21 - Lilianne
— Je vais prendre un peu de sang pour les analyses. Ça ira ?
Je hochai la tête, la gorge un peu nouée. Je portai un t-shirt de Hunter et un jogging à Viktor. Comme j'avais toujours été très sensible à certaines odeurs – au leur, surtout – je me trouvais très bien dans le mélange des deux. Détendue. Sereine presque, même si à l'intérieur, c'était un champ de bataille. J'étais arrivée la veille ; j'avais beaucoup dormi, mangé un peu. Ephraim voulait que je fasse des tests, il voulait savoir si j'avais de quelconques carences, si j'avais pu attraper quelque chose dans la rue. Lui dire que non ne servirait à rien ; quelque chose me disait que cet homme avait besoin de preuves.
L'homme en blouse à côté de moi s'affaira et mes yeux se posèrent sur l'aiguille qu'il allait glisser sous ma peau d'ici quelques secondes. Je n'étais pas vraiment mal à l'aise, juste pas... à ma place. Mes yeux trouvèrent Ephraim, dans un coin de la pièce, au téléphone. Il portait un costume taillé pour lui et bon sang, il était magnifique dedans. Je déglutis, détournai les yeux avant qu'il ne me voie le regarder. J'aurais aimé que Viktor et Hunter soient là, mais Ephraim avait été intransigeant ; ils ne pouvaient pas manquer les cours plus d'une journée. Non négociable. J'avais bien cru qu'Hunter n'arriverait pas à me lâcher, mais après ma promesse d'être là lorsqu'il rentrerait, cela l'avait apaisé. En partie.
— Je n'ai pas le temps de m'occuper d'eux. Non.
J'écoutai la discussion d'Ephraim, parce que c'était plus facile de me concentrer sur sa voix plutôt que sur l'homme à côté de moi.
Lorsque l'aiguille perça ma peau, j'inspirai par le nez. Ce n'était qu'une prise de sang. Rien d'autre.
Je grattai l'endroit où se trouvait le tatouage du Clan Matras. Une tête de lion avec des détails qui racontaient une histoire, mais qui me dégoûtait.
Cette marque n'était censée être portée que par les membres du Clan. J'étais la petite-fille de Zeus alors je l'arborais.
Un premier tube.
J'observai la pièce dans laquelle je me trouvai. Nous étions dans une clinique privée du Clan Jacobsen. Il y avait plus d'humains que de Primordiaux et tous détournaient les yeux devant Ephraim. Parce qu'il était le Faucheur et que personne ne voulait connaître sa date de mort.
Moi la première.
Il y avait beaucoup de surfaces trop brillantes. Un endroit aseptisé qui me donnait des sueurs froides. Je frissonnai et la porte s'ouvrit sur Patrocle. J'étais presque surprise de ne pas avoir Zeke à mes côtés.
Le Primordial me sourit, ce qui réchauffa ses yeux. Il tira un tabouret à roulettes pour venir s'installer à côté de moi.
— Je déteste les aiguilles, m'avoua-t-il.
— Vraiment ? soufflai-je, surprise.
Il hocha la tête.
— C'est de famille, je crois, ma mère est capable de s'effondrer à la vision de l'une d'entre elles.
— Ça ne me dérange pas, moi.
— Alors pourquoi tu as l'air si crispée ?
Zeke attrapa une mèche de mes cheveux pour l'enrouler autour de ses doigts. Il n'arrêtait pas de me toucher lorsqu'il était dans le coin et je le laissais faire, parce que ça ne posait pas de problèmes. Bizarre ? Peut-être un peu, oui.
— C'est... cet endroit, avouai-je.
— J'ai fini, dit l'homme à la blouse.
Je jetai un coup d'œil à l'intérieur de mon coude pour voir qu'il avait déjà retiré l'aiguille et nettoyé. Je ramenai mon bras contre moi. Ephraim l'arrêta lorsqu'il passa devant lui avec les échantillons.
— Je veux les résultats.
— Oui, monsieur.
Nous nous retrouvâmes tous les quatre dans la pièce.
— Je n'ai jamais pris aucune drogue, finis-je par dire à Ephraim.
Je ne mentais pas. Voulais qu'il me croie, même si c'était stupide. Il me fixa, sans rien dans le regard. Son téléphone était dans sa main. Est-ce que ça lui arrivait de ne pas l'avoir ?
— Même à ton insu ?
— Je l'aurais senti !
— Je ne prendrais aucun risque et tu te plieras à tout sans protester.
— Raim, soupira Patrocle.
— Pas de débat. C'est comme ça. Elle est avec nous maintenant et je prendrais les décisions qui s'imposent.
— C'est injuste ! Je suis une personne, je peux...
— Tu es une enfant qui va écouter ce que je lui dis.
— Ça va durer combien de temps ?
— Pourquoi, tu as prévu d'essayer de t'enfuir encore une fois ?
— Non !
Pas avec Hunter et Viktor. Plus... plus maintenant. Le sourire triomphant d'Ephraim me donna envie de lui jeter quelque chose à la tronche. Mais ça ne ferait que lui donner raison sur le fait que j'étais une gamine.
— Une fois en possession des résultats, nous parlerons de ton éducation. Tu as mon nouveau téléphone ?
Il tourna son attention sur Patrocle.
Mon éducation ? Parce qu'en plus de ça il me prenait pour une illettrée ?
Idiot. Idiot. Idiot.
IDIOT !
Ses yeux s'étrécirent dans ma direction et mon cœur loupa un battement. Est-ce qu'il pouvait... est-ce que c'était seulement possible qu'il puisse...
Je regardai mes mains alors que Patrocle et Ephraim discutaient entre eux. Je n'écoutais pas vraiment, un peu à l'ouest. Je ne savais pas trop ce qui allait se passer maintenant, mais rien de mal si j'avais Vik et Hunt avec moi.
Ils avaient tellement changé ! Dans une autre situation, est-ce que je les aurais reconnus ? Je n'en étais même pas sûre.
— ... d'aller jusque-là, Raim.
Je clignai des yeux. De quoi parlaient-ils maintenant ?
Je compris en quelques secondes qu'Ephraim ne voulait pas juste des prélèvements de sang. Oh non.
Je me sentis rougir de la tête aux pieds.
— C'est hors de question, lâchai-je, blême. Je suis une personne ! Vous n'avez pas le d-droit de m-m'imposer un examen gynécologique !
— Regarde-moi faire.
Il me rendait folle. Des larmes plein les yeux, j'évitai le regard de Patrocle, de Zeke.
— C'est pour ton bien, Lili, souffla Patrocle. On veut juste être sûrs que tu vas bien.
— Alors demandez-le-moi !
— Je ne te croirais pas, gronda Ephraim. Tu as vécu trois ans dans la rue et maintenant, tu es sous ma responsabilité et j'entends bien...
— Je n'ai rien demandé !
— Est-ce qu'on pourrait se calmer ? soupira Patrocle.
Le nouveau téléphone d'Ephraim se mit à sonner et il quitta la pièce sans un regard. Je tremblai, tellement en colère.
— Il n'a pas le droit de me forcer !
Patrocle soupira, se passa une main dans les cheveux.
— Je ne veux pas le faire, couinai-je. C'est m-mon corps.
Pourquoi avais-je besoin d'argumenter là-dessus ? C'était insensé ! Complètement bizarre !
— Je sais. Mais nous devons être sûrs que tout va bien. Que tu n'es pas malade, que rien, absolument rien ne pourrait mettre ta vie en danger.
Je savais qu'il le pensait. Que pour lui, c'était une bonne justification et dans les faits, ça l'était. Mais...
— Je ne v-v-veux pas.
Patrocle vint attraper ma main et je le laissais faire. Il avait la peau chaude et douce, un peu calleuse au niveau des phalanges.
— Si tu as eu des rapports, il se pourrait que...
On était vraiment en train de parler de ça ? Bon sang, mais comment ne pas en rire ? Comment ne pas hurler ?
— Non.
— Lili, ce ne serait pas ta faute, d'accord ?
J'arrachai ma main de la sienne.
— Je n'ai jamais eu de rapport avec qui que ce soit ! crachai-je.
Le silence.
Patrocle me fixa. Il cligna des yeux.
— Alors je ne ferai aucun examen.
Et si ça ne suffisait pas à Ephraim, il pouvait aller se faire foutre !
— Tu lui as coupé la chique, ricana Zeke.
Je leur tournai le dos à tous les deux, les bras autour de mon ventre. Tout ça était déjà suffisamment gênant, pourquoi en rajouter une couche ? Pourquoi aller aussi loin ?!
J'entendis Patrocle sortir et pus enfin respirer un peu mieux.
Je savais que je venais aussi de leur donner un élément de réponse par rapport à ce qu'il s'était passé, ou non, chez Zeus. Ephraim n'aurait qu'à le ronger comme un os, jusqu'à vider cette information de toute sa substance !
Il me tenait.
Avec Viktor et Hunter, il savait que je n'irais nulle part.
Il s'en était assuré en me permettant de les voir dès mon arrivée. Comme si je pouvais partir maintenant ! Comme si je pouvais...
Bon sang.
Il me tenait.
Il s'était assuré de ma totale soumission en un claquement de doigts.
Alors pourquoi, pourquoi est-ce qu'il allait aussi loin ?!
**
Bon d'après ma femme, le week-end commence le vendredi soir... On fait un vote ? 😂😂😂
Sinon... On en pense quoi du comportement d'Ephraim ? Je sais déjà que ça va pas plaire à certaines 😎
La bise 😘
Taki et Ada'
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