Martin, Christine
Martin :
J'allumai une petite flammèche au creux de ma main pour me réchauffer. Il faisait vraiment froid dans cette pièce nue et peu éclairée. De ce que j'avais pu voir sur le chemin avant d'être enfermé dedans, on était au XXIème siècle, pas loin d'une ville qui ne ressemblait à rien que je ne connaissais. J'avais été jeté dans une petite salle toute en pierre, qui ressemblait un peu à celle où on réunissait dans les souterrains. Cela était peut-être dû au fait que Terre campait quasiment tout le temps devant la seule sortie et qu'il se vantait d'avoir créé la base lui seul, grâce à son pouvoir élémentaire et tout ça juste pour m'enfermer.
Il n'y avait pas un bruit là où j'étais. Même pas un chant d'oiseau ou d'insecte. Rien du tout. C'était très déconcertant. Ça me donnait l'impression d'être seul au monde. Personne à qui parler. Même Terre était partie ailleurs sans me dire un mot un peu plus tôt dans la journée. Je m'ennuyais à en mourir dans ce trou à rat. Était-ce le destin qui devait m'arriver ? Finir seul dans un lieu seulement connu par mes ravisseurs sans même avoir pu dire au revoir aux gens que je connaissais ?
Le temps semblait défiler lentement, ou alors cela faisait une éternité que personne n'était venu me voir. Je commençais à avoir un peu faim, alors j'espérai que Terre viendrait bientôt m'apporter à manger, car, malgré le fait qu'il m'ait kidnappé, j'avais à manger. Je ne pouvais pas m'en plaindre, la nourriture était la seule faveur que j'avais.
Alors que je m'imaginais l'esprit grognon arriver avec un bon plat, des bruits me sortirent de mes pensées. Ce n'étaient pas les pas lourd de Terre, ni ceux discret de Ténèbrès, mais plutôt ceux de plusieurs personnes. Je me relevai, intrigué. Ce que je vis me figea sur place. Feu et Vent venaient vers moi, la mine défaite. Terre les suivait de près, afin de s'assurer que ses anciens collègues ne tentent rien. Il leur ouvrit la porte de ma prison et les y poussa brutalement.
- Je ne pensais pas que tu nous ferais ça un jour, cracha Feu à l'intention de notre geôlier.
- J'avais hésité à vous prévenir, mais je ne voulais pas vous voir pleurer devant moi. Vous le faite très bien de votre côté.
- Pourquoi nous fais-tu ça ? s'exclama Vent, outrée. Tu devrais avoir honte !
- Je ne suis plus de ce côté. Au contraire, je suis fier de moi de ne plus être du côté de ceux qui sont bêtement tombé dans un guet-apens pourtant si prévisible si facilement.
Il se mit à rire puis repartis dans le couloir, sans cesser de glousser sur la pique qu'il venait de lancer.
- Que faites-vous là ? m'enquis-je dès que le maître élémentaire de la Terre fut hors de vue.
- On voulait te secourir. Ténèbrès nous a demandé de nous rendre, en échange de te laisser la vie sauve, commença Feu.
- Malheureusement, c'était juste un piège, continua Vent. On s'est bien fait avoir, mais Eau a réussi à repartir dans les tunnels je pense. Elle était restée en arrière, elle a dû se rendre compte que quelque chose n'allait pas et est rentrée à la base. Je pense qu'elle doit préparer les apprentis et qu'ils vont venir nous libérer. Tout du moins, je l'espère...
Sa voix s'était brisée à la fin, ce qui en disait long sur ses incertitudes. Qui pouvait être sûr de la réaction des autres fac à ce qu'il se passait ? Déjà, j'étais à peu près sûr que Christine et Juliette viendraient nous aider si Eau le leur permettait. Je ne savais pas trop pour Michael. Il m'avait quand même laissé seul dans une forêt que je ne connaissais pas alors...
- Il nous faut un plan ! s'exclama soudainement mon mentor, comme poussé par un nouveau regain d'énergie, me tirant de mes pensées au passage. On ne va pas rester ici à ne rien faire alors que les autres vont peut-être se fatiguer à venir nous aider car on n'a pas assuré sur le coup. Il faut qu'on les aide à rendre notre évasion plus simple, ce sera mieux pour tout le monde.
- Juliette avait créé un plan pour vaincre Ténèbrès, me rappelai-je. Je ne me souviens plus trop des détails, mais je sais quelle est l'idée principale.
- Il faut surtout penser à comment faire pour sortir de ce trou, mais savoir comment attaquer Ténèbrès n'est pas forcément une mauvaise idée.
- Tu crois qu'on pourrait faire fondre les barreaux de la porte ? demandai-je à Feu, ayant une soudaine illumination.
- Je peux toujours essayer, ça ne coûte rien.
Il s'approcha de la sortie et je vis ses mains changer de couleur. Elles étaient maintenant devenues rougeâtre. Il prit les barreaux dans ses mains. On entendit un léger grésillement, mais rien ne se passa.
- Ça ne marche pas, grogna Feu.
Évidemment, ça ne marchait pas. Cela aurait été trop simple.
- On peut attendre qu'ils nous donnent à manger, non ? S'ils ouvrent la porte pour nous passer nos plats, on peut les attaquer ?
- Ne cherchez pas, il n'y a aucun moyen de partir d'ici. Néanmoins, vous pouvez continuer à vous creuser la tête, je trouve ça marrant de vous voir désespérément essayer de penser que vous n'êtes pas vaincu alors que c'est indéniablement le cas, ricana Terre en apparaissant du mur. En plus, vous avez oublié quelque chose, mes chers ex-confrères. Vous êtes des esprits, vous aurez théoriquement pu traverser les murs s'ils avaient pas été constitué d'une fine couche d'ambre, au cas où vous aurez voulu vous enfuir.
- Vous craignez l'ambre ? m'étonnai-je à l'intention de mon mentor.
- Oui. Une arme fait dans cette pierre peut nous blesser, voir nous tuer dans de mauvaises mains, et ce matériau peut canaliser nos pouvoirs. On est bel et bien prisonnier.
Je refusai de m'avouer vaincu, mais je voulais bien croire qu'avec Terre qui nous surveillait et les murs qui canalisaient nos pouvoirs, on était en très mauvaise posture.
Christine :
J'étais dégoutée fois mille. Je rêvais de me battre contre Ténèbrès depuis notre défaite et voilà que le moment venu, je ne pouvais pas à cause de mon bras cassé ! Je n'avais vraiment pas de chance. Au moins, Michael avait été sympathique pour une fois. Il semblait lui aussi touché par la disparition de Martin, et je voyais bien qu'il était prêt à tout pour aller le secourir. Mais pourquoi ne pouvais-je pas venir avec eux ! La vie était vraiment injuste. Juliette avait raison après tout, je pouvais aider ici. Je n'allais pas baisser les bras aussi facilement. En tout un des deux bras. L'autre tombait tout seul.
Je rentrais chez moi, essayant de ravaler ma frustration. Il fallait que je garde le contrôle, sinon ça risquait de mal se passer à la maison. Entre ma mère qui était encore plus surprotectrice que d'habitude et mon beau-père qui était de mauvaise humeur tous les jours ces derniers temps, il me fallait des nerfs d'acier pour prendre sur moi et ne pas tous les envoyer bouler.
- Hello Christine ! Comment ça va ca matin ?
Je regardai mon réveil. Il indiquait sept heures vingt-huit.
- Mais maman ! On est dimanche aujourd'hui !
- Et alors ! Ce n'est pas une raison pour ne pas se lever ! Regarde, il fait beau dehors, tu ne vas quand même pas rester enfermée dans ta chambre toute la journée !
- Je dormais encore, répliquai-je, encore endormie.
- À cette heure-là ? Mais tu devras déjà être habillé demain, et presque prête à aller au lycée !
- Oui, mais demain c'est lundi. Là, on est dimanche. Laisse-moi dormir maintenant, je suis encore fatigué.
Mariem ne rétorqua rien et sortit, prenant soin de fermer la porte derrière elle. Je voyais bien que la façon dont je lui avais parlé l'avais blessée, mais je n'avais aucune envie de faire semblant que tout allait bien dès sept heures du matin. Là, je voulais juste dormir.
Il était dix heures et je me sentais enfin prête à passer ma journée. J'avais presque hâte d'être demain, car personne ne m'embêtera au lycée. Maintenant que mes harceleurs avaient été réprimé, je trouvais qu'y aller était bien. Ça me permettait de fuir ma famille qui me surveillait vingt-quatre heures sur vingt-quatre et d'être libre.
Je sautai dans mon lit en soupirant, avant de me retenir de pousser un cri de douleur. Foutu bras cassé. La journée avait été calme, ma mère n'avait pas insisté pour que je fasse quelque chose, voyant que je n'étais pas très motivée le matin-même. J'avais pu me reposer, et j'étais prête à passer une semaine de cours maintenant. Malheureusement, ne rien faire m'avait beaucoup fait réfléchir aux tunnels. Et évidemment, au fait qu'ils allaient se battre sans moi. J'étais censé sauver le monde, mais je n'allais même pas secourir mon mentor des bras de notre ennemi. À quoi servais-je réellement dans les souterrains si je ne pouvais pas me battre pendant encore près de deux mois ?
- Il t'est arrivé quoi ? s'étonna Sacha le lendemain quand il vit mon bras en écharpe. C'est quelqu'un qui t'a fait du mal ?
- Non, pas du tout. Je suis juste tombé d'un arbre en pensant que mon chat était dedans, mentis-je d'un ton léger. Comment s'est passé ton weekend ?
Il entreprit de me raconter en détail le film qu'il était allé voir deux jours plus tôt et ce qu'il avait mangé la vielle.
Avoir des amis n'était pas de tout repos, mais je préférai toujours ça à ce qu'il m'arrivait avant. Au moins, ici j'étais écoutée et comprise. Et je pouvais surtout me changer les esprits, car mariner avec mes sombres pensées sur les souterrains ne m'aidait en rien.
Mon bras se mit à briller. J'ouvris la porte de ma chambre et ne fus pas surprise de voir le sol disparaitre dans les profondeurs. Au moins, ils acceptaient encore ma présence aux entraînements. Même s'ils me semblaient toujours inutiles, je trouvais que c'était important d'y montrer ma présence, pour voir que je les soutenais toujours et que j'étais prête à tout pour qu'un jour, nous puissions vaincre Ténèbrès. Que je sois là au combat final ou non...
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