Chapitre 8
"you can start a family who will always show you love" - harry styles
delicate, taylor swift
Louis s'était, il ne savait pas trop comment, fait embarqué par son père pour un déjeuner entre père et fils. C'était plus un kidnapping à ses yeux, vu la façon dont son père l'avait tiré du lit alors que Louis profitait de la fin de sa nuit qui avait commencé tard. Il ne savait pas d'où venait ce soudain élan alors que son père était toujours d'accord pour que Louis passe la plupart de ses journées avec ses amis. Il insistait tout le temps pour qu'il reste manger avec eux au lieu de dîner avec lui.
Mais le voilà, assis à une table dans une petite pizzeria au bord de la mer, regardant son père avaler sa part en deux coups de dents. Sur le groupe, ses amis avaient prévu une après-midi jeux-vidéos, qui allait sûrement finir en bataille d'eau, chez Niall et Levi. Louis avait prévenu que son repas allait sûrement durer des heures, et Harry lui avait envoyé un message en privé pour savoir s'il voulait qu'il passe le prendre pour que son père ne puisse pas refuser. Et honnêtement, Louis avait beaucoup hésité avant de taper sa réponse, mais avait finit par refuser. Ce n'était qu'un déjeuner avec son père, après tout, et il était principalement venu pour le voir.
Pour voir son père.
- Alors, mon pote, ça se passe bien avec tes amis ?
Louis releva la tête de sa pizza pour lui sourire, et attrapa une part pour la porter à ses lèvres.
- Ça va.
- Ça va, c'est tout ? reprit son père en souriant.Tu rentres tout les soirs à vingt-trois heures et ça va ?
- Ouais, répondit Louis en mordant sa pizza. Ils sont sympas.
En vérité, ils étaient bien plus que ça, mais Louis n'aimait pas vraiment exposer sa vie à son père. C'était peut-être pour ça que, hier soir, il a appelé sa mère et sa sœur pour leur parler de l'Italie et de ses amis (pas de Harry, parce qu'il n'avait pas envie que leur appel se termine par des cris); parce que ça lui manquait de raconter sa journée à quelqu'un.
- Et toi ? enchaina-t-il pour changer de sujet. Tu fais quoi pendant tes vacances ?
Son père avait posé sa semaine pour accueillir Lottie, qui arrivait le lendemain. Enfin, Louis ne savait pas vraiment ce qu'il faisait de sa vie, parce que peu importe l'heure où il se levait, son père était toujours dans la cuisine, devant un bol de salade ou une grille de mots croisés. Honnêtement, il avait un peu peur de demander.
- J'imagine que tes amis et toi vont embarquer Charlotte, alors je pense finir ma série, et ma pile de livres à lire.
Louis hocha la tête en laissant ses yeux retomber sur sa pizza. Son père avait raison, il allait faire de son mieux pour que Lottie passe le plus de temps possible avec ses amis et lui. Tout d'abord parce qu'il aimerait qu'ils fassent connaissance avec sa sœur, mais aussi pour qu'elle passe le moins de temps possible avec son père. C'était égoïste de faire ça alors qu'elle ne l'avait pas vu depuis un an, et qu'elle venait en Italie pour le voir. Mais Charlotte était encore petite lorsque les images qui se répétaient encore dans l'esprit de Louis s'étaient déroulées, alors elle ne comprenait pas toute la rancœur de son frère, et Louis ne pouvait pas lui en vouloir. Il n'allait pas l'empêcher de passer du temps avec son père, il allait juste faire attention que ce temps qu'ils passent ensemble soit suffisant pour qu'ils profitent l'un de l'autre, mais aussi trop court pour qu'il puisse encore lui faire du mal.
Louis jeta un coup d'œil à son téléphone et vit qu'il était déjà seize heures passées. On mangeait tard en Italie, et son père mangeait horriblement lentement. Il répondit à un message de sa mère, qui lui avait envoyé une photo de lui et Lottie quand ils étaient petits qu'elle avait retrouvé en rangeant son bureau au travail et, quand il releva la tête, son père avait enfin finit de manger sa pizza.
Quand Mark lui demanda s'il voulait un dessert, Louis aurait vraiment aimé pouvoir dire oui. Il aurait vraiment pouvoir apprécier ce déjeuner avec son père, parler de ses nouveaux amis, peut-être même de Harry. Planifier des sorties pour faire visiter la ville à Lottie. Louis aurait vraiment aimé pouvoir accepter ce dessert et faire disparaitre cette envie de rentrer qui grandissait dans sa poitrine. Il faisait comme si tout allait bien, comme si cette situation ne le pesait pas. Mais il aimerait tellement, et il ferait tout pour que ce repas soit un simple repas entre un père et son fils au lieu de quelque chose que Mark lui offrait pour se faire pardonner.
Louis lui sourit en déclinant sa proposition, et il regarda son père se lever pour aller payer au comptoir, et il appela Zayn. Il appela Zayn parce que c'était comme un reflex, à présent. Là, tout de suite, il savait que s'il se retrouvait seul, il allait encore penser à son père, à tout ce qu'il s'était passé dont il ne voulait pas avoir le moindre souvenir. Alors il appela Zayn pour se changer les idées. Alors que deux semaines auparavant, il aurait attrapé un livre.
- Oui Tommo ? Comment se passe ce déjeuner avec ton paternel ? fit le garçon en décrochant.
- Horriblement ennuyeux, ennuyeusement horrible, Jiminy, répondit Louis en soupirant.
Zayn rit à l'autre bout du fil, et proposa :
- Tu nous rejoins chez Niall et Levi, si tu as fini ?
Louis regarda son père mettre sa carte bleue dans la machine à travers la vitre du restaurant, et se mordit la lèvre. Au fond, il s'en voulait, de ne pas parvenir à faire des efforts. Son père en faisait, sa mère aussi en lui autorisant d'être ici et lui, il n'y arrivait pas. C'était comme ça. Un truc, au fond de sa poitrine, qui se refusait à lui faire de nouveau confiance, même s'il lui manquait atrocement quand ils étaient éloignés.
- Envoie-moi l'adresse, j'arrive.
Il raccrocha et quelques secondes, le texto de Zayn arriva. Son père revint, l'air aussi jovial qu'à son habitude, mais Louis montra son téléphone tout en se levant.
- Je suis désolé, mais Niall est malade. Genre vraiment malade, il vomit de partout depuis des heures, alors je vais voir comment il va. Désolé d'écourter notre sortie.
- Pas de problème, ne t'inquiète pas, lui assura son père. Va prendre soin de ton ami, on se voit ce soir, de toute façon.
Louis le remercia d'un sourire forcé et s'éloigna tout en configurant son GPS. Derrière lui, son père l'observait depuis la terrasse, et Louis n'était même pas honteux de son mensonge. Et c'était inutile d'ajouter qu'il aurait aimé que son père soit ne serait-ce qu'un peu attristé qu'il disparaisse encore pour l'après-midi.
La tante de Niall n'habitait pas très loin de la pizzeria, si bien que Louis y fut en quelques minutes à peine. Il leva son poing en l'air devant la porte et, avant de toquer, il ferma les yeux et secoua la tête. Il ne voulait pas penser à son père maintenant. Il ne voulait pas penser à son père tout court. Il rouvrit les paupières et toqua finalement contre le panneau de bois. La porte s'ouvrit quelques secondes plus tard, laissant apparaitre Théo, les cheveux relevés en un chignon, un muffin dans la bouche, les yeux écarquillés. En le voyant comme ça, Louis éclata de rire, et Théo sourit en retirant la pâtisserie de sa bouche. Puis il tourna la tête pour crier :
- Eh, il est pas mort !
Depuis la pièce adjacente, Louis entendit Liam pousser un cri de joie, et Théo sourit en secouant la tête. Louis entra, et Théo referma la porte derrière lui.
- La tante de Niall n'est pas là ? demanda Louis en retirant ses chaussures.
- Nan, on est tout seuls, répondit le garçon en mâchant son muffin. Elle nous a laissé la maison. Grave erreur.
- Très grave erreur, confirma Louis.
Théo pouffa, et le mena jusqu'au salon. La maison était décoré de la même façon que celle de son père. De grands rideaux blancs laissant entrer la lumière, des tapis qui recouvraient le carrelage froid et des tableaux de fleurs sur les murs. Quand Louis entra dans le salon, il trouva tout ses amis assis sur le canapé ou sur le tapis en face de la télévision. Sur l'écran, un film était en pause.
- Et bah, fit Niall, je ne savais pas que Louis était rangé avec les muffins.
Louis leva les yeux au ciel alors que le blond éclata de rire. Il l'invita à s'asseoir, et Louis demanda quel film ils étaient en train de regarder en s'asseyant au bout de la ligne qu'ils avaient formé sur le tapis, le dos contre le canapé. Et, vraiment, c'était un hasard si Harry était celui qui était à côté de lui. Lorsqu'il croisa son regard, Harry lui lança un sourire auquel Louis répondit avant de passer sa main dans ses cheveux, se demandant soudainement s'il était correctement coiffé.
- Un film romantique, parce que c'est Liam qui a choisi, lui répondit Zayn.
- Ce n'est pas un film romantique, c'est la science-fiction, se défendit le garçon.
- Ça fait dix minutes qu'il cherche la fille dans la montagne, je vais m'endormir moi, ajouta Levi.
- Attends, fit Lana, quand ils vont se retrouver, ils vont faire comme au début et se sauter dessus comme des lapins.
- Donc c'est juste une comédie romantique avec des voitures volantes et serrures qui marchent avec des empreintes digitales, conclut Harry.
Liam grommela qu'ils ne comprenaient rien, et Louis sourit doucement en le voyant croiser les bras et de bouder comme un enfant. Puis il croisa le regard de Zayn, installé sur le canapé à côté de Liam, qui fronça les sourcils. Il avait dû remarquer sa voix faible au téléphone, un peu plus tôt, et il avait dû aussi voir le sourire faiblard qu'il venait de lancer. Mais Louis lui sourit pour le rassurer. Ce repas avec son père n'était pas une bonne idée, et cela lui avait fait penser au goût amer de leur relation, mais ce n'était pas ça qui allait gâcher sa journée. A présent, il était avec ses amis avec l'idée de regarder un film et de se moquer de Liam, même s'il aimait le film.
Lana avait redémarré le film depuis quelques secondes à peine, et Louis releva la tête pour jeter un coup d'œil au visage de Harry. Il ne portait pas de bandana, mais avait attaché ses boucles avec une petite pince. Louis avait émis cette idée lors de leur sortie au restaurant, et il sourit, amusé, en voyant Harry coiffé comme ça. La lumière bleutée de la télévision reflétait sur son visage, projetant l'ombre de ses cils. Il avait coincé sa lèvre inférieure avec ses dents, et il était totalement concentré sur le film. Son avant bras effleurait le genou de Louis, et il l'avait posé là sans vraiment s'en rendre compte. Louis pouffa doucement, et Harry tourna la tête vers lui.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il avec ce léger sourire qui ne voulait pas s'en aller quand il parlait avec Louis.
- Rien, répondit Louis tout bas avec le même sourire. Je te regarde adorer le film, c'est tout.
Harry pouffa à son tour, amusé, et chuchota :
- Ne le dis pas, sinon Liam va m'inviter tout les jours pour regarder des films avec lui.
- Je ne le dirai pas, fit solennellement Louis. Je ne veux pas être responsable de ta mort.
Harry lui sourit, mais ne retourna pas tout de suite la tête vers l'écran, et Louis non plus. A la place, Harry bougea son bras pour venir délicatement effleurer les doigts de Louis avec le bout des siens. Juste comme ça, simplement pour essayer, et un immense frisson le traversa. A cause de sa surprise, son sourire avait dû tomber, et en voyant l'expression confuse de Harry, il s'empressa de lui sourire à nouveau. Harry le lui rendit, et tourna la tête vers l'écran pour reprendre le fil du film, sans cesser de caresser les doigts de Louis.
Louis ne comprit pas grand chose au film, à vrai dire. Le garçon brun n'avait pas retrouvé la fille aux cheveux roux, c'était tout ce qu'il avait saisi. Le reste c'était assez flou, de la neige, la peau de Harry qui picotait la sienne, la montagne et les doigts de Harry sur les siens. L'impression d'être idiot lui traversa rapidement l'esprit, mais en voyant que Harry non plus ne suivait rien (ils étaient les seuls à ne pas rire lors d'une blague) et des frissons se dessinaient sur son bras.
Le film se termina alors qu'il était presque vingt-et-une heures, et Louis tombait de fatigue. Il n'avait pas eu le temps de terminer sa nuit, et il reposait sa tête contre le canapé. Il ne suivait pas vraiment la conversation qui avait débuté, et les doigts de Harry étaient à présent posés contre les siens, créant de légers frissons dans sa nuque.
Alors voilà, maintenant qu'il n'avait plus rien pour s'occuper l'esprit, ses pensées revenaient. Celles où il se voyait lui, son père et sa sœur assis à la table de la cuisine, discutant de tout et de rien, de leur vie. Il ne savait pas vraiment pourquoi cela l'obsédait autant, aujourd'hui. Peut-être que c'était à cause du message de sa mère de ce matin, qui montrait que même loin de lui, elle pensait à lui, ce que son père ne faisait pas. Ou alors c'était sûrement ce surnom que son père lui donnait, ou l'arrivée de Lottie et ce désir de lui offrir une famille qui ne s'était pas brisée en milles morceaux sur le sol de cette cuisine, en Angleterre.
- Louis ? Ça va ?
Louis secoua la tête pour croiser le regard de Harry, qui avait penché la tête pour rencontrer son regard. Ses sourcils étaient légèrement froncés, comme s'il s'inquiétait. Louis lui sourit.
- Ouais. Je suis juste un peu fatigué, c'est tout. Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit, mon père m'a tiré tôt du lit.
Harry se mordit la lèvre en le regardant, et déclara :
- Tu devrais rentrer chez toi et te reposer. Ce n'est pas grave si tu n'es pas là ce soir. Et puis, demain, Niall et Théo veulent absolument faire leur stupide tournoi de basket, et tu devras être en forme pour me battre.
Louis pouffa doucement, et hocha la tête pour accepter. Il se leva avec Harry, et comprit qu'il allait le raccompagner. Il sourit en pensant à quel point c'était devenu naturel. Louis annonça qu'il rentrait chez lui, et Levi lui dit de se reposer, et Océane le serra dans ses bras. Lana cria à Harry qu'ils allaient commencer un autre film sans lui, et Harry lui répondit alors qu'ils se dirigeaient vers la porte :
- Pas grave, je le regarderai tout seul plus tard !
Louis pouffa doucement, et Harry lui sourit. Ils sortirent sur le trottoir, et prirent tout les deux le chemin de la maison de Louis. Leurs tongs résonnaient contre les pavés, et Harry détacha sa pince, et ses cheveux retombèrent sur ses yeux. Il essaya de les dégager en soufflant dessus, et Louis rit en le voyant faire.
- Quand est-ce que tu arrêteras de te moquer de moi ? demanda Harry.
- Quand tu arrêteras de tout faire pour que je me moque de toi, répondit Louis en souriant.
Harry lui sourit en coin, et enfonça ses mains dans son short en jean. Alors qu'ils se rapprochaient de la rue de Louis, le garçon se rendit compte à quel point il ne voulait pas rentrer seul. Il ne voulait pas entrer dans une autre altercation avec son père, parce qu'elles l'épuisaient, aujourd'hui. Elles lui rappelaient simplement qu'ils auraient pu être là, tout les quatre, sa mère, sa sœur, son père et lui, à louer une maison à Alata pour les vacances.
Il sortit son téléphone pour envoyer un message à Zayn. Et, oui, il aurait pu demander à Harry de rester dormir, mais il ne le voulait pas vraiment, en fait. Il ne voulait pas créer de moments embarrassants où ils se retrouveraient tout les deux dans le lit trop petit de Louis en essayant de dormir sans se toucher. Il ne voulait pas vraiment se prendre la tête ce soir, et surtout, il ne voulait pas utiliser Harry pour éviter son père. Il l'inviterait à rester dormir quand il le voudrait, quand il en ressentirait le besoin et pas simplement pour que son père le laisse tranquille.
Et Harry avait beau être l'être humain le plus intéressant de cette planète, Louis n'avait pas vraiment envie d'autres choses que d'ouvrir une bouteille de Coca avec Zayn comme s'ils étaient des gamins et parler de choses idiotes.
- Sinon, c'est cool avec ton père ? fit soudainement Harry, brisant le silence.
Louis haussa les épaules.
- Ça pourrait être plus cool.
- J'avais vu ça. Tu avais l'air assez dépassé quand tu es revenu de votre déjeuner.
Louis ne savait pas vraiment quoi répondre, alors il ne dit rien, et Harry du comprendre, parce qu'il n'enchaina pas sur le sujet. Au lieu de ça, il souffla une nouvelle fois sur ses boucles tombantes, parce qu'il savait que ça faisait rire Louis. Cela marcha, et Harry sourit au garçon quand il éclata de rire.
Ils arrivèrent rapidement chez Louis, et il apercevait des lumières à l'intérieur de la maison, ce qui voulait dire que son père était là. Il s'arrêta en soupirant, et Harry, qui s'arrêta en face de lui, jeta un coup d'œil aux fenêtres.
- Tu veux... Que je reste ? hésita-t-il.
- Hum... J'ai déjà demandé à Zayn de dormir ici, en fait, répondit maladroitement Louis.
Harry posa les yeux sur lui, et Louis avait si peur que Harry soit déçu ou jaloux qu'il ait demandé à Zayn de rester au lieu de lui demander à lui, alors il s'empressa d'ajouter :
- Mais tu peux rester si tu veux, c'est juste que...
- Louis, c'est bon.
Louis se mordit la lèvre, parce qu'il ne voulait vraiment pas que Harry se fasse du soucis. Parce que plus les jours passaient et plus il plaisait à Louis, et le garçon ne voulait pas qu'il doute de ça.
- Vraiment ? demanda-t-il d'une petite voix.
- Oui, vraiment, fit Harry avec un petit sourire. Honnêtement ? Je n'aurais pas dormi de la nuit si j'avais dormi à côté de toi.
Louis finit par sourire, soulagé que Harry ne lui en veuille pas. Son sourire avait même une étincelle d'amusement, alors Louis pouffa devant la stupidité de cette situation. Il était presque sûr que Harry rougissait dans la pénombre de la nuit qui commençait à tomber, et Louis aussi était intimidé. Ils n'avaient jamais parlé de ça. Ils n'avaient jamais vraiment parlé de ce que leur relation pourrait être. Mais il aimait comme ça commençait. Il aimait quand ils communiquaient, quand ils se disaient les choses.
- Mais si tu préfères que Zayn ne vienne pas, je peux toujours lui dire de rester chez Niall et Levi.
- Louis, fit Harry en souriant. J'ai dit que ça allait. Tu peux passer du temps avec tes amis sans que je ne sois jaloux. Et puis, il n'y a aucune raison que Zayn te plaise, vu sa sale gueule.
- Est-ce que tu insinues que, par conséquent, toi, tu as une belle gueule ? demanda Louis les sourires froncés, un sourire mangeant la moitié de son visage.
- Je ne sais pas. Tu penses que j'en ai une ? répondit Harry en bougeant ses sourcils.
Louis éclata de rire et le bouscula en disant qu'il ne prendrait pas part à ce débat. Harry rit à son tour et quand le silence reprit le dessus, Harry reprit plus calmement :
- Repose-toi bien. On se voit demain ? Envois-moi un message quand ta sœur arrive.
- Ouais. De toute façon, tu verras le spécimen en chair et en os demain.
Harry rit doucement, le genre de rire qu'il retenait d'éclater mais qui envahissait quand même tout l'espace de son son grave. Puis il observa Louis, pressa ses lèvres l'une contre l'autre comme s'il hésitait, mais il n'hésita pas aussi longtemps que quand il avait embrassé Louis sur la joue. Peut-être parce qu'il avait compris à quel point Louis tenait à lui. Alors il s'approcha, glissa sa main contre la joue de Louis et déposa un léger baiser sur son front. C'était bref, cela dura à peine une seconde, mais Louis le ressentit partout dans son corps et un frisson remonta sa colonne vertébrale.
Quand il s'écarta, Harry avait les joues rosées, et Louis le trouva encore plus adorable. Il lui sourit timidement, pensant à ses joues rouges à lui, et dit doucement :
- Bonne nuit.
Harry se mordit la lèvre, et vraiment, il fallait qu'il arrête de faire ça quand il regardait Louis. Parce que le garçon avait l'impression qu'il était la plus belle chose que Harry ait jamais vu, et ça son esprit n'arrivait pas à l'intégrer ni à le comprendre.
- Bonne nuit.
Louis sourit à Harry une dernière fois avant que celui ne tourne les talons. Il voulait croiser son regard encore une fois quand il tourna au bout de sa rue, mais à cet instant précis, une voix derrière le mur retentit et fit sursauter Louis.
- C'est bon il est parti je peux sortir ?
La tête de Louis apparu, et Louis ne savait pas depuis combien de temps il était caché derrière le mur, au coin de sa maison.
- Tu es là depuis longtemps ?
- Je ne voulais pas vous déranger ! Et puis j'ai chanté des chansons dans ma tête, alors je n'ai rien entendu !
Louis leva les yeux au ciel en soupirant, amusé. C'était tellement... Zayn. Cela ne l'étonnait même plus. Tout en riant, son ami sortit de sa cachette pour le rejoindre sous le porche. Il croisa son regard, puis tourna la tête vers les fenêtres.
- Bon, c'est quoi le plan ?
- Faire une soirée pyjama pour ne pas que mon père ne vienne m'emmerder, répondit Louis.
- Génial ! J'ai emmené mon vernis, en plus.
- Cool, tu t'entendras bien avec ma sœur de 15 ans.
Zayn donna un coup d'épaule à Louis, qui pouffa devant l'air blasé de son ami. Zayn posa la main sur la poignée et en chuchotant, il compta jusqu'à trois, comme si ceci était une mission dangereuse et de la plus haute importante.
Mais il ne fallu pas plus que ces trois secondes à Louis pour se rendre compte que c'était la première fois qu'il invitait quelqu'un chez lui, et qu'il était très heureux que ce quelqu'un soit cet idiot de Zayn.
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Louis attendait Zayn depuis une éternité, et il commençait sérieusement à avoir peur que son ami se soit perdu entre sa chambre et la cuisine. Après tout l'escalier comptait quinze marches, ce qui représentait quinze chances que Zayn ait glissé et se soit brisé la nuque. Quoi que, en y pensant, ça arrangerait Louis, parce que partager le paquet de chips que Zayn était allé chercher avec lui relevait de l'exploit. En fait, ce n'était pas vraiment du partage, simplement une expédition pour piquer deux chips avant que Zayn ne mange tout.
- J'ai trouvé ! s'exclama enfin le garçon en entrant dans sa chambre.
Assis sur son lit, et Louis lui sourit, et Zayn le rejoignit avec l'énorme paquet de chips.
- Ton père a failli m'attraper, mais j'ai dit que tu étais dans la douche et que tu étais si peu doué que tu pouvais tomber et te briser la nuque à tout moment, alors il m'a laissé partir.
- C'est bizarre, j'ai pensé à la même chose en t'imaginant dans les escaliers.
Zayn lui fit une grimace et ouvrit le paquet de chips. Il plongeait sa main à l'intérieur quand Louis le prévint :
- Si tu ne mets ne serait-ce qu'une miette sur mon lit, tu te casses. Je veux dire, par la fenêtre. Quand je te balancerai.
Zayn ne répondit rien, mais déplaça le paquet de chips au dessus du parquet sans cesser de regarder Louis. Puis il en sortit quelques unes qu'il mangea prudemment, puis s'essuya les lèvres avec le revers de sa main. Louis pouffa.
- Bon, je sais que cette petite soirée pyjama est censé un moment détente où on se fait des masques du visage et où on parle de comédies romantiques, mais il faut que tu fasses un truc d'abord.
- Quoi ? Te virer d'ici ?
- Assez culoté alors que c'est toi qui m'a demandé de venir.
Louis lui lança un sourire angélique, et se pencha pour prendre quelques chips dans le paquet que Zayn tenait, l'air de rien, éloigné de lui.
- Il faut que tu appelles Levi, et que tu mettes les choses au clair.
- Hum, répondit Louis, pris de cours. Maintenant ?
Inutile de préciser qu'il détestait les appels téléphoniques. Et que, oui, il savait qu'il devait parler à Levi, même s'il avait déjà discuté avec Harry, mais il flippait. Comment est-ce qu'on disait à quelqu'un qui était franchement sympa et avec qui on ne voulait pas se fâcher qu'on ne le voyait que comme un ami ?
- Ouais, ça serait préférable, fit Zayn. Sinon, Harry va le démolir, et le pauvre Lev' fait cinquante kilos d'os, c'est tout.
- Il ne va pas le démolir, répondit Louis en levant les yeux au ciel, exaspéré face au dramatisme de son ami. On en a déjà parlé, et il m'a dit qu'il ferait des efforts.
- Si tu lui as parlé, tant mieux pour toi, mais ce n'est pas très respectueux envers Levi, non ?
Louis se mordit la lèvre. Zayn avait raison. Il avait beau faire des efforts pour ne pas lui donner de faux espoirs, tout ça serait beaucoup plus simple s'il lui disait directement qu'il ne ressentait rien pour lui. Et puis, maintenant qu'il y pensait, il se sentait un peu coupable de se rapprocher et de commencer quelques chose avec Harry pendant que Levi espérait qu'il s'intéresse à lui.
- Je suis obligé de la faire par téléphone ? grimaça Louis.
- Tu vas flipper si tu lui dis en face.
- Je flippe déjà, si tu veux tout savoir.
Zayn haussa les épaules en marmonnant que ce n'était pas sa faute, et Louis sourit, amusé. Puis il se pencha, récupéra son téléphone qui chargeait sur sa table de chevet, et chercha le nom de Levi dans ses contacts. Il hésita un instant avant d'appuyer sur le bouton appeler, réfléchissant à ce qu'il allait lui dire. Mais au final, il n'y avait pas grand chose. Simplement qu'il était désolé, qu'il ne voulait rien de plus que de l'amitié avec lui, et c'était tout. Cependant, les mains de Louis étaient moites, et Zayn le regardait du coin de l'œil pour vérifier qu'il allait bien, tout en continuant à manger ses chips.
Ça sonna une fois, deux fois, le cœur de Louis loupa quelques battements, puis la voix de Levi répondit dans le combiné, enthousiaste, et Louis s'en voulait.
- Oui. Louis ?
- Hum, commença Louis en se raclant la gorge. Salut.
- Ça va ? s'inquiéta Levi en entendant sa voix hésitante.
Louis croisa le regard de Zayn et prit une grande inspiration. Il était un grand garçon, il pouvait survivre à une conversation téléphonique. Il avait juste peur d'y aller trop fort et de blesser Levi. Parce que dans ce brin d'inquiétude qui avait raclé les parois de sa gorge quand il avait demandé à Louis s'il allait bien, Louis le connaissait déjà. Il était dans la voix de sa mère, dans le voix de Zayn, et dans celle de Harry. Il entremêla ses doigts dans son t-shirt.
- Ecoute, je voulais te parler de quelque chose, hum...
Levi rit nerveusement à l'autre bout du fil, interrompant Louis, qui ne comprenait pas trop.
- J'imagine que Niall te l'a dit, c'est ça ? ricana le garçon. Que tu me plaisais.
- Il me l'a dit, mais pour que je ne fasse pas de conneries. C'était juste parce qu'il était inquiet pour toi.
- Qu'est-ce qu'il t'a demandé ? demanda Levi d'une voix qui penchait entre la tristesse et l'impatience.
Louis se mordit la lèvre, avant de soupirer.
- Il m'a dit de ne pas te donner de faux espoirs parce que je n'attends rien autre de nous que de l'amitié.
Levi resta silencieux au bout du fil, alors Louis s'empressa d'ajouter, de peur de l'avoir blessé :
- Tu es vraiment un gars super, et tu es un très bon ami. Mais c'est le problème. Je pense que, peu importe tout les efforts que tu feras pour m'aller, ça n'ira toujours pas. Parce que tu es juste un très bon ami, rien de plus. Je suis désolé.
En vérité, le problème, ce n'était pas ça. Le problème, c'était Harry, et peut-être que s'il n'était pas là, Louis aurait pu tenter quelque chose avec Levi, simplement par curiosité. Mais ce qui se passait entre Harry et lui était trop fort. Il y avait un aimant au fond de sa poitrine qui était irrémédiablement attiré par celui qui était au fond de la poitrine de Harry, et Levi ne pouvait rien faire pour changer ça.
- Louis, c'est bon. Pas besoin de te trouver des excuses.
- Ce ne sont pas des excuses, c'est sincère. J'aimerais vraiment qu'on reste amis. Et ne te demandes pas si tu as fait quelque chose de mal, c'est juste que ça ne pourra pas marcher. Je le sais.
Levi soupira, et Louis eut peur qu'il soit fâché contre lui. Après tout, il le comprendrait. Ce n'était pas facile d'entendre la personne qui nous plait nous dire que ça ne marchera pas. Louis s'en voulait presque. Mais il savait que c'était la meilleure chose à faire.
- De toute façon, j'imagine que je suis obligé d'accepter ta décision et que je ne peux rien faire pour la changer, lâcha enfin Levi.
Louis percevait un léger sourire dans sa voix, ce qui le rassura. Il préférait faire tout ça comme ça. Il savait que Levi allait être un peu démoralisé, mais c'était mieux comme ça. Il préférait lui dire de vive-voix plutôt que le garçon soit déçu si un jour, il apprenait ce qui se passait entre Harry et Louis.
- Je ne crois pas. Est-ce que ça va aller ? s'assura Louis en fronçant les sourcils.
- Ouais. Tu n'étais pas l'amour de ma vie, de toute façon, ajouta Levi, moqueur.
Louis protesta, et Levi éclata de rire à l'autre bout du fil. Ils coupèrent l'appel après quelques mots échangés de plus, d'autres excuses du côté de Louis et Levi qui disait que ça irait. Louis soupira en passant la main dans ses cheveux en fixant l'écran éteint de son téléphone. Ça n'avait pas été si horrible que ça, au final. Levi avait compris, et il allait certes être triste pendant quelques jours, mais il arrêterait de placer ses espoirs en Louis. Et Louis allait enfin pouvoir arrêter de s'empêcher de lui sourire pour ne pas lui donner de faux espoirs.
- Et bah, tu es devenu une autre personne pendant deux minutes, lâcha soudainement Zayn. J'ai vraiment cru que j'allais devoir te faire du bouche-à-bouche quand tu as lancé l'appel, mais tu t'en es sortit.
- Heureusement, fit Louis en grimaçant.
Zayn rit en lui lançant un oreiller à la figure. Louis rattrapa, et Zayn se leva pour jeter le paquet de chips à la poubelle. Combien en avait mangé Louis, déjà ? Ah oui, trois. C'était déjà plus qu'il n'avait prévu. Zayn revint sur le lit et s'assit sur le matelas, contre le mur. Louis l'observa regarder l'ourlet de son short, puis relever la tête, les sourcils froncés.
- J'ai le droit de te poser une question sur ton père ?
Louis grimaça. Il n'avait pas envie de parler de lui. Pas maintenant. Il n'était même pas sûr qu'il voulait que Zayn sache, parce qu'il ne ressentirait plus que de la pitié, et il ne le voulait pas.
- Ok, je prends ça pour un non, ajouta son ami.
- C'est juste que je ne m'entends pas bien avec lui, fit Louis en haussant les épaules.
Zayn l'observa un instant, les lèvres pincées, et déclara :
- Ne me le dis pas si tu veux, mais fais en sorte que si jamais ça ne va pas, je sois par là pour te secourir.
- Tu veux juste être un super héro, en fait, sourit Louis.
- Ton super héro, Loulou.
Louis grogna à ce surnom, et Zayn éclata de rire. Louis aimait beaucoup Zayn pour sa capacité à déterminer quels sujets Louis ne voulait pas aborder, et comment changer de sujet rapidement.
- Tu sais, tu es la première personne que j'invite chez moi en dix-sept ans d'existence, lâcha distraitement Louis en jouant avec les franges de son plaid.
- Vraiment ? fit Zayn, surpris.
- Ouais. En Angleterre, mes amis n'en n'ont rien à foutre de moi, alors je ne voyais aucune raison de les inviter chez moi. Ils seraient juste venus et auraient fait semblant de s'intéresser à moi, mais m'oublier à chaque fois qu'ils faisaient une fête ou un anniversaire.
- C'est merdique, commenta Zayn.
- C'est plus l'impression que c'est moi qui suit merdique.
Zayn, dont le regard brun était plongé dans celui de Louis, fronça les sourcils. Louis ne lui avait jamais vraiment parlé de ses amis mais, Zayn, en une semaine, en avait déjà plus fait pour Louis que tout ces gens qui faisaient juste rire à ses blagues.
- Je suis le plus merdique de nous deux, répondit finalement Zayn. Le jour où j'ai annoncé à ma copine que j'avais le cancer, elle m'a quitté parce qu'elle avait peur que ça soit contagieux.
- Elle est merdique.
- Tes amis aussi.
Louis sourit à Zayn, comprenant ce qu'il voulait lui faire réaliser. Puis son regard dévia vers la prothèse de Zayn et il se rendit compte que, depuis la fois où ils étaient rencontrés et que Zayn lui avait dit qu'il pouvait poser des questions sur son cancer, Louis ne l'avait plus jamais fait. Pourtant, à présent, leur relation n'était plus la même, et il savait que Zayn n'allait pas se vexé s'il lui posait des questions sur ça. Et puis, il avait envie de le savoir. Même si son cancer n'était pas son identité entière, le cancer faisait parti de l'histoire de Zayn, aussi triste que ça puisse paraitre. Louis avait envie de connaître Zayn. Juste comme ça. Peut-être qu'un jour, ils se connaitraient par cœur et qu'il ne suffirait qu'un coup d'œil de la part de Louis pour savoir si Zayn n'allait pas bien et que faire pour le soulager.
- Comment ils te l'ont découvert ? demanda-t-il en désignant sa prothèse du menton.
Le regard de Zayn suivit celui de Louis, et se posa sur sa prothèse. Il releva les yeux vers Louis et répondit sans même hésiter :
- J'avais quatorze ans. Je faisais de la natation, avant, et un jour, je me suis tapé le mollet contre la paroi de la piscine. Ce n'était rien du tout, et j'ai eu un bleu pendant trois ou quatre jours, rien de plus. Mais une semaine après que le bleu se soit rétracté, mon mollet à commencé à gonfler. Je pensais que ce n'était que le coup, alors je n'ai rien dit. Quelques jours plus tard, j'ai glissé sur le sol, à côté de la piscine. Je ne suis pas tombé fort, je ne suis même pas mal tombé. Normalement, tout le monde aurait eu une bosse, rien d'autre. Mais je me suis cassé la jambe.
- C'est un des symptômes ? demanda Louis.
- Ouais. En arrivant à l'hôpital, les médecins pensaient que c'était juste un coup de malchance, que j'étais mal tombé et voilà tout. Mais ils ont vu un truc bizarre sur ma radio. Je ne sais pas vraiment ce que c'était, sûrement un problème au niveau de mes os, et ils m'ont envoyé faire un PETscan. Tu sais ce que c'est ?
- J'ai lu Nos Etoiles Contraires, rappela Louis en levant les yeux au ciel.
Zayn ricana. Louis était vraiment heureux d'avoir lu ce livre et donc de s'y connaître un petit peu. Il ne passait pas pour un idiot auprès de Zayn qui, lui, baignait dans cet univers médicalisé depuis maintenant quatre ans.
- Ma jambe a brillé, comme un sapin de Noël, pour reprendre les mots d'Augustus.
- Je croyais que tu ne l'avais pas lu, fit remarquer Louis en se souvenant de leur première discussion.
Généralement, les gens qui ont le cancer ne lisent pas de livres sur le cancer. Louis n'avait pas besoin de se concentrer sur ce détail, mais, même s'il savait que Zayn parlait sans mal de son cancer, il cherchait à rendre son récit plus gai. Parce que même s'il était ouvert d'esprit, cette merde lui avait prit sans jambe, et quasiment sa vie, et Louis ne saurait pas comment survivre avec une peine comme celle de Zayn.
Zayn pouffa à sa remarque, et Louis demanda, réellement intéressé :
- Qu'est-ce qu'ils ont fait, les médecins ?
- Ils m'ont mis sous traitement. Je n'étais pas à un stade critique, mais il fallait tout de même surveiller que mon cancer ne s'aggrave pas. Mais il l'a quand même fait, et les tumeurs ont commencé à se multiplier.
- C'est pour ça qu'ils t'ont amputé, compléta Louis.
- Ouais. Après être tombé dans les escaliers parce que ma jambe me faisait trop mal. Mes parents m'ont emmené à l'hôpital, et ma jambe était entièrement illuminée sur le PETscan. Ils ont amputé et, selon eux, il n'aurait suffit que d'une seule semaine de plus pour que les tumeurs atteignent mon cœur.
Louis grimaça. C'était étrange de se souvenir que Zayn avait faillit mourir. De se dire que, dans une réalité parallèle à celle-ci, il aurait pu arriver, et Zayn n'existerait plus. Il ne voulait pas vraiment y penser. Il ne voulait pas penser à un monde où Zayn ne serait pas là pour faire des conneries et se moquer de lui.
- C'était un peu bizarre au début, termina Zayn, mais maintenant, ça va. Je ne suis pas mourant, et je peux charger mon téléphone sur ma jambe, c'est cool.
Louis ricana devant la remarque, et Zayn insista pour lui montrer la prise et brancher son téléphone. Louis se demanda comment ça faisait, de devoir vivre comme Zayn. Il était un rémission complète, mais il savait mieux que personne que la vie pouvait s'arrêter beaucoup plus tôt qu'on ne le pensait. Louis se sentit soudain idiot avec ses amis merdiques et ses bouquins. Il faisait tout pour vivre le moins possible, alors que Zayn avait failli arrêter de la faire à quinze ans seulement.
- Tu vois, tu es peut-être merdique, mais je le suis plus. Mes cellules sont entrées en guerre contre le reste de mon corps. Tu comprends pourquoi c'est si compliqué pour moi de prendre des décisions. Je suis tiraillé.
- Peut-être que ça vient juste du fait que tu es idiot.
- Effet secondaire du cancer, soupirant Zayn.
Louis éclata de rire et lui donna un coup de poing à l'épaule. Dans tout les livres qu'il avait lu, des meilleurs amis sortaient tout les soirs et faisaient les cons, buvant beaucoup trop et ne travaillant pas assez à l'école. Jamais il n'y en avait eu un qui était passé à deux doigts de la mort, jamais il n'y en avait eu qui n'avait jamais rien vécu de sa vie, du haut de ses dix-sept ans. Pourtant, la discussion qu'ils venaient d'avoir ressemblait à celles que les personnages des livres de Louis peuvent avoir. Ils parlent de choses sérieuses, peut-être même un peu trop sérieuse, tout en allégeant à la conversation avec des blagues et des taquineries. Ils s'aidaient, peut-être un peu brusquement, et c'est exactement ce que Zayn avait fait en ordonnant à Louis d'appeler Louis.
Et ouais, c'était étrange de vivre ça en vrai.
Avant qu'il ne puisse ouvrir la bouche, son téléphone sonna. Louis tourna la tête en même temps que Zayn, et ils virent tout les deux le nom de Harry s'afficher. Zayn poussa un petit cri, et Louis, surpris, tourna la tête vers lui.
- Réponds, qu'est-ce que tu fais ? s'exclama Zayn. Il va peut-être de demander en mariage.
Louis leva les yeux au ciel, et attrapa son téléphone. Il décrocha avant que ça ne soit trop tard, et jeta un coup d'œil qui ne le lâchait pas des yeux, décidé à suivre leur conversation.
- Oui ?
- Je croyais que tu n'allais pas répondre, fit la voix de Harry à l'autre bout du fil, un sourire dans la voix.
Une réaction chimique s'était crée dans le cerveau de Louis et, à présent, dès qu'il entendait la voix de Harry, il sourire incontrôlable s'installait sur ses lèvres.
- Il allait... commença à crier Zayn.
Louis plaqua une main sur sa bouche pour ne pas qu'il dise n'importe quoi, et Harry demanda sur un ton amusé :
- C'est Zayn ?
- Ouais, fit Louis en lançant un regard noir à son ami sans retirer sa main tellement il avait peu confiance en lui. Il est enfermé dans les toilettes, mais je vais le laisser encore quelques minutes.
- Tu étais censé te reposer, fit Harry.
- Je sais. C'est pour ça que je l'ai enfermé dans les toilettes.
Zayn essaya de mordre les doigts de Louis, mais n'y parvint pas, et son grognement fut étouffé par la main de Louis. Harry pouffa, amusé par les mots de Louis. Et cela créait quelque chose dans l'estomac de Louis d'entendre ce sourire dans sa voix. Parce que si celui-ci ne voulait pas tomber quand il voyait Louis, il savait à présent qu'il était aussi là quand ils se parlaient au téléphone.
- Tout va bien ? demanda-t-il soudainement en se rendant compte que c'était la première fois que Harry appelait.
- Hum, oui oui, je voulais juste savoir si...
La phrase de Harry mourut dans sa gorge, et il toussota. Louis se mordit la lèvre, comprenait que Harry était intimidé. Est-ce que lui aussi venait subitement de réaliser que c'était la première fois qu'ils s'appelaient ? Ils s'étaient presque prit la main tout à l'heure, devant le film, mais voilà qu'ils étaient intimidé pour une simple conversation téléphonique.
- Je voulais savoir si demain soir tu voulais euh... Manger avec moi sur la plage ? Je veux dire, sans les autres. Comme un rendez-vous, en fait.
Est-ce que Louis avait été si adorable quand il avait proposé un rendez-vous à Harry ? Certainement pas, parce qu'il n'était pas sûr que quelqu'un puisse être aussi mignon que Harry. Louis croisa les yeux écarquillés de Zayn et faillit rire devant son expression.
- Bien sûr, répondit Louis en souriant. Ça serait génial. Tu veux que j'apporte à manger ?
- Non, je m'occupe de tout, assura Harry, soudain plus sûr de lui.
- Ok, fit Louis.
Ils ne parlèrent pas pendant quelques secondes. C'était un de ses silences apaisants que Louis aimait tant, mais bizarrement, ils étaient un peu plus étrange au téléphone. Alors Harry se racla la gorge et fit :
- Tu ferais mieux d'aller délivrer Zayn. Il va étouffer, le pauvre.
- Ça serait dommage, en effet, répondit Louis exagérément.
Harry gloussa, et Louis termina :
- A demain. Dors bien.
- Toi aussi.
Louis sourit une dernière fois, comme si Harry était un face de lui et qu'il s'apprêtait à tourner les talons. Au lieu de cela, il raccrocha, et Zayn réussi à lui mordre les doigts. Louis poussa un cri de douleur et de surprise, et Zayn passa la main dans ses cheveux en soupirant.
- Vous prévoyez souvent mon assassinat, tout les deux ?
- On ne parle quasiment que de ça, répondit Louis.
Zayn ricana, puis reprit :
- Donc j'imagine que demain, je vais devoir passer ma soirée tout seul pendant que tu seras avec lui, en train de vivre la meilleure soirée de ta vie ?
- Je croyais que c'était toi qui se cachait sous le costume de Harry ?
- C'est moi, confirma Zayn.
- Donc qui est sous ton costume quand vous êtes tout les deux dans la même pièce ?
- ... Harry ?
Louis éclata de rire, et Zayn se laissa emporter avec lui. Il était tard à présent, la nuit était complètement tombée, et Louis était épuisé. Mais il ne voulait pas vraiment que cette conversation se finisse, parce qu'il se sentait bien avec Zayn. Il pouvait dire tout ce qu'il pensait, le brun ne se moquerait jamais de lui, du moins jamais sérieusement.
- J'ai pas envie de flipper, demain, lâcha-t-il.
Zayn haussa les épaules.
- Alors ne le fait pas. Si tu ne veux pas le faire, alors force toi à ne pas le faire. Sinon, ça va te gâcher la vie.
Louis observa Zayn quelques instants, alors que le garçon triturait quelque chose sur sa prothèse. Louis aurait pu être seul dans sa chambre, avec un livre. Il aurait pu avoir reçu l'appel de Harry et être en train de stresser parce qu'il ne serait pas sûr de réussir à arrêter d'avoir peur. Mais Zayn venait de lui dire. S'il voulait arrêter, il devait se forcer. Il devait juste se dire que ça allait bien se passer, parce que c'est comme ça que ça allait se passer. Zayn le savait depuis le début.
Alors Louis prononça ces mots qu'il n'avait encore jamais dit à personne.
- C'est niais si je dis que tu es certainement le meilleur ami que j'ai jamais eu ?
Etrangement, il n'eut pas peur d'être stupide quand Zayn releva la tête. Parce que quelque chose en lui faisait que Louis se sentait en sécurité. Il n'avait pas peur avec lui. Et dire qu'ils ne connaissaient que depuis quelques jours...
- C'est niais. Mais tu es le mien aussi, alors je ne me moquerai pas de toi.
Louis sourit à Zayn. Ils ne parlaient pas de choses comme ça, d'habitude. Mais ça faisait du bien. Louis savait que si jamais un jour, il appelait au milieu de la nuit, Zayn arriverait au pas de course, mais c'était autre chose de l'entendre.
Les yeux de Louis restèrent plongés dans ceux de Zayn quelques instants, avant que le basané ne reprenne :
- Nan, en fait, je vais le faire. C'est vraiment super débile.
- Mais va te faire foutre ! répondit Louis en lui lançant un oreiller à la tête.
Zayn éclata de rire, et Louis se dit qu'il n'était pas venu pour rien. Il avait toujours imaginé à quoi ressembleraient les soirées qu'ils passeraient avec ses amis. Les discussions qu'il aurait avec la personne qui lui plaisait. Les batailles d'oreillers qu'il aurait avec son meilleur ami.
Son père lui avait toujours dit que l'Italie était le pays de tout les miracles. Louis ne pensait pas qu'il aurait raison à ce point.
✰
Bonjour à tous ! Comment allez-vous ?
J'espère que ce chapitre vous aura plu, on se retrouve bientôt pour le prochain, qui est rempli de petites surprises hihi
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