PARTIE 2 - Chapitre 4
La suite du texte ne sera plus du point de vue de la prof'.
Elle marche rapidement dans la cour. Des rires la suivent.
Elle essaie de passer plus vite, mais se prend les pieds sur un sac posé négligemment là. Elle rougit et marche résolument vers son rang.
Les élèves la fixent du regard, semblant la juger et la provoquer sans même parler. Elle baisse les yeux. Ils ont gagné.
Elle parle de façon saccadée, elle revit à chaque seconde les souffrances de sa période adolescente. Elle revit les moqueries. Elle revit toutes les insultes.
"Elle est laide !"
Elle ferme un instant les yeux. Il faut qu'elle arrête ce cauchemar. Elle sent qu'elle va craquer.
"Bah ! Elle pue !"
Elle inspire. Elle expire. Elle se concentre sur cette dernière petite chose, la seule chose rassurante à laquelle elle peut se raccrocher.
"C'est une cochonne !"
Elle rabat mieux son pull pour que personne ne voit sa peau. Lors de son adolescence, elle a appris à se montrer invisible. Cela avait marché... Jusqu'à maintenant.
"Beurk, quelle odeur !"
Un sanglot monte dans sa gorge. Elle a toujours ce goût rance dans la bouche, ce goût qui ne la quitte pas et qui lui crie "tue moi, tue toi"...
"Pouah ! C'est une infection !"
Les élèves la regardent toujours a aussi méchamment. La cloche sonne. Elle s'enfuit, abandonnant ses affaires. Elle ira les chercher plus tard, tant pis.
"C'est qui elle ?"
Elle a envie de vomir, ou de s'évanouir, voire de s'évanouir. Son estomac décide pour elle et elle rejette violemment son petit-déjeuner sur le sol devant des jeunes prétentieux dégoûtés.
"Nan mais d'où tu sors ?"
Elle a envie de tomber à terre. D'en finir. De fermer les yeux et d'oublier ce cauchemar vivant.
"Sale t*pu va !"
Elle ferme les yeux. Tout va bien. Le noir ne l'oppresse pas. Il la rassure. Elle respire un peu mieux. Le goût rance est moins fort dans sa bouche et même les voix ne crient plus. Elles chuchotent presque.
"Wesh vas-y !"
Elle n'a plus peur. Elle ne les voit plus. Elle n'a plus peur. C'est tout ce qui compte.
"Casse toi c******e !"
Elle ne sait pas depuis combien de temps elle est ainsi. Elle ne bougera plus. Elle ne veut plus. Plus jamais.
"Eho ! La grosse !"
Ses jambes la lâchent. Elle rouvre les yeux. Tout revient. Les voix. Les cris. Les horreurs. Les insultes. Les moqueries. La respiration saccadée. Le goût rance.
"La vache !"
Elle rassemble tous ses souvenirs, et sait pertinemment que ça ne s'arrêtera pas. Pas maintenant. La grande machine du harcèlement est lancée.
"Ma baleine d'amour !"
Elle a envie de fermer de nouveau les yeux. De ne pas voir tous ces gens penchés sur elle, qui lui parlent mais dont elle n'entend aucun son. Elle a envie de revenir à cette presque quiétude.
"Le cachalot !"
Elle regarde en face, yeux dans les yeux, le jeune homme en face d'elle. Il s'est moqué d'elle. Peu importe au final. Mais lui, il se sent mal. C'est ça qui importe. Elle veut lui sourire mais elle a trop mal. Elle a mal partout.
"La c***e !"
Peut-être qu'au final elle va partir. Maintenant. Peut-être qu'elle ne sera plus. Peut-être que c'est la Fin. La Mort.
"Elle a pris du cu* nan ?"
Bizarrement, elle n'a pas peur. Elle n'est plus à ça près. Au final, il ne peut rien avoir de pire là-bas qu'ici. Autant essayer là-bas. Si ce là-bas existe...
"Quel ventre ! Elle est enceinte ou quoi ?"
Elle se rappelle tous ces visages. Tous ces visages qui la regardent. Qui rient. Qui se moquent. Qui essaient d'être intelligents sans y arriver. Qui sont jaloux. Qui se vengent. Elle a envie de tous les oublier, mais elle n'y arrive pas. Et la liste s'allonge chaque jour.
"Et ce gros paquet de graisse au niveau du bas du dos... Pouah !"
Quelqu'un la relève. Elle n'est pas morte. Elle est presque nostalgique. Elle aurait aimé... Mais son heure n'était pas encore arrivée.
Désolée pour ce long retard! Je m'y remets !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top