48 - Orion

Génial.

Vraiment. J'avais déjà pressenti que ce mouvement à Miami ne donnerait rien de bon, mais ça ? C'était la consécration.

Putain de Clans de merde.

Comment pouvaient-ils seulement croire que Lilianne, en tant que Primordiale, pouvait être un putain de Catalyseur ?!

Ephraim avait de la patience, mais là, c'était joué avec ses nerfs. C'était le pousser dans ses retranchements et ça risquait de faire mal. Très mal. Les chefs allaient s'en mordre les doigts et si un seul Catalyseur osait quoi que ce soit...

Je quittai le penthouse après avoir reçu l'adresse où allaient se réunir les Catalyseurs. Un salon de thé dans un hôtel de luxe, à quelques kilomètres d'ici. Pas de quoi s'affoler ; j'y savais la sécurité excellente, mais ça ne m'empêcha pas d'appeler Lance pour le mettre sur le coup. Il garderait un œil sur les caméras de surveillance et ne nous quitterait pas des yeux.

De tous, il fallait que ce soit moi qui aille avec elle. Patrocle aurait été le plus indiqué, car le plus patient. Moi, j'avais beau connaître tout le monde, si ça la concernait elle, autant dire que...

— Orion.

Je n'avais pas entendu les garçons me suivre. Je me tournai et attendis qu'ils arrivent à mon niveau. Tous les deux semblaient soucieux, inquiets. On jetait leur Lili dans la fosse aux fous, normal.

Une Anamchara parmi des Catalyseurs, c'était quand même d'un drôle. Mais ça ne faisait qu'appuyer ce qu'Ephraim pensait : en dehors d'Ades et des nôtres, les autres Clans ne nous prenaient pas au sérieux sur cette affaire.

Les idiots. La déflagration allait faire mal le moment venu. Ephraim n'allait épargner personne.

Hunter carra ses épaules.

— Je sais ce que tu penses de Lili, mais je te jure que si tu ajoutes une couche à toute cette situation de merde, je ne vais pas me contenter de t'excuser.

Je jouais avec la patience de tout le monde. Ephraim me laissait tranquille, mais je savais que ça prendrait fin à notre retour de Miami et qu'à partir de ce moment, il serait bien moins conciliant à mon égard.

Ma colère était stupide.

Ma jalousie était idiote.

Tout commençait sérieusement à me casser les couilles.

— Ne fais pas le con, s'il te plaît, ajouta Viktor.

Ils semblaient tous les deux à fleur de peau. Comme si un rien pourrait les briser.

Hors de question que ça arrive.

Je me contentai de hocher la tête et retournai en bas, dans la tour de ce casino. J'y connaissais bien le staff, choisi par mes soins et ceux d'Ephraim. C'était partout pareil de toute manière. Je passais les deux heures suivantes à bosser sur ce qu'il restait à faire pour la soirée. Lance m'appela pour me dire qu'il était connecté au salon de thé de l'hôtel et qu'il ne quitterait pas les écrans des yeux avant que je ne le lui ordonne. Une notification d'Ephraim m'apprit qu'il s'invitait dans la voiture qui nous amènerait à la rencontre des Catalyseurs. Lorsqu'il fut temps de partir, je les attendis à côté de la voiture et ils apparurent quelques minutes après ma propre sortie.

Lilianne portait une combinaison légère et elle avait relevé ses cheveux en un chignon un peu négligé. Zeke m'apparut un instant avant de disparaître. Allait-il rester avec elle ? Peut-être bien. Après tout Ephraim lui avait demandé de ne pas la lâcher d'une semelle.

Je m'installai à côté du chauffeur qui prit tout de suite la direction indiquée. Je tapai un rapide message à Lance pour lui dire que nous étions en mouvement.

— Tu n'as jamais été en contact avec aucun Catalyseur, commença Ephraim. Certains ont été entraînés toute leur vie pour correspondre à leur futur Céracle.

Comme si on pouvait se préparer à se faire baiser par plusieurs personnes en même temps. Qu'on ne se leurre pas, c'était ce qui arrivait dans certains des Céracles.

— Le Catalyseur du Céracle Aubin est celui qui nous avait été... proposé par Ades.

Lilianne écarquilla les yeux à cette nouvelle.

Emeline Wells. Mais ce n'était pas forcément elle qui m'inquiétait aujourd'hui.

— Le Catalyseur des Matras est la plus âgée. Méfie-toi d'elle. C'est une manipulatrice qui n'aime rien de moins que d'avoir l'attention de tous, ne se contentant pas de son Céracle.

Ephraim lui balançait les informations, mais je n'étais pas sûre que Lilianne ait bien le temps de tout enregistrer, de tout saisir.

— Tu peux te reposer sur Ophelia, du Clan Hajek. Elle est la plus jeune des Catalyseurs.

— Pourquoi je dois y aller si je ne suis pas comme eux ?

— Parce que les Clans ne veulent pas croire en ton existence, répondit Ephraim. Il va falloir que nous changions cela.

— Comment ?

Je ne regardai pas le mouvement d'Ephraim, entendis à peine son murmure, mais je ne pus ignorer mes sens réagir aux pouvoirs conjugués de notre Anamchara et du Faucheur. Si ces deux-là se liaient, plus personne ne pourrait rien dire.

Rien faire.

En attendant, nous allions faire sans.

La voiture s'arrêta devant un hôtel réputé de Miami et personne ne bougea.

— Ce n'est que pour quelques heures, nous attendrons ton retour au penthouse.

Je quittai l'habitacle pour aller ouvrir à Lilianne. Elle jaillit à son tour du véhicule, tendue, peu assurée. Je lui offris mon bras, parce que c'était là mon devoir et elle l'accepta sans même me regarder.

Je pouvais déjà sentir la présence d'au moins trois Catalyseurs. Ce n'était pas la même que pour un Primordial ou même un humain.

Un membre du personnel nous invita à le suivre. Nous traversâmes un hall magnifique où je repérai sans mal tous les dispositifs de sécurité. J'étais très bon à ça. Nous nous arrêtâmes devant des portes à la française avant que ces dernières ne s'ouvrent.

Le salon de thé avait été privatisé pour l'événement.

Super.

J'avisai Nicholas, Catalyseur du Clan Devaux aux côtés de Neokles, des Nova et d'Ophelia.

Les deux salopes n'étaient pas encore arrivées.

Ophelia s'avança la première à la rencontre de Lilianne.

Elle s'inclina, m'offrit un sourire naturel avant de regarder Lilianne. Ophelia était une belle jeune femme avec des yeux bridés et un visage qui ne faisait que rappeler des origines asiatiques.

— Je suis heureuse de faire ta connaissance Lilianne. Je suis Ophelia, du Clan Hajek.

Je lâchai Lilianne. Il était temps pour moi de rester en retrait. J'observai rapidement le personnel de la sécurité de chacun, ne vit que des visages déjà aperçus à de nombreuses reprises.

— Je vais faire les présentations, viens.

Si ça n'avait pas été moi, je savais que Lilianne aurait hésité, aurait regardé dans ma direction. Elle sentait que je ne voulais rien à voir à faire avec elle.

Est-ce que ça la blessait ?

Putain, bien sûr que oui !

Nicholas Devaux offrit un baise-main dégoûtant à Lilianne quand Neokles l'observa de haut. Bâtard. Même par rapport à Ophelia, elle faisait très jeune. Presque trop pour être parmi eux.

La porte s'ouvrit pour laisser entrer Jezabel Matras.

La reine des salopes.

D'aucuns auraient dit qu'elle était splendide, la femme parfaite. En même temps chez les Matras, il fallait être parfait pour survivre.

Je laissai mes yeux glisser sur les bijoux qu'elle arborait. Des cadeaux de son Céracle. Proteus et les autres savaient la couvrir de cadeaux pour mieux la baiser. Jezabel était de loin le Catalyseur le mieux réussi, le plus abouti. Elle avait poussé les pouvoirs de son Céracle aussi loin que possible, ce qui en faisait, pour l'heure, le plus puissant avec le Céracle Aubin.

D'ailleurs, le dernier Catalyseur ne tarda pas, garce parmi les garces. Je n'avais jamais pu encadrer Emeline. Peut-être parce qu'on avait voulu nous l'imposer.

Qu'Ades avait voulu qu'Ephraim la baise. Que Patrocle lui passe dessus, moi aussi. Et a terme, Vik et Hunt.

L'idée me donna la nausée.

Jezabel et Emeline se saluèrent dans une étreinte rapide avant de s'avancer vers le reste des Catalyseurs. Zeke apparut à mes côtés à ce moment-là.

Elle ne devrait pas être ici avec eux. Elle est une Primordiale, pas un putain de Catalyseur.

Il n'était pas content. Mais qui l'était ?

— Alors c'est toi, celle dont tout le monde parle ?

Jezabel. Comment mettre autant de mépris dans une seule phrase ? Cette femme maniait les mots comme des armes.

— Comment t'appelles-tu déjà ?

Emeline ne laissa pas le temps à Lilianne de répondre.

— C'est Lilianne Matras, Jeza, ne fait pas comme si tu ne t'en souvenais pas. Après tout, elle a bien failli tout te prendre. Imagine, cette... enfant à la tête du Céracle officiel de ton Clan. N'est-ce pas hilarant ?

Je pourrais la faire taire comme ça, d'un claquement de doigts.

— La fille de Jonathan ? Je croyais que tu étais une Primordiale.

— Je le suis, répondit Lilianne.

— Tu ne serais pas là si c'était le cas, chérie, ricana Emeline.

Elle poussa Ophelia sans même la regarder pour commencer à tourner autour de Lilianne.

— Quel âge as-tu ? Quinze ans ? Comment se fait-il qu'une enfant soit conviée à notre petite sauterie ?

— Oh, mais attends, ça me revient maintenant, lâcha Jezabel. Le Faucheur n'a pas voulu de toi, Emeline, mais d'elle, oui. Qu'est-ce que ça te fait ?

Je détestais ces femmes.

Elles tournaient autour de Lilianne à la recherche de la moindre faiblesse.

— Il n'a peut-être pas voulu de moi, mais je me souviens encore de sa saveur. Est-ce qu'il a utilisé sa langue sur toi, petite-fille ? Est-ce qu'il t'a forcé à t'allonger pour lui ?

Lilianne écarquilla les yeux. Croisa mon regard.

Tu vas les laisser faire ? Mentir ? Blesser Lili ?

Que voulait-il que je fasse ?

Plus le ton montait et plus je m'en nourrissais, comme le bâtard que j'étais.

— Est-ce qu'il est toujours aussi exigeant ? Aussi dur avec ces partenaires ? Et l'autre, avec ces ombres, comment s'appelle-t-il déjà ?

— Patrocle, lâcha Neokles, qui semblait s'ennuyer ferme.

Emeline eut un horrible sourire.

Elle allait dire de la merde.

— Patrocle. Tu sais qu'il peut les utiliser pour te baiser ? Ephraim et lui versent dans les fillettes maintenant ? Dégoûtant.

Ouais, bien ce que j'avais dit.

— Ça suffit, lâcha Ophelia. Laissez-la tranquille. Vous n'êtes que des garces jalouses.

Elle attrapa le bras de Lilianne pour l'éloigner des deux hyènes. Je desserrai les poings.

— Jalouses ? D'une enfant ? Et puis quoi encore !

— Nous sommes beaucoup à avoir eu vent de ta fuite du Clan Jacobsen, Emeline. Certains disent que la Faucheur t'a touché pour connaître ta date de mort, c'est vrai ? attaqua Ophelia. Qu'il t'a fait implorer. Tu es jalouse, parce que si ce qu'on dit sur Lilianne est vrai, son Céracle va la traiter comme une reine. Si elle est une vraie Anamchara, alors vous n'êtes rien et il n'y a rien de pire que n'être rien, hein Jezabel ?

— Tu ferais mieux de connaître ta place, Ophelia, la menaça Jezabel.

— Ton Céracle ne te baise que parce que tu as été créée pour ça, mais elle ? Elle est légitime. Une fois qu'ils auront tout pompé de toi, tu seras remplacé. Pas elle.

Le silence.

Lilianne en profita pour s'échapper. Elle prit la direction du couloir qui menait aux toilettes. Je décollai mon dos du mur pour la suivre.

Ces femmes étaient tarées.

Si cette conversation remontait aux oreilles d'Ephraim – et elle le ferait – ça risquait de faire mal. Il ne fallait pas énerver le Faucheur.

Il ne fallait pas se le mettre à dos.

Je découvris Lilianne dans le couloir, contre le mur, le visage tourné vers le sol. Elle ne bougeait pas.

Son reniflement me parvint.

Ouais. Y avait de quoi se sentir mal.

— Je sais qu'il faut que j'y retourne, souffla-t-elle. Je veux juste... souffler.

Je m'avançai, mais pas trop.

Je n'étais pas Patrocle. Lui il l'aurait pris dans ses bras.

Je n'étais pas Hunter ou Viktor qui auraient détourné son attention. Ils auraient réussi à la faire sourire.

Ephraim ? Il aurait fait taire tout le monde. Les auraient fait ramper.

Parce que ces garces le méritaient.

Elles méritaient d'implorer. De hurler.

Moi ? Ce qu'il s'était passé n'avait fait que me nourrir. Que me donner envie de plus.

Plus de folie.

Plus de colère.

Plus de tout.

Lilianne essuya ses joues d'un revers de la main, se redressa.

Je voulais goûter sa tristesse.

Je voulais plonger dedans.

Parce que j'étais sûre que c'était délicieux.

Elle inspira, passa à côté de moi, mais non.

Non.

Son dos heurta le mur et la surprise lui fit ouvrir la bouche. Sur laquelle je me jetai, une main autour de son cou, l'autre dans ses cheveux.

Mon désir pulsait.

Mon don quémandait.

Il réclamait.

Il la réclamait elle. 

**

Orion et Lilianne 🥵🥵🥵🥵🥵🥵

D'autres choses à dire ? 😂😂😂😂😂

La. Bise 😘

Taki et Ada'

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