Christine, Michael
Christine :
C'était trop ! Déjà que la dernière fois, j'avais quitté le cours d'entrainement, mais là, si j'avais su qu'ils nous obligeraient à rester après, je ne serai même pas venu ! Martin avait absolument tenu à venir me parler, alors que je souhaitais rester seule. De plus, il avait voulu me convaincre de penser que tout n'était pas perdu, qu'on avait encore une chance de gagner. Sa naïveté me donnait envie de vomir. J'étais la seule à me rendre compte que tout était fini. S'ils avaient réussi à tuer Eau, ils pouvaient tous nous éliminer quand ils le voulaient. Rien ne me disait qu'ils n'étaient pas en train de m'attendre chez moi en ce moment-même. Si j'allais encore dans les souterrains, c'était pour éviter que les autres ne s'inquiètent et viennent chez moi pour m'obliger de revenir.
Je marchais d'un pas rageux. J'étais fatiguée et le trajet semblait être plus long que d'habitude. À croire que c'était fait exprès ! Je voulus me défouler sur un caillou en lui donnant un coup de pied, mais la pierre était plus grande qu'elle ne le laissait paraitre. Elle ne bougea pas d'un pouce, contrairement à moi, qui, déséquilibrée, m'écrasais par terre. Je me retiens d'hurler autant de surprise que de colère. Décidément, rien n'allait aujourd'hui ! Je me relevais précipitamment à l'aide de mon bras valide avant de reprendre ma course de plus belle. Je voulais sortir d'ici le plus vite possible.
Je devais être tombé plus mal que je ne me l'étais imaginé tout à l'heure. Sur le coup, je n'avais ressenti, aveuglé par la rage et la tristesse, mais maintenant que je m'étais calmée, je sentais que mon coude droit me piquait fortement. Et je ne parlais même pas de l'état de mon bras estropié. Déjà qu'il n'était pas spécialement beau à voir avant, il ne ressemblait plus à rien maintenant. Le bandage s'était déchiré contre la roche lors de ma chute, et, dans le noir, je ne m'étais aperçue de rien. Je serrai les dents les dents pour ne pas crier quand mon chat, Miaou, vint me donner un coup de tête sur ma blessure. Il ne pouvait pas le savoir, mais ce qu'il faisait m'était très douloureux. Je ne savais pas comment je pourrai aller en cours dans cet état si la moindre chose, infime soit-elle, me faisait souffrir. Et encore moins ce que je dirais à ma mère quand elle verrait l'état de mon pansement.
- Christine ! Que t'est-il arrivé ?
Le hurlement choqué de Mariem me réveilla en sursaut. J'avais dû m'endormir sans m'en rendre compte.
- J'attends une réponse jeune fille, continua-t-elle devant mon silence.
- Hum... Je... bégayai-je sous son regard glacial.
- Dis-moi tout. Je veux savoir ce qu'il t'est arrivé pour que tu sois dans cet état.
Elle me mettait trop la pression. Ça, plus ce qu'il se passait dans les tunnels, plus la mort d'Eau dans mon cœur et sur ma conscience, plus le fait que je lui cache la moitié de ma vie depuis que j'avais appris l'existence de mon pouvoir, c'était trop. La goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Je ne puis plus me retenir plus longtemps. Je lui avouai tout ce qu'il s'était passé depuis ce fameux soir où ils étaient partis au cinéma et que je m'étais retrouvée seule à la maison, jusqu'à l'entraînement de tout à l'heure. Je parlais même du harcèlement que j'avais subi et de la manière dont il s'était terminé.
Je dû parler plus d'une heure sans m'arrêter, voir peut-être même deux d'après le ciel dehors. Mariem ne m'avait pas coupée une seule fois, j'étais étonnée. D'habitude, elle posait toujours pleins de questions pendant que je lui racontais quelque chose, mais là, rien. Je m'étais quand même aperçue qu'elle s'était retenue à plusieurs reprises, signe qu'elle n'allait pas tarder à me bombarder de questions.
- Ce que tu viens de me raconter est pour le moins... exceptionnel, commença-t-elle en choisissant ses mots avec soin. À vrai dire, je ne m'attendais pas du tout à ça. Tout ce que tu viens de me dire est vrai ?
- Oui ! Tu dois me comprendre s'il te plaît, la suppliai-je.
- Donc, si je te crois et que j'ai bien suivi, tu vas devoir te battre contre un vampire qui peut se téléporter et qui est très puissant, alors que tu sais que tu ne vas pas gagner ?
- C'est vrai que dit comme ça, ce n'est pas rassurant du tout.
- Pas du tout, comme tu le dis. Surtout qu'il paraît que tu t'es déjà battue sans que je ne sois au courant, ajouta-t-elle comme si ce n'était pas assez suffisant pour me faire culpabiliser encore plus.
- Ne t'en fais pas, ça va bien se passer, la rassurai-je sans croire ce que je disais.
- Comment veux-tu que j'en sois sûre ? contra-t-elle plus vive que l'éclaire. Il s'est passé trop de choses dans mon dos pour que je puisse te refaire confiance tout de suite. Qu'est ce qu'il ne me dit pas que tu vas y retourner dans deux jours et que quelque chose se passera mal ?
- Je vais y retourner mais...
- Il n'y a pas de « mais » ! m'arrêta aussitôt ma mère. Je ne veux pas que tu y retourne, un point c'est tout !
Elle semblait totalement hors d'elle. Je n'arrivais même plus à lui parler sans qu'elle ne contre-attaque aussitôt.
- Mais... tentai-je de nouveau.
- J'ai dit quoi ? Tu n'iras nulle part. Je ne veux pas que tu te blesses avec toi soi-disant tunnels bizarre. Alors, jusqu'à nouvel ordre, tu restes dans ta chambre ou dans la maison si quelqu'un te surveille. Je ne veux pas qu'il t'arrive encore du mal, et si je dois t'enfermer pour ça, je le ferai. Je suis prête à tout pour le bien de ma fille adorée.
Je soufflai. Encore punie. Je n'en pouvais plus, elle se sentait obligé de rajouter une couche au-dessus de tous mes problèmes. Déjà que j'étais submergée avant, là, c'était juste remuer le couteau dans la plaie pour le plaisir.
- C'est pour ton bien. Tu dois le comprendre cette fois. Je suis sérieuse, insista ma mère en appuyant bien le dernier mot.
- Je sais, j'ai compris ! m'exclamai-je, perdant patience. Laisse-moi tranquille maintenant !
Ma réplique soudaine la fit sursauter, mais je n'allais pas m'excuser alors qu'elle s'apprêtait à m'enfermer.
- Laisse-moi, répétai-je. Je veux me reposer.
Mariem ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais je m'allongeai dans mon lit et mis un coussin sur ma tête pour ne pas l'entendre. Tant pis si j'avais l'air d'une gamine, j'avais juste besoin qu'elle m'écoute. Elle comprendrait sûrement mieux de cette manière. Cela dut marcher, car, après qu'elle ait dit deux ou trois trucs sans qu'elle ne me réponde, elle quitta ma chambre.
Enfin seule, je me mis à pleurer. J'avais tout dévoilé. Encore une fois, j'avais trahi les esprits. Je ne méritais pas de retourner dans les tunnels. De toute façon, je ne pouvais plus à cause de ma mère, me rappelai-je juste après. Au moins, cette question était vite résolue. Décidément, rien n'allait comme je l'aurais voulue.
Michael :
L'aube venait à peine de se lever, mais j'étais déjà debout depuis longtemps. Depuis qu'on était rentré de l'antre de Ténèbrès, Martin et moi nous entraînions à la maison, et encore plus depuis qu'on avait appris la mort d'Eau. mon ami étant prêt à venger la mentore de Juliette et moi voulant juste l'éliminer, il n'était pas difficile de nous motiver. C'était pour ça qu'on se retrouvait dehors quand le soleil n'était pas encore levé, à se lancer des bâtons, à les esquiver ou les rattraper, pour améliorer notre réactivité et habituer nos corps aux efforts physiques. Je ne savais pas si cela serait suffisant pour vaincre le vampire, mais je n'avais pas trouvé d'autres idées pour le moment.
- Vous êtes encore en train de jouer à la bagarre ? s'enquit Charles derrière moi.
Je m'arrêtai net dans mon mouvement. Le bâton que je devais rattraper tomba à mes pieds. Je n'avais pas entendu mon père venir !
- Heu... c'est juste quelques étirements avant la dure journée qui nous attend monsieur, rectifia Martin, après un blanc.
- Vous savez pourtant que je vais au marché et que je m'occuperai des plantations seul après alors...
- Parce qu'on a prévu de retravailler notre cabane et que ça risque d'être assez intensif, continua mon ami.
- Ah... bon, d'accord alors. Amusez-vous bien.
Mon père repartit aussi vite qu'il était venu, nous laissant de nouveau tous les deux.
- Bien joué, félicitai-je Martin. T'as assuré sur ce coup !
- Oui, j'ai bien géré, mais je ne pourrai pas improviser des trucs aussi crédibles à chaque fois. On va devoir faire attention à l'avenir, où il va se douter de quelque chose.
- Charles n'est pas niais, il se rendra vite compte de quelque chose d'anormal s'il nous voit trop souvent faire ça. Déjà, il est venu nous interroger, il doit déjà se poser des questions.
Nous reprenions l'entraînement comme s'il ne s'était rien passé. On devait continuer à travailler, quitte à prendre le risque d'avoir des problèmes avec Charles. Je restais prudent, prêt à me cacher s'il arrivait de nouveau dans les parages. Mon père ne devait pas savoir pourquoi on faisait réellement ça. Il n'aurait même dû savoir que nous le faisions déjà.
- C'est bon pour aujourd'hui, annonçai-je. Le soleil était levé depuis bien longtemps, mais il était caché par de gros nuages. Il allait pleuvoir aujourd'hui. Le projet « réparation de la cabane » allait devoir attendre un peu.
- On s'est bien entraîné, dit Martin, satisfait. Si on continue comme ça, il sera plus facile de se battre contre Ténèbrès ! Il ne va rien comprendre !
- C'est bien vrai. On peut aller se reposer à la cabane avait qu'il ne se mette à pleuvoir. Je t'avoue que je suis un peu fatigué, je pense que prendre l'air et marcher un peu me fera du bien.
Je savais que c'était dangereux de sortir, mais j'avais pris le risque. Aller en forêt était trop tentant pour que je puisse résister à l'envie, même si je savais pertinemment que je prenais le risque de me prendre une bonne saucée. Martin m'avait suivi, ne voulant pas rester à la maison. Maintenant, on était trempé tous les deux. La pluie était bien tombée, et ça m'avait permis de trouver une multitude de trous dans le plafond de la cabane.
- Charles risque de ne pas être content, grelota Martin, trempé jusqu'aux os.
- T'en fais pas, je m'en occuperai, le rassurai-je. Tu m'as déjà sauvé la mise ce matin, c'est à mon tour de le faire.
- Merci, t'es un vrai pote, fit-il en me remerciant d'un mouvement de la tête.
- On s'entraide comme on peut, le rassurai-je. Comme dans les tunnels.
Il me sourit en signe de son accord. On avait pas tellement le choix si on voulait s'en sortir chez mon père et dans les tunnels en même temps.
- Bon, rompis-je le moment. C'est pas tout, mais les brèches ne font pas se réparer toutes seules !
Je me levai et pris des morceaux de bois.
- Va chercher de la sève. On va s'en servir pour combler les trous, ordonnai-je à mon ami.
Ce dernier se dépêcha de m'obéir. Plus vite ce serait fait, plus vite on serait au sec.
En soit, c'était un peu comme les entrainements. Plus vite on les aurait fait, plus vite on aurait battu Ténèbrès.
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