16 - Orion
Appuyé au chambranle de la porte de Viktor, j'observai les deux garçons dormir. Ce n'était jamais totalement une bonne chose lorsque Hunter venait se glisser ici. L'absence d'Ephraim le touchait plus qu'il ne pouvait l'admettre, tout comme Vik, même si ce dernier gérait ça d'une façon différente de celle du plus jeune de notre groupe. J'en voulais un peu à Ephraim, bien plus à Patrocle. J'attendais le coup de fil qui ferait tout basculer. Qui laisserait sous-entendre qu'ils ne rentraient pas seuls. En attendant, je veillais sur les garçons, autant que je le pouvais. Je n'étais pas très bon à ça, pas très doué non plus. C'était Ephraim qui était l'équilibre, sans lui, ce n'était pas que ça perdait son sens, mais nous perdions en stabilité, c'était évident.
Je soupirai, croisai le regard de Viktor dans la pénombre de la pièce. Je partais toujours très tôt au travail. Ma vie était bien pensée chronométrée presque. Nous avions une routine et nous nous y tenions, au maximum en tout cas.
Vik ne bougea pas, parce qu'il ne voulait pas réveiller Hunter. Quand ce dernier dormait avec lui, les cauchemars s'effaçaient, ne prenait pas toute la place.
J'aurais aimé pouvoir retenir Viktor lorsqu'il avait été question de son service. Je m'en voulais, parce que cette ombre dans ses yeux, elle ne le quitterait plus jamais.
Alors ouais, je comprenais la décision d'Ephraim concernant Hunter. Ce gamin portait un putain d'héritage en lui et l'UOP ne lui apprendrait aucun contrôle. Pas quand il pouvait commander aux chiens de l'Enfer. Viktor, c'était différent. Nous savions comment l'aider, comme le maîtriser d'une certaine façon, parce que son pouvoir, bien qu'exponentiel, se transmettait plus souvent dans le Clan de celui de Hunter. Ça n'amoindrissait rien. Vik pouvait faire beaucoup de dégâts. Mais comme nous tous, en fait.
Ephraim.
Patrocle.
Vik.
Hunter.
Moi.
Patrocle allait tout faire foirer avec son besoin de la trouver, de la ramener. Qu'est-ce qui lui laissait entendre qu'elle se souvenait de Vik et Hunt ? Nous, je n'en parlais même pas, même si je lui avais parlé plus d'une fois.
Pat et Ephraim, c'était différent.
Je hochai la tête et les laissai tranquilles. Dans ma poche, mon téléphone sonna et je décrochai.
— Dis-moi.
Je savais qui était au bout du fil.
— Ils l'ont récupérée, monsieur. Tout s'est bien passé. Je pense que nous...
Récupérée.
Récupérée.
Lilianne. Lilianne.
Cet idiot de Patrocle avait vu juste cette fois.
Ils allaient revenir. Avec elle.
— Récupérer qui ?
Je me tournai vers Viktor, en caleçon, qui me fixait, l'expression indéchiffrable. Le téléphone à bout de bras, la personne au bout du fil continuait d'exposer la situation. Et Viktor écoutait, parce que Viktor voulait savoir. Je raccrochai sans un mot.
Avec le décalage horaire et le temps de trajet, ils seraient là d'ici quelques heures.
Quelques
Putain
D'heures.
— Ne t'avise pas de me dire personne, gronda le garçon en face de moi.
Sa puissance saturait l'air du couloir, rampait sur ma peau. Toucher l'aidait, mais il n'avait pas besoin d'un contact pour faire mal.
— Ne me mens pas en me regardant dans les yeux, Orion.
Il fallait que ce soit moi qui me retrouve en difficulté à cause de Patrocle. Moi, putain !
Quelle plaie.
— Qu'est-ce que vous faites ? demanda Hunter, qui se frottait les yeux, encore à moitié endormis.
Viktor se tourna à demi vers lui, sans me lâcher du regard.
— Patrocle et Ephraim sont partis récupérer quelqu'un. Et ils l'ont trouvée.
Hunter fronça les sourcils. Il ne pouvait pas penser directement à elle, parce qu'il la pensait chez Zeus, bonne petite fille de papi Zeus. Viktor... Viktor n'était pas idiot, pas que Hunter le soit non plus, mais...
— Quelqu'un ? Qui ?
— Per...
Le regard glacial de Viktor me menaça d'oser donner cette réponse.
Et là, Hunter menaça d'ébranler le peu de raison qu'il me restait.
— Ils sont allés chercher Lili ?
Et merde.
Merde, merde, merde !
Il y avait de l'espoir dans sa voix.
Il y avait de l'attente.
De l'envie. Un besoin.
Merde !
Ma puissance roula sous ma peau. J'avais besoin de relâcher la pression, de me nourrir de folie.
— Orion !
Je leur tournai le dos à tous les deux. Ils n'avaient qu'à demander des comptes aux concernés, moi, je ne voulais pas entendre parler d'elle.
Putain ! Si elle était restée sagement chez Zeus, rien de tout ça ne serait arrivé. Nous n'en serions pas là.
Ils me suivirent jusque dans le garage.
Hunter attrapa mon bras pour m'arrêter.
— Pourquoi tu ne dis rien ?
— Parce que je m'en fou, d'accord ? Je m'en fiche de votre Lilianne ! cinglai-je, mauvais.
Cela sembla le sonner, le faire reculer. Viktor n'aima pas ça.
— Ne lui parle pas comme ça !
— Démerdez-vous.
Ma portière claqua et je me barrai. Je ne voulais pas être là lorsque Patrocle et Ephraim jugeraient bon de la ramener ici.
Avant qu'elle ne décide de se barrer, parce que c'était une lâche, une fuyarde. Une petite fille.
Je ne pris pas la direction de l'Olympe.
J'avais besoin d'autre chose.
Besoin de perdre le contrôle.
Je détestais la manière dont je venais des traité les garçons. Je me détestais.
J'en voulais à Patrocle.
J'en voulais à Ephraim.
Et elle, elle, je l'abhorrais.
Je conduisis un moment, quittai L.A pour prendre une direction connue, dangereuse. J'avais besoin de nourrir le monstre en moi.
Besoin de relâcher mon pouvoir pour sentir la folie, pour la goûter.
J'étais celui qui tenait la pomme de la Discorde dans ma main. Je pouvais réveiller les pires peurs des gens, les user jusqu'à la corde et aimer ça.
M'en nourrir.
M'en gorger.
Me rouler dedans comme le porc dans sa merde.
Parce que c'est ce que j'étais. Mon téléphone n'arrêta pas de sonner. Je ne voulais pas voir l'identifiant de Hunter. Même blessé, il était incapable de m'en vouloir. Il s'inquiétait.
Il s'inquiétait pour moi.
Je pouvais au moins compter sur Viktor pour me faire payer ça. Une immense ombre se forma au loin. La prison ultra sécurisée des Primordiaux. Un centre d'expérimentation pour l'UOP ; un parmi d'autres.
Je me garai sur le parking visiteur désert. Personne ne venait se perdre ici.
Absolument personne sauf moi. Les mains autour du volant, le monstre en moi se déploya. Il rampa, jusqu'à trouver sa première proie.
Je me glissai à l'intérieur.
Je chuchotai.
Un premier cri. Un deuxième. Mon cœur qui battait plus fort. Mon souffle qui s'apaisa. C'était presque comme un début d'orgasme.
Je me laissai aller à la noirceur.
À mon pouvoir.
Je pouvais pousser les gens à la folie.
Je pouvais amener la discorde partout où j'allais.
Je pouvais retourner leur peur contre eux, contre n'importe qui. Sauf les miens. Et je ne l'aurais pas voulu de toute manière.
Nous étions tous porteurs de monstruosité en nous.
Ephraim fauchait.
Patrocle et Zeke n'étaient que ténèbres et mort.
Viktor mutilait.
Hunter pouvait devenir ce qu'il voulait.
Nous étions les plus puissants du Clan. Personne ne pouvait nous arriver à la cheville. Et pourtant, pourtant... nous n'étions pas complets.
Un Catalyseur n'avait jamais été une option. Pas quand nous possédions une véritable Anamchara.
**
Une Anamchara 😍🤤 Qui aime le mot ? 😎
Une première réponse côté Ceracle pour vous. Autrefois les vrais Ceracle possédait des Anamchara. Des Primordiaux très puissants pour nourrir et protéger le reste de leur Ceracle. Les Catalyseur en sont des pales copies 😳
Comment vous pensez que Viktor et Hunter vont réagir au retour de Lilianne ? 🤔
La bise 😘
Taki et Ada'
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