30 - Lilianne

— On se retrouve à la maison plus tard, d'accord ?

La journée était passée à toute vitesse. Je n'avais presque rien vu. C'était aussi incroyable qu'épuisant, en fait. Rien à voir avec le fait d'être dehors toute une journée avec El. Là, mon cerveau était rempli d'informations, de choses à faire, à rendre. C'était... stimulant.

— Tu vas à ta salle de sport ?

Hunter sourit. Je me tenais un peu plus haut que lui, ce qui faisait que pour une fois, j'avais l'impression d'être plus grande. Alors qu'en fait il se tenait juste en bas des marches.

— Ce n'est pas ma salle de sport. Pas encore.

Il m'avait parlé de ses projets d'avenir. De ce qu'il voulait faire, devenir. Ce qui n'avait fait que me renvoyer le vide de mon futur. J'étais déjà à l'université alors ce n'était pas si mal, hein ?

— Tu voudras venir avec moi ? Pas aujourd'hui, mais... une prochaine fois ?

Je hochai la tête. J'étais curieuse de tout savoir de lui. De découvrir tout ce qui me manquait. Parce qu'il n'était plus totalement le même.

Il avait grandi, muri.

Il était devenu un homme. Comme Vik.

— Vik te retrouvera après ton tutorat donc si tu sors plus tôt, attends-le sur le parking. Tu sauras t'orienter ?

— Arrête de t'inquiéter, soufflai-je.

J'avais vécu dans des endroits inconnus. Des villes bien plus imposantes qu'un campus. Mais je ne voulais pas le lui dire, parce que ça le rendrait triste. Parce que ça rendrait Vik curieux.

— Dès que je ne suis pas avec toi, je m'inquiète, Lili.

Il grimpa une marche, puis une deuxième, son visage à hauteur du mien. Ses doigts capturèrent les miens.

— Je ne vais nulle part, Hunt.

— Je sais, murmura-t-il. On se voit ce soir, alors.

— On se voit ce soir.

Il m'embrassa à la commissure des lèvres. Ce fut plus long que le baiser rapide de Vik. Plus appuyé surtout.

Mon cœur se mit à battre avec plus de vigueur. J'inspirai l'odeur de Hunt, m'en gorgeait, ce qui apaisa un peu cette chose en moi.

Cette voix qui n'avait cessé de me chuchoter de mauvaises choses dès ma rencontre avec Edda.

Jalousie. Aigreur. Colère.

— File avant d'être en retard, dis-je.

Il recula et cela sembla lui coûter. Je lui tournai le dos pour entrer dans le bâtiment qui abritait la bibliothèque. Je devais commencer mes séances de tutorat pour ma remise à niveau. Je fus presque surprise de découvrir Ombeline, la seule personne, en dehors de leur groupe, à qui Hunter m'avait présentée.

Je la saluai en agitant mes doigts et elle m'invita à m'asseoir. Elle m'expliqua que nous allions nous voir presque trois fois par semaine, en plus de mes sessions avec le professeur Murray que la plupart appelaient Ace, comme si ce n'était pas un adulte référent, mais juste... Ace.

Ombeline avait une voix très douce, posée. Elle savait expliquer les choses et quelque chose me soufflait qu'elle fût une excellente tutrice. Le tatouage du Clan se trouvait sur son poignet, petit et coloré. Un choix de sa part certainement.

Nous passâmes l'heure suivante à discuter du programme de tutorat et de comment elle comptait me mettre à niveau très rapidement. Elle paraissait sûre d'elle, de moi surtout et c'était... agréable. J'avais envie de réussir juste pour lui prouver qu'elle était excellente dans son travail. Alors qu'elle rangeait ses affaires et moi les miennes, et après qu'elle m'eut donné son numéro de téléphone et son adresse mail, je vis ce qui dépassait de son sac. Un carnet à croquis. Forcément, je pensais à Patrocle.

— Tu dessines ? l'interrogeai-je.

— Un peu, même si l'artiste de la famille était mon frère.

Était.

— Et toi ?

— Non. Je n'ai aucune fibre artistique, avouai-je. Mais je... connais quelqu'un qui peint. Beaucoup.

Nous marchâmes jusqu'à la sortie, croisâmes la femme asiatique qui semblait faire la pluie et le beau temps ici et Ombeline la salua d'un geste du menton.

— Ma... belle-sœur travaille dans l'un des salons de tatouage du Clan et parfois elle utilise mes croquis. C'est...

— Gratifiant ?

Ombeline sourit. Le premier sourire de la journée.

— Oui.

— Tu me montreras, à l'occasion ?

Cela sembla la surprendre. Elle s'arrêta juste avant la première marche.

— Je... o-oui, oui, pourquoi pas.

— Cool, dis-je.

— Cool, répéta-t-elle.

Elle se balança d'un pied à l'autre avant de filer. Une personne se faufila à côté de moi. J'avais senti Viktor dès que nous avions commencé à quitter notre table.

— Tu t'es fait une amie ?

Comme Hunter, il passa son bras autour de mes épaules.

— Peut-être, répondis-je. Je ne devais pas te rejoindre à la voiture ?

— J'avais envie de marcher avec toi.

Ce que nous fîmes, pas pressé. Le campus à cette heure – pas loin de dix-huit heures trente – était presque désert. J'avais la sensation d'être toute seule avec lui.

— Ça te tente un milkshake ?

Il venait de claquer ma portière et s'installait derrière le volant. Je bouclai ma ceinture.

— On ne risque pas de ne plus avoir faim ?

— On mange toujours tard avec Orion et Ephraim qui traînent au boulot. Donc non.

J'acceptai alors et il nous amena à un drive pour commander deux immenses boissons. Je savais n'avoir encore rien vu de L.A, était curieuse d'en découvrir plus. De voir les casinos du Clan. D'Ephraim.

Viktor nous amena au bord d'un petit lac, qui semblait perdu au milieu d'un parc.

— Alors, cette première journée ?

— C'était... bien.

— Vraiment ?

Je hochai la tête.

— Je pense que les débuts vont être un peu compliqués, mais...

— On est là.

Il embrassa le dos de ma main. Nous étions assis sur un banc, l'un à côté de l'autre.

— Je sais bien, dis-je. Merci.

Il posa sa tête contre mon épaule. J'avais envie d'y glisser mes doigts, de caresser ses cheveux. De le toucher.

Qu'il me touche aussi.

Sans comprendre. Les résidus de notre enfance ? Les vestiges de nos sentiments ?

Nous restâmes certainement trop longtemps ici, à ne pas nous soucier du reste. Et puis il donna le signal pour rentrer.

Je sirotai mon milkshake sans me presser et bientôt la villa m'apparut. Vik eut à peine le temps de couper le moteur que Hunter ouvrait ma portière.

— Vous avez traîné !

Il me souleva pour mieux me déposer au sol. Il sentait le savon, la douche. Il sentait lui.

— J'avais envie de passer un peu de temps avec Lili.

— Préviens la prochaine fois, grommela Hunt.

Il me chipa ma boisson pour en boire une longue, longue rasade.

— Hé ! C'est à moi ! m'exclamai-je.

— Comme si tu étais capable de finir tout ça.

— Pourquoi ? Parce que je suis une fille ?

J'essayai de récupérer mon gobelet, mais Hunter était si grand ! Les bras de Viktor s'enroulèrent alors autour de mes hanches et il me souleva. J'arrachai ma boisson à Hunter et lorsque mes pieds touchèrent de nouveau terre, Vik claqua un baiser sur ma bouche.

Des papillons dans mon ventre.

Cette chose à l'intérieur de moi, contentée.

Apaisée. Viktor me poussa à l'intérieur de la villa et nous retrouvâmes Caitlin, déjà occupée à la confection du repas.

— Je peux aider ? demandai-je.

— Avec plaisir, Lili. Tu t'occupes des légumes ?

— Ce soir c'est... fajitas ! cria Hunter, bien trop heureux.

Mais ça me fit sourire. Parce que ça lui ressemblait. Parce que c'était lui, moi, nous

**

Lilianne s'installe doucement dans sa nouvelle vie avec les garçons et ça fait du bien 😍

Belle fin de semaine à tout le monde 😘

Un autre chapitre ce soir ? Je me rappelle plus ce qu'on a dit sur le vendredi 😉😎

La bise 😘

Taki et Ada'

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