Chapitre 3 : l'enlèvement
Le lendemain, Solaë suivit Etnaël en cours d'histoire. Encore. Elle était toujours à côté du jeune homme et la jeune professeure dynamique faisait cours avec joie.
Solaë s'était bien adaptée, elle suivait le cours et comprenait comme si elle avait toujours été là, ce qui n'était pas le cas de tous ceux qui étaient dans cette classe depuis le début de l'année.
-Et à votre avis, comment...
Elle fut interrompue par une porte qui s'ouvrit en claquant contre le mur. Trois hommes en uniforme qui faisaient penser à des soldats.
-Bonjour madame, dit l'un, nous sommes sincèrement désolés d'interrompre votre cours. Nous venons simplement sur ordre du Roi.
-Du Roi ? Mais, monsieur, répondit la professeure, j'enseigne juste l'histoire, je n'ai rien à me reprocher...
-J'en suis certain, madame. Mais on a entendu comme quoi des Oculus sillonneraient tout notre territoire.
Solaë pâlit un peu en entendant ces mots.
-Mais les Oculus font partie intégrante de notre population...
-Le Roi n'est plus d'accord pour qu'on les laisse vivre comme les autres populations. Il ont voulu tout avoir, il faut qu'ils paient.
-Mais, monsieur...
-Ne contestez pas les ordres du Roi ! J'ai pour ordre de saisir tous les Oculus qui sillonnent les terres Bucca, Auris et Nasus.
Etnaël sentit une main presser son avant-bras. Il ne tourna pas le regard, mais imagina très bien son amie se recroqueviller sur elle-même, morte de terreur.
-Et, à moins que je ne me trompe, continua le soldat, madame, vous avez une élève Oculus dans votre classe.
-Il n'y a rien d'illégal là-dedans...
-Il n'y avait rien d'illégal. C'est pourquoi nous ne vous en voulons pas, madame. Mais maintenant qu'il sont interdits, je vais vous la saisir.
-Vous en parlez comme d'un objet... Vous n'allez pas lui faire du mal au moins ?
-Ne vous inquiétez pas. Un Oculus ne vaut pas la peine que vous vous inquiétiez.
Le soldat se tourna ensuite vers la jeune femme, pâle d'inquiétude.
-Saisissez-la.
L'un des deux autres soldats se dirigea vers elle et lui saisit le bras. Il voulut l'entraîner et elle tenta de résister. En vain. Il la tira et la tint de toutes ses forces.
-Aïe ! Vous me faites mal ! Cria-t-elle.
-Allez. Maintenant, c'en est fini de toi, petite.
Il commença à la tirer vers l'arrière et la jeune fille continuait de hurler.
Soudain, Etnaël se leva et se précipita vers le soldat pour l'arrêter.
-Laissez-la ! S'écria-t-il.
Le troisième soldat qui n'avait pas bougé jusqu'à présent, s'avança et donna un grand coup dans le visage du jeune homme qui tomba en arrière et se cogna la tête contre une table qui recula et menaça de tomber. La fille de la table se leva pour ne pas être percutée, tandis qu'Etnaël gisait au sol, inconscient.
-Etnaël ! Cria Solaë, inquiète, les larmes dans les yeux.
-Tais-toi ! Cracha le soldat en lui frappant la tête. Et toi, continua-t-il en désignant la jeune fille qui venait de se lever, tu as quelque chose à dire ? Tu te manifestes encore dans cette histoire ?
-N... Non, monsieur, mais ma table allait me cogner alors je me suis levée...
-Et bien rassieds-toi !
-M... Mais il y a Etna...
-Eh bien pousse-le ! Il a voulu agir contre les ordres du Roi. Il a de la chance qu'on ne l'emporte pas.
Solaë était en pleurs, la professeure, horrifiée, n'osait dire un mot, et Maléa se demandait si elle devait agir. Elle voulait protéger son ami de cette cause injuste, mais ne voulait pas que les soldats l'emmènent aussi ou la jette au sol, comme Etnaël, consciente que cela ne réglerait rien. Elle serrait nerveusement un stylo dans sa main, tremblant légèrement, au bord des larmes.
-Merci pour votre collaboration, madame, fit poliment le soldat qui parlait jusque-là. Je vous souhaite une bonne continuation et m'excuse sincèrement d'avoir interrompu votre cours.
Les trois sortirent en fermant doucement la porte, emportant Solaë dans un enfer que Maléa n'osait même pas s'imaginer.
Etnaël ouvrit péniblement les yeux. Au dessus de lui, un plafond gris entrecoupé de quelques lampes carrées typiques des classes.
Une vive douleur le saisit aux joues et derrière la tête.
Le jeune homme regarda autour de lui. L'infirmerie... Pourquoi était-il à l'infirmerie ?
Ses souvenir lui revinrent d'un coup. Solaë avait été enlevée et le soldat l'avait frappé, laissant son nez et sa bouche en sang, sans compter qu'il s'était cogné la tête sur une table derrière. Enfin, pour résumer, tout allait mal.
-Etnaël, tu es réveillé ? Demanda Maléa d'une toute petite voix.
Le jeune Auris n'avait pas besoin de tourner la tête et de la voir pour savoir que c'était elle. Il avait une entière confiance en son ouïe.
-Ma... Maléa ?
-Oui. Tu... Tu étais ami avec Solaë, et tu as essayé de l'aider, et... Je n'ai rien osé faire, mais Solaë est aussi mon amie et j'ai pensé... J'ai pensé qu'on devrait faire équipe pour la sauver.
-C'est une très bonne initiative, et je serais d'accord si une question ne me rongeait pas l'esprit : comment ? On n'a aucun moyen, on ne sait pas se battre, en plus on est que lycéens et on peut pas louper les cours comme ça !
-Tu es un trop bon élève, Etnaël. Bien sûr qu'on va louper les cours si ça peut sauver Solaë ! Mais je suis d'accord que ça va pas être facile... Il faudrait... Savoir où ils l'emmènent... entrer sans se faire remarquer... voler des clefs, des combinaisons ou je ne sais quoi... et ressortir avec elle, tout ça sans se faire voir. Et après, il faudrait nous cacher toute notre vie. C'est faisable, je pense.
-Bah... Si tu le dis...
-T'as une bonne ouïe, Etnaël !
-Sans blague, je suis un Auris !
-Oui, mais je veux dire, tes potes Auris ont une moins bonne ouïe que toi. Missy aussi a une moins bonne ouïe que toi.
-Et bah tant mieux, c'est que je suis un Auris plus évolué que les autres ! Nan, je blague. Tous les Auris sont comme moi.
-Bref, on va pas faire un débat là-dessus ! On doit sauver Solaë. As-tu une idée d'où elle pourrait être ?
-Euh... Dans une prison ?
-Probablement. Et où est la prison la plus proche ?
-Euh... Je crois que c'est la prison d'Ekravor... Aux abords de Maëkla...
-Tu retiens vraiment tout ce qu'on te dit !
-Je sais.
-Et donc, dans quelle direction faut-il partir ?
-Je crois que la prison est à l'ouest de la ville. Par contre j'ai pas un super sens de l'orientation... L'ouest, c'est par... ?
-C'est par là.
La jeune fille montra une direction.
-Oui, probablement, répondit Etnaël.
-Bon, ensuite, continua Maléa. Comment on va faire pour entrer ?
-Bah... à moins que je ne me trompe, il y a trois portes à passer, environ. D'abord, il y a une grille extérieure. Il est impossible d'y passer sans une carte ou une autorisation venant de l'intérieur. Au dessus de la grille, il y a des barbelés électriques, au cas où on arriverait à l'escalader. Ensuite, il y a la porte qui rentre dans le bâtiment. Il faut aussi la carte ou l'autorisation. Ensuite, à l'intérieur, il y a les bureaux des gens qui y travaillent. Passer devant sans se faire remarquer est presque impossible. Et puis après, il y a une dernière grille qui mène aux cellules. La clef est quelque part dans un des bureaux qui sont toujours occupés. Et puis toutes les cellules ont besoin d'une clef qui doit être rangée dans un bureau aussi. Donc techniquement, il est impossible pour nous d'y pénétrer.
-Sauf si...
-Sauf si quoi ? Si tu as une idée, je t'écoute. Moi je n'en ai pas. Tout ce que j'ai, c'est une bonne ouïe. J'ai une mauvaise vue, j'ai jamais de plans et je suis pas courageux.
-Tu as une bonne mémoire aussi. Qu'est-ce que tu racontes, bien sûr que tu es courageux !
-J'aimerais être d'accord avec toi, Maléa, mais...
-Tu as « défié les ordres du Roi » en t'attaquant aux soldats !
-Je me suis pas « attaqué » aux soldats et je me suis pris une raclée.
-Ouais, mais c'est courageux.
-Bon, si tu veux. Mais je suis pas plus courageux que ça alors, et j'ai vite peur...
-Ne t'en fais pas. Si ça peut te rassurer, moi aussi j'ai peur.
-Ça ne me rassure absolument pas. Mais bon, sauf si quoi !
-Sauf si on arrive à avoir une carte.
-Et tu veux faire comment ?
-On pourrait la voler à un employé ! Ils ne dorment pas là-bas, non ?!
-Euh... Non, ils ne dorment pas là-bas...
-Et bah on va chez l'un d'entre eux, on vole discrètement sa carte et on y va !
-Ton plan est super, mais, problème numéro un : comment on peut savoir qui est employé là-bas ? Problème numéro deux : Comment on va faire pour rentrer chez lui et lui voler sa carte ? Problème numéro trois : Comment on va faire pour passer devant tous les agents et ouvrir la dernière porte ainsi que les cellules qui sont fermées par des clefs ?
-Je n'ai pas réponse à toutes tes questions, mais pour la première, je suis sûre qu'on peut trouver avec internet ! Pour la seconde... Bah on trouvera un moyen de lui voler sans entrer chez lui !
-Ton plan ne tient pas la route, Maléa. Comment on va faire pour ne pas se faire voir ?
-Bah je ferais le guet ! Dès que je verrais quelqu'un, je te le crierais !
-Ouais, comme ça tu me préviendras au dernier moment et il nous entendra !
-Ou sinon, c'est toi qui fais le guet, et dès que tu entends quelqu'un, tu viens me chercher pour qu'on se cache. Tu as une bonne ouïe ! Alors ça marchera. Je vais faire des recherches le temps que tu te rétablisses.
-Maléa... On va se faire prendre ! J'ai un mauvais pré-sentiment !
-Tu n'abandonnerais pas Solaë ? Ça serait trop cruel et toi tu es trop gentil !
Elle lui fit la moue, comme pour qu'il accepte de l'aider en voyant un visage désespéré.
-Bon, d'accord, céda-t-il. Je vais t'aider.
-Oui !!!
-Tu parles d'une aventure !
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