57 - Orion

Je me branlai sous la douche, comme un putain de prépubère en chaleur qui ne pouvait pas se contrôler. J'allais avoir la tête d'Ephraim s'il continuait à enfermer Lilianne dans sa chambre pour se nourrir d'elle comme il le faisait. Même si nous n'étions pas encore liés, nous sentions tous sa puissance, plus qu'une caresse.

Un putain de séisme !

Alors ouais, j'avais le poing enroulé autour de ma queue et j'essayai de relâcher la pression.

De penser à autre chose qu'à Ephraim en train de faire l'amour à Lilianne parce que c'était en train de me rendre complètement fou.

Je n'étais pas un saint, je n'étais pas un ange non plus et la découvrir dans cette robe... est-ce que j'avais eu un début de tric ? Bien sûr que oui ! Et c'était tellement débile, putain !

J'appuyai mon front contre le carrelage, m'imaginai Lilianne à genoux devant moi – je voulais qu'elle le soit, parce que j'aimais ça – et cela m'aida à venir.

Ce ne fut pas l'orgasme du siècle, ce fut même à peine libérateur. Ça irait jusqu'à la prochaine fois.

Foutu Ephraim.

J'avais tellement hâte de savoir ce qu'il pouvait faire maintenant qu'il était lié. Aurait-il encore des limites en tant que Faucheur ?

Je coupai l'eau, enroulai mes hanches dans une serviette et grognai en découvrant qu'Ephraim, Patrocle et Zeke m'attendaient dans ma chambre.

— Sérieusement ?

— Tu étais vraiment en train de te branler sous la douche ? ricana Patrocle.

Enfoiré de merde.

— C'est sa faute, dis-je en pointant Ephraim du menton.

— Un peu de la sienne aussi, minauda ce dernier en coulant un regard vers Patrocle.

Je roulai des yeux, si les deux s'y mettaient, putain, j'allais finir par m'astiquer la bite tous les jours. Mais je savais que Patrocle n'avait pas été jusqu'à coucher avec Lilianne, un lien passait, mais deux en si peu de temps ? Risqué ?

— Qu'est-ce que vous voulez ?

Je laissai la serviette tomber, attrapai un boxer que j'enfilai avant de me tourner de nouveau vers eux.

Ephraim avait vu Edana plus tôt dans la journée et j'imaginai donc que nous allions discuter de tout ça. Ou du fait qu'il était lié à notre Anamchara.

Bâtard.

Lilianne fait exploser des choses. Des gens. Des Primordiaux, sourit Zeke.

Je haussai un sourcil. Il adorait l'idée.

Il... jubilait. Ce psychopathe...

— Nous voulions savoir ce qu'il s'est passé dans cette chambre avec ces quatre bâtards ; c'est chose faite, dit Ephraim. Lilianne me l'a dit.

— Elle te... l'a dit ? À toi ?

J'étais dubitatif. Qu'elle parle à Patrocle, oui, mais au Faucheur ?

— Elle les a fait exploser. Il ne restait rien d'eux.

Le silence entre nous tous. Parce que ce n'était pas rien.

Putain.

Putain !

— Et je pense qu'elle est capable de tout détruire, qu'elle n'a pas de limite.

— Tu veux dire que faire exploser des Primordiaux n'est pas suffisant ? soufflai-je.

J'eus un drôle de rire. Dans quel genre de merde on était là au juste ?

Patrocle se passa une main dans les cheveux. Il paraissait réfléchir, concentré. Est-ce que notre Céracle était appelé à n'être constitué que de pouvoirs qui pourraient détruire le monde ?

— Je veux dire que lorsque je lui faisais l'amour, elle a détruit la chambre et qu'alors, tout est redevenu... normal, comme si rien ne s'était passé.

— Elle peut inverser ce qu'elle fait.

Patrocle avait les yeux écarquillés. Il regardait Ephraim, la bouche entrouverte.

Moi, tout ce que je voyais, c'était une bombe à retardement.

— Ce n'est pas... conscient, reprit Ephraim. Elle ne contrôle absolument rien.

— Ça pourrait être dangereux ? Pour Viktor et Hunter ? Pour nous ? soufflai-je, le cœur dans la gorge.

— C'est notre Anamchara, Orion, ne soit pas stupide, cracha Ephraim.

Il n'aimait pas mes doutes. Mes peurs.

Il n'aimait pas mon rejet. Je l'emmerdais, putain ! Si elle pouvait faire exploser tout et n'importe quoi...

Non, mais c'était quel genre de pouvoir ça ?!

Est-ce que j'étais le seul à avoir les pieds sur terre sur tout ça ? Ils ne pouvaient pas être sérieux !

— Je ne suis pas stupide, répliquai-je, froid. Je suis pragmatique, bordel. Anamchara ou pas, elle ne se contrôle pas ! Alors quoi, on va attendre de voir et croiser les doigts pour que personne ne soit blessé ?

— J'ai demandé à Edana d'effectuer quelques recherches. Elle pense avoir lu quelque chose à ce sujet et nous savons qu'elle est la mieux placée pour nous aider.

Même si elle faisait partie d'un autre Clan.

Edana ne vivait que dans le but de faire perdurer les Primordiaux, ce qui faisait d'elle et des siens des gens précieux.

— Je reste néanmoins conscient que l'existence de Lilianne intéresse Edana, soupira Ephraim. C'est une Anamchara qui va faire de notre Céracle le premier depuis des siècles. Pas une copie.

— Autant nous mettre une cible dans le dos, grommelai-je.

Arrête d'être de mauvaise humeur, attaqua Zeke.

— Chaque Clan va nous avoir à l'œil, va vouloir quelque chose. Il va falloir que nous soyons prudents, dit Patrocle.

— Il va surtout falloir qu'on pousse l'entraînement de Lilianne et Hunter, décida Ephraim. Une fois de retour à Los Angeles, je vais demander à Rune et Thora d'intensifier la cadence sans pour autant pousser Lilianne et Hunt dans leur retranchement.

— Que voulait Ades ? finis-je par demander.

Je préférais un terrain connu que la capacité de Lilianne à tout faire... exploser. Putain !

— Il a su que je m'étais lié. Il veut savoir de quoi je suis capable maintenant.

— Et tu le sais ? l'interrogea Patrocle.

Ephraim garda le silence un instant. Ses yeux devinrent noirs et il inspira pour reprendre le contrôle.

C'était toujours quelque chose de plonger dans les abysses du Faucheur.

De se sentir aspiré.

— Je sens que... je pourrais tuer n'importe qui à des kilomètres à la ronde. Je n'ai... plus besoin du toucher, je n'ai plus besoin de connaître le nom de la personne. Je suis... libre de toute contrainte.

Un Faucheur sans garde-fou.

Un Faucheur capable de tuer tout le monde.

Voilà ce que ça faisait que d'avoir une Anamchara.

Nous étions des monstres et Lilianne... Lilianne nous poussait à notre paroxysme.

Qu'est-ce que ça donnerait pour Viktor ? Pour Hunter ? Qu'est-ce que deviendrait Lilianne une fois liée à chacun d'entre nous ?

Et moi ?

Je me frottai la nuque.

Je ne voulais pas savoir.

Je ne voulais pas amoindrisse tout ça en prenant l'excuse de ce qu'elle était pour nous.

Conneries.

— J'ai des choses à régler ici avant que nous ne partions demain, annonça Ephraim. Orion, tu accompagnes Vik, Hunt et Lilianne à la grande roue aujourd'hui.

Tuez-moi.

— Si tu veux, grommelai-je.

— Ne fais pas ta mauvaise tête.

— Je vais juste éviter qu'elle ne fasse tout péter.

Les deux hommes – pardon, trois, avec ce bâtard de Zeke – me regardèrent, sans rien dans les yeux. Ouais, il fallait que j'arrête de pousser ma chance.

Je levai les deux mains en l'air.

— Je serais un bon petit soldat, lâchez-moi.

— Ne joue pas au connard, me tacla Patrocle.

— Et ne sois pas aussi jaloux, c'est risible.

Ephraim secoua la tête après son propos et ils quittèrent ma chambre. Bande d'enfoirés.

Je retrouvai les trois jeunes dans le salon. Hunter était assis sur le canapé, Lilianne entre ses jambes et il lui montrait quelque chose sur son téléphone. Elle rit, ce qui attira l'attention de Viktor. Il quémanda son attention quelques secondes et je lus dans les yeux de Vik toute sa dévotion.

Tout son amour pour la jeune femme.

Tuez-moi. Tuez-moi. TUEZ. MOI.

— Je vous attends, dis-je.

Je me demandais bien ce qu'ils avaient avec cette maudite grande roue, mais ce n'était pas comme si on me demandait mon avis.

Ils enfilèrent les chaussures en un temps record et nous nous retrouvâmes dehors tout aussi vite. Sur le chemin – nous y allâmes à pied – je ne cessai d'observer Lilianne, tentait de me figurer ce que signifiait son pouvoir.

Sa portée.

Sa puissance.

Je l'analysai. Déformation de mon temps passé à l'UOP. Elle sentit mon attention, puisqu'elle leva ses yeux vers moi, mais je ne lui donnai rien.

J'avais la sensation d'être le seul à voir un quelconque danger en elle.

Elle ne se maitrisait pas, bordel. Et nous la laissions se balader, conscients de tout ça.

Ses sourcils se froncèrent, mais elle ne dit rien.

La roue nous apparut au loin et je les laissai courir. C'était notre dernière journée ici. Nous repartions demain et j'avais hâte.

Hâte de retourner à ma routine.

Hâte que Rune et Thora gèrent Lilianne.

Je laissai mes yeux glisser sur la foule, compacte. Des promeneurs, des touristes, des citadins. Il y avait du monde. Mon don se réveilla alors, comme appelé par la présence d'un autre Primordial. Je scannai mieux les environs, ne voulant pas avoir de mauvaises surprises.

J'étais là pour veiller sur Lilianne, Vik et Hunt et j'étais excellent à ça. C'était mon putain de job alors personne ne pouvait me prendre par surprise.

Certainement pas le petit Céracle pathétique de Zeus.

Parce que c'était bel et bien eux. Les quatre n'étaient pas là, mais c'était suffisant pour me mettre de très, très mauvaise humeur.

Une coïncidence, certainement pas.

Je les observai de loin avant de ramener mon attention sur la chevelure de Lilianne. Elle était en train de suivre Vik, Hunt derrière elle. Ils montèrent dans l'une des cabines et ils y resteraient un certain temps a priori.

J'essayai de voir si Jezabel et le manquant du Céracle étaient dans le coin, mais non. Ou alors ils étaient plus loin.

Je donnai l'info à l'équipe qui nous suivait via mon oreillette, leur demandant de chercher la présence de Jezabel, Eldvas et Phidalem Matras. Ça n'allait pas plaire à Ephraim. Parce que leur présence puait la filature à plein nez. Ils nous avaient suivis. Dans quel but au juste ?

J'attrapai mon téléphone dans ma poche et composai le numéro d'Ephraim.

Il mit du temps à répondre.

— Quoi ?

— Nous avons de la compagnie, dis-je.

— Qui ?

— Proteus, Amédé et Adric.

Il jura.

— Tu gères ?

— Question inutile. Je voulais juste te prévenir.

Je raccrochai et restai en place. L'équipe m'apprit que le reste du Céracle de Zeus était ailleurs. Je n'aurais pas à me farcir ce connard d'Eldvas. En revanche les trois autres...

Nous allions vraiment avoir une emmerde à moins de vingt-quatre heures de notre départ ? Ça y ressemblait bien.

Hunt et les deux autres revinrent après presque trente minutes. J'attrapai Viktor par le bras alors que Hunter et Lili s'avançaient vers un marchand ambulant qui vendait des sucreries en tout genre.

— Quoi ? souffla-t-il.

— Une partie du Céracle Matras est là.

Tout de suite, la tension s'installa dans son corps. Je le vis scanner la foule, comme moi un peu plus tôt. Les habitudes. Je lui en parlais, parce que Viktor avait été à l'UOP et que je savais pouvoir compter sur lui.

— Tu vas prendre Hunt avec toi et rejoindre l'équipe en place.

— Et Lili ? souffla-t-il.

— Je m'en occupe. Je ne veux pas que tout parte en couilles s'ils essaient quelque chose.

En gros, je ne voulais pas que Hunt pète un câble. Surtout pas avec autant d'humains dans le coin.

— Ok.

Je pressai son épaule de mes doigts.

— Je compte sur toi.

Il n'attendit pas que Hunt et Lilianne reviennent. Je le vis se pencher sur le premier pour lui dire quelque chose et si Hunt fronça les sourcils, il le suivit, non sans m'avoir jeté un coup d'œil. Lilianne m'observa venir à elle.

— Qu'est-ce qui se passe ? souffla-t-elle.

Elle n'était pas bête.

Ma main trouva le creux de son dos. Sans un mot, elle me laissa la conduire. Je vis Amédé nous suivre.

Pas malin, ça.

— Orion ?

— Avance, c'est tout Lilianne.

Elle pinça ses lèvres. Nous revînmes sur nos pas, traversâmes la passerelle en bois, la roue dans notre dos.

Quelque part, non loin de nous, des ballons explosèrent en une succession calculée. Lilianne sursauta.

Je tournai la tête, la magie Matras venant caresser ma peau.

Lilianne s'arrêta d'un seul coup et je compris mon erreur lorsque Proteus me sourit à travers les promeneurs.

Elle se mit à trembler et son don monta, balaya mon corps, éveilla tous mes signaux d'alarme.

Elle était tombée dans l'illusion des bâtards du Céracle.

Et Dieu seul savait ce qu'elle voyait en cet instant. 

**

Qu'est ce qu'elle voit à votre avis ? 😳😳😳😳😳😭😭😭

La bise 😘

Taki et Ada'

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