Chapitre 24

—Douze, treize, quatorze...

Les nombres défilaient à mesure que Tony soulevait la barre de musculation sur laquelle reposait deux disques de vingt-cinq kilos à chaque extrémité. Une fine pellicule de sueur brillait sur ses biceps nus après une heure d'entrainement intensif. Debout derrière le banc, Raphaël le regardait faire, prêt à rattraper la barre si jamais elle venait à lui glisser des mains. Mais mentalement, le chasseur était ailleurs.

—Vingt-un, vingt-deux...

L'image d'une belle blonde fougueuse ne cessait de venir s'immiscer dans son esprit. C'était sans doute mal, ça le déconcentrait dans les moments les plus inopportuns. Mais il ne pouvait s'empêcher de penser à elle. Et de se demander si elle allait bien.

Depuis la dernière fois qu'il l'avait vu dans sa chambre d'hôtel, il ne l'avait pas revu. Ses camarades de chasse ne lui en avaient pas vraiment laissé le temps, et puis il s'était dit qu'elle aurait besoin de quelques jours de repos pour se remettre. Alors, il avait prévu de lui rendre visite dans la semaine, armé d'une boîte de pâtisserie alléchante.

Il aurait ainsi l'occasion d'admirer son sourire éclatant s'il parvenait par miracle à la faire rire, même si sa mine boudeuse ne lui déplaisait pas. Il pourrait s'approcher suffisamment d'elle pour sentir son parfum qui le rendait fou. Et avec un peu de chance, peut-être bien qu'il pourrait goûter à ces lèvres dont il rêvait depuis si longtemps.

Un brusque tintement métallique retentit, suivi d'un cri d'agoni. La lourde barre de musculation était retombée sur le torse du chasseur sans que Raphaël n'ait pu l'intercepter. Écrasé par les cent dix kilos qu'il avait soulevés, Tony suffoquait. Son visage devenait violacé à mesure que les secondes s'égrenaient.

Raphaël attrape la barre à deux mains et la hissa suffisamment haut pour que son camarade puisse se dégager. Tony se jeta à terre sur le côté et le chasseur lâcha la barre. Il toussotait à pleins poumons, une main posée sur sa cage thoracique. Il prit quelques secondes afin de reprendre son souffle. Puis, il se retourna et invectiva le chasseur qui était censé le seconder.

—Qu'est-ce qui t'es passé par la tête, bon sang ?! J'aurais pu crever sous cette barre !

La culpabilité de Raphaël ne dura que peu de temps. Alors qu'il aidait son ami à se relever, Evan entra en trombe dans la salle de sport. Son visage sérieux était de mauvais augure alors qu'il s'avançait en toute hâte vers eux.

—J'aime pas quand il fait cette tête, ça annonce toujours le pire, grommela Tony en se massant le torse.

—Ramassez vos affaires et allez vous changer, on a une urgence, déclara t-il effectivement.

Raphaël ramassa son tee-shirt sur le sol près de sa bouteille d'eau.

—Quel genre d'urgence ? demanda t-il en se rhabillant.

Comme Evan ne répondait pas, le chasseur se tourna vers lui.

—Il y a des blessés ?

—Nous verrons tout cela une fois sur place. Ne trainez pas.

Evan sortit de la salle sans leur donner plus d'informations. Tony et Raphaël se jetèrent un regard éloquent.

Cela ne présageait rien de bon.

Les trois chasseurs prirent la route et arrivèrent près d'une rue dont la circulation était bloquée par les rubans jaunes et les nombreuses ambulances. Les agents de police qui veillaient à ce que les passants trop curieux ne s'approchent pas de la scène de crime les laissèrent passer. Ils n'avaient pas besoin de papier officiel pour accéder aux lieux, leurs tenues de cuir et les visages célèbres qu'ils arboraient attestaient suffisamment de leur statut de chasseurs.

Sur les lieux, ils découvrirent un paysage macabre. La rue était recouverte de cendres et de suie noire. Les vitres des boutiques et les fenêtres des appartements avaient explosé, juchant le sol de minuscule bouts de verres qui pouvaient causer des dégâts si l'on ne prêtait pas attention. Du feu continuait de bruler les voitures garées sur le côté, quémandant l'attention de nombreux pompiers qui s'évertuaient à l'éteindre. Et il y avait une odeur ignoble qui régnait dans l'air, répugnant tous ceux qui se risquaient à s'approcher.

—C'est quoi, une attaque terroriste ? On n'est pas là pour arrêter des putains de bombardiers suicidaires, s'agaça Tony.

Evan posa une main sur l'épaule de son camarade, lui intimant silencieusement de se calmer.

—Il est possible que cette explosion n'ait rien de naturel. Attendons de voir ce qu'en disent les experts.

Alors qu'Evan s'en allait questionner le chef des sapeurs-pompiers, Raphaël campa sur place, observant les infirmiers qui s'acharnaient. On emmenait de nombreuses personnes dont une ou plusieurs parties de leur corps avaient été brulés. Plus loin, des hommes transportaient un sac mortuaire qui semblait peser lourd. Il intercepta un agent de police.

—Combien y a-t-il eu de mort déclaré pour le moment ?

Le policier hésita.

—On ne sait pas trop. On a retrouvé trois corps. Mais la police scientifique a relevé des petits bouts d'os par-ci par-là qui pourraient démontrer que des corps ont été entièrement consumés.

L'agent grimaçait, le fait de penser à tous ces cadavres rôtis menaçait de lui faire renvoyer son dîner. Raphaël le laissa retourner travailler.

Trois morts, plus une ou plusieurs personnes parties en fumée. Est-ce qu'une bombe pouvait faire de tels dégâts ?

En regardant autour de lui, une sinistre pensée lui traversa l'esprit. Cette rue n'était pas très loin de la maison d'Alya. Avait-elle été présente au moment de l'explosion ? Et si elle en avait été victime ?

Mu par une peur viscérale, Raphaël s'en alla inspecter les sacs mortuaires, faisant fi des protestations des agents. Seulement, la chair sur leur corps avait tant brulé qu'il lui était impossible de pouvoir identifier ne serait-ce que le sexe de ces cadavres.

—Fait chier !

L'angoisse formait une boule dans sa gorge qui l'empêchait presque de respirer. Il serra les poings et s'efforça de prendre une profonde inspiration, un exercice rendu difficile par la puanteur qui habitait les lieux.

Evan le rejoignit, et sa présence l'aida à reprendre pied.

—D'après le chef Gregor, il n'y a rien qui prouve que c'était une bombe. Pas de débris, pas le minuscule petit indice. On n'exclut donc pas une attaque surnaturelle.

—Ce serait donc un travail pour nous alors.

Quelle espèce de créature pouvait faire autant de dégâts ?

Plusieurs en réalité. Un sorcier, un phénix, une salamandre... Il en existait tellement.

Une présence féminine retint son attention parmi la foule de curieux. Il s'agissait de la mère d'Alya. Raphaël délaissa ses camarades pour aller à sa rencontre.

—Bonjour, Madame Darmont.

Les yeux de la femme s'embuèrent de larmes quand elle le reconnut.

—Oh, c'est vous ! Pitié, dites-moi que ma fille n'a rien...

—Votre fille ?

Alya était-elle bel et bien ici ?

—Oui, elle était sortie faire quelques courses, mais elle n'est pas rentrée. Puis il y a eu cette explosion et... et... elle ne r-répond pas au téléphone non plus... pleurait-elle à chaudes larmes.

Le visage du chasseur perdit de ses couleurs. Sa petite blonde préférée était peut-être blessée, pire, peut-être était-elle morte. Il n'aurait pas pu la protéger des créatures surnaturelles. Il s'en voulait tellement que son cœur lui fit mal. Il regarda une dernière fois les débris fumants, puis s'adressa à la foule d'une voix dur et froide.

—Je vous promets sur ce que j'ai de plus cher que je retrouverai celui qui a fait ça, et lorsque je le trouverai, je le tuerai.

-----------------------------
Salut les loulous !

Je m'en viens vous annoncer de mauvaises nouvelles malheureusement. Ce chapitre est le dernier avant un moment, mon emploi du temps actuel ne me permettant plus d'avoir suffisamment de temps pour écrire. Mais je reviendrai finir cette histoire une fois que j'aurai retrouvé du temps libre, promis ^^

Bye les loulous,
PicMacBook

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top