33 - Patrocle

J'eus à peine le temps de tirer Viktor derrière l'ilot de la cuisine que les flammes nous léchèrent. Mais je ne ressentis rien du tout. Mes ombres nous avaient protégés.

— Zeke, soufflai-je.

Son visage ne portait aucune trace de grimace. Quelques bandelettes semblaient se réduire en cendres.

— Je m'en occupe, murmura mon ombre.

Je n'eus pas le temps de le retenir que je le vis foncer sur Hunter. Ce dernier était littéralement en flammes et semblait lutter de toutes ses forces pour retenir ce qui arrivait après les flammes.

Et personne ne voulait que la suite arrive. Surtout pas en plein milieu de notre maison bordel !

— Hunter ! criai-je. Lilianne va bien ! Elle est ici !

Le hurlement de Hunter me broya de l'intérieur.

Les flammes le brûlaient aussi parce qu'il ne les maîtrisait pas encore. Nous ne pouvions pas le laisser comme ça.

Une nouvelle vague de flammes nous força à rester à terre quand Zeke tenta de l'arrêter, mais qu'il ne fit qu'aggraver la situation.

— RAIM ! hurlai-je.

Je vis Lilianne le retenir quand il tenta de se relever. Elle lui hurla quelque chose et il grimaça. La table commençait déjà à flamber. Je tentai de me pencher pour voir où en était Zeke, mais je finis avec une mèche cramée et les sourcils à moitié en feu.

— Bordel Hunter, sifflai-je.

Je grognai et regardai Raim et Lili. Ils se criaient dessus alors même qu'on était dans un barbecue vivant. J'avais l'impression qu'elle lui disait de la laisser lui parler. Ce n'était pas une mauvaise idée, mais elle n'avait pas de combinaison ignifuge.

— Reste là où tu es ! hurlai-je.

Oh ! Merde ! s'écria Zeke.

Soudain, il y eut un déclic puis quelqu'un alluma un extincteur.

En plein sur Hunter.

La pièce se remplit de fumée blanche et on se mit tous à tousser comme des pompiers. Viktor se déplia et je fis la même chose pour me redresser. Je passai une tête par-dessus l'ilot.

Hunter était accroupi, à poil, les vêtements brûlés sur son corps intact d'après moi. Les mains au sol, le corps tremblant, son souffle sifflaient entre ses dents.

Quand la fumée se dissipa, je vis Orion avec l'extincteur à la main et Caitlin derrière lui, le regard écarquillé et inquiet.

— Hunter ? cria Ephraim.

Il bondit sur ses pieds et se rua sur le gosse. Il resta en suspens au-dessus de lui pendant une seconde.

— Hunter ? l'appela doucement Lilianne.

Elle sortit de derrière la table à quatre pattes. Il frémit et Ephraim lui fit signe de s'arrêter. Elle obéit.

— Continue de lui parler, mais reste là, soufflai-je.

— Hunter est-ce que tu m'entends ? Je suis là. Je vais bien. Je suis avec vous maintenant. D'accord ?

Il y eut un long silence où tout le monde retint son souffle. Ephraim frôla l'épaule de Hunter et son corps partit sur le côté. Mon cœur se serra. Ephraim prit immédiatement son pouls et lâcha un gros soupir.

— Il s'est évanoui, annonça Ephraim.

Il se laissa tomber sur ses fesses et Lilianne rampa jusqu'à eux. Caitlin la retint de toucher Hunter et ramena ses mains devant elle.

— Regardons s'il a des plaies avant tout Lili, lui expliqua-t-elle.

— Il est vivant hein ? murmura la jeune femme.

Je me laissai glisser au sol, le torse brûlant. Je tournai ma tête vers Viktor et vérifiai les dégâts.

— Ça va ?

— Ouais. Ouais je crois. Putain quelle merde.

Je me redressai et m'approchai d'Ephraim, Caitlin et Hunter. Ce dernier ne bougeait plus, coincé dans un profond sommeil réparateur. Il ne se réveillerait pas avant au moins douze heures de sommeil profond. Ephraim et Caitlin le firent rouler sur le dos et je maintins sa tête droite.

— Je ne vois aucune brûlure, remarqua Ephraim.

— Les vêtements sont les seuls à avoir brûlé, observa Caitlin avec un bout du jean de Hunter dans la main. Quelqu'un d'autre est brûlé ?

Plusieurs non retentirent.

— À vrai dire, je n'ai même pas senti la chaleur des flammes, nous apprit Lilianne.

— Ce ne serait pas étonnant, acquiesça Raim. Vous n'êtes pas encore liée, mais il sait qui tu es.

Lilianne leva une main vers la joue abîmée d'Ephraim. Ce dernier se figea un instant et l'arrêta avant qu'elle ne le touche.

— Vik ? l'appela Orion.

— Vivant ! annonça l'intéressé.

Il se leva et grimaça. Je l'avais peut-être plaqué un peu fort au sol.

— Patrocle et moi allons retirer les bouts de vêtements brûlés, reprit Ephraim.

Il relâcha le poignet de Lilianne qui pressa sa main contre elle.

— Il va bien ? s'inquiéta-t-elle.

— Il est juste endormi, la rassurai-je.

Elle hocha la tête. Après plusieurs manipulations délicates du corps de Hunter, un nettoyage sommaire et un jetage de fringue, il fut installé dans son lit. Lilianne était assise à côté de lui, sa main dans la sienne. Elle avait les yeux rouges.

Ephraim parlait avec Viktor et Orion dans le couloir. Zeke touchait les chevilles de Hunter pour vérifier son état de santé. Un de mes chiens d'ombres était allongé entre les cuisses du garçon.

— Est-ce que ça lui a fait mal ? murmura Lilianne.

— Un peu, admis-je.

— Je n'ai jamais demandé ce qu'il possédait en tant que Primordial. Vu ce qu'Ephraim a dit tout à l'heure, je suppose que c'est puissant.

— Ce que tu as vu n'est qu'une très petite partie de son pouvoir, admis-je. Hunter peut faire beaucoup plus. Il apprend à gérer tout ça, mais ça reste compliqué. Il n'a pas le pouvoir le plus simple.

— Dis-moi, demanda-t-elle.

— Hunter peut appeler les Chiens de l'Enfer, expliqua Ephraim.

Le regard de Lilianne s'écarquilla.

— Oui, celui-là aussi, soupirai-je.

— Il peut appeler Cerbère ? articula-t-elle à voix basse.

— Et tous ses petits compagnons, acquiesçai-je. Le problème, c'est que la première chose qui vient avec lui et les autres, ce sont les flammes de l'Enfer. Elles l'épuisent énormément, surtout dans des moments comme ça.

C'était aussi l'une des raisons pour laquelle Ephraim voulait garder Hunter hors de l'UOP. Il savait que si Ades le faisait rentrer là-bas, il ferait tout pour le garder là-bas. Hunter intéressait beaucoup trop Ades. Et ça nous faisait flipper comme jamais.

— C'est ce qui est arrivé quand je suis partie ? murmura Lili, des larmes encore aux bords des yeux. C'est lui qui t'a fait ça ?

Elle regarda Ephraim. Ce dernier ne dit rien.

— Non. C'est moi, mentit Viktor. C'est arrivé quand tu es partie, c'est vrai. Mais c'était ma faute.

— Viktor, soupira Ephraim.

Viktor prendrait toujours la défense de Hunter. Il serait toujours son gardien protecteur.

— Laissons-le dormir et allons aider Caitlin à ranger la salle à manger, ordonna Ephraim avec un geste de la main.

Lilianne embrassa la paume de Hunter et la pressa contre sa joue avant d'accepter ma main tendue.

Quand je vis le chantier en bas, je grimaçai. La tapisserie avait cramé, la table et les chaises étaient foutues. Caitlin ramassa déjà les cendres qui s'étalaient partout.

— Bien joué le coup de l'extincteur, remarquai-je.

Caitlin haussa ses épaules et Orion ricana.

— J'étais à deux doigts de sortir le jet d'eau, mais Caitlin avait prévu le coup.

— C'était déjà... arrivé, hormis cette fois-là ? demanda Lilianne, encore penaude.

Elle échappait à l'attention de sa révélation comme ça, mais je savais déjà qu'Ephraim était satisfait de cette réponse.

Lilianne avait tué les hommes qui avaient tenté de la violer.

Elle avait tué les hommes qui avaient tenté de se l'approprier.

— Il m'a brûlé quelques rideaux, grimaça Caitlin.

Viktor émit un rire étouffé et poussa Lilianne à s'écarter d'un gros tas de cendres.

J'avoue que c'était une solution à laquelle je n'avais pas pensé. J'étais juste à deux doigts de l'assommer.

Lilianne le fusilla du regard. Zeke tira sur une de ses languettes qui partit en cendres. Je fis la moue. Heureusement qu'il n'était fait que d'ombres et qu'il pourrait les régénérer autant qu'il voulait.

— Bon au boulot. Que tout soit propre avant que Hunter se réveille, ordonna Ephraim.

Il pivota vers Lilianne et Viktor.

— Allez-vous laver et vous coucher. Vous avez cours demain. Hunter ne pourra sûrement pas y aller, donc tu prendras les cours pour lui Lilianne.

Elle ne protesta pas. Je voyais bien qu'elle faisait tout pour fuir la situation et les explications. Viktor l'embarqua rapidement à l'étage.

Je pivotai vers Ephraim.

— Content ? maugréai-je.

— Ça a fonctionné, remarqua Orion.

— Hunter dans cet état ? Ma va nous défoncer si elle l'apprend.

— Tant que ça ne remonte pas aux oreilles d'Ades, tout me va, soupira Ephraim, visiblement épuisé.

— Il va vraiment falloir qu'on commence son entraînement, grogna Orion.

Il poussa une chaise cramée.

— Et que nous rachetions un extincteur, ajouta Caitlin.

Ce qui nous tira un rire à tous les trois. 

**

Ouf 😎 mais vous êtes pas prêtes pour Hunter 😎

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