Il faisait encore noir quand je sortis de la salle de professeurs pour récupérer ma classe du jour. Il faisait froid en ce temps de mi-septembre, et le léger pancho que j'avais mis n'aidait pas vraiment.

Je fit un léger signe de main de loin, pour rester dans la chaleur du dernier radiateur, et le rang s'ébranla, avant d'avancer dans un ordre connu d'eux seuls. Je soupirais. On dirait tellement un troupeau de vaches parfois...

J'avançais avec mes élèves. Le silence complet ne me fit pas du bien, il me sembla suspect venant d'une classe d'habitude survoltée et je me tournais vers les élèves en m'arrêtant.

"¿ Como estas ?

-¡Bien señora !"

Je me contentais de cette réponse et m'engouffrais dans la salle. J'ouvris ma mallette et rendis une pile de rédactions.
Je pris la copie qui m'avait émue la veille, et la lut à la classe. L'élève qui l'avait écrite rougit, mais les autres élèves écoutaient (enfin la plupart finissaient leur nuit).

Pendant le cours, les chuchotement incessants me dérangèrent et je dus sanctionner deux ou trois élèves.

Enfin, la sonnerie retentit, et tous les élèves sortirent. Enfin, tous sauf deux.

Louis et Bastien.

Je souris.

"¿ Cual es os problemas ?

-Es... No puedo decir en espanol.

-¿ Y en frances ?

-Je n'ai pas aimé que vous lisiez ma rédaction. C'était... Gênant.

-Oh.

-Est-ce que vous pourriez éviter à l'avenir ?

-Bien sûr ! Ne t'inquiète pas..."

Et les deux jeunes garçons sortirent ainsi.

***
Ce n'est que rentrée chez moi que je pus enfin oublier mon stress. Toute la journée était passée lentement, et l'histoire avec Bastien m'avait trottée dans la tête...

Je rentrais dans mon appartement, et attrapais les milliers de post-it laissés sur ma porte.

Le dernier en date n'était pas de l'écriture de la gardienne. Il semblait fraîchement posé, presque neuf, et l'écriture était tremblotante, comme hésitante.

Il était marqué, en lettres majuscules : COUGAR.

Rien d'autre. Rien qu'un mot. Et tout dégénère.