À chaque marche dans les rues.

À chaque instant de la journée.

À chaque moment où sa poitrine se soulève.

À chaque fois qu'il regarde le ciel.

Il pense à cette idée. Cette idée fixe qui le suit tout le temps, qui le poursuit le long de ses rêves.

Il pense à boire une fois par jour, et cette pensée dure vingt-quatre heures. Sauf quand il boit.

Parfois, il a envie de se soigner. Il va vers un groupe de soutien. Il va passer la porte... Et quelque chose le retient. Un soudain besoin de rester dehors, à admirer le paysage. Et il repart.

Au fond, il n'est pas vraiment alcoolique. Il veut simplement noyer son chagrin quand il en a. Le seul problème, c'est que ce chagrin ne l'a pas quitté un seul jour depuis des mois.

Alors il boit. Encore et encore. Jusqu'à se brûler la gorge. Jusqu'à s'évanouir. Jusqu'à vomir. Jusqu'à presque mourir.

Il reste dans ce "presque". Il n'arrive jamais à finir, à accomplir son sort. Il est trop lâche pour cela.

La plupart des gens le nomment " la vermine du bas peuple". Un être désagréable, visqueux, à la bonne mémoire mais qui la détruit lentement, avec patience, consciemment.

Certains, plus respectueux, gardent le banal "Monsieur Ouris".