Michael, Christine


Michael :

Je regardais la pluie tomber par la fenêtre. Martin avait-il réussi à se mettre à l'abri à temps ? Je savais que je n'aurais pas dû m'énerver comme ça contre lui. Au fond, il avait raison. Je n'avais pratiquement plus de patience, même avec mon père, alors que j'avais toujours gardé mon sang-froid avec lui avant.

En y repensant... La défaite contre Ténèbrès alors que j'avais dû m'occuper de mon mentor tout seul m'avait un peu fatigué, et le fait que les entraînements tous les deux jours ne soient utile à rien. Je tapais déjà dans des trucs avant d'aller le faire en bas, je n'avais pas besoin des autres pour le faire, surtout si c'était pour se disputer inutilement avec Christine qui voulait juste faire les choses sur un coup de tête. Non, j'étais très bien seul dans la forêt, ou à la maison quand mon père n'était pas là. Mais bon, c'était mon devoir en temps qu'apprenti maître de la Terre de descendre quand on me le demandait. Et puis Martin m'y tirerait s'il le fallait. Il voulait qu'on aille vérifier tous les jours si le passage. Je le suspectais de le faire juste pour voir Juliette, vu comment il la dévorait des yeux.

Le soleil venait de se coucher, et toujours pas de signe de Martin. Qu'avait-il bien pu lui arriver ?

- Où est Martin ? me demanda Charles. Est-ce-que vous vous êtes disputé ?

- Juste un peu. Je pensais qu'il me suivait, mais visiblement, ce n'est pas le cas.

- Tu l'as laissé seul dans la forêt ?

- Oui, mais je croyais qu'il était derrière moi et qu'il était resté dans la cabane ! m'énervais-je.

- Il doit être seul sous la pluie à cette heure-là, marmonna-t-il, visiblement inquiet.

- J'irai le chercher demain, ne t'en fais pas.

- Et le laisser toute la nuit sous la pluie ? Je veux bien croire que vous vous êtes disputé, mais il risque de tomber gravement malade ! Tu sais bien qu'il fait froid quand le soleil se couche, c'est ce qui est arrivé à...

Il ne put continuer sa phrase. C'était encore trop douloureux pour nous deux de parler de maman.

- D'accord, je vais aller le chercher.

- Et ne tarde pas surtout. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose non plus.

Je hochais de la tête et me dépêchais de revêtir mon manteau pour partir affronter le froid. Je n'avais aucune envie de tomber malade, alors je devais me dépêcher.

Il faisait très sombre dans la forêt. Je n'avais aucune idée de comment je pourrais retrouver mon ami dans un endroit où je ne pouvais même pas voir mes pieds.

- Martin ! Martin ! Tu es où ? hurlai-je pour essayer de me faire entendre.

Pas de réponse. La forêt était grande en même temps. J'avais beau connaître chaque recoin par cœur, c'était comme chercher une aiguille dans une botte de foin.

Cela devait faire une heure ou deux que j'étais à la recherche de mon ami, sans avoir aucun signe de lui. Je commençais réellement à m'inquiéter. Il y avait des brigands la nuit d'après mon père, c'était à cause d'eux que je n'avais pas le droit de sortir la nuit. C'était la première fois aujourd'hui, en fait. Ce devait être à cause de ça que tout me semblait différent. Les arbres paraissaient plus menaçants, j'avais l'impression qu'ils me regardaient passer en-dessous d'eux.

Alors que je marchais toujours plus loin à travers les arbres, j'entendis le premier bruit depuis que j'étais sorti de la maison. Un craquement de branche. Je me raidis aussitôt, sur les gardes.

- Martin ? C'est toi ? m'enquis-je, me demandant s'il y avait des bêtes sauvages dans ces bois.

D'autres craquements autour de moi, mais pas de réponse. Cela ne présageait rien de bon. Je reculai d'un pas, méfiant. Quelque chose m'épiait pas loin, et je ne savais pas ce que c'était. Soudain, deux personnes surgirent devant moi. Je fis volteface pour essayer de fuir, mais deux autres étaient aussi venues par-derrière. Je n'allais pas avoir le choix de devoir me battre.

- Hey petit, commença l'un d'eux. T'aurais pas quelques objets précieux pour nous ?

D'accord. C'étaient des brigands. Je devais garder mon sang-froid.

- Je n'ai rien sur moi. Laissez-moi partir.

- Non non, ce serait beaucoup trop simple.

- Alors excusez-moi si je vous fais mal, répliquai-je calmement.

Mes entraînements dans les souterrains allaient enfin pouvoir servir. Alors que les voyous rigolaient de l'avertissement que je venais de leur donner, je baissai soudainement mon poing au sol en appelant mon pouvoir. Je ne l'avais jamais utilisé, mais je sentais que c'était le moment. Une onde de choc parcourue la carrière, faisait tomber tout le monde sauf moi. Je me dépêchais d'enjamber un des bandits et partit en courant. Or j'avais un problème. Ils étaient beaucoup plus rapides que moi. Malgré le fait que je connaisse des raccourcis et des lieux où ils ne pouvaient pas passer, j'avais beaucoup de mal à garder une distance qui me semblait convenable.

J'étais dans la clairière où apparaissait le tunnel lorsque je me fis encercler. Les brigands m'avaient doublé pour m'emprisonner et j'étais pris au piège.

- Tu penses pouvoir te débarrasser de nous aussi facilement ? Eh bien tu te trompes, fit l'un d'eux.

Je ne pris pas la peine de répondre et préférai m'attaquer à la personne qui m'empêcher d'emprunter le chemin qui menait à moi. Je m'avançais rapidement devant mon adversaire et lui décrochais un coup de poing dans le ventre avant d'enchainer avec un crochet du droit. Maintenant que la route était libre, j'avais juste à foncer. Or, quand je commençais à accélérer, quelqu'un me fit un croche-patte et je me ramassais au sol. Une grosse branche me percuta la tête, m'assommant à moitié, mais je me relevai aussitôt et repartis aussi sec. Ils ne m'auraient pas.

Je claquai la porte et la fermai à clef, à bout de souffle.

- Alors ? Tu as retrouvé ton ami ? s'enquit aussitôt mon père quand il se rendit compte que j'étais de retour.

- Malheureusement non, mais je me suis fait attaquer par un groupe de bandits et j'ai dû faire demi-tour, répondis-je sur un ton égal.

- Comment vas-tu ? s'inquiéta-t-il aussitôt.

- Ça va. Je crois que je me suis fait un peu mal, mais ça aurait pu être pire.

- Montre-moi, m'ordonna-t-il en m'intimant de me baisser à sa taille.

J'étais plus grand que lui depuis peu, et ça me faisait toujours bizarre.

- Ça n'a pas l'air d'être grave, constata-t-il. On partira chercher Martin demain, quand on ne craindra rien dans la forêt.

Je me demandais ce qu'il avait vraiment pu lui arriver, mais je commençais à vraiment craindre le pire.

Christine :

Encore du temps perdu dans les souterrains à « s'entraîner ». En tout cas, c'est ce que disaient les esprits. Je ne le voyais pas comme ça moi. S'ils voulaient vraiment nous préparer pour se battre contre Ténèbrès et Terre, ils s'y prenaient très mal. J'avais déjà plusieurs idées de comment faire changer les choses, mais je savais très bien que je ne serai jamais écoutée. Ils étaient encore sur la défaite, ils ne voyaient pas le futur. Je savais qu'il fallait se relever, et ne pas rester sur le combat perdu deux semaines plus tôt. Si on avait des pouvoirs élémentaires, ce n'était pas pour rien. J'étais sûre qu'ils allaient avoir une utilité contre le vampire, mais comment les en convaincre ?

C'était devenu mon principale sujet de réflexion. J'y pensais dès que je pouvais me le permettre. Je tenais déjà quelque chose, bien sûr, mais je n'étais pas totalement sûre de moi. C'était dangereux, même si c'était sûr que cela porterait ses fruits.

Les heures passaient encore et encore, et je n'avais pas d'autres idées. Il faisait nuit noire maintenant, plus rien ne bougeait dehors. J'hésitais à en parler à Juliette, mais j'avais peur qu'elle ne m'oblige à changer de plan. Elle aussi ne voyait pas l'intérêt d'utiliser ses pouvoirs, sinon elle me l'aurait déjà dit. Je ne pouvais pas risquer de tout faire foirer pour si peu. Je me débrouillerai seule.

Je pris une grande inspiration. Cela faisait deux jours que je n'étais pas allé dans les tunnels, et, comme je m'y étais attendue, la galerie était apparue devant moi quand j'avais ouvert la porte de ma chambre. J'allais encore devoir affronter Michael qui n'arrêtait pas de me contredire, Juliette et Martin qui se dévoraient des yeux comme si rien autour d'eux deux comptaient, et les esprits qui étaient encore sous le choc du changement de camp de Terre pour faire ce qu'ils devaient vraiment faire, c'est-à-dire nous préparer contre le danger qu'était le vampire.

L'ambiance semblait différente dans la salle principale. Déjà, j'étais la dernière à arriver, alors que d'habitude, Michael et Martin prenaient toujours plus de temps que moi. Les esprits étaient là eux aussi, et ils abordaient un air grave.

- Ah, Christine, te voilà. N'as-tu pas vu le signe s'allumer ? s'enquit Feu.

- Bien sûr que si, répliquai-je, déjà agacée d'être affichée devant les autres alors que je venais juste d'arriver.

- Nous avons un problème, et, maintenant que tu es là, nous allons pouvoir en parler à tout le monde, annonça Vent.

- C'est Martin, il a disparu il y a deux jours, et on a retrouvé un mot dans la grotte de Terre. Ce n'est pas signé, mais on pense savoir si a fait ça, révéla Eau, la mine sombre.

Elle nous tendit un papier, et nous nous penchions tous pour lire ce qui avait écrit dessus.

La personne anonyme n'avait pas pris le soin de découper des morceaux de journal comme dans les films, c'était écrit à la main.

Je sais que vous êtes en panique et que vous vous demandez ce que vous devez faire en ce moment, et c'est exactement pour ça que vous êtes tombé sur cette lettre.

Je vais être bref et simple.

Livrez-vous désarmés au lieu qui sera indiqué sur la prochaine lettre, il n'arrivera rien à ce cher Martin. Au cas contraire, nous nous verrons obligé de l'occire et de jeter son corps dans un endroit que vous ne pourrez jamais retrouver.

Je vous laisse réfléchir à cette proposition. La prochaine lettre arrivera dans une semaine.

- Ténèbrès, souffla Juliette. C'est sûr que c'est lui.

- Au moins, cela nous avance un peu, fit Vent. On vient de lire la lettre en même temps que vous. On s'occupera de tout, alors n'aillez crainte et allez-vous entraîner. Martin sera bientôt de retour chez lui.

- Vous ne voulez pas qu'on fasse un plan tous ensemble pour aller le secourir ? m'étonnai-je.

- Non, on va s'en occuper, nous assura d'un air confiant. On peut le faire, Terre ne nous fait pas peur.

Je voulu rétorquer que non, ils ne pourraient pas gérer tous les trois et qu'ils avaient besoin de nous, mais les trois mentors firent demi-tour pour parler de leur côté avant même que j'ouvre la bouche. Je rentrais dans ma chambre totalement éreintée. Cet entraînement avait, comme d'habitude, servi à rien à mes yeux, mais Vent m'avait félicité quand j'étais partie. Maintenant que Martin avait été kidnappé par Ténèbrès, je savais qu'il ne me restait plus qu'une chose à faire : leur prouver qu'utiliser nos pouvoirs allait changer la donne.

C'était l'heure de montrer à tout le monde qu'il était important d'utiliser ses pouvoirs élémentaires pour leur montrer qu'ils étaient utiles. Et pour ça, le mieux était de leur faire une démonstration. J'avais déjà réfléchi à ce que je voulais leur montrer, il ne me restait plus qu'un peu d'entraînement, et je serais prête pour la prochaine fois que je devrais aller dans les souterrains. Je me retrouvais donc dans le jardin derrière ma maison, à obliger le vent de m'élever dans les airs.

Au bout de quelques minutes d'effort, je réussi à me lever à quelques mètres au-dessus du sol. J'avais réussi ! Le vent pouvait donc bien m'aider à contrôler l'air autour de moi ! C'était une superbe découverte. Pleine d'enthousiasme, je montai encore plus haut. J'étais désormais à la hauteur de l'antenne de réseau de la maison. Je pouvais voir la rue entière à cette hauteur. Si je montrai ça aux apprentis, ils allaient bien être obligé de se rendre à l'évidence que les pouvoirs étaient plus utiles que taper dans un mannequin.

Cela devait faire plus d'une dizaine de minutes que j'étais dans les airs, et je me sentais très fatiguée. J'avais oublié à quel point cela coûtait d'énergie. Je voulus redescendre doucement, mais une brusque rafale incontrôlée me fit perdre ma concentration. J'avais beau essayer de faire revenir du vent pour me soutenir, il n'était pas assez fort pour me supporter. Le contact avec le sol fut brutal. Je criai de douleur lorsque j'entendis des craquement quelque part dans mon bras gauche. La douleur était bien présente. J'avais beau serrer les dents pour arrêter d'hurler, c'était compliqué. Je me relevai pour aller voir s'il n'y avait pas quelque chose qui pourrait me soulager à la maison. À peine me mis-je debout que je retombais aussitôt, terrassée par la douleur. Je ne pouvais pas bouger mon bras sans souffrir.

Mariem dû m'entendre gémir, car elle arriva même pas cinq minutes plus tard.

- Que s'est-il passé ? s'inquiéta-t-elle en me voyant recroquevillée par terre.

- Je... je croyais avoir vu Miaou dans l'arbre et j'ai voulu monter, mais je suis tombée, mentis-je.

Je ne pouvais pas dire à ma mère ce que j'avais réellement fait, elle ne me croirait pas.

- Je crois que tu t'es cassé le bras gauche, m'annonça ma mère quand j'arrachai un cri de douleur.

Elle avait absolument tenue à ce qu'elle vérifie que j'allais bien, et elle avait bien fait puisque ce n'était pas le cas.

- Je t'emmène aux urgences tout de suite, on verra ce qu'ils disent.

Je ne dis rien, mais pestait intérieurement. J'avais voulu montrer que nos pouvoirs étaient utiles, mais j'avais prouvé tout le contraire.

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