Chapitre 15



Mes pas résonnaient sur le bois tandis que je descendais les marches pour rejoindre mon père. Je sentais déjà −en triturant dans mes mains un stylo que j'avais oublié de poser sur la table d'étude− que cette journée allait mal débuter. M'attendant au pire, même si récemment il n'avait pas osé porter la main sur moi, je réfléchissais à ce qui avait bien pu déclencher sa colère de si bonne heure. Néanmoins, rien ne m'avait préparé à la surprise de voir à ces côtés une Gina toute souriante.

- Hey ! dit-elle, je passais dans le coin et j'ai décidé de venir faire un tour.

- Ta copine est là, réajuste-t-il sa veste. J'y vais, ajoute-t-il calmement.

Par le regard qu'il me lançait, je ne suis pas soulagée de le voir s'éclipser, me laissant seule avec elle. Qu'est ce qu'elle venait de faire au juste ? Mon père n'allait pas être content quand il rentrera ce soir.

- Salut ! touche-t-elle mon épaule alors que je lui faisais dos.

Je me retourne brusquement, mes yeux lançant des éclairs. Elle se fige sur place.

- Mais qu'est ce que tu fiches ici?

- Pourquoi est-ce que tu te fâches ? s'enquiert-elle. Je venais juste passer du temps avec toi, mais je vois que je ne suis pas la bienvenue. Désolé alors, se tourne t-elle vers la porte malheureuse, prête à s'en aller.

- Attends, la rattrapé-je ma voix plus calme, je m'excuse.

Ce n'était pas comme si elle savait le genre de relation conflictuelle que mon père et moi partagions. N'empêche que même si ma voix sonnait plus calme, ma colère n'était toujours pas redescendue.

- Nick et ses copains vont au bowling, je me demandais si ça te dirait de nous accompagner, continue-t-elle, reprenant rapidement du poil de la bête.

- Ça ne me dit rien.

- Je t'avais dit que tu perdrais ton temps avec cette tigrotta*, j'entends la voix de Nick me dire. Il venait de pénétrer par la porte d'entrée laissée ouverte par mon père.

- Quoi ? Lui aussi est également là ?, m'indigné-je en me tournant vers lui... Ne me dis pas que mon père t'as vu dehors. Oh mon Dieu, paniqué-je...

Ceux-ci écarquillent les yeux devant ma subite panique, ne comprenant pas du tout ce qui se passait.

- Qu'est ce qui t'arrive, bon sang ? fronce Nick les sourcils. Si ça peux te rassurer, on n'a pas garé en face de chez toi. Je sais comment des parents réagissent quand une bande de mecs vient voir leur fille ok ?! Nous avons garé un peu plus loin.

Je souffle de soulagement mais cela n'a pas l'air de tempérer l'humeur du frère. Les jumeaux Alberigo risquent de causer ma mort un de ces jours.

- Alors tu nous accompagnes ? Nous avons besoin d'une personne en plus, me sort Gina des questionnements de son frère.

- Je n'en ai pas envie, lui répondis-je.

- Allez ce sera cool. Dis oui, tente-t-elle de me persuader une main sur la hanche. Sinon, je te pesterai tout le temps et tu ne seras pas libre pendant ces deux semaines. En plus on t'invite, c'est gratuit. Tu ne peux pas dire non.

- N'insiste pas, grogne Nick. Il est évident qu'elle ne veut pas venir. Laisse-là faire ce qui lui chante.

- On ne t'a pas demandé ton avis à toi, virevolte-t-elle dangereusement la tête dans sa direction.

- Ok... Ok, cédé-je, ce qui fit sauter de joie Gina et écarquillé les yeux de Nick estomaqué. Passant tout près de lui, je le vois grognon, tendre un objet à Gina. Elle l'écarte et j'image un billet de cent dollars dans ses mains, son sourire plus grand qu'à l'accoutumé.

- Qu'est ce que je t'avais dit ? prononçait-elle très fière d'elle alors que Nick se tournait agacé vers la porte. Le temps de monter prendre une veste, ils étaient déjà à l'entrée entrain de m'attendre.

Il y avait en face de la maison un Hammer jaune tape à l'œil garé. A côté d'elle se tenait les italiens et deux hommes que je reconnais immédiatement car allant au même lycée que nous. Ils étaient connus comme les deux meilleurs amis de Nick dans tout le bahut.

Le blond, Paul je crois, était plus grand que nous tous et adossé nonchalamment à la voiture alors qu'il riait d'une blague que son copain Nate dont le bras était posé sur le devant de la voiture, venait de lâcher. Ils semblaient, à cette image parfaite d'eux, sortir tout droit d'un film pour adolescent et je me suis demandée un moment, qu'est-ce que je foutais là. J'avais envie de rebrousser chemin mais Nick, qui est le premier à remarquer ma présence, me hurle :

- Ce n'est pas trop tôt. Les filles et leur manie ? commente-t-il, gagnant une frappe derrière la tête de Gina, qui fait bien rire les deux autres.

Peut être pensait-il que j'avais pris mon temps pour me faire belle avant de sortir, mais s'il faisait plus attention, il remarquerait que je n'avais rien changé à ma tenue. Si j'avais pris autant de temps, c'était parce que déjà en haut, j'hésitais toujours entre les accompagner et rester enfermée chez moi.

Je m'avance vers eux et ils se ruent bien avant mon arrivée, à l'intérieur de la voiture. Gina, s'enfonçant plus à l'arrière, me donne le passage pour que je m'asseye à l'extrémité.

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A l'intérieur, les présentations ne se font pas attendre. Les conversations marquées par Gina et Nick qui causaient avec Paul.

- Dis-moi Paul. Et comment va ta super copine ? Elle vient également ? demande l'italienne alors qu'il démarrait aux feux tricolores.

- Tu n'es pas au courant ? répond Nick assis dans le siège passager. Ils ont rompu pas plus tard qu'hier.

- Et de la pire manière qu'il soit, renchérit leur troisième ami à l'arrière avec nous. Il a senti le jus de fraise toute la soirée.

Puis ils se mettent tous à rigoler, Paul boudant sur le volant.

- Tu devrais l'écrire une carte disant désolé, rigole Nate derrière hystériquement.

Les traits du conducteur se crispaient, pas vraiment ravi de la tournure des événements.

- Non, plutôt un poème, renvoie Nick.

- Ouais. Un qui commencerait ainsi, tu es mon soleil de midi, je suis ta lune de minuit, le jour ne peut exister sans la nuit, je t'aime et je suis désolé.

Ce qui pousse le roux à rabattre son front sur sa main, tellement il n'arrivait plus à contenir ces fous rires. Son visage devenu tout rouge, copiait parfaitement la couleur de ces mèches et j'ai à un moment eu peur qu'il finisse par s'étouffer.

- Top-là, continue Nick en se tournant, la main levée. C'est bien trouvé Nate.

Celui-ci s'exécute et un bruit de deux mains qui se claquent remplit l'espace.

- Soyez sérieux les mecs, leur demande Paul irrité.

- Hey, ne te fâche pas. C'est bien parce qu'on est des super potes qu'on a invité trois beautés pour te remonter le moral..., pose Nick une main réconfortante sur son épaule. Qu'est ce qu'on dit à ces amis ?

- Merci les gars, reprend visiblement Paul, plus heureux.

- Qui sont ces filles, au juste ? se penche Gina en avant. Je suppose qu'elles doivent être cannons sans avoir rien d'autres pour elles.

- Tu exagères comme toujours, commente Nick. Puis il se tourne et désigne de la main, des personnes stationnées devant la salle de bowling, sortant d'une petite voiture. Les voilà justement, ajoute-t-il.

Paul se gare un peu plus loin et nous descendons rejoindre les triplets. Gina attrape mon poignet de force pour m'obliger à avancer à la même allure qu'elle. Il venait de sonner neuf heures et il y avait foule d'automobiles sur le parking. Je vois l'excitation se peindre sur les visages de Paul et Nate, alors qu'ils marchaient vers les filles.

- Oh mon Dieu, commente Gina en les regardant de loin. Ce sont de vraies puttana ces filles. Je vois que vous ne réfléchissez toujours pas.

Et Nick réplique avec un large sourire signifiant que lui, il était plutôt fier de sa trouvaille et que l'avis de sa sœur lui importait peu.

- Tu te taies, ordonne-t-il. Puis il se précipite vers les filles, et en prend une dans ses bras. La seule blonde du groupe. Le rire perçant qui s'échappe d'entre ses lèvres, fait rouler Gina les yeux au ciel.

- Je suis content de vous revoir les filles.

La blonde réajuste sa coiffure d'une main et sourit de plus belle. Elle était vêtue d'un haut doré pailleté qui laissait voir son ventre et d'un jean blanc moulant qui épousait un peu trop ces formes. Ces copines, toutes deux brunes, l'une avec de longues mèches et l'autre courtes, se positionnent derrière elle.

- Je vous présente mes amis, introduit-il alors que nous arrivions à leur hauteur.

Les yeux de Gina se plissent alors que les deux filles relookaient les amis de Nick sans aucune gêne.

- Voilà, Paul, Nate, Aiden et Gina... Les filles regardaient mal à l'aise Gina sentant la concurrence qui planait dans l'air. Mais dès le moment où Nick ajoute : « ma sœur. » Les derniers mots piquent l'intérêt de la blonde qui tout de suite porte son attention sur l'italienne. Et elles ce sont Kenya, présente-t-il la blonde, Joe et Anita.

- Ravie de te rencontrer, dit la blonde à l'encontre de la rousse.

- Pareil, flash l'adolescente un sourire flamboyant trop faux, resserrant sa main sur mon poignet.

- Et je suppose que lui c'est le petit frère, continue la blonde en se tournant vers moi.

- Non, répond Gina à ma place très agacée. C'est une amie à moi et à Nick, appuie-t-elle bien sur les dernières syllabes, flashant un autre sourire flamboyant.

Les trois filles me dévisagent instantanément, me regardant comme si je venais de noyer leur chat dans leurs salles de bain, alors que les hommes semblaient s'amuser de cette situation. La blonde spécialement me regardait de haut en bas, prenant en compte ma tenue et pensant surement « Qu'est-ce que cette courte sur patte, sans poitrine, fait ici vêtue d'un simple tee-shirt et d'un jean? Abomination. »

- Et si on y allait ? embrasse Nick de ses deux bras les trois filles, les obligeants à le suivre avant que Gina ne dise une bêtise.

Paul glisse derrière tandis qu'elles s'éloignaient:

- Je sais que tu ne les supportes pas mais s'il te plait chère italienne, laisse le cœur brisé que je porte se cicatriser aujourd'hui, fait-il la moue à son encontre tel un chien battu pour tirer sur sa corde sensible, les paumes l'une contre l'autre en signe de supplication.

Elle agite sa tête dans tous les sens, amusée par l'attitude du jeune homme.

Elle répond par un ''ok !'' Presqu'inaudible, qui lui vaut les mains de Paul sur chacune de ses joues avant de lui poser un smack sur le nez.

- Merci l'italienne, ajoute-t-il avant de suivre Nick derrière. Gina jure et nettoie du dos de la main, cette marque invisible.

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Le jeu consistait en ceci. Une équipe de quatre membres composée des Alberigo, de moi et de la blonde qui a plus qu'insisté pour se mettre avec nous. Et de l'autre, Paul, Nate et les deux brunes. La partie n'était déterminée que par les jumeaux et leurs amis. De vrais experts dans la matière. Quant à moi et les autres filles, nous étions là, que pour remplir le vide. Enfin pour moi, car les autres semblaient bien s'amuser et penser à autre chose.

Je ne saurai dire quand la partie avait finie par danser sur une piste moins sérieuse, pour que la blonde se mette à se trémousser dos contre torse sur Nick, pour l'instruire au soi-disant: « lancer de boules ». Et oui, c'était ses propres mots. Personne n'a manqué la double connotation qu'elle avait essayée d'employer. Ce qui rend furieuse Gina qui me force à l'accompagner aux toilettes.

- Est-ce qu'elles se rendent comptent qu'elles n'étaient pas censées aller en boîte ? Tu as vu leurs tenues ?, ventait-elle sa colère.

C'est l'hôpital qui se fout de la charité, ironisé-je en regardant la fille vêtue d'un haut blanc qui apparaissait telle une bande cachant uniquement sa poitrine, d'une jupe noire courte pouvant révéler ces fesses si elle se penchait un peu trop en avant et de bottines en cuir outrageusement hautes troquées un peu plus tôt pour des chaussures de bowling. Seule sa veste entrouverte couvrait un peu de chaire. Elle balance ces mèches roux d'avant en arrière pour leur donner un volume déjà trop présent, avant de sortir son rouge à lèvres face au miroir.

- De vrais putanna. C'est quoi ces prénoms ? Kenya ? Elles se prennent pour des callgirl ? finit-elle.

C'est là que mon portable sonnant me sauve de ce monologue inintéressant. Cardin non plus n'avait pas dit grand-chose. Mais à la différence de Gina, sa voix avait le don de me mettre instantanément de bonne humeur. Nous avons enchaîné les questions usuelles sur la journée. Et il fut surpris d'entendre que j'étais sortie avec des amis au bowling. Cela ne dure pas bien longtemps parce que comme toujours, il m'appelait entre deux rendez-vous au lieu de la pause, et comme toujours, Monique sa secrétaire le ramenait à l'ordre.

- C'est qui ce Yatkes qui n'arrête pas de t'appeler ?, me jette la rousse un regard en coin, réajustant son rouge à lèvres indifférente, alors que je la connaissais trop bien pour savoir qu'une question venant d'elle n'était jamais anodine.

- Où est-ce que tu as eu ce nom ? Tu fouilles dans mes affaires maintenant ?

- Non, jure-t-elle. Par contre, je l'ai vu s'afficher hier et avant-hier sur ton phone. So...

- C'est mon ex beau-frère, soupiré-je et elle hausse un sourcil sceptique. Mon psy, continué-je plus faiblement... Et là elle fait un ''O'' silencieux de ses lèvres rouge rubis sans ajouter plus.

Je pourrais facilement lui parler de la relation que Cardin et moi entretenons. Mais nous n'avons parlé à personne de cela pour le moment. Et je sais que même si la loi autorise les relations de différence d'âge inférieur à huit ans, celle-ci était toujours mal vue par la société, considérée par certains même, de pédophilie. Surtout dans une petite ville comme la nôtre.

Nous sortons pour tomber cette fois, sur Paul qui embrassait goulûment la brune aux longues mèches. A en juger par la passion mise dans ce fougueux baiser, son cœur devait être flambant neuf à présent. Gina ne commente pas à ce sujet et a préféré poussé Nate, pour avoir un couloir à elle toute seule. Celui-ci faisait une démonstration de groupe aux deux restantes.

Voir ces jeunes s'amuser et rire, me remplissaient de plusieurs émotions que j'avais du mal à discerner.

- Ne me dis pas que tu t'ennuies déjà, glisse la voix de Nick qui s'assoit sur le siège à mes côtés.

- Non, pas vraiment, me tourné-je dans sa direction.

- Je suis content que tu sois venu aujourd'hui, commente-t-il tout sourire. Étonné, mais content.

Gênée par tant d'honnêteté de sa part, je me retourne sur le groupe de lanceur de boules. Il n'y avait plus que Nate et la brune, plus en train de bavarder debout que de jouer. Gina quant à elle se défoulait comme une dingue sur la piste, ratant à chaque fois ces lancés et jurant bien plus fort entre chaque tentative. Son énervement était palpable même d'aussi loin.

- Ta sœur est... elle me semble différente, remarqué-je.

- Qui ça? Gina ?, s'interroge-t-il en la regardant rater un autre lancé.

- Elle est un peu trop... je ne sais pas, directe et ..., dis-je en repensant à ces commentaires de la matinée.

- Vache ? poursuit-il. Je vois ce que tu veux dire, rigole-t-il. Maintenant tu comprends pourquoi est-ce que j'ai du mal à la supporter....C'est la première fois que tu la vois en groupe, je parie, demande-t-il plus comme une affirmation qu'une question. Je ne sais pas exactement pourquoi, mais ma sœur t'aime beaucoup. Alors peut être essaie-t-elle de gagner ton cœur en te cachant ces mauvais côtés.

Je ne m'appesantis pas bien longtemps sur ce sujet vu que la blonde en profite pour venir s'asseoir aux côtés de Nick. Elle pose délicatement, sa main parfaitement manucurée sur la cuisse de celui-ci :

- Tu ne joues pas ? lui demande-t-elle.

- Non, pas pour le moment, sourie-t-il. On va bientôt s'en aller de toute façon.

- C'est Aiden, c'est ça ? se penche-t-elle plus en avant, sa poitrine collant audacieusement le bras de Nick.

- Oui, ai-je fait l'effort de répondre.

- N'est ce pas un prénom masculin ? continue-t-elle.

Je fronce les sourcils instantanément. Pas à cause de la question mais plus par le ton employé. Elle me toisait du regard, un air de supériorité planant clairement dans les airs.

- C'est Adeline, se charge de répondre Nick à ma place. Il pose son bras sur mon épaule, m'attirant contre son torse d'un geste brusque qui m'oblige à laisser échapper un hoquet de surprise.

- C'est nous qui l'appelons Aiden. On aime ça, continue-t-il très provoquant, ce qui visiblement n'enchantait guère Kenya. Et la partie tu as fini ? demande-t-il alors que je me dégageais mollement de sa poitrine.

- Oui. Je commençais par avoir faim.

- Ah oui, il est temps qu'on s'en aille, note-t-il en me regardant. Puis il s'arrête soudainement : " Qu'est-ce que..?, ": écarquille-t-il les yeux, me fixant longuement. Avais-je quelque chose sur mon visage?, tenté-je de nettoyer inconsciemment avec ma manche.

- Nick? l'interpellé-je. Puis il cligne des yeux en guise de réponse. Est-ce qu'il y a un truc?, ajouté-je.

- Ah, non, non, se reprend-il. Je vais... appeler les autres.

Puis il se lève et me laisse seule en compagnie de la blonde. A peine avait-il bougé qu'elle s'était rapprochée de moi.

- Dis- moi ? commence-t-elle, est-ce que Nick a une petite amie ?

Pourquoi est-ce que cette question ne me surprenait-elle pas?

- Non... Enfin, pas à ce que je sache.

- Vous vous connaissez depuis longtemps ?

- Pas vraiment.

- Et toi ? Tu as un mec ? Ou es-tu... tu vois... lesbienne ?

Je manque peu de m'étouffer avec ma salive tellement cette question me paraissait inattendue. Puis l'image de Cardin me revient en mémoire, ces petites mèches blondes et ces yeux noisette, et mon visage s'empourpre de mille feux.

- Oui, j'ai quelqu'un, réponds-je mal à l'aise d'avouer que j'avais un mec.

C'était la toute première fois que je le disais à une autre personne. Cela sonnait un peu... bizarre et pourtant j'étais heureuse.

- Ah ok ! C'est bien alors, se redresse-t-elle.

- On y va ? demande Nick dont l'ombre était penchée sur nos corps.

Le trajet vers le restaurant n'a pris que quelques minutes. Il consistait juste en la traversée de la rue en face. Alors n'est-ce pas étonnant que nous ayons décidé de le faire à pied. Le groupe semblait étrangement moins soudé qu'au départ. Les garçons discutaient avec les triplets. Et Gina plus silencieuse, était plongée dans ces pensées.

Les conversations semblaient s'enchaîner à chaque bouchée de mon plat de spaghettis, sans que je n'ait eue besoin de me plonger dans leur discussion. Chacun était visiblement dans son monde. Paul plus perdu que les autres.

- Alors tu joues de la musique ? me perturbe Kenya, une fourchette en bouche.

Je ne savais pas trop ce que cette fille me voulait mais elle commençait par m'énerver.

- Et alors ? demande Gina sèchement à ma gauche, ce qui installe un silence choqué entre les convives à la table.

- J'étais juste curieuse, se justifie-t-elle. Je suis impressionnée par les gens qui savent en jouer. Je voulais juste savoir les instruments pour lesquels elle était bonne.

- Et alors ? continue Gina toujours agacée. Cela te servira à quoi ?

- Rien... Enfin, mon père dirige un label de musique et vu que Nick n'arrêtait pas de parler de combien Aiden est douée, j'ai pensé que... Enfin, je pourrais l'aider si elle en avait besoin.

Un blanc s'installe. Cette fois-ci de culpabilité de la part de Gina. Même si Kenya donnait l'impression d'être une garce, elle semblait effrayée par l'accent italien de la rousse qui accentuait son ton tranchant. Elle ne voulait que m'aider et non pas me descendre. L'européenne pour autant ne s'excuse pas et se tourne plutôt vers moi.

- Tu en penses quoi ?...

- Je n'ai pas pour ambition de devenir professionnel pour le moment, dis-je directement à Kenya pour ne laisser aucune marge d'incertitude. J'écris et compose pour moi principalement... C'est privé.

Le temps qu'elle ne réplique, Gina pivote la tête vers elle, se sentant le devoir tenace d'ajouter: '' Tu as entendu ? ''

Mais c'est son jumeau irrité qui lui somme en premier: ''Chiudi il becco*, Gina!''.

Je connaissais à présent un peu d'italien pour savoir que Nick lui avait dit en clair... de la fermer. Et je n'étais pas la seule à l'avoir compris. Tous les mecs avaient également saisis le sens limpide de ces mots. Les triplets complètement larguées, mais pas totalement dupe au ton employé.

- Ok, ok !, se taie-t-elle par la suite, replongeant sa cuillère dans sa paella, gagnant une paix qui ne dure pas bien longtemps.

- Quand tu parles de personnel, renvoie Kenya à mon encontre, tu écris principalement sur ton copain ?

Cette fois je m'étouffe vraiment avec mon plat et je suis obligée de me rabattre sur le verre d'eau si je ne voulais pas que mon visage prenne une teinte violacée. Tous les regards se tournent vers moi- enfin celui de Gina et Nick. Les autres ne semblaient pas comprendre la gravité de cette révélation- et quand je lève mes yeux vers celle qui a osé poser cette question, je saisis au petit sourire malicieux qu'elle avait en coin que c'était son objectif depuis le départ. Parler de mon mec. Mais pourquoi ?

- Non, pas vraiment, répondis-je, ne pouvant pas nier le fait.

- Ah, ok ! Je me demandais juste pourquoi il n'est pas avec nous présentement, enfonce-t-elle plus le couteau dans la plaie.

- Oui, on se le demande tous, coupe Nick bien plus curieux que d'ordinaire.

- Il... Il était occupé. Puis me levant, je continue : « je dois aller aux toilettes. »

N'attendant pas qu'un deux me bloque dans ma tentative, je me précipite vers ces lieux, m'arrosant le visage indéfiniment devant un des lavabos. Il fallait que je m'échappe d'ici si je ne voulais pas être confrontée à ces filles. On avait prévu aller au cinéma après mais je ne me voyais pas rester assise aux côtés des jumeaux, dans une salle obscure. Je ne doutais pas une seule seconde qu'ils allaient m'encadrer et tenter de me tirer les vers du nez.

Une idée me frappe lorsque hors des toilettes, je vois un homme, carton à la main traverser le couloir qui séparait les toilettes du restaurant. J'écris un message rapide signifiant à Gina que j'ai dû partir et sors ainsi par la porte de derrière telle une voleuse. Le mieux aurait été de les affronter, ou même de nier tout en bloc comme je savais d'habitude si bien le faire. Néanmoins étrangement, je savais que je ne le pourrais pas.

Voilà une semaine que les vacances avaient commencée et que je passais la plupart de mon temps avec l'italienne. Elle s'incrustait dans mon emploi du temps. Et même si j'avais un peu de mal à me l'avouer, notre relation s'est petit à petit améliorée.

J'avais compris, par son aide et celle de Cardin au cours des précédents jours que ce n'était que moi qui me voilait la face et ne voulait pas accepter l'aide des autres. Que c'était moi qui permettais aux autres de me faire du mal et que ce n'était pas les autres qui me faisaient souffrir. Comment pouvais je me découvrir si jamais je n'exposais la vrai moi à l'avis des autres? Comment pouvaient-ils me connaître ?

Oui, j'avais appris tout cela en à peine deux semaines. C'est dingue n'est ce pas ? Mais est-ce que c'est pour autant que je compte appliquer cela ? Il est si difficile de changer ces habitudes.

L'envie irrésistible de voir mon psychologue me prend et je jette un rapide coup d'œil à l'heure qu'affichait mon portable : treize heures trente minutes. Au lieu de descendre à mon arrêt de bus habituel, je préfère passer dans les environs du bureau du jeune psychologue.

- Aiden ? demande la secrétaire assise derrière son bureau, savourant un délicieux plat mexicain

- Salut !

- Tu étais censée avoir rendez-vous avec Cardin aujourd'hui ? Il ne m'a rien dit pourtant.

Lui et moi, avions repris de vraies séances depuis peu. Chaque jour, une heure à son cabiné plutôt que chez lui, depuis le début des congés. Cela faisait bien plus professionnel et m'aidait à me détacher un peu du côté personnel qui gagnait récemment du terrain. Je lui parlais toujours de ce que je ressentais, mais jamais de ce qui les déclenchaient vraiment.

- Non, pas du tout. Il est là ?

- Oui, dans son bureau. Laisse-moi t'annoncer, continue-t-elle en rabattant le combiné à son oreille.

Puis une minute plus tard, elle me permet de rentrer. Lorsque j'ouvre la grande porte et jette un œil vers sa table, il n'y avait personne à l'intérieur. J'étais prête à me retourner lorsqu'une main agrippe ma taille et me fait sursauter de peur.

C'est là que j'entends Cardin rire de mon malheur et je virevolte pour lui donner un coup de poing à l'épaule.

- Ce n'est pas drôle Cardin.

- Désolé, je ne voulais pas te faire peur. Mais avoue que ta réaction est à mourir de rire.

Je croise les bras autour de ma poitrine énervée. Il avait trop ces aises avec moi depuis que je me suis plus ouverte à lui et que nous traînons beaucoup plus ensemble. Au cours de ces précédents jours, nous avons tellement appris à nous connaitre que ce côté enfantin qu'il a parfois, apparaît un peu trop souvent à mon goût et me sort - comme tout de suite- par les trous de nez. Mais ceci est vite balayé lorsqu'il penche le visage vers moi :

- Ne te fâche pas, me demande-t-il, son rire ayant du mal à s'arrêter.

- Je ne suis pas fâchée.

- Je ne sais pas pourquoi, continue-t-il en se penchant plus sur mon corps, son souffle chaud caressant mon cou et sa voix prenant une teinte beaucoup plus sensuelle. « Mais quand tu boudes comme ça, tu me donnes des envies de... »

Et sans crier gare, il passe ses bras sous mes cuisses et me soulève de terre pour me poser sur le rebord de son bureau. Je m'agrippe à lui fortement ayant peur de tomber, alors que je ne risquais visiblement plus rien. Il se penche vers moi et pose lentement ces lèvres sur les miennes.

Lorsqu'il le refait à nouveau, ma peur s'évanouit doucement pour laisser placer à des vols de papillons qui retournent mon estomac.

- Tu n'es plus fâché ? 

Un sourire de contentement dansait dorénavant  sur ses lèvres.

Il n'attend pas pour autant ma réponse et se penche plus vers moi, collant son corps pratiquement contre le mien et m'embrassant à nouveau. Ces baisers m'avaient tant manqué, même si le dernier ne datait que de la veille. Ses mains qui glissaient sur mes cuisses, attrapent l'intérieur de mes genoux et m'attirent encore plus vers lui. Le frottement de sa partie intime avec la mienne me fait frissonner et un long gémissement étouffé, s'échappe de mes lèvres.

Il se dégage à nouveau, son front collé au mien, sa lèvre brillant de ma salive et ses yeux plongés dans les miens. J'avais du mal à reprendre ma respiration et je suffoquais presque dans le court silence qui s'en est suivi.

- Cela suffit comme ça, se dégage-t-il sans oublier de me donner un autre court baiser.

Je reste ainsi paralysée, la chaleur de son corps me brûlant encore la peau aux endroits où il avait touché, tandis que je l'entendais contourner son bureau pour aller s'installer dans son fauteuil en cuir.

- Alors ? Comment s'est passé cette matinée ? demande-t-il dans mon dos.

- Bien, réponds-je en descendant.

Mes jambes flageolantes avait du mal à me porter alors était-ce avec un peu de difficulté que je m'assois dans le fauteuil en face.

- J'en suis ravie, répond-il, son regard posé sur les nombreux papiers qu'il tenait en main. Tu étais avec ces amis dont tu n'arrêtes pas de me parler récemment ?

- Qui ça ? Nick et Gina ? , demandé-je un peu à l'ouest, perturbée par les verres de lecture qu'il venait de revêtir et qui lui donnaient un charme fou.

- Oui, répond-il vaguement.

- Oui. Mais bon nous n'étions pas seuls. Ils étaient là avec trois filles et deux mecs également.

- Et tu t'es beaucoup amusée ?

- Oui, enfin. Mais il y avait cette fille qui a jeté son dévolu sur Nick et qui n'arrêtait pas de me provoquer, pour aucune raison apparente d'ailleurs.

- Tu penses ? lève-t-il enfin les yeux vers moi.

- Oui. Il n'y avait rien pour... Attends, mais pourquoi toutes ces questions ?

- Je suis ton thérapeute. Alors normal que je sois curieux.

Oui c'est vrai. Ce n'est pas la première fois qu'il me posait ce genre de questions. Mais bizarrement, aujourd'hui, le ton de sa voix me paraissait bien différent. Moins professionnel. Est-ce parce qu'il était...

- Ne me dis pas que tu es jaloux ?, souris-je en me rabattant complètement dans le fauteuil, m'indignant de l'énorme bêtise qu'était cette question.

- Oui, déclare-t-il tout simplement. N'ai-je pas le droit ?

- Non... Enfin si, bégayé-je.

Wow ! Surprise par tant de sincérité de sa part, je scrutais son visage à la recherche d'un signe qui me ferait penser qu'il plaisantait. Mais non.

- Tu ne me fais pas confiance..., c'est ça.

- Ce n'est pas une question de confiance ici, soupire-t-il. Approche, m'ordonne-t-il d'une main, en jetant les papiers de l'autre.

L'autorité dans sa voix m'oblige inconsciemment à me lever et avancer vers lui. Il roule son fauteuil sur la droite et me prend les mains quand j'arrive à son niveau, les massant doucement : « Quand je pense à toi avec quelqu'un d'autre, commence-t-il son argumentation, je ne peux m'empêcher de m'inquiéter. Comprend que je suis jaloux de toutes personnes qui s'approchent de ma petite amie... Parfois, je me demande...Qu'est ce qui se passera si d'autres personnes s'intéressent à toi ? Est-ce que tu me quitteras ?

Mon cœur bat à cent à l'heure devant cette subite déclaration. D'un coup, j'ai voulu qu'il regagne ce côté enfantin qu'il avait. Il avait vraiment un don pour les mots.

- Tu n'exagères pas un peu ?, ai-je eu du mal à finir.

- J'aimerais bien.

Peut être... peut être aurais-je du mal prendre le fait de savoir qu'il ne me faisait pas confiance ? Ou peut être aurais-je dû voir en ces mots les traces d'un beau parleur, très joueur avec le cœur des femmes? N'empêche que j'étais très heureuse de savoir qu'il était jaloux.

 Pour moi. 

Uniquement moi.

Il se levait pour poser ces lèvres sur les miennes lorsqu'un coup à la porte nous ramène à la réalité.

Sans attendre de réponse, Monique s'infiltre à l'intérieur et reste un instant décontenancée, par la proximité entre son patron et moi. Non pas parce qu'il était penché sur moi pour m'embrasser, mais c'était plus le fait que mes mains se trouvaient dans les siennes et que j'étais du même côté que lui de son bureau, qui rendait toutes personnes suspicieuses de la scène se déroulant devant eux. Voulant dégager promptement mes doigts, Cardin au contraire les retient fermement.

- Il y a un souci ? demande-t-il à sa secrétaire.

- Non, pas du tout, se reprend-elle. Juste pour te faire savoir que la pause est finie et que madame Vincetti t'attend.

- Ok !, dit-il en jetant un œil à l'horloge murale qui affichait quatorze heures. Accorde-moi deux minutes.

Puis elle sort et referme la porte derrière elle.

- Aiden ? demande-t-il à ma petite forme rougissante.

- Elle sait... elle sait pour nous à présent.

Je ne voulais pas qu'on le sache. Encore moins par des gens qui travaillaient avec lui. Ce serait si mal vu. Il va me quitter, je le sens.

- Ce n'est pas grave, me répond-il fermement, en caressant le dos de ma main pour se vouloir rassurant. Vois le bon côté de la chose, nous n'avons plus à nous cacher à mon bureau désormais.

Cette phrase ne m'apaise pas pour autant.

- Bon, ce n'est pas tout ça. Comment tu te sens aujourd'hui ?

Je comprends par cette question, qu'il venait de changer de sujet de conversation. Il parlait désormais de mes émotions et de ma mutilation. Parce que, oui, je lui ai dit que j'avais récidivé récemment. J'avais toujours honte d'en parler, mais l'envie de me faire aider était bien plus forte.

- Bien.

Bien dans le sens où, par moment l'envie de me déchirer les bras me revient. Mais chaque fois que je me rappelle de toi, je résiste. Mais parfois, c'est pire. Néanmoins cela, je ne le dirai jamais à haute voix.

- C'est bien, me copie-t-il avant de m'embrasser.

Nous sortons du bureau et je ne manque pas de noter le regard en coin de sa secrétaire, qui m'observait. Était-elle comme tous ces adultes qui n'approuveraient pas la relation que le blond et moi, avions ? Celui-ci m'accompagne vers l'ascenseur et avant que je n'appuie sur le bouton pour décider de ma descente au ré de chaussée, il se colle à moi et m'embrasse à nouveau.

- Tu passes chez moi demain ? susurre-t-il calmement.

- Oui, réponds-je dans les nuages.

- J'adore cette marque dans ton cou au passage, finit-il très taquin et je rougis en portant rapidement mes mains à ma jugulaire, me rappelant la situation incongrue qui l'avait conduit à y inscrire la marque de ses dents. .

Il se dégage enfin, un sourire espiègle sur les lèvres, pour me donner l'occasion d'appuyer , sur le zéro de l'ascenseur. Lorsque les portes se referment, j'adosse mon épaule contre la paroi. Comment pourrais-je ne pas aller chez lui ce Dimanche ? C'était les seuls moments où je pouvais vraiment l'avoir tout à moi.

Presque deux semaines, depuis notre dernière conversation au café que je flottais dans un bonheur total. Il est vrai qu'au départ, après sa soudaine révélation, j'ai beaucoup hésité à le revoir. Si ce n'est tout court l'éviter complètement, ne comprenant pas exactement ce qu'il voulait de moi. Néanmoins, sa persistance et son entêtement ont fini par prendre le pas sur mes incertitudes.

Marchant dans la rue, à peine pouvais-je me retenir pour ne pas trottiner de joie. Mon sourire niais, s'en va malheureusement lorsqu'au prochain tournant, je croise Mike qui avait le regard absent. Je ne l'avais pas revu depuis les répétitions du cours de musique. Il marchait vers moi, sans pour autant me voir. Ces yeux bleus me rappelaient quelqu'un. Et, je me suis tout de suite reconnue dans ce vide azurin qui demandait de l'aide.

Alors qu'il était sur le point de me dépasser, je lui attrape le bras inconsciemment. Il cligne des yeux remarquant enfin ma présence.

- Est-ce que ça va ?, lui demandé-je vaguement avant de le lâcher, plus surprise que lui par cette question.

- Oui... Oui. Je vais bien, hésite-t-il à répondre. Je dois m'en aller, ajoute-il avant de disparaître.

Je reste immobile un bon moment avant de décider de reprendre ma route. Passant les portes de chez moi, je repense à la rencontre étrange de cet après midi, puis à cette journée de façon générale. Tellement de choses s'y étaient produites. Néanmoins, ma rencontre avec Mike avait eu plus d'impact que le reste. Il m'avait semblé sonner telle une hypocrite, quand je lui avais posé cette question.

- Aiden, c'est toi ? demande mon père d'une voix raillée alors que je me tenais debout dans le vestibule.

Je devine immédiatement qu'il n'était pas de bonne humeur. L'épisode de ce matin avait dû lui rester en travers de la gorge.

Avalant ma salive, je m'arrête devant lui lorsqu'il sort de la cuisine en premier, me stoppant dans ma tentative de monter les marches. Mes yeux se dirigent vers le nombre incalculable de canettes de bières sur la table, alors que son haleine me frappait de pleins fouets.

Devant cet amas de métal, je prends conscience que sa colère était bien plus grande que celle à laquelle je m'étais attendue. Il me porte un coup de poing rapide dans les entrailles et je m'écroule sur mes genoux, retenant mon ventre face aux douleurs qui le déchiraient. Je n'ai pas le temps de me reprendre qu'il m'agrippe les cheveux et me soulève du sol sans ménagement. Cela faisait bien longtemps qu'il ne m'avait pas touché. J'avais oublié combien c'était douloureux.

- Tout est de ta faute, crachait-il trop près de mon visage, postillonnant dessus.

- Lâche-moi, lui griffé-je de mes ongles sa physionomie.

Il se dégage aussitôt, reculant de quelque pas et porte la main à l'écorchure. Une traînée de sang apparaît sur sa joue pour se peindre sur ses doigts. Hébété, il me lance un regard plein de haine et avance vers moi. Je ne lui laisse pas franchir le peu d'espace qui nous sépare et cours vers la porte pour m'enfuir de cette maison.

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Tigrotta : petite tigresse.

Chiudi il becco!: ferme ton bec



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