Juliette, Martin
Juliette :
- Il faut qu'on agisse maintenant, gronda Christine. Je refuse que Ténèbrès continue à nous faire du mal et qu'on ne se laisse faire ! Il peut nous attaquer d'une seconde à l'autre, et cette fois, nous faire réellement du mal.
- Très bien, alors que propose-tu ? répliqua Michael en croisant les bras, signe qu'il ne comptait pas l'écouter quoi qu'il arrive. Je te rappel qu'il avait largement de quoi nous mettre à terre et nous tuer la semaine dernière alors qu'il était dans les souterrains et qu'il ne connaissait pas le terrain ?
- Tu es vraiment sûr qu'il ne connaissait pas le lieu ? rétorqua aussitôt Christine en haussant le ton. Si ça se trouve, ton mentor l'y a déjà emmené, et qu'ils avaient tout calculé ! D'ailleurs, qui nous dit que tu n'es pas avec eux et que tu es encore ici pour nous induire en erreur et nous affaiblir encore plus ?
Michael ouvrit la bouche pour répondre à cet affront, mais Feu arriva, accompagné de Martin. Ils avaient dû s'entretenir deux minutes dans le tunnel où l'apprenti de Feu devait venir normalement. Dès que je voyais ce dernier, mon cœur s'emballait et ma main ne pouvaient s'empêcher d'avoir le besoin de faire quelque chose pour ne pas trop trembler. Je ne sais pas ce qu'il m'arrivait, je n'avais jamais ressenti ça avant.
- Arrêtez de vous disputer comme des gamins ! intervint le mentor du garçon. Vous êtes des adolescents, d'accord, mais se disputer ne mènera à rien. Regardez ce qu'il s'est passé avec Terre à la fin. Je vais vous demander de continuer calmement vos entraînements collectif, c'est le seul moyen de pouvoir triompher contre le mal cette fois.
Christine, surprise de l'arrivé du maître élémentaire, hocha la tête, puis repartie taper son punchingball en soupirant. Elle en avait visiblement assez de faire la même chose à chaque fois qu'on devait descendre dans les tunnels, c'est-à-dire à peu près tous les deux jours depuis l'attaque. Maintenant, chaque signe élémentaire était gravé sur son apprenti. De cette manière, les esprits pouvaient nous contacter en faisant briller la marque sur notre bras. C'était le signe qu'on devait aller aux tunnels. Il était vrai que l'on faisait maintenant toujours les mêmes activités, mais d'après Eau, c'était le meilleur moyen pour réussir dans ce domaine. Une fois qu'on saurait tous frapper comme il le faut un punchingball, nous pourrions passer à autre chose, mais je ne savais pas encore quoi. En tout cas, j'espérais que ce ne serait dans pas longtemps, où je risquais d'avoir les doigts broyés dans moins d'une semaine.
Michael, de son côté, se retourna juste et donna un groupe coup de poing au mur pour évacuer sa rage. Depuis un moment, il n'arrivait plus à se contrôler. Je ne le connaissais pas, mais il ne semblait pas comme ça quand il avait aidé à libérer Norbert. À mon avis, c'était à cause de la défaite contre le vampire qui l'enrageait, il disait souvent qu'il n'avait pas assez aidé et qu'il s'en voulait. Et maintenant qu'il n'avait plus de mentor pour lui dire quoi faire et que les autres esprits ne s'occupaient pas trop de lui, ne sachant jamais quoi faire de lui. Il avait peut-être l'impression d'être délaissé ici. Je n'en savais rien.
- Allez, concentre-toi Juliette, me rappela à l'ordre Eau. Si ce gros machin en toile était un ennemi, il ne te laissera pas le temps de rêvasser.
- Si c'est quelqu'un comme Ténèbrès, il ne me laissera pas le temps, il se serait déjà téléporté, rétorquai-je, donnant un petit coup dans l'objet que j'avais déjà beaucoup frappé.
Ma mentor ne répondit rien. Il n'y avait rien à dire à ça, puisque c'était vrai.
- Continue à t'entrainer, c'est tout.
J'étais éreintée de ma journée. Norbert avait dû s'en rendre compte car il m'avait laissé dormir sans aller manger. À peine étais-je arrivé dans ma chambre que je sautai sur mon lit. J'étais trop épuisée pour faire autre chose. Combien de temps ce manège allait-il durer ? De plus qu'il me semblait totalement inutile. Je savais me battre, oui, mais Ténèbrès était rapide, et j'aurais pas le temps de l'attaquer, ni même de me défendre... surtout s'il connaissait le terrain comme la dernière fois. Il aurait pu nous tuer si l'envie lui en prenait. D'ailleurs, Martin avait failli y laisser la vie... rien que de me remémorer la scène, j'en frissonnais. Je me souvenais de chaque détail, même s'il n'y en avait pas beaucoup puisque nous étions plongés dans le noir une grande partie du temps.
Alors que je réfléchissais à la meilleure technique pour stopper Ténèbrès, j'eus une idée de génie. Il pouvait se téléporter, ce qui le rendait dur à attaquer, mais une certaine subtilité venait de me revenir. Il devait toujours regarder là où il voulait réapparaitre ! Si on le combattait dans un terrain qu'il ne connaissait pas, il aurait dû mal à s'enfuir. Il suffisait que quelqu'un surveille où il allait se téléporter pour lui sauter dessus dès qu'il y arriverait ! Cela paraissait plutôt simple, et cela sans avoir à se fatiguer à taper dans un morceau de tissue pour rien. Il me restait des détails à peaufiner pour être sûr que le vampire ne trouve pas un moyen de nous faire trop mal. Je n'étais pas encore sûre du plan que j'avais trouvé, mais c'était mieux que rien, et au moins, cela me permettait de me détendre en me disant que je tenais peut-être quelque chose qui allait nous aider.
Le lendemain matin, j'étais fraîche et reposée. Je n'avais pas aussi bien dormi depuis longtemps, surtout que j'avais rêvé que je battais Ténèbrès avec Martin, et que nous nous embrassions à la fin.
Norbert m'attendait dans la cuisine. Il abordait un air préoccupé, mais son visage s'éclaira quand il me vit apparaître dans l'entrebâillement de la porte.
- Comment vas-tu ? Tu as bien dormi ? s'enquit-il aussitôt.
- Je vais bien, j'ai passé une des meilleure nuit de ma vie.
- Tu étais dans les tunnels hier ? demanda-t-il en perdant son sourire.
Comme j'acquiesçai de la tête, il grogna un peu et repris :
- Et alors, ça c'est... euh... bien passé ?
- Oui, ça va, mentis-je.
Voyant qu'il n'était pas totalement convaincu, je me sentis obligé de me reprendre pour lui dire la vérité.
- Bon, d'accord. Michael et Christine continuent de se disputer, et j'ai l'impression que tout le monde en a assez de toujours faire la même chose.
- Vous tapez encore vos punchingballs ?
- Eh oui, malheureusement. Je ne sais pas quand on s'arrêtera, mais j'espère que ce sera bientôt, car je n'en peux plus.
- Tu ne peux pas dire que tu arrêtes ? voulu savoir Norbert.
- Non. Et puis je ne ferai jamais ça ! C'est sur nous quatre que la Terre entière compte, je ne peux pas me permettre de baisser les bras. Je veux encore voir ce que les esprits ont pour nous, nous verrons bien ce que cela donnera. C'est le dernier espoir, je ne peux pas me permettre de le gâcher.
Martin :
Il faisait beau aujourd'hui. Le retour du printemps était vraiment le bienvenue. J'avoue que les temps chauds m'avaient manqué. De plus, il avait plus toute la semaine et les terres étaient détrempées.
- Un brin de soleil fera du bien aux plantations, assura Charles. Pour le moment, vous pouvez aller profiter de la météo et vous promener en forêt si cela vous intéresse.
- C'est super ! s'exclama Michael. Viens Martin, on va dans la cabane !
Il ne prit pas le temps d'attendre ma réponse qu'il me prit par la main et m'entraîna à l'extérieur.
- N'oubliez pas vos manteaux ! s'exclama le père de mon ami. On ne sait pas si la pluie reviendra bientôt !
Michael fit demi-tour et alla prendre les vêtements de pluie. Puis il repartit aussi sec. Je le suivis aussi vite que je le pouvais, mais je ne courrais pas à sa vitesse. Décidément, passer une semaine enfermé ne lui avait pas plu. C'était à peine si on avait pu se rendre dans les tunnels sans que Charles ne se rend compte de rien. En tout cas, même si l'adulte n'était pas au courant de notre activité souterraine, il voyait bien que quelque chose avait changé depuis notre défaite contre Ténèbrès. Michael était beaucoup moins souriant, il râlait plus, n'était plus patient et parlait beaucoup moins. Même si son père ne disait rien, je voyais qu'il cherchait ce qu'il avait pu dire ou ce qu'il s'était passé.
- Qu'attends-tu ? Dépêche-toi, on ne sait pas combien de temps le soleil va rester ! s'impatienta mon ami, obligé de s'arrêter pour m'attendre.
- J'arrive, j'arrive. Tu sais bien que tu es plus rapide que moi, ne t'énerve pas.
Dès que je le rattrapai, il redémarra sans plus m'attendre.
Nous arrivions à la cabane même pas cinq minutes plus tard. Elle était entièrement mouillée, mais tenait encore.
- Il va falloir la nettoyer un peu si on veut pouvoir passer la journée dedans, fit Michael. On risque de finir trempé sinon, et papa ne sera pas content.
Il prit une feuille et essaya d'éponger le sol, sans grand succès.
- Je pense qu'on va devoir trouver un autre moyen, observai-je.
- Ce n'est pas grave. On peut aussi aller se promener un peu, ça ne pose pas de souci.
Il quitta la cabane sans un mot et partit sans m'attendre. Je me hâtais de le rattraper, puisque, encore une fois, il ne m'attendait pas. Je n'osais pas le lui dire, mais son comportement m'agaçait. Entre ses disputent dans les souterrains et son manque d'enthousiasme à faire la moindre chose à la maison, passer du temps avec lui était de plus en plus compliqué. Le problème était que, si je lui faisais une remarque, j'avais peur qu'il ne s'énerve encore plus.
- Eh, regarde ! Les tunnels sont ouverts ! On doit y aller ! m'exclamai-je à l'intention de mon ami.
J'allais pouvoir aller voir Juliette ! Chaque fois que mes yeux croisaient les siens, je ne pouvais m'empêcher de sourire. C'était comme si je ne contrôlais plus les traits de mon visage. Un jour, il faudrait que je lui dise ce que je ressentais vraiment pour elle. Quand je me sentirai réellement courageux, et que je serai sûr qu'elle ne me rejette pas. Pour le moment, ce n'était pas mon principale sujet de préoccupation. Déjà, Michael devait revenir comme avant. Puis un moment, il faudrait vaincre Ténèbrès. Ensuite, je verrai ce que je ferai de ma vie et de mes sentiments envers Juliette.
C'était comme d'habitude dans les souterrains. Des disputes et un manque d'envie écrasant rendait l'entraînement lourd et « blasant ». En tout cas, c'était comme ça que le qualifiait Juliette, avec ses mots du XXIIème siècle.
Profitant d'une petite pause, j'allais prendre quelques nouvelles de Juliette. Voir si tout s'était bien passé chez elle ces deux derniers jours.
- Devine quoi ?
- Qu'il y a-t-il ? m'inquiétais-je aussitôt.
- Tout va bien, se mit elle à rire quand elle vit mon air se décomposer. J'ai trouvé une idée parfaite pour arrêter Ténèbrès !
- C'est vrai ? Explique-moi, je veux savoir !
Elle se mit à débiter son plan sans prendre de respiration, comme si elle avait déjà répété son texte plusieurs fois, ce qui ne m'aurait pas étonné, puisqu'elle était toujours du genre à être sûre de ce qu'elle voulait dire pour ne pas faire d'erreur.
Une fois qu'elle eut terminé de m'expliquer son plan, je pris un peu de temps pour assimiler tous les détails et voir si quelque chose pouvait être modifié.
- Tu as eu une super idée ! Quand comptes-tu en parler aux autres ?
- Heu... Je n'en sais rien. J'ai peur que Michael ne m'écoute pas, et je n'ai aucune envie de devoir me disputer avec lui pour le moment. Je pense que ce n'est pas urgent. Pour le moment, nous devons nous entraîner, c'est déjà très important. Et puis peut-être que les esprits ont déjà des idées sur le moyen de vaincre Ténèbrès.
- Je ne sais pas. Nous verrons bien.
L'entraînement terminé, nous retournions à la surface. Michael était toujours aussi maussade, mais je n'attendais plus qu'il ne change de comportement de sitôt. De mon côté, je réfléchissais au plan que Juliette avait conçu, voir s'il n'y avait pas un détail ou deux qui pourrait être amélioré, et qui ferait quoi.
- Fais un peu attention ! s'exclama Michael quand je me pris un arbre pour la troisième fois de notre balade. Je vais finir par penser que tu le fais exprès !
- Mais pas du tout, me défendis-je, me massant le front endoloris. Je réfléchis juste à quelque chose que Juliette m'a dit tout à l'heure et je ne fais pas attention où je vais.
- Les arbres n'ont pas à subir le fait que tu ne fasses pas attention à ce qu'il se passe autour de toi, rétorqua l'apprenti de la Terre.
Cette fois, c'était la goutte de trop. Je me retournai brusquement vers lui d'un air irrité et lui sortis :
- Bon, écoute bien. Depuis qu'on a été battu Ténèbrès, tu as trop changé. Tu étais sympathique avant, prêt à tout pour tes amis. Or, tu as beaucoup changé. Maintenant tu t'agaces pour un rien, tu es désagréable dès qu'on te demande quoi que ce soit, et tu ne veux pas qu'on fasse le moindre commentaire. Je sais qu'une défaite n'est pas forcément agréable, mais de là à plomber l'ambiance pendant les entraînements, je pense que tu vas trop loin !
J'avais sorti mon monologue d'un coup, sans même respirer. Le temps de reprendre mon souffle, il rétorqua :
- Je n'y peux rien, ce que je dis est vrai. Ça ne sert à rien de vouloir aller l'affronter tout de suite comme à l'air de le dire Christine, on pourrait aussi se suicider, cela reviendrait au même. Il nous a bien averti qu'il nous avait laissé la vie sauve cette fois, mais que ce ne serait pas le cas la prochaine fois. Alors non, je ne suis pas d'accord et je le dis. Désolé si ça embête.
Il fit volteface et partit d'un pas rageux dans la forêt, mais laissant là. À peine dix secondes plus tard, il était déjà hors de ma vue. Je me retrouvais seul dans un lieu qui m'était encore inconnu.
Cela devait faire un bon moment que je cherchai le chemin par lequel j'étais venu, sans réussite. Je commençais petit à petit à stresser à force de passer devant les mêmes endroits. Encore à clairière avec les tunnels (qui n'y étaient plus) puis l'endroit où je m'étais disputé avec Michael. Ne trouvant toujours pas mon chemin et à bout de force, je m'affalai le long d'un arbre. Peut-être que mon ami allait faire demi-tour et viendrait me chercher. C'était le seul moyen pour moi de retrouver la maison, je n'avais aucune chance tout seul.
La pluie était de retour. Mais cette fois, je ne la regardai pas du grenier comme d'habitude, j'étais en dessous en train de la subir. J'étais tout en boule sur moi-même. Michael devait être rentré et m'avoir laissé poiroter dehors.
Alors que je pensais que j'allais rendre l'âme sous cet arbre, une ombre passa au-dessus de moi.
- Content de te revoir, susurra une voix que j'avais déjà entendu il n'y avait pas longtemps, mais à qui je n'arrivai pas à mettre de visage. Oh, tu m'as déjà oublié ?
Comme je ne bougeai pas et ne répondis rien, une forme humanoïde apparue devant moi.
- J'espère qu'on ne va pas être obligé de refaire les présentations, j'ai du pain sur la planche, m'annonça Ténèbrès en avançant d'un pas vers moi.
Je me relevai aussitôt. Je devais partir d'ici, et vite. Mais avant que je ne puisse faire le moindre pas, une masse me tomba sur le dos et m'empêcha de m'enfuir.
- Tu viens avec nous, fit le vampire. Je te déconseille de désobéir, ou ça risque de mal se passer pour toi.
Je n'avais pas envie de l'écouter, juste pour montrer que jamais je ne serai coopératif avec eux. Je mordis la personne qui était au-dessus de moi, et me dépêchais de me lever. Je n'eus pas le temps d'aller plus loin que le vampire sortit son épée et m'asséna un grand coup du plat de l'arme. Le monde vacilla un instant avant que tout devient sombre.
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