59 - Patrocle
— Patrocle, souffla Ephraim.
Je me figeai, ma main sur la poignée de la porte. Orion était assis sur sa chaise, les deux mains enfoncées dans ses cheveux. Nous n'étions pas passés loin de la catastrophe. Nous n'étions pas passés loin de la case euthanasie pour tout notre Céracle. Il n'aurait pas été difficile de faire quoi que ce soit avec une bombe au milieu de tous ces gens. Lilianne aurait pu tuer de nombreuses personnes. Elle se serait défendue et elle en aurait eu le droit.
— Je ne vais pas laisser ça impuni, murmurai-je. Peu importe ce que tu pourrais dire maintenant. Rien ne me fera changer d'avis.
— Ne tue personne, ajouta Raim avec ses deux mains devant lui.
Orion émit un rire nerveux et un peu chaotique. Oh, comme je le comprenais en ce moment. Comme j'aurais voulu lui dire qu'il avait raison que Lilianne était sûrement un danger. Mais il était de notre devoir de l'aider, de lui permettre de continuer de grandir et d'apprendre à gérer son pouvoir. De se défendre contre les absurdités des Matras. Qu'elle ne serait plus jamais l'une d'entre eux.
Que je me ferais un plaisir de tous les punir pour s'être seulement approchés d'elle.
Ils ne comprenaient pas encore pourquoi j'étais le Spectre. Ils ne comprenaient pas ce que ça impliquait chez moi. Ils ne comprenaient pas encore la portée de la main de Zeke. Ils allaient trembler et ils allaient saigner un peu.
Rien de mieux qu'une punition sanglante pour que ça s'inscrive au bon endroit dans leur crâne.
— Je ferais de mon mieux, crachai-je.
Je poussai la porte et la claquai derrière moi. Je sentis mes ombres s'enrouler autour de mon corps, jusqu'à ce que Zeke soit dans mon dos, appuyé contre moi.
— Tuons-les, souffla-t-il. Qu'est-ce qu'Ades pourra y faire ? Rien.
Je grognai et il se détacha pour marcher à mes côtés.
— Trouve-les-moi, sifflai-je.
Et ce fut exactement ce qu'il fit. Pratiquement trente-minutes après mon départ, je me tenais en bas hôtel où se trouvait le clan Matras. Zeke apparut devant moi et me décrit l'intérieur rapidement. Il me nomma les personnes présentes, ainsi que le nombre de personnes pour la sécurité du Céracle.
— Zeus n'est pas là. Il est avec le Clan d'Hera, à plusieurs minutes d'ici, me prévint Zeke.
Je hochai la tête. Je crus reconnaître quelqu'un qui faisait partie de la sécurité du Clan Matras, mais déjà je rentrai dans l'hôtel. Zeke m'indiqua le chemin et en à peine quelques secondes, je me retrouvai devant la porte de la suite du Céracle. Je pouvais entendre les bavardages dedans.
Les ricanements.
— Ouvre-moi, ordonnai-je à Zeke.
Il disparut et bientôt, la porte émit un déclic. Elle s'ouvrit et je la fracassai du pied. Elle alla rebondir contre le mur et mis en alerte les cinq personnes présentes.
Les deux Primordiaux les plus proches de moi finirent par terre dans des cercles d'ombres qui les empêchèrent de vraiment réagir. Proteus, cet enfoiré de Proteus de merde, tenta de contrôler mon esprit. Je le sentis pousser contre mes défenses. Je le sentis tenter de trouver l'interrupteur de ma réalité pour la remplacer par son illusion, mais j'étais bien plus vieux que Lilianne.
Et on m'avait déjà manipulé.
Alors Ephraim avait tout fait pour que ça n'arrive plus jamais. Orion m'avait aidé à trouver tous les interrupteurs de mon cerveau qui auraient pu être utilisés contre moi et j'en avais fait une arme. J'en avais fait des défenses qui pour l'instant n'avaient jamais été brisées.
Zeke se matérialisa derrière lui et Amédé cria pour le prévenir. Jezabel leva son bras, sûrement pour appeler sa puissance, mais ma main lui décocha un revers qui l'envoya par terre. Amédé se jeta sur moi, mais déjà, mes ombres s'enroulaient autour de lui pour le soulever du sol et l'étouffer.
Zeke frappa Proteus à l'arrière de son genou et il tomba. Je sentais la puissance de Jezabel tenter de passer à travers mes ombres, mais mes créatures étaient parfaites et si elles sentaient le moindre danger venir sur moi, alors elles me défendraient.
Comme Zeke l'avait fait.
Comme j'allais le faire avec Lilianne.
Je pouvais sentir tout mon pouvoir s'évader de moi pour prendre le dessus sur toutes les personnes présentes.
— Vous n'êtes que des petites merdes pathétiques, crachai-je.
Proteus voulut relever sa tête, mais le poing d'ombre de Zeke s'écrasa sur sa face de mort. Je me penchai sur Jezabel et tirai sur ses cheveux pour la redresser. Elle voulut me cracher dessus, mais mes ombres se refermèrent sur sa bouche.
— Vous ne vous attaquez pas aux bonnes personnes, murmurai-je. Je pourrais vous tuer, les uns après les autres. Maintenant.
Le regard de Jezabel s'écarquilla.
— De belles paroles, siffla Proteus. Si tu nous tues, vous serez exécutés à la suite.
Je ricanai. Zeke le frappa de nouveau et il cracha du sang. Son regard n'osa pas croiser celui de mon ombre. Il avait peur.
— Vous vous êtes attaqué à la mauvaise personne. Alors, je vais me faire un plaisir de vous prouver à quel point personne ne touche à mon Céracle.
J'agrippai le menton de Jezabel.
— Tu n'es qu'un Catalyseur. Ils pourraient sucer toute ton énergie jusqu'au bout, te laisser pour morte sur le bord du trottoir que ça ne changerait rien à leur vie. Tu crois qu'ils ont envie de te défendre en ce moment ? Tu le crois vraiment ?
Jezabel tenta de parler derrière le bâillon d'ombre, mais c'était incompréhensible. Qu'elle essaye seulement m'agaçait au possible.
— Conneries, crachai-je à son visage. Tu n'es qu'un puits qui se vide de son eau chaque jour. Et tu sais quoi ? Ce n'est pas le cas de Lilianne. Elle ne se videra jamais. Et nous n'oublierons jamais ce qu'elle fait pour nous.
Je crachai devant elle et elle frémit.
— Elle n'a pas besoin de nous pour être quelqu'un et nous n'avons pas besoin d'elle pour vous tuer. Je suis clair ? Approchez-là encore une fois et je montrerais à tous les clans ce que s'est un vrai Spectre.
— Patrocle, souffla Zeke.
Je me retournai au moment où le dernier membre du Céracle Matras apparut. Son corps se mit à briller quand il fut prêt à me frapper de sa foudre, mais je pris une longue inspiration et toutes mes ombres s'enroulèrent autour de moi. Sa foudre fut avalée par mes ombres et la seconde suivante, j'étais derrière lui, mon flingue contre sa tempe.
Les membres du Céracle que j'avais mis à terre eurent du mal à se relever. Zeke balança Proteus au sol, sa gueule complètement défoncée.
— C'est mon dernier avertissement, murmurai-je. Approchez-vous encore une fois de Lilianne et je me ferais un plaisir de m'occuper de vous. Comme elle s'est occupée des dernières personnes qui ont voulu la violer.
Je frappai assez fort dans les genoux d'Eldvas pour que son articulation saute. Il hurla et tomba en avant.
— Tu nous le payeras, cracha Amédé.
— Ferme-la, siffla Adric.
Je levai mon flingue et tirai en direction de Jezabel. Seul Phidalem se jeta sur elle pour la protéger. Aucun autre. Ils restèrent tous choqués de la balle qui s'était figée dans le sol à côté de la cuisse de Jezabel.
— Voilà pourquoi vous ne serez jamais un vrai Céracle, soufflai-je. Voilà pourquoi nous serons toujours plus puissants que vous. Ne l'oubliez jamais.
Et je partis.
Parce que je savais que le message était passé.
Peu m'importait les conséquences de mon geste.
Comme Raim l'avait dit : ne tue personne.
Je n'avais tué personne.
Mais j'avais fait comprendre à tout ce putain de Céracle de merdes qu'ils étaient faibles.
Et qu'on n'attaquait pas un membre de notre Céracle sans en payer le prix.
A mon retour au casino, la première personne que je vis fut Orion. Il fumait une cigarette, ce qui avouons-le, était rare. Il m'observa rapidement et grimaça.
— Si tu n'es pas recouvert de sang, je suppose que Zeke a fait tout le travail.
— Certains sont moins feignants que d'autres, grogna mon Ombre.
Quelques chiens me suivaient. Merde. Je n'y avais pas fait attention. Certaines se pressèrent contre moi et l'un d'eux couina, aux pieds de Zeke.
— Je vais voir Lili, souffla-t-il.
— Zeus a déjà appelé Ades et il veut des explications, gronda Orion.
Je haussai mes épaules et grimpai dans l'ascenseur. Je laissai les portes se fermer derrière moi et patientai difficilement jusqu'au penthouse.
— Où il est ? Pourquoi il est parti là-bas ?
C'était Lilianne.
— Pourquoi il n'est pas encore rentré ?
Je poussai la porte qui menait à notre suite et bientôt, je vis Lilianne sur le canapé, emmitouflée dans des fringues de Viktor et Hunter. Elle avait un pot de glace dans les mains et ses cheveux en fouillis dans un chignon sur le haut de son crâne. Elle me vit et ses yeux se remplirent de larmes. Ephraim sortit de chambre, la tronche contrariée.
— Mon cœur, pourquoi tu pleures ? grognai-je.
Je lui piquai sa cuillère et savourai la glace sucrée sur ma langue. Je me laissai tomber à côté d'elle sur le canapé.
— Tu étais où ? sanglota-t-elle.
Je lui remplis sa cuillère et la lui tendis. Elle renifla, mais ouvrit la bouche, ce qui tira un sourire à Viktor de l'autre côté d'elle. Hunter était assis par terre, avec une tête affreuse. Je secouai ses cheveux.
— Arrête de faire cette tronche.
— Tu as été où ?
Je regardai Lilianne et posai ma tête sur le dossier du canapé.
— Réglez des comptes. Personne ne s'approche de toi sans en payer le prix. Et personne ne blesse notre Céracle sans avoir droit à une visite du Spectre.
Zeke s'enroula autour des épaules de Lilianne et cette dernière se laissa aller contre lui.
— Ne partez plus, souffla-t-elle.
Je pris sa main dans la mienne et embrassai ses doigts.
— Je te l'ai dit, Lilianne, murmura Ephraim, ils auront peur de nous. Jamais l'inverse.
— Ils doivent se poser la question avant de t'approcher, grondai-je, mon pouce sur sa lèvre. Toi ou les autres, ils doivent réfléchir avant de s'approcher de nous. Ils ne sont rien face à nous. Rien du tout.
Zeke embrassa sa tempe et elle prit une longue inspiration. Elle termina roulée en boule, sa tête sur mes cuisses, ses pieds sur les jambes de Viktor, ses mains entre celles de Hunter.
Ephraim m'avait raconté ce qu'elle avait vu.
Orion avait senti ce que son pouvoir aurait pu faire.
Personne ne mettrait en danger notre Anamchara.
Personne.
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Patrocle en mode protecteur 🥵🥵🥵😍😍😍🤤🤤🤤 on aime ou pas ? 😎😎😎
La bise 😘
Taki et Ada'
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