite pas loin. Si on le croisait ça serait sympa.
-Fais-voir !
La jeune fille tendit une fiche, avec une photo, un nom et un domicile.
-Jaïre Muklo.
Le visage d'un homme souriant dévisageait Etnaël. Il avait l'air très gentil, dommage qu'ils aient à lui voler sa carte.
-Il habite pas loin, continua Maléa. Il faut que tu sortes bientôt. T'as rien eu, tu pourras sortit bientôt, non ?
-Bah vas-y, mets-toi à ma place, on est pas les héros d'un film, je suis pas immortel, et il y a pas besoin d'une arme pour me faire mal. Je m'étais encore jamais cogné la tête assez fort pour perdre conscience.
-Désolée, je voulais pas te blesser... Mais Solaë est peut-être en train de mourir à l'heure qu'il est, il faut que tu leur dise que tu n'as rien pour qu'ils te laissent sortir.
-Bon, d'accord. Mais saches que j'ai mal à la tête, que j'ai toujours les joues meurtries et que je sens encore le goût de mon sang dans ma bouche.
-Oui, désolée. Tu te reposeras une fois qu'on l'aura sauvée.
-Oui, mais comme tu l'as dit, il faudra qu'on se cache, qu'on s'enfuie. On pourra pas se reposer. Et on met nos études en l'air. Mais bon, la vie de Solaë vaut bien plus qu'une petite année.
-Oui. Je te laisse, je vais me renseigner sur notre « victime ».
Elle lui fit un grand sourire tout en mimant des guillemets avec ses doigts et en s'éloignant jusqu'à sortir de la pièce.
-Monsieur Lokäs ? Demanda une infirmière qui entra dans la chambre du jeune homme.
-Oui, madame ?
-Est-ce que vous avez encore mal à la tête ?
Etnaël réfléchit. Son crâne était douloureux et ses joues rougies.
-Non, merci, ça va mieux.
-Vous êtes sûr ?
-Sûr. Merci madame.
-Au revoir monsieur.
Etnaël se retrouva à nouveau seul dans sa chambre. Quelques minutes plus tard, l'infirmière revint avec la directrice et la professeure principale.
-Etnaël Lokäs, c'est bien ça ? Demanda la directrice, de son air toujours aussi sévère.
-Euh... Oui, c'est bien ça, répondit l'intéressé.
-Vous avez dit aller mieux. Mais en êtes-vous sûr ?
-Oui, je pense.
-Est-ce que vous voulez sortir ?
-Oui, j'aimerais bien.
-Très bien. Je vais prendre ma décision, puis je reviendrais vous la dire.
-Merci, madame.
Elle sortit. L'infirmière la suivit, mais la professeure d'histoire-géographie préféra rester un instant au chevet du jeune homme.
-Dites-moi, Etnaël... commença-t-elle.
-Oui ?
-Dites-moi que ce « mieux » soudain n'a aucun rapport avec la disparition de Solaë.
-Je vous dirais bien que non, que je vais vraiment mieux...
-Mais vous avez encore mal. Je vous le dis, ne sortez pas, vous allez vous faire tuer.
-Mais on ne peut pas laisser Solaë mourir sans rien faire !
-Je suis d'accord, c'est injuste. Mais on ne peut pas compromettre les ordres du Roi. Nous sommes obligés de les exécuter, sous peine de mourir. Vous le savez, il faut obéir au Roi, même si à moi aussi ça me coûte.
-Mais vous êtes professeure d'histoire, non ? Vous savez bien que dans des régimes comme celui-là, c'est la résistance qui a fait avancer les choses. Et c'est exactement ce que l'on va faire. Nous allons libérer Solaë, puis nous allons faire en sorte que les Oculus puisse vivre comme les autres.
-C'est une très belle ambition, mais je crains que ça soit impossible. Si vous faites ça, nous ne compterons pas un mais deux morts dans cette classe... Vous, seul, vous ne pourrez pas la sauver.
-Mais je ne suis pas seul ! Maléa m'accompagne.
-Maléa ? Ah oui... Elle est amie avec Solaë... Je vous déconseille fortement de suivre vos plans. Mais si vous avez besoin d'aide, vous pouvez me demander.
-Ne dites rien à personne, s'il-vous-plaît...
-Je ne dirais rien. Au fait, pour votre tête, Maléa est une Medicis Bucca, elle pourra apaiser vos douleurs.
-Merci, madame. Au revoir.
La professeure sortit et la directrice, toujours suivie de l'infirmière, entra.
-Vous pouvez sortir, annonça-t-elle froidement.
-Oh, merci, madame, répondit Etnaël.
La directrice ressortit, toujours son expression sèche sur le visage, suivie de l'infirmière, toujours impassible.
Etnaël, après quelques minutes de repos final, sortit de son lit et rejoignit Maléa chez elle.
-Maléa ? Demanda-t-il assez fort.
-Etnaël ! Tu as pu sortir ! Du coup, ça va pas trop mal tes coups ?
-Ça va...
-Attends, bouges pas.
Elle approcha sa tête de son visage et Etnaël se demanda ce qu'elle allait faire. Elle souffla finalement sur lui une haleine chaude avant de se reculer. À la grande surprise du jeune homme, elle ne sentait pas mauvais, comme toutes les haleines senties d'aussi près. Elle sentait les plantes.
Le jeune homme massa sa joue. Sa douleur avait disparu. Et plus de goût de sang dans la bouche.
-Comment... ?
-Je suis une Medicis Bucca. Mon pouvoir est de soigner les gens. Enfin, pas totalement, mais pour les petits coups et blessures comme ça, ça soigne tout.
-C'est super ! Ça nous sera utile si on doit se battre !
-Attends, je vais aussi soigner ta tête. Retournes toi.
Le jeune homme s'exécuta. Il sentit le même souffle chaud dans son cou, puis ses douleurs au bas du crâne disparurent.
-Ton pouvoir fait des miracles !
-Merci. Il ne me sert pas souvent, mais grâce à lui je ne suis jamais malade. Bon, allez, au boulot. Il faut soit qu'on cambriole ce pauvre Jaïre Muklo, soit qu'on lui vole sa carte en dehors de chez lui.
-Et quelle solution as-tu choisi ?
-Et bah... J'ai étudié ses déplacements. Enfin, étudié... Voilà. On va faire un travail d'équipe. Je vais lui parler tandis que tu lui prendras sa carte, toujours dans une sacoche en bandoulière.
-D'accord... Donc tu as choisi la plus risquée ?
-Et la plus réalisable, j'ai pas envie de défoncer de porte. Et si il fallait voler ses clefs, ça serait plus dur. Et sa carte est chez lui en même temps que lui. Il l'emmène toujours avec lui.
-D'accord, ça marche. Mais comment je vais faire pour prendre sa carte sans qu'il le remarque ?
-Et bah... Tu vas te débrouiller mon grand. À moins que tu ne sois plus doué pour lui parler, mais je suis maladroite. Comme tu sais tous les détecter, je me crois à penser que tu peux ne faire aucun bruit.
-Je peux en tout cas me rendre compte quand j'en fais.
-Ouais... Bah on essayera. Tu veux t'entraîner au près de moi ?
-À te voler des cartes dans des sacoches en bandoulière ?
-Ouais. De la façon d'agir. C'est un Bucca, il ne t'entendra pas, et ne te sentira pas.
-Me sentir ?
-Si c'était un Nasus !
-Ouais, OK.
-Oh ! Sinon, je lui parle de vêtements, comme si j'étais un tailleur, je l'intrigue, et je lui demande d'enlever sa sacoche car elle gêne mes « expertises ». Alors tu lui prends la carte et te sauves.
-Et si il veut vraiment t'acheter quelque chose ?
-Eh bah je lui sors un prix exorbitant !
-D'accord. Je suis partant. Comme ça il y a pas besoin d'entraînements et c'est dix fois plus simple.
-Eh bah on y va alors !
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