Michael, Christine
Michael :
J'avais affreusement mal à la tête. Peut-être car Ténèbrès m'avait littéralement jeté dans la cellule avec les autres et que j'avais atterri sur la tête ? Ou alors car il y avait trop de monde qui parlait en même temps dans un trop petit endroit pour autant de personnes.
Au moins, le point positif était qu'on avait trouvé tout le monde. Le seul problème était qu'on était avec eux dans la prison, et qu'on ne pouvait plus les libérer. Terre était venu nous voir peu de temps avant pour nous annoncer qu'il avait repris la clé à Eau et qu'on n'avait plus aucune chance de sortir d'ici.
Je me massai la tête. Je ne savais pas exactement depuis combien de jours on était enfermé, juste que ça devait faire plus d'une journée car on avait déjà eu trois plats différents, tous constitué de choses appelé « flagellé ». Ces trucs n'avaient pas mauvais gout, mais cela ne me rappelait rien que je connaissais à la maison. Quand je demandais à Juliette de quel légume ça venait, elle me répondit qu'elle n'en n'avait aucune idée.
Je remarquai vite que cette dernière, même si elle était très embêtée que notre plan n'ait pas marché, passait de bons moments avec Martin. Ils étaient ensemble tout le temps, parlaient beaucoup, semblaient se taquiner, et rigolaient très souvent. Je ne disais rien, mais j'étais un peu jaloux de leur complicité. Je n'avais personne avec qui parler et m'amuser comme eux, et j'étais tout seul, n'ouvrant jamais la bouche.
- On doit trouver un plan, dit Feu un moment. Cela fait trop longtemps que nous sommes enfermés ici. On est cinq et on a nos pouvoirs, il doit bien y avoir un moyen de s'enfuir. Il suffit juste de réfléchir un peu...
- Plus facile à dire qu'à faire, ronchonna Vent. Je te rappelle que Terre n'est toujours pas loin et doit être en train de nous épier en ce moment.
- Que comptes-tu faire alors ? demanda le mentor de Martin. Tu baisses les bras ? Moi, je ne me permettrai jamais ça. Je sais qu'il y a encore un espoir, et je ne compte pas me laisser abattre juste car ils ont été plus malin que nous une fois ! Ce n'est pas car on est coupé de la lumière du jour dans une montagne que la vie cesse de l'autre côté. Il ne faut pas oublier que nous sommes le dernier espoir du monde, et que, si on baisse les bras, Ténèbrès gagnera. Je préfère encore mourir plutôt que de devoir le voir triompher !
Énervé de voir que personne ne se joignait à lui dans sa combattivité infinie, il alla s'assoir dans un coin de la pièce pour réfléchir seul. Je me repassais son petit discours dans ma tête, réfléchissant s'il avait vraiment raison. Coupé de la lumière du jour dans une montagne... Je me relevai soudainement, manquant de tomber tellement j'étais allé vite. Mais oui, la solution était sous mes yeux !
- Venez, chuchotai-je pour ne pas être entendu par mon ancien mentor. J'ai une idée, mais je vais avoir besoin de vous si Terre vient nous voir.
Je leur expliquais brièvement mon plan à voix basse, puis, tandis qu'ils assimilaient tous la nouvelle, je me préparais à faire notre évasion.
Il ne fallut pas plus d'un quatre d'heure pour que nous soyons tous prêt à nous enfuir. Nous avions juste besoin de nous bouger un peu pour nous désengourdir, nous n'avions rien à emmener.
- Trois... Deux... Un... c'est parti ! m'exclamai-je à voix basse en commençant mentalement à appeler mon pouvoir.
Je posais mes mains sur la roche, qui s'écarta peu à peu dans un fracas épouvantable. Feu eut tout de suite le réflexe de parler en forçant sur sa voix pour essayer de couvrir le bruit, et tout le monde se mit à en faire autant quand ils comprirent qu'on risquait d'être pris en flagrant délit à cause du bruit. Galvanisé par l'aide mes amis, ma force se décupla et je réussi à déplacer les premières pierres. Je ne savais pas combien il y en avait encore, mais ce qui était sûr était que je ne devais pas m'arrêter tant que je ne voyais pas la lumière du jour.
Je déplaçai les pierres une à une, tandis que le groupe me suivait de près. Ils s'étaient maintenant tus, car Terre s'apercevrait que le son de leur voix viendrait de plus en plus loin et risquait de se rendre compte de quelque chose. Chaque cailloux me fatiguait de plus en plus, je n'avais pas l'habitude d'utiliser mon pouvoir aussi longtemps pour des choses aussi grosses. J'espérais que nous trouverions vite la sortie, où je risquais de mourir totalement épuisé ici-même.
J'étais totalement éreinté, mais j'avais réussi. J'avais sauvé tous mes amis des griffes de Ténèbrès et de Terre. Nous étions tous en un morceau, sauf Eau que nous n'avions pas encore retrouvé. Pour le moment, on fêtait déjà notre liberté, on irait la sauver dans peu de temps.
Tout le monde autour de moi était plein de joie. J'étais le seul assis dans un coin, ayant à peine la force de me lever. Martin dû se rendre compte que quelque chose n'allait pas, car il vint vers moi, toujours accompagné de Juliette.
- Eh ! Ça va ? Merci d'être venu me libérer. Je suis désolé pour...
- Non, c'est ma faute, le coupai-je. Je n'aurais pas dû te laisser seul dans la forêt, ni te faire la tête pour rien. J'étais obligé de venir te sauver, c'est le minimum, surtout sachant que c'est de ma faute que tu t'es retrouvé dans cette situation.
Mon ami protesta et commença à débiter un lot d'argument pour montrer qu'il avait raison et que ce n'était pas de ma faute, mais je secouai indéniablement de la tête. Il ne pourrait pas me faire croire que c'était lui qui s'était perdu tout seul, alors que je savais très bien que c'était moi qui l'avais laissé derrière moi dans la forêt.
Il ne me fallut pas longtemps pour que Martin voit que j'étais trop fatigué pour argumenter. Il me promit qu'il m'en reparlerait et arriverait à me convaincre, puis il partit avec Juliette un peu plus loin. De mon côté, je ne fis plus rien pour lutter les paupières de se fermer. Je n'étais même plus capable de rentrer dans les tunnels, et encore moins chez mon père. J'avais besoin de dormir, c'était incontestable. Profitant que les esprits profitent de l'air extérieur avant d'entamer le chemin du retour, je décidai de faire un petit somme. La prochaine fois que j'utiliserai autant mon pouvoir, je m'entrainerai plus et me reposerai beaucoup plus avant.
Christine :
Je m'ennuyais. Cela faisait maintenant deux jours que tout le monde était parti, et j'étais seule dans les tunnels. Où pouvaient-ils bien être ? Est-ce que leur mission avait-elle été couronné de succès ou que, au contraire, leur plan n'avait pas marché ? J'avais beaucoup de questions, mais aucune réponse. Et surtout, je m'ennuyais comme un rat mort. Je pouvais bien sûr tenter de m'entraîner à taper, mais je n'étais pas motivé. J'attendais juste que mes amis reviennent et qu'ils me racontent leur incroyable aventure. « Si un jour ils rentrent », me rappela ma conscience. Comment pourrais-je savoir s'il leur était arrivé malheur ?
Au bout d'un moment, j'en eu assez d'attendre. Je pourrais toujours revenir le lendemain, si les tunnels s'ouvraient.
C'était calme chez moi pour une fois. Ma mère était encore au travail et mon beau-père devait être parti emmener mon demi-frère faire du basket. Ils adoraient tous les deux ce sport et allaient souvent en faire ensemble en ville. Moi, je restais seule à la maison. Comme dans les tunnels. Sacha n'habitait pas à côté, et Juliette n'était pas rentrée. Je serais bien allé voir Norbert pour savoir comment il allait, mais je ne voulais pas qu'il m'en veuille de ne pas être allé avec sa protégé pour me battre moi aussi. Car à mes yeux, je les avais trahis. Peut-être même plus que Terre. Ils avaient besoin de moi pour sauver Martin, et j'étais resté ici. Évidemment, ce n'était pas de plein gré, mais c'était quand même car j'avais voulu aller plus vite que nécessaire et que je m'étais blessé inutilement. Peut-être que si je ne m'étais pas blessé, tout le monde serait en train de faire la fête dans la salle principale où chez soi avec sa famille à ses côtés, et non perdu quelque part dans l'immensité du monde.
Je me retournai encore et encore ma chute. À un rien, j'avais juste un petit bleu et tout allait bien. Mais non, il avait fallu que je tombe mal et que je me casse le bras. Et sans un bras, ce n'est pas facile de se battre. Ils étaient partis à trois. Si j'étais venu, ils seraient quatre. J'étais sûre que ce chiffre aurait pu tout changer, mais je n'en n'aurais jamais la certitude exacte.
Cela devait faire plus d'une heure que je me lamentais, allongée de mon lit. Clairement, être seule chez moi n'arrangeait pas mon impression de solitude. Croire que le monde pouvait vivre sans moi alors que j'avais abandonnée ceux qui en avait vraiment besoin...
Un grand « BOUM » me sortit de ma torpeur. Je me relevais aussitôt, surprise. Est-ce-que Ténèbrès venait me voir pour m'annoncer qu'il en avait fini avec mes amis et que c'était à mon tour d'y passer ?
Je descendis les escaliers avec prudence. Même avec mon bras qui me faisais affreusement mal, j'étais prête à me défendre si besoin. Il ne m'aurait pas si facilement. Je jetai un bref coup d'œil à la fenêtre à côté, et quelle ne fut pas ma surprise quand j'aperçus Juliette, Martin, Michael, Feu et Vent !
Je me dépêchais de débloquer la porte pour les laisser entrer.
- Christine ! Comment tu vas ? s'enquit l'apprentie de l'eau, rayonnante d'un sourire que j'avais rarement vu sur le visage de quelqu'un.
- Hum... ça va, et toi ? répondis-je timidement, gênée de voir toute l'attention brusquement tournée vers moi.
- Je vais très bien ! C'était super là-bas ! enchaîna mon amie. J'ai...
- Attends un peu, Juliette, lui ordonna Feu. Je préfère qu'on soit tous de retour en bas pour parler de notre aventure. Je ne veux pas que des oreilles indiscrètes nous entendent, on pourrait avoir des problèmes après et je ne suis pas sûr que ce soit une très bonne idée.
- Tu as raison, fit Vent. Christine, tu nous montres ton passage pour descendre dans les souterrains ?
J'allais enfin pouvoir servir à quelque chose ! Toute contente d'avoir finalement une utilité, même si je pensais toujours que j'aurais été nécessaire plus tôt, je les emmenais devant la porte de ma chambre.
- C'est parti ! m'exclamai-je en l'ouvrant en grand.
Les tunnels étaient bien au rendez-vous, comme je m'y attendais. Ouf, sinon j'aurais eu du mal à m'expliquer pourquoi ça ne marchait pas.
Les esprits descendirent en premier, se hâtant de vérifier que leur chez eux n'avait pas changé.
- Depuis combien de temps sommes-nous parti ? me demanda Michael.
Il semblait à bout de force. C'était à peine s'il arrivait à marcher sans l'aide de Juliette et Martin. Quoi qu'il lui soit arrivé, cela semblait avoir pompé toute son énergie.
- Ça fait deux jours... Vous n'avez pas vu le temps passer là-bas ?
- Deux jours ! s'exclama Juliette. Ho non, Norbert...
- On était enfermé dans une montagne, expliqua Martin. On ne voyait même pas le soleil, alors on ne savait pas quelle heure il était. Pendant combien de temps ai-je été enfermé ?
- Je dirai cinq jours si je ne me trompe pas.
- Que va-t-on bien pouvoir raconter à mon père ? s'enquit Michael, l'air sombre. Le connaissant, il doit se faire un sang d'encre à l'heure qu'il est.
- Ne vous en faites pas, vous pourrez bientôt retrouver vos familles, nous rassura Vent. Je tiens juste à ce que nous fassions un petit compte-rendu de la mission pour que nous puissions travailler les points faibles de cette fois et nous améliorer sur des compétences particulières la prochaine fois.
Voyant que je m'apprêtais à faire demi-tour, Feu me rattrapa et me dit :
- Je sais que tu es déçu de ne pas pouvoir être venu cette fois, mais ce n'est pas pour autant que tu dois te décourager. C'est toujours dur c'être mis sur le côté, mais la prochaine fois que nous aurons à nous battre, tu seras guéri, et nous aurons encore plus besoin de toi.
- Vous n'avez pas eu besoin de moi cette fois, rétorquai-je. Pourquoi la prochaine fois serait-elle différente ?
- Car la prochaine fois, nous gagnerons. Et nous avons besoin d'être tous ensemble pour ça, enchaîna l'esprit. Allez, viens, tu en apprendras autant que nous tous.
Je me retournai lentement vers le groupe qui continuait à parler gaiement. Franchement, ils ne semblaient pas avoir besoin de moi. Mais si on me demandait à ce point, je n'allais pas les décevoir encore une fois.
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