37 - Lilianne

J'étais réveillée depuis un moment – quelques minutes ? Une heure ? –, mais je n'avais aucune envie de me lever. J'épiai chacun de ses pas, chacun de ses gestes alors qu'il n'était plus dans le lit, mais qu'il n'était pas parti pour autant.

Ephraim.

Je ne parvenais pas à stopper le flux de souvenirs qui se heurtait dans ma tête. Les souvenirs de la veille.

C'était là et c'était fort. Le baiser échangé avec Ephraim avait été... est-ce que j'avais déjà été embrassée de la sorte dans ma vie ? Par quelqu'un que je voulais autant ?

Non. Définitivement non.

Ce que j'avais expérimenté sur ce lit, avec lui sur moi...

Chaud, si chaud. J'étais encore en transe, encore dans un besoin effrayant, vorace.

Je savais que tout ça venait de notre Céracle, quand bien même aucun de nous n'était encore lié. Ça ne changeait rien. Ne changerait rien.

Des coups furent frappés à la porte. Je l'entendis se lever, le vit apparaître, toujours dans son pantalon de pyjama, torse nu.

Magnifique. Magnifique. Magnifique.

Ses épaules se tendirent un instant. Je frottai mon nez contre son oreiller ; j'avais roulé de son côté, pour mieux le sentir.

— ... de ne pas m'inquiéter, mais il est rare que vous restiez dans votre chambre. Tout va bien ?

Il remercia Caitlin pour le café qu'elle lui avait apporté.

— Tout va bien, la rassura Ephraim. Les garçons sont encore à la maison ?

Ainsi, il ne restait pas dans sa chambre ? Le faisait-il parce que j'étais là et qu'il pensait que je dormais encore ? Nous étions samedi. Qu'est-ce que tout le monde faisait durant le week-end ?

Est-ce qu'Ephraim allait quand même dans l'un de ses casinos ?

Est-ce que Patrocle peignait ou enquêtait ? Ou est-ce qu'il lisait les journaux jusque tard dans la matinée ?

Et Orion ?

Trop dans mes pensées, je n'entendis pas la réponse de Caitlin concernant Vik et Hunt. Et eux, qu'est-ce qu'ils faisaient ?

La question d'Ephraim concernant mon avenir me revint, forcément. Ce que je voulais faire. Pour moi, pouvoir aller à la fac était déjà énorme, alors me projeter au-delà ? Un peu ambitieux. Parce que ça me poussait à réfléchir sur mes centres d'intérêt. Qu'est-ce que j'aimais faire ? Il y a encore quelques jours, ce genre de questionnement n'aurait pas eu lieu d'être, mais dorénavant ? Tout était différent. Je savais que les Clans avaient très à cœur le futur des plus jeunes. Soit pour grossir des rangs dans des métiers prédéfinis, soit simplement pour qu'ils s'épanouissent.

Chez Zeus, j'avais pu avoir des précepteurs, j'avais surtout vu à quoi ressemblait son entourage, sa cour. Ce qu'il attendait des enfants. Après ce qu'il m'avait fait...

Je cachai mon visage dans le coussin. L'odeur d'Ephraim me faisait du bien.

Elle me titillait aussi et presser mes cuisses l'une contre l'autre ne m'aidait en rien.

Je voulais être touchée.

Désirée.

Cette envie en devenait un besoin. Qui pulsait à mon endroit le plus intime. J'avais beau n'avoir jamais eu de rapports, je savais ce que ça signifiait. Je n'étais ni prude ni naïve. Un peu idiote peut-être de me dire qu'un homme comme Ephraim pourrait se contenter de ce que j'aurais à lui donner.

Anamchara. Anamchara.

Je me glissai enfin en dehors des draps pour me glisser sans sa salle de bain. Tant pis si Caitlin m'avait vu. Elle savait, n'est-ce pas ?

Chez les Primordiaux, la différence d'âge n'avait aucune importance. Il y avait des règles strictes concernant les Catalyseurs, que mon grand-père avait d'ailleurs choisi d'ignorer, mais c'était à peu près tout. Alors qu'Ephraim soit de dix-sept ans mon aîné ne signifiait rien. Pour eux, pour lui, pour moi. Nous avions une plus longue espérance de vie, des mœurs différentes et le fait que nous soyons un véritable Céracle changeait pas mal la donne.

Dans la pièce, son odeur me heurta avec encore plus de force. De la serviette soigneusement suspendue, à sa brosse à dents en passant par son gel douche ou sa crème d'après-rasage, tout sentait lui.

Lui. Lui.

Partout. Impossible d'ignorer l'attraction, l'appétit.

L'envie.

Parce qu'il était partout. Son odeur sur chaque objet, glissante sur chaque recoin de mur. J'en étais saturée, gorgée. Noyée.

Mon cœur se mit à battre plus fort. Plus vite.

J'avais besoin de prendre une douche.

De repousser ce désir sexuel qui me prenait à la gorge. Glisser une main entre mes cuisses serait-il seulement suffisant pour atténuer ce que je ressentais ?

Non. Bien sûr que non.

Mon corps était tendu, chaque muscle me faisait mal. Je le voulais. Si fort que c'en était dangereux, terrifiant.

Parce que je me trouvais dans son espace ?

Parce tout, absolument tout me ramenait à lui ? Son t-shirt sur moi, son goût qui s'effaçait de mes lèvres, mais pas de ma tête.

Tout pulsait. Insoutenable.

L'eau jaillit du pommeau et heurta les petites pierres au sol. Je passai le t-shirt par-dessus ma tête et il tomba en boule au sol.

Je me plaçai sous le jet et pris une grande et longue inspiration. Gorge sèche, je savais qu'il me fallait gérer mes émotions avant de quitter cette cabine, cette chambre.

Je fermai les yeux, la bouche entrouverte.

Inspirer.

Ephraim.

Expirer.

Ephraim.

Ça ressemblait à un caprice. Je convoitais les caresses d'un homme qui m'avait embrassé et qui parfois me regardait comme si j'étais tout.

Ma soif de lui me donnait l'impression que jamais, ô grand jamais je ne serais rassasiée.

Ephraim. Désir. Ephraim. Envie. Ephraim. Toucher. Toucher. Toucher.

Je le sentis.

Soudain. Parce que l'air satura, parce que son énergie me heurta en même temps que sa main se refermait sur ma nuque pour me forcer à lui faire face.

Ce n'était ni un geste doux ni un geste tendre.

Possessif et dangereux.

Touche-moi. Touche-moi. Touche-moi.

— Il faut que tu arrêtes ça, Lilianne.

Des gouttes éclatèrent sur son torse, mouillèrent son pantalon tendu. Son sexe était tellement tendu que son gland apparaissait sous sa ceinture.

Oh. Bon. Sa...

Ses lèvres caressèrent les miennes lorsqu'il parla.

— Q... quoi ?

J'avais l'impression d'être shootée, droguée. Je ne pensais plus, ne respirais plus. Ou juste à travers lui.

Ephraim, Ephraim, Ephraim.

— Ça.

Un simple mot. Dur. Vibrant. Je fronçai les sourcils.

— Je t'entends. Je t'entends et c'est impossible de t'ignorer.

— Je ne veux pas que tu m'ignores, murmurai-je.

L'idée me rendait triste, me faisait mal.

Faucheur.

Je savais que je le tenais dès que je l'appelais ainsi. Que je le tenais dans la paume de ma main. Et c'était une sensation qui me rendait... intouchable, puissante.

Ses doigts s'enfoncèrent dans la peau tendue de ma nuque. Douloureux.

Bon, si bon...

— Tu veux quelque chose de moi, Anam ?

Je hochai la tête.

Un sourire avide étira sa bouche. Il fit un pas pour coller son corps au mien. Il se fichait de finir trempé. Un gémissement m'échappa.

S'il te plaît, l'implorai-je.

— S'il te plaît quoi, Lilianne ?

— Touche-moi.

J'avais mal.

J'avais envie.

J'avais besoin.

Mon dos heurta le mur et le jet d'eau ne fut plus que sur lui. Sa bouche dans mon cou, ses doigts sur mon ventre. Je n'osai le toucher. Je n'osai bouger, respirer.

De peur qu'il arrête. J'en mourrai.

Mes mains s'agrippèrent à ses épaules dès qu'il ne fit qu'effleurer mon clitoris.

Oh

Par

Tous

Les

Primordiaux !

Mon souffle devint erratique.

Ses doigts glissèrent le long de mon sexe trempé.

Il allait et venait.

Ça montait sans jamais redescendre.

Ephraim mordit le tendon entre mon épaule et mon cou en même temps qu'il me pénétrait d'un doigt.

Ma bouche s'ouvrit sans un bruit. Un o parfait.

— C'est ça que tu veux ?

Je ne pouvais pas parler. Pas prononcer le moindre son.

Ses doigts sortirent. Pour mieux rentrer. Encore. Encore. Et encore.

C'était tellement fort, tellement bon, tellement, que j'en pleurais. Les larmes glissèrent, la boule en moi gonfla, prête à éclater, à exploser. Prête à tout rafler.

Mon pouvoir rampa sous ma peau, appelé par l'énergie d'Ephraim, par la puissance du Faucheur.

Il n'y avait pas de lui. Pas de moi. Juste un... nous.

Lorsqu'il plongea ses yeux dans les miens, sa bouche trop loin de la mienne, j'explosai.

Je me brisai en milliard d'éclats et une vague de puissance souffla la pièce. Les yeux d'Ephraim changèrent, son don picora ma peau, appela tout de moi, jusqu'à ce que je le lui donne.

Notre baiser fut sauvage.

Il se nourrissait à ma bouche et moi à ses lèvres.

Pulsation.

Pouvoir.

Frisson.

Don.

Nous étions plus que deux Primordiaux. Nous étions deux Anams d'un même Céracle qui se fracassaient l'un contre l'autre dans une explosion des sens, dans une luxure que je goûtais sur le bout de ma langue.

Mes jambes tremblaient et sans Ephraim pour me tenir, pour me maintenir, je serai tombée.

Ma respiration était aussi laborieuse que la sienne. Son pouce passa sur ma pommette.

— Tu as les yeux de deux Clans.

Un noir et un doré. Je ne m'étais jamais vue gorgée de pouvoir, de colère, ne m'étais jamais regardée dans une glace, alors je ne savais pas.

— Tu es magnifique lorsque tu jouis, Anam.

Sa main en coupe sur ma joue. Je me laissai aller contre.

— Merci, Faucheur, soufflai-je.

Repue.

Rassasiée.

Comblée.

Il sourit. Et j'aimais ce sourire. J'aimais ce que ça me faisait ressentir.

La tension s'était effacée.

Mais la boule en moi viendrait de nouveau quémander.

Viendrait de nouveau implorer. 

**

Qu'une seule chose à dire : 🥵🥵🥵🥵🥵🥵

La bise 😘

Taki et Ada'

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