Chapitre 13

"is it cool that i said all that ? is it chill that you're in my head ? 'cause i know that it's delicate" - taylor swift



just you and i, tom walker

L'écran du téléphone de Louis était la seule source de lumière qui éclairait la rue. La voix du GPS était le seul bruit qui venait troubler la tranquillité d'Alata, accompagnée par les tongs de Louis qui claquaient sur les pavés cendrés. Pour la première fois qu'il était en Italie, depuis deux semaines et demi, il avait enfilé un gilet. La main profondément ancrée dans sa poche, la deuxième serrant son téléphone dans sa main, il avait rabattu sa capuche sur sa tête et ses cheveux emmêlés et marchait rapidement.

Ses lèvres s'étirèrent en un léger sourire quand il reçu un message de Harry qui lui disait qu'il venait d'arriver, et il lui répondit en lui disant que la dame du GPS lui disait qu'il était là dans cinq petites minutes.

Cela faisait deux jours depuis que Louis avait proposé à Harry d'aller fouiller les registres de la ville, et Harry avait tenu à le faire le plus vite possible. Louis pensait que c'était pour être fixé plus vite, pour arrêter de penser à ça si aucun bébé du nom de Styles autre que Harry était inscrit dans les registres. Louis, lui, avait encore un peu de mal à assimiler toute cette histoire. Harry, qui avait sûrement une sœur cachée, qui pourrait être cette fille qui travaillait au café. Cela paraissait encore un peu fou aux yeux de Louis. On aurait dit un scénario d'un bouquin. Louis ne savait même pas si c'était plausible. Très honnêtement, il ne se souvenait même pas du visage de la fille. Il ne l'avait pas vraiment regardé, avait simplement conclu qu'elle n'était pas spécialement belle quand Harry ne pouvait lâcher ses yeux d'elle. Il ne savait pas si cette fille lui ressemblait vraiment, ou si Harry avait simplement jeté son dévolu sur quelqu'un avec les cheveux de la même couleur que lui pour se donner un peu d'espoir.

Mais Louis croyait en Harry. Il avait confiance en lui quand il disait que cette fille pourrait être sa sœur. Il avait confiance en Harry quand il lui avait dit que ce matin, ils ne craignaient rien à entrer dans la mairie car elle n'ouvrait que dans l'après-midi. Il avait confiance en Harry quand il lui avait dit que personne ne trainait dans ce quartier là à cette heure-ci et que si la police arrivait, il y avait une porte dans la salle des registres qui était verrouillée de l'extérieur, mais pas de l'intérieur.

Et oui, Louis avait conscience que tout ça était un peu fou. Que lui, le garçon qui n'avait jamais fait grand chose de sa vie appart faire des allers-retours entre l'école et sa maison, allait rentrer illégalement dans un bâtiment administratif pour un garçon qu'il avait rencontré moins de trois semaines auparavant. Mais c'était Harry. C'était Harry dont les yeux s'étaient illuminés quand Louis lui avait proposé de fouiller les registres. Il y avait déjà pensé avant, mais ne l'avait jamais fait. Et là, il envoyait des messages à Louis depuis la veille au soir, et il était clairement sur excité. Il était sur excité, et Louis avait conclu que c'était parce qu'ils le feraient tout les deux.

Louis avait appris à s'habituer à ses réactions face à Harry. Il n'avait plus peur de rougir quand il lui faisait un compliment, il savait que la chaleur qui grandissait dans sa poitrine était normale, et qu'elle venait simplement du regard de Harry sur lui. Mais maintenant, il devait s'habituer à autre chose. Au fait que Harry ait envie de le voir. Au fait que Harry veuille l'embrasser, veuille le serrer contre lui, veuille le taquiner et le faire sourire. Au fait que Harry était toujours partant quand Louis lui proposait une ballade sur la plage. Au fait que, après cette après-midi sur la plage, le jour où ils auraient normalement du aller à la fête foraine et que Louis avait invité tout le monde chez lui, Harry avait timidement demandé s'il pouvait rester dormir.

Louis pensait s'être habitué au fait qu'il plaisait à Harry quand il le lui avait dit, la première fois, au restaurant. Mais en vérité, il ne l'était pas, et son cerveau n'avait pas encore tout bien assimilé. Cela l'étonnait presque quand Harry l'appelait, le soir, simplement pour lui parler, ou qu'il lui sourit quand leurs regards se croisaient.

Il avait du mal à s'habituer au fait que, oui, Harry aurait pu faire ça tout seul depuis longtemps. Mais le garçon était adossé contre la façade de la mairie et fit un signe de la main à Louis quand il entra dans son champs de vision. Louis sourit en le voyant presque sautiller sur place, et s'approcha de lui en rangeant son téléphone dans sa poche. Un immense sourire mangeait la moitié du visage de Harry, et il engendra celui de Louis. Quand il fut assez proche de lui, il demanda :

- Dis-moi, tu es vraiment là depuis cinq minutes, ou tu as campé ici tellement tu étais impatient ?

Harry lui fit un grand sourire, se forçant à ne pas sautiller de partout, et Louis éclata de rire. Harry avait l'air d'un enfant, surtout quand il entoura le cou de Louis avec ses bras en sautant sur place, disant d'une voix une aiguë :

- Ça va être trop drôle !

Louis rit encore plus et fut coupé quand Harry l'embrassa soudainement. Il ne put s'arrêter de rire, et Harry pouffa aussi contre ses lèvres. Leur baiser n'était rien d'autre que leurs sourires qui se rencontraient, les mains de Louis agrippées aux avant-bras de Harry. Pour l'embêter, Harry lui mordit la lèvre inférieure, et Louis protesta sans cesser de l'embrasser, faisant durer ce baiser le plus brouillon de l'histoire une éternité.

Mais quand cette éternité fut finie et que Harry s'éloigna de lui, Louis en voulait encore.

- J'ai laissé la fenêtre ouverte, comme je te l'ai dit par messages, dit Harry en souriant, ses bras toujours autour du cou de Louis.

- Au moins une centaine de fois, répondit Louis, amusé.

Harry lui lança un sourire désolé adorable auquel Louis ne pu résister, et il s'avançant pour embrasser Harry une seconde fois. Cette fois, ce baiser n'était pas aussi brouillon que le précédent, et Harry y répondit en soupirant. La tête de Louis lui tournait en pensant aux mains de Harry qui agrippaient sa capuche et à leurs langues qui se rencontraient.

La veille, Harry s'était rendu à la mairie pour demander quelque chose d'idiot, et l'homme à l'accueil avait sûrement du le prendre pour un adolescent qui s'amusait avec ses amis. Harry avait laissé une fenêtre légèrement ouverte et, comme celle-ci était juste derrière une grande plante et que le ménage n'avait pas été fait, car il ne l'était qu'un jour sur deux, le fenêtre était toujours entrouverte.

Et autre chose fit tourner la tête de Louis. C'était que Harry attendait ce moment depuis deux jours mais, maintenant qu'il y était, il préférait embrasser Louis et faisait durer ce baiser encore et encore, tellement qu'il avait les lèvres rosées quand ils se séparèrent en souriant.

Harry conduisit Louis jusqu'à la fenêtre qu'il avait laissé ouverte. Elle donnait sur une petite rue déserte, et Louis l'ouvrit en grand pour passer sa tête et observer l'intérieur de la mairie. Il essaya de grimper, mais la fenêtre était trop haute. Il avait l'impression d'être ridicule, mais quand il retomba par terre, Harry rit, non pas d'un air moqueur, mais plutôt amusé. Louis lui sourit en roulant des yeux, et le garçon lui fit la courte échelle pour l'aider. Louis poussa la plante du bout du pied avant d'entrer dans le couloir gris.

Il se rendit compte de ce qu'il était en train de faire. Il pourrait se faire arrêter, finir en garde à vue et se faire renvoyer en Angleterre. Sa mère allait le tuer et il n'aurait plus jamais le droit de revenir en Italie. C'était possible qu'il soit devenu fou, parce qu'en plus, alors qu'il devrait être stressé et vouloir s'en aller le plus vite possible, il sourit à Harry en lui tendant la main pour l'aider à grimper. Puis il pouffa et demanda :

- Tu fais beaucoup de choses illégales, comme conduire sans permis ou t'introduire dans des lieux administratifs par effraction ?

- Seulement pour tes beaux yeux, répondit Harry avec un sourire en entrant dans le couloir.

Louis leva les yeux au ciel et Harry pouffa. Puis il lui indiqua la porte au bout du couloir, et Louis ne voulait pas savoir combien de fois Harry était venu pour savoir où la salle des registres était. Comme il s'y attendait, elle était verrouillée, et Harry s'absenta quelques secondes pour aller fouiller dans le bureau de l'accueil. Il revint avec un trousseau de clefs et, évidement, la bonne était la dernière. Encore une fois, Louis n'avait même pas peur de se faire prendre, et se moquait juste de Harry qui râlait en passant sa main dans ses cheveux.

La porte se déverrouilla, et Harry glissa le trousseau dans sa poche. A l'intérieur, des rayons d'étagères remplissaient la pièce qui sentait le renfermé et le vieux.

- C'est peut-être pour conserver l'odeur qu'ils n'autorisent pas l'accès aux visites.

- C'est dommage, ils devraient en faire un parfum. Odeur vieux, fit Harry avec un sourire fier.

Louis roula des yeux alors qu'ils se dirigeaient vers le rayon destiné aux années quatre-vingt-dix, et pouffa :

- Je te l'offrirai à ton anniversaire.

Harry gloussa, et ils s'arrêtèrent devant une étagère qui portait l'inscription 1990. Ils s'accroupirent tout les deux pour regarder sur les dernières étagèrent, et Louis sortit doucement le dossier S. C'était un classeur de couleur verte, qui dégagea une forte odeur de renfermée quand il l'ouvrit. Harry fit une grimace, et son nez se plissa, faisant rire Louis. Il tourna les pochettes plastifiés rangées par ordre alphabétique jusqu'à arrive jusqu'à ST. A côté de lui, Harry baissait la tête pour lire et ses cheveux effleuraient le front de Louis. Il pouvait sentir son odeur, plus puissante que celle désagréable de la pièce, et sa respiration s'échouait sur ses doigts. Harry parcouru la liste des yeux, son doigt courant sur la page, et Louis n'y croyait plus vraiment, au final. Tout ça ne lui paraissait pas sérieux, et il avait soudain du mal à se souvenir de la déstresse dans les yeux de Harry quand il lui avait dit que penser à cette fille l'épuisait.

Mais il la retrouva, cette détresse, quand il murmura, les yeux baissées sur la page :

- Il y a quelqu'un.

Le cœur de Louis battait tellement fort dans sa poitrine qu'il pouvait l'entendre. Ou peut-être que ses oreilles bourdonnaient et que les battements de son cœur résonnait dans sa boite crânienne. Il remit les pieds sur Terre, loin des sourires amusés et des baisers de Harry. Il avait trouvé une photo de sa mère avec un bébé dans les bras qui était censé être sa sœur mais qu'il ne connaissait pas. Merde.

Harry releva la tête, et Louis croisa son regard. Il ne s'y attarda pas, mais pu quand même lire cette étincelle à la fois de tristesse et de soulagement. Puis à son tour, il baissa les yeux sur la page où Harry avait gardé son doigt. Là, une ligne était imprimée parmi tant d'autre, comme si elle était anodine, comme si elle n'avait jamais comptée.

Sofia Styles, née et décédée le 3 décembre 1990.

Louis cligna des yeux. Harry avait raison, ses parents avaient eu un autre enfant, mais il était apparemment décédé à la naissance. Mais pourtant, il y avait cette fille qui, aux dires de Harry, lui ressemblait comme deux gouttes d'eau. Était-ce un hasard ? Ou alors cette fille était-elle la sœur de Harry, que les Styles avaient fait passer pour morte ?

Louis secoua la tête et sortit son téléphone de sa poche pour prendre une photo. Harry était toujours figé, et Louis devait garder ses pensées claires pour eux deux. Doucement, il posa sa main sur celle de Harry, dont les yeux tombèrent dans ceux de Louis. Ses pupilles vertes étaient brillantes, comme s'il allait pleurer, mais il sourit légèrement à Louis, qui lui rendit son sourire. Il referma doucement le classeur sans cesser de regarder Harry, puis souffla :

- On y va ?

Harry acquiesça, et Louis se baissa pour reposer le classeur à sa place. Il se releva, et Harry n'avait pas cessé de le regarder. Louis prit sa main, noua leurs doigts et ils sortirent de la pièce. Harry sortit les clefs de sa poche, referma la porte à clefs puis ils reposèrent les clefs dans le tiroir où Harry les avait trouvé. Puis ils ressortirent de la même façon qu'ils étaient entrés, et Louis réceptionna Harry qui faillit perdre l'équilibre en atterrissant sur le trottoir. Il posa ses mains sur ses hanches, et Harry le remercia d'un faible sourire.

- Est-ce que ça va aller ? demanda Louis.

Harry hocha la tête, et répondit :

- On peut aller se recoucher ? Je suis épuisé.

- Bien sûr. Tu... Tu veux qu'on en parle ? fit Louis.

Harry hocha la tête. Il passa une main dans ses cheveux et soupira, avant de lâcher :

- J'imagine que c'est ce que je voulais découvrir, mais ça fait bizarre de se dire que j'ai une grande sœur et que mes parents ne m'en n'ont jamais parlé.

- Et est-ce que... commençant Louis, ayant peur de vexer Harry. Est-ce que tu penses toujours que cette fille pourrait...

- J'en sûr, Louis, le coupa Harry. Je sais que sur ce papier, c'est marqué que ma sœur est décédée, mais je suis certain que cette fille, c'est elle.

- D'accord, souffla Louis. Je te fais confiance.

Harry lui sourit, ce sourire en coin qui faisait briller ses yeux d'une lueur que Louis adorait. Puis il répéta les sourcils haussés :

- Tu me fais confiance ?

Louis sourit. Il pensait que c'était évident, et que Harry l'avait deviné dans la façon dont Louis n'avait pas hésité une seconde avant d'accepter de venir avec lui. Mais peut-être qu'il ressentait la même chose que Louis. Peut-être qu'il allait devoir s'habituer au fait qu'il lui plaise et que, oui, Louis lui faisait confiance. Il le suivrait les yeux fermés s'il le fallait, et tout cela sans hésiter ne serait-ce qu'une seconde.

- Tais-toi, gloussa-t-il.

Harry sourit, et il lui embrassa rapidement les lèvres. Tellement que Louis n'eut pas le temps de lui répondre, mais cela suffit à faire retourner son estomac. Il sourit à Harry, et attrapa sa main pour s'éloigner de la mairie. Sans se concerter, ils se dirigèrent tout les deux vers chez Louis. Il était évident qu'ils ne rentreraient pas séparément. Il était évident que Louis allait avoir du mal à s'endormir en sachant que Harry aurait pu s'endormir avec lui.

Ils marchèrent en silence, écoutant les vagues déferler sur les rochers alors qu'ils longeaient la mer. Il était tôt, et il faisait encore nuit, mais les couleurs vives des maisons de Alata éclairaient presque l'obscurité. Le pouce de Harry caressait doucement la peau de la main de Louis, et il trouvait ça presque embarrassant que ce simple geste lui arrache des frissons.

Ils arrivèrent chez Louis, et celui-ci fit signe à Harry de faire le moins de bruit possible en entrant afin de ne pas réveiller sa sœur. Parce que si Mark découvrait que Louis rentrait à quatre heures du matin, il n'en n'aurait rien à foutre, alors que Charlotte s'inquièterait.

Sans allumer aucune lumière, Louis guida Harry à travers l'obscurité jusqu'à sa chambre. Une fois arrivés, Louis retira son gilet et le posa négligemment sur sa chaise de bureau. Quand il se retourna, Harry était en train d'enlever son t-shirt. Il croisa son regard, et Louis lui sourit. D'accord, il allait dormir comme ça et, non, la poitrine de Louis n'était pas brûlante en y pensant.

Ils se glissèrent sous les draps, l'un en face de l'autre, sans se toucher. En vérité, Louis aurait bien envie de serrer Harry dans ses bras, mais il ne voulait pas briser ce moment. Ce moment où ils s'observaient dans le noir, sans parler, en écoutant simplement leurs respirations. Lentement, Harry leva sa main entre leurs deux corps, et la posa délicatement sur la joue de Louis. Doucement, il caressa sa mâchoire avec le côté de son pouce, et Louis lui sourit. Harry lui sourit en retour, et prit une grande inspiration, avant de commencer :

- Ecoute, je sais qu'on s'était dit qu'on allait doucement, et que on prenait notre temps mais...

Louis fronça les sourcils. Harry cherchait ses mots, ses yeux dérivant sur le mur derrière Louis, et le garçon ne savait pas quoi dire. Mais soudainement, les yeux de Harry se reposèrent sur lui, et il annonça :

- Je te fais confiance aussi.

Louis haussa les sourcils, surpris. Il ne s'attendait pas à ça. Harry avait l'air anxieux, Louis voyait bien qu'il malmenait le drap entre ses doigts. Il releva les yeux, et n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit que Harry avait déjà repris :

- Ça à l'air stupide, et tu m'as dit tout à l'heure que tu me faisais confiance comme tu me proposerais de sortir pour se promener. Je ne sais même pas si tu étais sincère, ou si ça compte pour toi, et j'ai l'air d'un idiot, parce que ce n'est rien, et qu'on s'est dit qu'on allait doucement et...

- Harry, le coupa Louis en posant sa main sur son bras.

Harry se coupa, presque essoufflé, et Louis lui sourit, amusé. Harry lui rendit son sourire, se rendant compte qu'il s'était peut-être un peu emporté. Louis caressait sa peau du bout des doigts, et répondit :

- Ça compte pour moi aussi, Harry. On s'était dit qu'on allait doucement. J'ai dit que je voulais aller doucement, mais j'ai l'impression que c'est un peu trop tard pour faire machine arrière. Ce matin, tu m'as dit que tu allais nous faire entrer dans cette mairie, et je n'ai pas hésité une seconde. Parce que tu m'as dit que tout allait bien se passer, et je t'ai cru.

Harry lui sourit timidement, et Louis aurait pu jurer qu'il rougissait. Il releva les yeux, et dit à son tour :

- Ça me fait flipper, tout ça. Tu as dit que tu avais peur, et je ne te l'ai pas dit, mais j'ai peur aussi. J'ai peur que ça ne marche pas.

- Et tu as proposé qu'on tente le coup. Et qu'est-ce qu'on est en train de faire ?

- Tenter le coup, répondit Harry.

- Et moi, personnellement, j'adore ça.

Harry sourit, rit presque dans le noir, et Louis le regardait avec un sourire tendre. Il ne pensait pas que ses mots aurait un impact sur quelqu'un un jour. Mais Harry était tout rouge, et un immense sourire était peint sur ses lèvres. Louis ne se souvenait pas avoir été un jour regardé comme ça. Louis ne se souvenait pas avoir autant envie que quelqu'un le regarde comme ça.

- Tu sais, reprit Harry en chuchotant, les cons qui te servent d'amis en Angleterre, finalement, je les aime bien.

- Pourquoi ? demanda Louis en fronçant les sourcils.

- Parce qu'au moins, je n'avais personne à détrôner pour entrer dans ta vie.

- Il y a toujours Zayn.

Harry grimaça, et Louis éclata de rire. Harry plaqua sa main contre ses lèvres en faisant les gros yeux, et cela fit encore plus rire Louis. Il se calma, et Harry retira sa main en plissant les yeux, comme pour avertir Louis. Louis lui lança un sourire moqueur mais, tout de suite après, il repensa à quelque chose. A quelque chose qu'il voulait dire à Harry, et en ce moment, ça semblait être le festival des paroles niaises, alors Louis était en plein dedans.

- Et moi, même si j'adore tout ce petit groupe, j'aurais aimé que tu n'aies pas autant d'amis.

- Parce que tu as trop de gens à détrôner ?

Harry avait dit ça sur un ton blagueur, mais il ne pouvait s'imaginer à quel point c'était vrai.

- Je veux juste être la personne que tu appelles quand ça ne va pas. Ou quand, justement, ça va. Je veux être la personne que tu appelles quand tu veux parler à quelqu'un.

Harry reprit un air sérieux, mais sourit légèrement. Sa main était toujours sur la joue de Louis, et il la fit glisser jusque dans ses cheveux, dans lesquels il entortillait ses doigts.

- Tu l'es, Louis. Ça parait un peu stupide, parce qu'on ne se connait que depuis trois semaines mais, malgré ces gens que je connais depuis des années et qui sont toujours là pour moi, c'est à toi que je veux parler. C'est toi que je veux appeler, en permanence.

Louis lui sourit, en se mordant la lèvre. Il se souvenait de ses premiers jours ici. De cette attirance pour Harry, qui sortait d'il ne savait pas trop où, mais qui était bien là. Et dès ces premiers jours, il se disait qu'il n'allait jamais devenir aussi important que tout ces gens qui étaient là pour Harry depuis le début. Mais il l'était. Pour la même raison que Harry l'était aussi, même si comme il l'avait dit, il n'avait pas trop de gens pour lui faire de la concurrence.

- Tu l'es aussi, répondit Louis. Enfin, ça dépend, reprit-il avec la ferme intention d'embêter Harry. Si c'est pour parler, je t'appelle, évidemment. Si c'est pour parler de toi, j'appelle Zayn.

- Sérieusement ? Tu sais, tu dis qu'il est à fond sur toi, mais je vais finir par croire que c'est toi qui est à fond sur lui.

- Je sais, je fais de la concurrence à Océane.

- Pardon ?

Louis ouvrit grand les yeux, se rendant compte de ce qu'il venait de dire. Zayn n'avait jamais dit qu'il était ok pour dire à tout le monde que Océane lui plaisait. Il n'avait jamais dit qu'il était ok pour le dire à qui que ce soit d'autre que Louis.

- Ne répète jamais ça, avertit Louis.

- Océane ? répéta Harry avec un sourire. Vraiment ?

- Harry, si tu le répètes à qui que ce soit, je te tue.

- Pourquoi Zayn te l'a dit et pas à moi ? demanda Harry, feignant d'être blessé.

- Harry, tu m'épuises.

- Il faut absolument que je l'appelle. Même s'il t'avait dit de ne le dire à personne, je ne compte pas, si ? Enfin, vu que c'est ton meilleur ami et que je suis ton petit-ami, on est frérots.

- Frérots ? releva Louis en haussant les sourcils.

Harry acquiesça et tendit le bras vers la table de chevet pour attraper son téléphone. Louis l'en empêcha, et Harry ne résista pas, laissant Louis le retirer dans le lit avec lui. Une fois de nouveau en face de lui, Harry lui lançant un immense sourire fier, et Louis fronça les sourcils, essayant d'avoir un air sérieux :

- Tu m'ép...

- Epuises ? hasarda Harry.

Louis leva les yeux au ciel et attrapa le visage d'Harry entre ses mains pour l'embrasser. Harry gloussa contre ses lèvres, mais entoura bien vite la taille de Louis. Louis soupira, et attirant Harry encore plus près. Il se sentait bien. Il se sentait bien, dans cette chambre qui n'était pas la sienne, dans ses draps qui ne portaient pas l'odeur de sa lessive. Il se sentait bien dans les bras d'Harry, et au bout des lèvres de Harry.

Quand Louis était petit, son père avait essayé de l'initier au paris sur les courses de chevaux. Il fallait être stratégique, ne pas tout miser sur un seul cheval, mais ne pas trop miser sur le cheval dont on était convaincu qu'il allait perdre. Louis ne comprenait pas. Il voulait miser la même somme sur chaque cheval comme ça, dans tout les cas, il gagnerait de l'argent. Son père lui avait expliqué que parier, c'était un risque. Un risque de tout perdre comme tout remporter. C'était ça, le principe. Parier une petite somme ne servait à rien, car on ne remportait pas grand chose. Pour gagner, il fallait parier sur le bon cheval, mais toujours se garder une petite somme de côté, au cas où on se serait trompé.

Louis avait toujours été nul pour les paris, et il n'avait rien compris. Parce que là, tout de suite, il pariait tout. Tout son argent, tout ce qu'il avait, il pariait tout sur Harry. Il avait beaucoup à perdre, il le savait. Quasiment tout, en fait. Mais il avait tellement, tellement de choses à gagner que ça le convainquait.

Et comme dans tout pari, il y avait cette appréhension de se planter. D'avoir mal calculer son coup, de ne pas avoir pris en compte tout les éléments. Louis avait peur. Mais il allait avoir peur, même s'il misait tout sur autre chose. Ça faisait parti du jeu. Alors c'était fait, il avait tout parié, il n'avait plus rien. Il ne restait plus qu'à espérer qu'à la fin, c'était Harry et lui qui gagnaient.







those eyes, new west

Louis se réveilla quand une main fraiche se posa sur son bras. Ses paupières papillonnaient, et il fronça les sourcils en ouvrant les yeux. Les rideaux avaient été ouverts et sa chambre était illuminée par les rayons du soleil. Il bougea son bras droit pour le mettre devant ses yeux et les ouvrir difficilement en grimaçant. Devant lui, accroupie, se trouvait Lottie. Ses cheveux étaient attachés en une couette haute et elle était légèrement maquillée. Elle était habillée, et Louis ne pensait pas qu'il était si tard, mais elle était déjà toute prête pour partir. Il jeta un coup d'œil à son réveil pour voir qu'il était presque quatorze heures.

- Deux choses, commença Charlotte en chuchotant sans même saluer Louis. Le rendez-vous de Lana est dans une heure, et si on est en retard, Liam va nous arracher la tête.

Louis acquiesça, se souvenant du rendez-vous de Lana chez la psychologue. Il fallait qu'ils soient tous là. Ils le lui avaient promis. Ils se devaient d'être là, parce que la guérison de Lana était importante pour tout le monde et qu'ils voulaient qu'elle se sente soutenue dans cette démarche qui lui faisait peur.

- Deuxièmement, reprit Charlotte, qu'est-ce qu'il fout là, bordel de merde !?

Louis fronça les sourcils, mais suivit le regard de Lottie et tourna la tête. Il ne s'était pas rendu compte que Harry respirait paisiblement à côté de lui. Il dormait sur le ventre, la tête posée sur l'épaule de Louis, le visage tourné vers le garçon. Son bras entourait le ventre de Louis et le bras gauche de Louis était autour des hanches du bouclés.

Louis retourna la tête vers Charlotte, qui le regardait, un air exaspéré peint sur son visage mais un léger sourire sur ses lèvres. Louis le lui rendit. Il n'avait pas vraiment prévu ça, quand il avait laissé Harry dormir ici. Harry ne lui en avait parlé, mais Louis se doutait qu'il ne voulait pas parler aux autres de leur petite enquête sur la fille du café. Alors Louis n'avait pas vraiment d'excuse pour justifier sa présence ici, car Louis s'était endormi tout seul la veille au soir, après avoir regardé des tonnes de films avec Charlotte. Mais sa sœur ne posa pas de questions, et Louis chuchota, pour ne pas réveiller Harry :

- Longue histoire. Je le réveille, on descend dans une demi-heure.

Charlotte acquiesça et se releva pour sortir de la pièce. Une fois la porte refermée, Louis tourna la tête vers Harry en souriant. Il glissa sa main dans ses cheveux, et regarda le garçon plisser les yeux. Ses traits étaient détendus, ses boucles souples retombaient sur son front. Doucement, Louis effleura et retraça la ligne de sa mâchoire, et il se souvenait de ce moment, il y a quelques jours, quand il avait dit à Harry qu'il était magnifique. Magnifique sous le soleil éclatant qui reflétait sur sa peau humide, avec ses boucles mouillées et presque raides. Et il était magnifique à cet instant, avec ses yeux fermés, sa peau laiteuse légèrement illuminée. Avec ses sourcils froncés, et son léger sourire. Louis sourit doucement en le voyant se réveiller. Il glissa sa main dans ses cheveux tandis que Harry levait sa main pour caresser son bras sans ouvrir les yeux.

Ce moment était figé dans le temps, et Louis aurait bien aimé le faire durer plus longtemps. Mais ils étaient en retard, et ils devaient retrouver les autres au cabinet de psychologie. Alors Louis se dit mentalement qu'il devait inviter Harry plus souvent, surtout les jours où ils n'avaient rien de prévu et qu'ils pourraient rester au lit toute la matinée.

Louis se pencha pour déposer un baiser sur la joue de Harry, qui sourit en plus à ce contact. Il ouvrit lentement les yeux, papillonnant des paupières pour s'habituer à la lumière. Ses pupilles vertes devenaient presque transparente à côté du soleil, et les paillettes d'or les illuminaient et reflétaient la lumière qui s'infiltrait dans la chambre de Louis. Son sourire s'agrandit, et celui d'Harry aussi, qui entoura le poignet de Louis avec ses doigts.

- Hey, murmura Harry, le visage écrasé sur l'oreiller.

- Salut, lui répondit Louis en souriant. Il faut y aller, on va être en retard pour Lana.

- Mmh, déjà ? râla Harry.

Louis sourit en hochant la tête, et il était clair qu'ils auraient tout les deux préféré rester là pendant des heures. Mais ils devaient vraiment y aller, parce que, comme Lottie l'avait dit, ils allaient se faire tuer s'ils avaient ne serait-ce qu'une seule seconde de retard.

- Aller, sourit Louis en donnant un léger coup dans le bras de Harry, on se réveille.

Harry grogna et tourna son visage dans l'oreiller. Louis leva les yeux au ciel en souriant, et Harry tourna la tête pour le regarder en gloussant. Il était adorable comme ça, ses cheveux emmêlés sur l'oreiller, les yeux plissés tellement il souriait. Louis s'approcha pour déposer un léger baiser sur son front, qui les fit frissonner tout les deux, avant de déclarer tout bas, comme si parler trop fort pour briser ce moment :

- Je vais me doucher, je te laisse te réveiller doucement. Mais dépêche-toi.

Harry lui sourit d'un air moqueur, et Louis sourit, amusé, avant de se lever pour sortir du lit. Tout en sentant le regard de Harry sur lui, il ouvrit son armoire pour en sortir une chemise en lin bleu clair et un short blanc, ainsi que son maillot de bain. Parce qu'il savait bien où ils allaient finir la journée. Cela le faisait sourire. De se dire qu'ils avaient leurs petites habitudes, et peut-être qu'ils les avaient depuis longtemps, mais maintenant, Louis en faisait parti. Louis faisait parti de ces gens qui se rendaient sur la plage sans vraiment se concerter, des gens qui se retrouvaient sur un vieux parking sans vraiment le prévoir. Il n'aurait pas pensé qu'en trois semaines, il s'intègrerait autant, lui qui ne s'était jamais intégré nulle part en dix-sept ans d'existence.

Il sortit de la chambre après un dernier sourire à Harry, et se rendit vers la salle de bain. Une fois là-bas, il posa ses vêtements sur le rebord du lavabo et se glissa sous l'eau après s'être déshabillé. Une fois dans la douche, il ferma les yeux pour soupirer un grand coup. Sa vie, qui était un vide intersidéral, s'était remplie en un clin d'œil. A présent, il n'y avait pas un jour où il se levait sans penser à ce qu'il allait faire. Emmener sa sœur se promener, retrouver ses amis sur la plage, inviter Zayn pour regarder des films ou appeler Harry. Tout les gens qu'il côtoyait en Angleterre avaient cette vie-là, et il trouvait ça hypocrite. Ils étaient toujours quelque part, leur messagerie était remplie de messages de leurs amis et il ne se passait pas une soirée sans qu'ils invitent quelqu'un. Louis avait toujours préféré sa tranquillité. Ou peut-être était-ce parce qu'il n'avait connu que ça. Parce qu'à présent, il préférait largement sortir avec ses amis que de rester enfermé chez lui.

Il devrait reprendre ce rythme une fois en Angleterre. Ne voir personne, ne rire avec personne en dehors des heures de cours, et se retrouver seul avec son livre.

Louis secoua la tête pour chasser ses pensées pour commencer à se laver. Il ne voulait pas penser à son retour, pas maintenant. Il avait encore presque un mois et demi à s'amuser avec ses amis, et il ne voulait pas penser à la vie morne qu'il avait en Angleterre.

Il sortit de la douche et se rhabilla rapidement. Il se regarda dans le miroir, et essaya de coiffer, ses cheveux, en vain. Il soupira, et laissa retomber sa main avant de sortir de la salle de bain. Dans le couloir, il croisa Harry, et fronça les sourcils en demandant :

- Où est-ce que tu vas comme ça ?

- J'allais toquer à la porte pour voir si tu t'étais noyé sous la douche.

- Très aimable, râla Louis.

Harry gloussa avant d'entourer la taille de Louis de ses bras pour venir l'embrasser. Surpris, Louis mit quelques secondes à répondre. Il enroula ses bras autour du cou de Harry et glissa une main dans ses cheveux pour l'attirer plus près. Harry soupira, et Louis sourit en le sentant attraper le dos de son t-shirt dans ses poings. Mais soudainement, il s'écarta, les joues et les lèvres rosées.

- Je vais me doucher, avant que ton père ne méchant sorcier nous trouve et nous jette un sort.

- C'est ça, répondit Louis en le lâchant.

Harry lui fit un clin d'œil en le dépassant et Louis le suivit des yeux jusqu'à la salle de bain. Harry lui jeta un dernier coup d'œil avant de disparaitre dans la salle de bain, et la poitrine de Louis se réchauffa. Il passa dans sa chambre pour rapidement refaire le lit et récupérer son téléphone, ainsi que celui de Harry, et ses lunettes de soleil. Il referma les volets pour ne pas que la chaleur rentre, puis sortit de la pièce et dévala les escaliers après avoir crié à Harry qu'il l'attendait en bas.

Au rez-de-chaussée, Charlotte l'attendait sur le canapé. Mark était sur le fauteuil d'en face, plongé dans une grille de mots croisés. Il releva la tête en entendant Louis descendre, et lui sourit. Louis lui rendit son sourire et sauta par dessus le dossier du canapé pour s'installer à côté de Charlotte.

- Bien dormi ? demanda sa père.

Louis acquiesça d'un signe de la tête, et sortit son téléphone en le sentant vibrer dans sa poche. Sur le groupe, tout le monde envoyait une photo de ce qu'ils emmèneraient pour s'occuper dans la salle d'attente. Principalement des jeux de cartes, ainsi que de la nourriture, de Niall et Levi. Louis dit qu'il emmenait Lottie pour occuper les autres, et Niall lui répondit qu'il aurait pu prendre quelque chose de plus distrayant. Louis gloussa devant son écran, et Lottie lui asséna un coup de pied dans la cuisse.

- Vous comptez aller quelque part, cette après-midi ? demanda Mark.

- On accompagne une amie pour son rendez-vous chez la psychologue à 15h, répondit Louis sans lever les yeux de son téléphone.

- 15h ? répéta son père. Vous feriez mieux d'y aller, vous allez être en retard.

- On attend juste que Harry soit prêt, lâcha Lottie.

Le cœur de Louis s'arrêta brusquement, et il releva la tête vers Charlotte, qui se mordit la lèvre en se rendant compte de ce qu'elle venait de dire. Après tout, il aurait fallu trouver une excuse pour justifier la présence de Harry, ou une technique pour occuper Mark pour qu'il ne voit pas Harry descendre et qu'il puisse sortir en douce.

- Harry est ici ? s'étonna Mark.

Et merde. Il fallait que Louis invente une excuse, et vite, parce que son père le regardait avec insistance. Alors que Louis allait bafouiller une excuse stupide sur le fait qu'il avait un problème d'eau chez lui et qu'il était venu prendre une douche, des pas se firent entendre dans les escaliers, et Louis tourna violement la tête pour voir Harry arriver dans le salon. Harry croisa d'abord son regard et lui sourit, avant de le glisser sur Mark. Il écarquilla les yeux, l'air soudain paniqué, et Louis lui fit une grimace qui représentait son état de panique intérieure.

- Harry, le salua Mark avec un sourire. Je ne savais que tu étais ici.

- Heu, ouais, répondit Harry nerveusement en se grattant l'arrière de la tête. Je suis rentré tard hier, mes parents étaient déjà couchés et je n'avais pas les clefs, alors Louis m'a laissé dormir ici.

Mark acquiesça en souriant, et Charlotte annonça qu'il était l'heure de partir. Louis sauta sur ses pieds pour sortir de cette situation le plus vite possible et contourna le canapé pour rendre son téléphone à Harry. Le garçon le remercia, et bailla légèrement. Louis fronça les sourcils en l'observant. Il n'y avait pas fait attention, que ce soit dans sa chambre ou dans le couloir, mais le visage de Harry était plus pâle que d'habitude, et il avait de petits yeux. Des légères cernes se dessinaient sous ses yeux, et il n'avait pas pris le temps d'arranger ses cheveux. Il bailla une seconde fois alors que Louis demandait :

- Est-ce que ça va ?

- Je suis juste un peu fatigué, lui répondit Harry avec un sourire qui, oui, était fatigué.

Louis fronça les sourcils, mais ne put rien faire de plus devant son père. Et puis, de toute façon, ils n'avaient pas le temps. Alors ils saluèrent Mark et sortirent de la maison en consultant l'heure sur leurs téléphones. Une fois dans la rue, ils marchèrent vite tout en suivant Harry, qui était le seul à savoir où se trouvait le cabinet de psychologie. Ce n'était pas très loin, et ils arrivèrent rapidement. Les autres étaient déjà tous arrivés, et les attendaient devant le cabinet. Charlotte leur fit un signe de la main en s'approchant d'eux, et Levi y répondit avec enthousiasme, faisant rire tout le monde.

- Et il est encore en retard, fit Théo quand ils arrivèrent à leur hauteur.

- C'est pas vrai ! protesta Harry. On est les derniers, mais on n'est pas en retard.

- C'est ce que tu te dis le soir avant de t'endormir pour soulager ta conscience ? demanda Zayn.

Harry lui montra son majeur et Zayn lui fit un clin d'œil. Louis leva les yeux au ciel et s'approcha pour prendre Lana dans ses bras, qui lui sourit.

- Comment tu te sens ? demanda-t-il.

- J'ai un peu peur. Mais vous êtes tous là, alors ça va.

Louis lui sourit, et s'éloigna pour laisser la place à Harry, qui essaya de porter Lana pour la faire rire. Louis, lui s'approcha de Zayn, qui lui fit remarquer :

- C'est la deuxième fois que vous arrivez tout les deux, avec Harry.

- Premièrement, ferme-là, répondit Louis, et deuxièmement, j'ai quelque chose à te dire.

Zayn fronça les sourcils et Louis jouait avec ses doigts. Il s'en voulait un peu d'avoir dit à Harry que Océane plaisait à Zayn. Ce n'était rien, mais il préférait le dire au garçon, de peur qu'il le découvre de lui même plus tard. Mais Louis avait peur qu'il le prenne mal. Ou peut-être était-il stupide, et que ce n'était rien.

Alors qu'il ouvrait la bouche, un bras vint se poser sur ses épaules et Harry chuchota :

- Alors ça avance avec Océane ?

Louis écarquilla les yeux et se tourna vers Harry.

- T'es sérieux là ? J'allais lui dire que je te l'avais dit, et tu foires tout !

- Mais, se défendit Harry, ça sert à quoi de le savoir si je peux pas me foutre de sa gueule ?

Louis leva les yeux au ciel en soupirant, et derrière lui, Zayn éclata de rire. Louis se retourna vers lui, les sourcils froncés, et Zayn articula :

- De toutes les personnes possibles, tu lui as dit à lui, et il va certainement plus te faire chier que moi.

Louis protesta, donnant un coup de poing à Zayn, qui n'arrivait plus à s'arrêter de rire. Harry aussi riait, et Louis finit par se faire emporter lui-aussi. Au final, comme d'habitude, il s'était fait du soucis pour rien, et Zayn ne lui en voulait pas. Il savait que Louis n'avait pas fait ça pour l'embêter, et Harry était un de ses meilleurs amis, alors ça ne le dérangeait probablement pas qu'il sache.

Ils entrèrent dans le cabinet à 15h pétantes. Le bras de Théo était autour des épaules de Lana, et il la serrait contre lui comme si elle pouvait tomber à tout moment. C'était presque effrayant de voir à quelle vitesse Lana pouvait tomber de son piédestal d'où elle était rayonnante. Elle tourna la tête en passant devant la salle d'attente, et tout le monde lui fit un grand coucou qui la fit sourire, puis ils entrèrent dans la salle d'attente. Comme ils l'avaient prévu, elle était impersonnelle, toute blanche, seulement meublée de chaises en plastique. Louis s'installa entre Harry et Océane, et ils attendirent le retour de Théo, qui avait accompagné Lana jusque dans le cabinet de la psychologue.

Il arriva bientôt, et passa sa main dans ses cheveux détachés et soupira.

- C'est bon, elle est dans le cabinet. La psy à l'air sympa, et elle m'a demandé mon nom et tout ça, pour que Lana se sente mieux. Que les personnes de son entourage connaissent aussi la psy. Donc elle va peut-être venir pour vous rencontrer après le rendez-vous.

Ils hochèrent tous la tête et Louis suivit Théo des yeux. Il s'installa sur la chaise à côté d'Océane et sa grande sœur glissa un bras autour de ses épaules pour l'attirer contre elle et le serrer dans ses bras. Louis lui sourit en croisant son regard, et Théo le lui rendit. Louis se doutait que ce n'était pas facile, de voir Lana dans cet état-là. Mais elle était ici, pour se faire soigner, et elle allait aller mieux.

Il tourna la tête vers Harry, dont la tête était posée contre le mur derrière lui. Il luttait pour ne pas s'endormir et, des fois, sa tête partait en avant et il sursautait. Louis gloussa en le voyait, et il glissa son bras autour de ses épaules pour l'attirer contre lui. Harry posa sa tête sur son épaule et il se détendit tandis que Louis soufflait :

- Repose-toi.

Il caressa ses cheveux du bout des doigts, et il sentit les cils de Harry contre son cou se baisser, signe qu'il avait fermé les yeux. Louis l'écouta respirer paisiblement dans le silence de la salle d'attente. Maintenant qu'il était là, assis, Louis se rendit compte que lui aussi, il était fatigué. A cause de leur sortie à la mairie, il n'avait pas beaucoup dormi non-plus. Tandis qu'il baillait, il sentit Harry sourit dans son coup, et le garçon attrapa sa main et caressa sa peau avec le côté de son pouce. Louis sourit, et posa délicatement sa tête sur celle de Harry, puis ferma les yeux.

Il ne sut pas s'il s'endormit ou s'il somnola juste, mais il entendit des pas dans le couloir et cela le fit ouvrir les paupières. Il croisa le regard de Liam, qui lui sourit doucement en désignant la porte, et Louis releva la tête. Les paupières de Harry papillonnèrent, et Louis le regarda ouvrir les yeux pour lui sourire doucement. Puis ses yeux glissèrent sur quelque chose par dessus l'épaule de Louis. Louis tourna la tête et vit Lana dans l'encadrement. Elle semblait un peu fatiguée, mais un léger sourire étirait ses lèvres. Avec elle, une femme habillée d'un jean et d'un t-shirt bleu marine et de longs cheveux. Théo se leva précipitamment pour s'approcher de Lana, et elle lui sourit. Le garçon la pris dans ses bras et Lana pouffa contre son épaule. Une fois détachés, Lana désigna à la psychologue :

- Voici mes amis, dont je vous ai parlé.

Louis se leva quand il fit que tout le monde le faisait, et sourit quand Lana fit le tour des prénoms. La psychologue hochait la tête et distribuait des sourires. Lana avait déjà du lui parler d'eux, parce qu'à chaque nouvelle personne, elle ajoutait un commentaire, comme celui que j'ai rencontré à l'hôpital, ou la grande sœur de mon petit-ami. Une fois les présentations finies, la psychologue sourit à tout le monde, et se présenta :

- Je m'appelle Martha, je vais donc accompagner Lana dans son parcours. Elle m'a autorisé à vous tenir au courant de son avancé. Cette séance était seulement une première séance pour la mettre à l'aise, mais j'ai déjà remarqué certaines choses. Lana a une image du future assez restreinte, comme si elle voyait l'avenir bloqué par un mur, et cela pourrait être la cause de ses cirses.

- Et Martha m'a promis de m'aider à le briser.

- C'est génial, sourit Liam.

Lana lui rendit son sourire. Un sourire radieux, et Louis aurait sûrement dû se concentrer sur ça. Sur le visage de Lana, qui semblait moins crispé, et ceux de ses amis, qui étaient heureux pour elle. Il aurait sûrement dû faire comme Charlotte et s'approcher d'elle pour la câliner. Mais c'était plus fort que lui.

C'était plus fort que lui parce que, devant ses yeux, il ne voyait plus cette salle d'attente, mais les escaliers de sa maison en Angleterre. Il voyait son pyjama trop grand trainer par terre, il voyait la peluche qu'il tenait contre lui, presque tremblant. Il voyait la cuisine, son père qui avait pris son visage entre ses mains. Puis il le voyait relever la tête, et il se revoyait dans ses yeux brillants de larmes. Il n'avait que sept ans, mais il avait déjà la peur que le Louis de seize ans avait. Il s'entendait dire à son père qu'il avait peur après la violente dispute que Mark venait d'avoir avec Johanna. Et il entendait son père. Encore, encore et encore. Il l'entendait tout le temps, tout les jours, encore aujourd'hui.

Je te le promet, Louis, on sera toujours une famille.

- C'est des conneries, les promesses, lâcha-t-il.

Tout le monde tourna la tête vers lui les sourcils froncés, mais Louis ne les voyait pas. Il ne sentait pas la main de Harry qui se glissa dans le bas de son dos, il ne l'entendit pas lui demander si tout allait bien. Il ne voyait que cette cuisine, cette putain de cuisine dans laquelle il avait cru son père. Cette cuisine où, peu à peu, alors que Louis grandissait et devenait de moins en moins aveugle, il avait entendu cette promesse se fissurer jusqu'à ce qu'elle se brise sur le sol, brisant tout ceux qui était à porté.

Il cligna des yeux et fit que tout le monde le fixait avec un expression qu'il n'arrivait pas à déchiffrer. Il marmonna des excuses et se dégagea de l'étreinte de Harry. Il passa à côté de Lana, les yeux fixés sur ses pieds, et sortit de la pièce. Il sentait encore le regard de Lana sur lui alors qu'il ouvrit la porte du cabinet pour sortir.

Une fois dehors, il se mordit la joue pour ne pas pleurer alors qu'il sentait les larmes monter. Il donna un coup de pied dans un plot en béton avant de s'asseoir dessus et de prendre son visage entre ses mains. Il le détestait. Il détestait son père pour tout avoir ruiné, et de continuer à tout ruiner, encore et encore. Et il se détestait lui, pour l'avoir cru. Pour avoir cru son père pendant des années, parce que c'était son père, et que c'était son super-héros à lui. S'il avait su.

Louis entendit la porte s'ouvrir mais il ne releva pas la tête. Il avait conscience qu'il avait dit quelque chose de stupide, et que tout le monde allait être en colère contre lui. Mais c'était plus fort que lui, il n'avait pas pu retenir les mots qui étaient sortis de sa bouche. Il voulait vraiment que Lana aille mieux, de tout son cœur, mais il ne pouvait s'empêcher de penser au mot qu'elle avait prononcé, et ce que cela avait fait remonter.

Une main se posa dans son dos, et Louis releva finalement la tête pour croiser le regard de Lana. Elle lui souriait doucement, et il lui rendit faiblement son sourire. Il s'en voulait. Elle faisait des efforts pour aller mieux, et lui, il envoyait tout valser.

- Je suis désolé, murmura-t-il, les yeux remplis de larmes.

- Eh, Louis. Ce n'est rien. Je t'assure.

- Si. Je ne veux pas donner l'impression que je n'en n'ai rien à foutre. Ce n'est pas vrai. J'ai vraiment envie que tu ailles mieux.

- Je sais, répondit doucement Lana.

Louis rit nerveusement en reprenant :

- Tout le monde doit être en train de me détester et de se dire que je m'en fout.

- Ce n'est pas vrai, fit Lana.

Louis tourna la tête vers elle, et elle le regardait avec une lueur inquiète dans les yeux. Elle l'observa quelques secondes de ses grands yeux sombres, et Louis retenait sa respiration. Parce qu'il lui semblait qu'en un seul regard, elle lui disait des milliards de choses. Il voyait qu'elle s'inquiétait et qu'elle ne lui en voulait pas. Lana fronça légèrement les sourcils, et commença :

- On sait que tu ne t'en fous pas. Parce que tu es là. Tu es là alors que tu pourrais t'amuser à Naples ou sur la plage. Et que en vérité, c'est grâce à toi qu'on est là. Que je suis là, chez une psychologue, pour aller mieux. Je sais que tu n'as pas de problème avec moi, et que tu ne voulais pas me blesser. On le sait tous. J'aimerais juste que... elle s'interrompit un instant, cherchant ses mots. J'aimerais juste que tu saches qu'on est là. On tous est là, et si tu as besoin de parler, on sera tous là pour toi.

Louis hocha la tête, cligna des yeux pour ne pas pleurer. Lana lui sourit et le prit dans ses bras. Louis la serra contre lui et ferma les yeux. Il avait eu vraiment peur qu'elle lui en veuille. Mais peut-être qu'elle était la définition d'une vraie amie. Elle avait su voir que quelque chose clochait avec Louis, et d'après elle, tout le monde avait su le voir. En Angleterre, tout le monde aurait tourné le dos à Louis, mais ici, pour une raison étrange, c'était différent. Ils étaient tous avec lui. Et Lana venait de lui dire.

Ils étaient là maintenant, et ils seraient aussi là dans les moments difficiles s'il le fallait. Louis espérait qu'il n'y en aurait pas. Parce que même s'ils disaient qu'ils seraient là, Louis n'était pas prêt à leur dire et à voir la pitié dans leurs yeux.







Bonjour ! Comment allez-vous ?

Chapitre kiki mais quand même un peu important haha. Avez-vous des hypothèses sur Sofia ? 👀

A très bientôt pour le prochain chapitre !!!

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