Prologue

Un grondement sourd ébranla la terre.

Le jeune homme esquissa un mouvement. Une pluie glaciale l'écrasait, s'infiltrait dans ses vêtements sombres pour le transpercer jusqu'aux os.

Enfin, il rouvrit les yeux. Des éclairs zébraient le ciel noir. Aux sifflements succédaient les déflagrations, un déluge de mitraille soulevait le sol.

Il toussa, cracha du sang. Une poussière âcre l'enserrait, l'étouffait. L'odeur de la poudre, du métal brûlé.

L'enfer.

Chaque note de cette symphonie de mort résonnait dans son crâne avec une douloureuse acuité. Il porta une main à sa tempe. De la terre se mêlait à une blessure coagulée.

« Galaniel ? Galaniel ! »

Il redressa la tête, peina à distinguer la silhouette filiforme, noyée dans les éléments.

« Que... Saxen ? C'est toi ?

— J'ai cru que tu ne te réveillerais jamais, hurla son compagnon dans le tumulte. Tu as pris un sacré coup, lors du crash.

— Le... crash ? »

Galaniel tourna la tête. Juste derrière gisait la carcasse démantibulée du vaisseau, assaillie par une nuée de bombes.

Un obus éclata non loin ; Saxen se couvrit le visage pour se protéger des projections.

« Ce n'était pas prévu, murmura-t-il. Rien de tout ça n'était prévu. On va tous y passer. »

Galaniel prit appui dans la terre humide, sa main rencontra un corps tiède et flasque, empoissé de sang. Un cadavre, à moitié recouvert de terre.

Autour d'eux se refermait l'étau des armées noires. Des chars traversaient la fumée, accompagnés par des monstres de métal bipèdes. Enfin venait l'infanterie, menée par plusieurs ombres en armure.

« Mon père... Où est Zawhyk ? paniqua Galaniel.

— Je... je ne sais pas, répondit Saxen. Je ne l'ai pas revu, depuis. »

Ses mains se crispaient sur un fusil-mitrailleur, il tremblait.

« À couvert ! »

Une nouvelle silhouette s'interposa face à la grêle de balles. Ses mains s'irradièrent d'orange, les projectiles s'arrêtèrent, retombèrent au sol.

« Tu t'es enfin réveillé, Galaniel ? »

Les boucles rousses de ses cheveux battues par le vent, la jeune femme jeta un coup d'œil dans sa direction.

« J'ai soigné tes blessures comme j'ai pu. Normalement, ça devrait tenir ; enfin, je crois.

— Merci... Ignis. »

Elle interrompit une nouvelle salve. Suivant son exemple, d'autres magiciens ripostèrent, des traits multicolores illuminèrent le champ de bataille.

Galaniel ramassa son arme de poing. Sans Zawhyk, sans renforts, disparaissait toute possibilité de victoire. Dans la distance, le jeune homme crut entrevoir les pattes de métal d'une araignée démesurée. Une myriade d'yeux rouge sombre luisait dans la pénombre, contemplait l'inéluctable massacre.

« Attention ! »

Un groupe de soldats s'approcha de leur position, insensible aux attaques d'Ignis. Les traits magiques s'interrompaient, s'incurvaient, pour éclater aux alentours. Saxen s'interposa, mais les balles n'eurent pas plus d'effet.

« Garde noire ! » comprit Galaniel.

Une ombre fendit les ténèbres pour filer droit sur son compagnon. Saxen n'eut que le temps de dégainer son arme, les lames sifflèrent, Ignis recula d'un bond.

Un éclair projeta sa lueur blafarde sur les deux antagonistes, figés dans leur élan. Saxen hoqueta du sang, l'épée ennemie avait traversé sa garde pour le transpercer au torse.

« C'était... vraiment... pas prévu.

— Saxen ! »

Toute à cette vision d'horreur, Ignis n'entrevit qu'au dernier instant la grenade rouler près de ses pieds. Elle interposa une main, traça en hâte une protection lumineuse.

Le souffle de l'explosion la projeta deux mètres en arrière.

Saxen s'effondra à genoux, le garde noir dressa son arme pour le mettre à mort. Sous la pluie battante, le jeune homme ferma les yeux.

Sans réfléchir, Galaniel se précipita.

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