58 - Lilianne
Je savais que ce n'était pas réel.
Que tout ce que je voyais n'existait que dans ma tête.
Que rien de tout ça, absolument rien, n'était vrai.
Mais le savoir ne m'aidait pas.
Le comprendre non plus.
C'était là, trop réel, trop réel pour que j'aille bien. C'était trop réel pour que mon esprit comprenne l'erreur. Le jeu. La manipulation.
La farce.
Un sanglot grimpa dans ma bouche. Il s'extirpa de mes lèvres pour disparaitre dans l'air.
Du sang. Qui n'était pas vrai.
Viktor, par terre, ne bougeait plus. Pas vrai.
Un Primordial tenait Hunter en joue. Pas vrai.
Hunter me fixait, comme s'il n'y avait que moi. Pas vrai.
Ferme les yeux. Oublie. Ferme les yeux. Efface. Ferme les yeux. Ferme les yeux. Les yeux, les yeux, les yeux.
— Lili.
Viktor gargouilla.
Du sang.
Le Primordial qui souriait.
Tout ça n'était pas réel.
Tout ça n'existait que dans ma tête.
C'était. Faux.
Vik et Hunt, les vrais Vik et Hunt, n'étaient pas là. Ce n'était pas eux. Pas eux. Pas eux.
Pitié. Pitié.
Pas eux.
Pas comme ça.
Je connaissais les tours du Clan Matras.
Papa m'en avait montré. Beaucoup. Sans avoir le temps de m'apprendre, de m'enseigner. Comment ne pas se laisser embarquer par une illusion.
J'étais tombée les deux pieds dedans.
Et maintenant... maintenant...
— Je sais que ce n'est pas vrai, soufflai-je. Je sais que ce n'est pas vrai.
Je le répétai.
Haut et fort. Pour le rendre tangible. Mais l'hystérie montait. Elle grimpait. Elle soufflait sur ma raison comme pour embraser ma folie.
Le souffle sur la braise.
Et le feu prit.
Il se déploya.
Je hurlai. Je hurlai parce que le canon appuyait derrière le crâne de Hunter, parce que Viktor ne bougeait plus du tout.
Je voulais courir vers eux, mais un bras s'enroula autour de mon ventre.
Ce n'était pas réel.
Ce n'était pas vrai.
Ce n'était pas eux !
Pas eux ! Pas eux !
Je savais que c'était dans ma tête. Je savais que les vrais Viktor et Hunter étaient vivants. Quelque part.
Je savais qu'Orion me tenait. Que c'était lui derrière moi et qu'il ne voyait rien de ce que moi je voyais.
Parce qu'il n'était pas dans l'illusion.
Parce que ce n'était pas avec lui qu'on voulait s'amuser.
Je griffai son bras. Je luttai. Je luttai si fort. Contre l'illusion, contre lui.
CONTRE TOUT.
Si je perdais pied maintenant... ils gagneraient et je finirai par croire que Vik et Hunt étaient morts.
Morts.
Morts.
— Fais-les arrêter. Fais-les arrêter. FAIS-LES ARRÊTER !
Je hurlai.
J'implorai. Parce que je ne pouvais rien faire. Le canon appuya un peu plus sur le crâne d'Hunt. Il ferma les yeux et je savais que j'aurais pu mourir sur-le-champ si tout avait été vrai.
Mensonge.
Illusion.
Mensonge.
Illusion.
Je ne réussis pas à regarder ailleurs lorsque la balle traversa le crâne de Hunter. Un bruit innommable jaillit de mes lèvres et à l'agonie
Je me tournai dans la prise d'Orion,
Agrippai son haut à deux mains
Pour l'implorer
Pour l'implorer que tout
Absolument
Tout
S'ARRÊTE !
— Fais-les arrêter, f-fais-l-l-l...
Pitié. Pitié.
— FAIS-LES ARRÊTER !
J'allais mourir.
J'allais mourir.
Je voyais le sang.
Je voyais le crâne d'Hunter.
Je voyais tout. Tout et ça me bouffait.
— J-Je... Q-q-que ç-ça...
Ce n'était pas réel.
Ce n'était pas vrai.
Hunter n'était pas mort. Et Viktor non plus.
Ils
N'étaient
Pas
Morts
N'est-ce pas ?
— Orion, pitié. Pitié.
Je ne voyais pas son visage, parce que tout était flou.
Parce que j'étais folle.
Parce que rien n'avait de sens.
Parce que le corps d'Hunter attendait derrière moi, encore chaud.
Celui de Viktor aussi.
Il n'y avait qu'Orion qui pouvait faire que tout s'arrête.
— Lili.
Il m'appelait. Il répétait mon prénom.
Et puis soudain, j'entendis des gens par dizaine hurler. De peur.
Orion me tenait.
Il me tenait et je voulais que tout s'arrête.
Anam.
Quelque part entre l'agonie et l'hystérie, la voix d'Ephraim.
Mais il ne pouvait pas m'atteindre.
Personne ne le pouvait.
Parce que j'étais folle. Et que ça faisait mal. Que je savais que tout était faux, mais que je ne pouvais rien arrêter.
Rien. Rien.
Un souffle.
Tout pulsait.
Je lâchais prise, parce que je n'étais plus capable de lutter.
Plus capable de me répéter que ce n'était pas réel.
Je sombrai.
« Un mouvement de panique inexplicable a secoué Miami aujourd'hui et les personnes présentes sont encore incapables de revenir sur les événements. Il ne serait pas étonnant que cela vienne de Primordiaux et que... »
La télé n'était pas très forte, mais assez pour que je comprenne ce qui se disait.
Un mouvement de panique ?
J'étais enveloppée d'odeurs.
Ephraim. Patrocle. Viktor, Hunter. Même Orion. Je me savais dans un lit.
Je me savais dans la réalité.
Plus de cris.
Plus d'illusion.
Juste... des présences autour de moi.
J'eus du mal à ouvrir les yeux. Parce qu'ils étaient lourds, parce que, quelque part, je n'avais pas envie de me réveiller. Je pouvais prétendre dormir. Je pouvais prétendre avoir rêvé. Oui. Peut-être encore un peu.
— Lili.
Zeke. Il n'avait pas d'odeur, mais il avait une présence.
— Encore un peu, murmurai-je. Je veux juste... encore un peu.
La boule dans ma gorge était revenue.
— C'est comme tu veux, Lili. Que comme tu veux.
Je reniflai. Cachai mon visage contre l'oreiller. Celui de Patrocle. Son lit ? Ou on avait ramené un peu des garçons dans celui d'Ephraim ?
— Tu restes ?
— Je vais revenir. Mais tu ne seras pas toute seule.
Ses doigts sur mon épaule. Avant que son empreinte ne s'efface. Le matelas s'affaissa devant et derrière moi.
Hunter.Viktor.
L'un m'attira dans une étreinte, l'autre se pressa contre mon dos.
Ils étaient vivants. On m'avait joué un tour.
Un... simple... tour.
Rien de plus.
Rien
De
Plus.
**
C'était chaud. Heureusement qu'Orion était là 🙄🙄😳😳
J'espère que tout va bien pour vous 😇😁
La bise 😘
Taki et Ada'
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