25 - Hunter
Le silence.
Le bruit des couverts dans les assiettes. Et Lili qui touchait à peine à son repas.
Je fusillai Orion du regard, presque malgré moi. Il ne réagit pas.
Parce que lui, il s'en fichait. Depuis qu'il était arrivé, nous étions en plein champ de bataille. Genre guerre froide.
Je bouillai sur place. Regarder Lili, figée sur sa chaise, ça faisait putain de mal. Elle avait pris trois bouchées avant d'arrêter.
Je voulais qu'elle mange. Je voulais juste qu'elle mange, qu'elle parle, qu'elle me parle. Je rongeai mon frein. Je ne voulais pas dire quoi que ce soit qui pourrait la mettre mal à l'aise.
J'avais déjà du mal à croire qu'elle était là, avec nous.
Chez nous.
Chez elle.
Parce qu'elle ne partirait plus nulle part, hein ?
Mes yeux croisèrent ceux de Viktor.
— Le Céracle Nova est arrivé ?
On pouvait au moins compter sur Patrocle pour ne pas laisser cette ambiance de merde peser encore plus. Sous la table, je cherchai la main de Lili et elle releva ses yeux sur moi.
Putain.
Elle était belle. Stupéfiante.
Mon cœur s'emballa si vite et si fort que je crus que tout le monde l'entendrait autour de la table.
— Ouais.
Orion ne comptait pas faire d'efforts. Grand bien lui fasse.
— Philomène n'est pas très en forme, comme si elle sortait d'une longue maladie.
Je soufflai un « ça va ? » à Lili et elle se contenta de hocher la tête.
Menteuse. Elle s'était fracassée contre Orion et sa mauvaise humeur. Bien sûr que ça n'allait pas.
Elle récupéra alors sa main et sa chaise racla le sol.
De nouveau plus un bruit. Nous la regardions tous.
Ou presque.
— Je suis fatiguée.
Une boule se forma dans ma gorge. Je ne pus que la regarder quitter la table et rejoindre sa chambre.
Elle n'avait rien mangé.
Elle n'avait rien dit.
J'avais envie de pleurer.
La porte d'entrée s'ouvrit et une minute après, Ephraim apparaissait. Il avait déjà retiré sa cravate et ses cheveux étaient ébouriffés sur le dessus de son crâne. Pour autant, il était toujours aussi stylé et classe.
Ses yeux scannèrent la table avant de s'arrêter sur la place vide de Lili et son assiette trop pleine.
— Qu'est-ce que tu as fait ? soupira-t-il à l'adresse d'Orion.
Parce qu'il savait.
Qui d'autre qu'Orion, franchement ?
Je fusillai ce dernier sur place une fois de plus. Il se contenta d'attraper son verre pour boire une gorgée de bière. Il évitait mon regard.
Tant mieux.
— Je n'ai rien dit, ne commence pas.
Je ne voulais pas être là pour les écouter parler d'elle. Pour entendre Orion dire qu'il s'en fichait.
Je regardai Patrocle.
— Je peux sortir de table ?
Il hocha lentement la tête. Je récupérai mon assiette, celle de Lili et les apportaient dans la cuisine avant de filer. Viktor me talonna moins d'une minute après. Nous nous arrêtâmes devant la porte fermée de Lili. Aucun bruit à l'intérieur.
Est-ce qu'elle... dormait déjà ?
Je frappai contre le battant. Ne pas l'avoir sous les yeux me fit paniquer un instant, mais la présence de Viktor m'aida à me calmer.
J'entendis ses pas.
— Je veux dormir avec toi, dis-je. Je peux ?
Elle ne s'était pas encore changée. Elle portait nos vêtements à Vik et moi et j'adorais ça. Plus que tout même.
— Je reviens, souffla Vik.
J'entrai dans la chambre. Elle avait allumé les guirlandes lumineuses et c'était joli.
— Ne fais pas attention à Orion, c'est un idiot, grondai-je.
Son comportement me blessait. C'était un idiot. Elle haussa les épaules, toujours sans rien dire et lorsque Vik revint avec son ordinateur portable, je compris ce qu'il avait en tête.
Nous grimpâmes les quelques marches qui menaient à son lit pour nous y avachir.
— Ça te dit une série ? demanda Vik.
Elle hocha la tête, se retrouva entre lui et moi. Nous la laissâmes choisir et même si elle me dit du temps, ça ne nous dérangea pas.
Malgré la seule journée passée, et encore, la pièce portait son odeur. Ça attirait mon pouvoir, ça faisait réagir quelque chose en moi.
Très fort.
Elle finit par opter pour une série policière. On suivait un tueur en série, père de famille et une flic venue de Londres pour le traquer dans un Belfast plus vrai que nature.
J'eus conscience de la tension dans son corps. Le fait de se retrouver avec Vik et moi après toutes ces années ?
Tout me renvoyait à notre enfance.
Aux lits partagés.
Aux bisous un peu baveux, moins avec l'âge.
Aux mains tenues.
Aux sourires. Aux rires.
Avait-il ri une seule fois depuis son arrivée ? Trop tôt. Mais bientôt. Je voulais la voir sourire. Je voulais la faire rire.
La faire rougir aussi.
Trop tôt, Hunt. Trop tôt.
Le premier épisode se termina et Lili s'étira à la manière d'un chat.
— Tu veux dormir ?
— Oui, dit-elle en se frottant les yeux.
Pas de passage à la salle de bain. Elle retira le jogging de Vik pour seulement garder mon haut et se glissa sous la couette. J'envoyai valser toutes mes fringues, hormis mon caleçon et Vik fit la même chose. Je l'attirai contre moi, parce que c'était juste plus fort que moi.
Je voulais la sentir.
La garder là.
Elle se laissa faire, se coula parfaitement contre moi.
J'embrassai le sommet de son crâne et elle mit à peine une minute à s'endormir. Son souffle devint plus profond, plus fort.
Je croisai le regard de Vik. Je savais qu'il se retenait de l'interroger sur tout ce qui était arrivé. Sur pourquoi elle n'était pas venue nous trouver après avoir fui le Clan Matras.
C'était là, en lui, un besoin vital.
Il voulait comprendre quand je m'en fichais. Parce qu'elle était là, avec nous et que pour le moment, c'était tout ce qui comptait. Et rien d'autre.
Vik s'endormit pas très longtemps après et je fus le seul à entendre la porte de la chambre s'ouvrir pour voir Ephraim.
Il veillait.
Il surveillait.
Toujours.
Je bâillai. Et me laissai aller, sans la lâcher.
**
On avance doucement 😁 évidemment tout n'est pas rose pour ce retour mais tranquillement Lilianne se reconnecte avec les garçons ❤️
Un gros merci à toutes celles qui laissent des commentaires. Merci d'être encore là. Merci aux ptits fantômes aussi 😍😘
La bise 😘
Taki et Ada'
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