FEUILLE D'OR
SE COURONNE
ET S'ENDORT
À L'AUTOMNE

Mon coeur, tu bats trop vite,
Vertige et tourbillon.
Vois, la forêt s'invite.
Respire la saison !

Mon arbre, toi mon âme,
Je vois choir ton orgueil
Dans un ballet de flamme,
Oraison de tes feuilles.

Rouge comme mon sang,
Ton tapis de pétales
Se déroule et m'attend
En un chemin royal.

Je regarde le vent
Tourmenter ce feuillage.
Je suis ce bal dansant
Qui me rend ses hommages.

Leurs voliges s'envolent
Comme l'air et le vent.
Ces valses de leurs vols
Vont cessant lentement. 

Je suis las maintenant,
Dépouillé de mes masques.
Et mon cœur qui se fend
S'écharpe en ces bourrasques.

Il est l'heure. Il est tard.
Les armes de la pluie
Ont délavé mes fards.
Je vais seul dans la nuit.

Et les tourbes humides,
Me couchent sur leur lit,
Où mes couleurs splendides
Sombreront dans l'oubli.