Le jeune homme marchait doucement dans la rue, et la nuit l'encerclait. Les étoiles montaient doucement dans le ciel, et la lune pâlotte luisait de quelque lumière fantomatique. Chaque pas était une délivrance, chaque mètre un soulagement. 

Il n'avait pas besoin de réfléchir longtemps pour trouver que la cause de cette fuite, de tous ses soucis, de tout son monde qui s'effondrait malgré ses efforts constants, c'était son père. 

Son père qui s'acharnait pour que son travail ne marche pas. Son père qui l'avait toujours considéré comme le petit dernier chouchouté et couvé par sa mère. Son père qui avait battu sa mère tant de fois qu'il n'arrivait plus à les compter. Son père qui l'avait menacé avec des "tapes amicales" chaque jour, avec à chaque fois une raison différente. Son père qui était si imprévisible et qui l'avait tant terrorisé lors de son enfance. 

Cela ne pouvait plus durer. Il ne pouvait plus endurer, et crier une fois ou deux. Ces relations devaient cesser une bonne fois pour toute.

Il marchait un peu plus rapidement à présent, et la fine pluie qui tombait sur ses épaules le motiva pour monter dans son appartement. 

Il avait le courage nécessaire pour affronter son père et couper les ponts. 

Mais l'appartement qu'il découvrit était vide. Quelques bouteilles jonchaient le sol, mais rien de cassé ou brisé. Et aucune trace de son père. 

La tension accumulée sur ses épaules retomba d'un coup. Il pouvait penser à autre chose... Ou appeler maintenant son géniteur et en finir. 

D'esprit guerrier, il décida d'opter pour la deuxième solution. Il ouvrit doucement son téléphone et eut l'impression qu'un infini s'était déroulé entre le moment où il avait appuyé sur la dernière touche et celui où son père avait marmonné quelque chose. 

Le cœur du jeune professeur battait à tout à l'heure, mais il décida d'eviter les paroles malencontreuses en parlant directement et en passant l'utilité de répliques de la part de son père. 

"Salut. Je voulais juste te dire... Il faut qu'on clarifie les choses alors voilà : je pense que notre relation est néfaste, surtout pour moi, mais également pour toi."

Sa voix arrêta de monter dans les aigus et il s'imposa une pause pour reprendre son souffle. Mais il était anormalement calme. Le contre-coup viendrait ensuite. 

" Quel est donc l'intérêt de continuer de faire des efforts pour une cause perdue ? Je suis sorti, et je n'aurais pas du, car cela m'a permis de réfléchir mais pas de communiquer avec toi. 

En réfléchissant, j'ai donc compris que la seule solution possible à notre relation était d'arrêter de.. D'arrêter de se voir."

Il laissa une pause plus longue que les autres, sans réponse, mais la respiration bruyante de son géniteur lui confirmait qu'il était au bout du fil.

"Je te demande pardon, fiston..."

La voix n'était qu'un chuchotis,un filet de voix qui aurait été inaudible si le jeune Kumar n'avait pas pressé le combiné contre son oreille lors de son monologue.

"Pardon ?

-Je suis vraiment désolé..."

C'est là qu'il entendit. Et qu'il comprit.